Bonjour à toutes mes compagnes de douleurs, mes moussaillonnes, mon capitaine Jo et toutes les autres prêtes à nous rejoindre,

Nous avons décidé  d'embarquer sur ce bateau, un long voyage nous attend. Je ne vous connais pas toutes, donc je prends des notes pour essayer de m'y retrouver, c'est un peu plus facile. J'ai la tête tellement à l'envers qui faut tout inscrire pour ne rien oublier. Je vais suivre les ordres  ;-) du capitaine et raconter mon histoire. Désolé si c'est un peu long...
Mon amour et moi nous sommes rencontré en 2000, 15 années de bonheur mais comme nous travaillons loin l'un de l'autre on ne se voyait que trois jours semaine.  nous nous aimions éperdument. Michel était gentil, doux, romantique et attentionné. Un homme parfait. Technicien, il bricolait et inventait plein de choses.
En septembre 2014, il se plaint de mal de dos et vient plusieurs fois chez moi (pour se ressourcer, j'habite en pleine campagne) Il voulait venir vivre près de moi à sa pension ooohh mon amour. S' il a pris 15 jours de maladie sur 15 ans c'est beaucoup!
Début 2015, rebelotte, mal au dos, le médecin le prend pour un carotteur. Du coup on s'adresse à un autre médecin de famille qui décide de lui faire une radio des poumons... Diagnostic: broncho pneumonie. (il n'avait ni fièvre, ni toux) Il prend une première boite d'antibiotique, aucun effet, une deuxième toujours rien. Nous voici en mai 2015. Comme pas de changement, le médecin lui prescrit un scanner et là le couperet tombe.: tumeur.
Du coup, CHU pour faire tous les exams qui s'imposent et là re nouveau couperet: cancer du poumon + métastases osseuses. Il avait mal au dos parce que le cancer rongeait ses os.  Mon pauvre Mamour. On a perdu de précieux mois.
3 séances de chimio, le cancer du poumon diminue renouveau 3 séances mais la dernière ne fonctionne pas, le cancer reprend de la masse. On demande la suite et là le pneumologue nous dit qu'il est condamné, encore quelques années. Mais il décide de le faire rentrer dans un système immunothérapie.  Il a fait juste 2 séances. Les douleurs sont fortes, la radiothérapie ne fait pas effet. Seul petit réconfort, ce sont les massages matin, midi soir et nuit...Mais cela ne suffit pas, on a essayé plus de 50 médicaments contre la douleur. Du Dafalgan à la morphine.  Rien, il a tous les effets secondaires de la morphine mais pas le soulagement. On va trouver un "signeur", On essaie tout.
La nuit du 30/11/2015... ca va pas, il a des difficultés à respirer... Je fais venir le médecin, sa saturation est  à 68%, je dois le conduire d'urgence au CHU, je l'embarque (j'en oublie son gsm). Arrivé aux urgences, on lui remet de l'oxygène et il retrouve ses esprits. Je le quitte morte de fatigue vers 13h. Je vais dormir (comme je m'en veux), mon gsm est sur silencieux (j'ai oublié de le remettre sur la sonnerie normale) encore un sentiment de culpabilité. Le chu sonne 2 fois sans laisser de messages mais je dors...
Le lendemain je fais sa valise et prends tout ce qu'il faut (comme c'était pas la première fois, je me dis que j'allais aller au service pneumologie) et là coup de tél du CHU "madame, votre mari a été admis aux soins intensifs suite à un problème respiratoire" je tombe assise dans l'escalier et puis fonce au CHU.
Là-bas, on me prend à part, on m'explique que Michel est mis dans le coma et qu'on a dû l'intuber. Je m'effondre et je retrouve mon chéri avec des tuyaux partout. Il reste 6 jours (on l'opère car il a fait une thrombose, un arrêt cardiaque, les reins se bloquent et le foie est foutu).  Samedi 5/12, le médecin décide d'arrêter le respirateur, j'accompagne mon homme jusqu'au bout, même s'il ne m'entend pas je lui dit tout, combien je l'aime.

6 mois après l'annonce de son cancer, il est parti, mon amour, ma vie, mon guide,  mon chéri. Il me manque tant.
On avait tellement de projets...
Voilà mes moussaillonnes, je suis prête à embarquer.. j'arrive, ne me laissez pas à la dérive...aidez-moi à surmonter ce raz-de-marée
Linou

  Bonjour linou. Je t'ai lue avec attention, et ton récit m'a bouleversée. Le grand bonheur que tu as vécu avec ton homme, la maladie, puis l'accompagner jusqu'au bout, le deuil...tu as vécu des moments terribles, ça se voit,ce devait-ça doit toujours-être d'autant plus dur que vous étiez heureux ensemble et que dans ces moments de bonheur on ne désire qu'une chose, c'est que ça dure très longtemps, toute la vie, garder l'autre auprès de sois...seul le temps pourra adoucir peu à peu ce que tu as vécu et vis toujours.

  J'ai eu les larmes aux yeux en lisant ce que tu as ressentis quand tu as sus que ton compagnon allait mourir et que tu l'as vu tout entouré d'apareils. Non seulement je me suis mise à ta place, mais j'ai revu mon ami quand il ètait lui-même maintenu dans un coma artificiel, avec tous ces appareils qui clignottaient autour de lui. Je n'ai même pas osé demandé si les appareils s'étaient arrêtés d'eux-mêmes le 02 mai dernier...on m'a juste dis qu'il ètait parti paisiblement, je ne me suis pas posé d'autres questions. Je m'accroche à cette phrase parce-que c'est tout ce qui importe.

  Tu as soutenu celui que tu aimais tout au long de sa maladie, y compris lorsqu'il ètait en fin de vie, puis tu l'as accompagné jusqu'au bout, il a dû sentir ton amour du début jusqu'à la fin, tu as fais ce qu'il fallait. Il n'ètait pas seul, tu l'as toujours entouré de ta présence aimante, c'est le plus beau cadeau que tu pouvais lui faire. En dépit de ta grande douleur, tu continue à vivre et tu fais vivre sa mémoire; tu trouve la force, aussi, d'aider d'autres personnes, il peut être fier de toi.

  Oui je vois ce que tu veux dire...il y a peu de temps, je comparais justement ce forum au radeau de la Méduse, dont les tristes passagers s'apportent tout le réconfort possible, dans un océan déchaîné...mais c'est toujours ça 

   

Linou,

Les chimios, le "problème respiratoire", le coma et ses affreux appareils qui sonnent et clignotent sans arrêt,

Ce corps meurtri que l'on a tant aimé et que l'on regarde impuissante,

Cette inéluctable descente aux enfers à laquelle on ne peut pas croire, à laquelle on ne veut pas croire...

Linou, je comprends et je partage ta peine. Tout cela ne devrait pas exister et pourtant nous l'avons vécu et nous le vivons et revivons sans cesse.

Prends bien soin de toi, malgré tout. Le cancer n'a pas le droit de tout détruire.
Je t'embrasse.
Milou

  Tans mieux si nos réponses t'ont un peu aidée 
  Continuer à vivre n'est pas facile-ça l'ètait encore moins dans les premiers temps, comme tu peux bien l'imaginer-si j'ai malgrès tout survécu et pus garder la tête hors de l'eau, c'est principalement-en plus de l'instinct de survie qui ètait toujours en moi apparement-parce-que je savais que c'est ce que Pierre aurait voulu. Et comme j'ai la conviction qu'il n'a jamais cessé d'être auprès de moi, d'une autre manière, je voulais et je veux toujours qu'il puisse être fier de moi de là où il est, agir de la manière qu'il souhaitait. Il m'avait dit un jour que s'il lui arrivait quelque chose (il avait un pressentiment, et puis pensait à tout), il voufrait que je continue à vivre, que je sois heureuse, que je reste forte. J'espère y être arrivée, j'ai fais de mon mieux, c'est une manière d'honorer sa mémoire.

  J'espère que tu peux voire les choses sous cet angle...
  Nous sommes tous avec toi!
   

Une journée qui finit, une autre qui commence, images de cette vie sans toi.....l'angoisse du matin, le souffle coupé,  ce coeur qui bat la chamade, ces jambes qui ont du mal à me porter, pour aller où sans toi?

Mes amies, compagnes de bordée, ce w-e s'annonce sombre, j'ai déjà le coeur qui chavire,..... j'attends quelques jours avant d'embarquer, j'aurais peur d'être de mauvaise compagnie, blottie dans ma couchette en attendant que la tempête passe, je préfère souffrir seule et en silence, comme une bête blessée...

Allez on embarque ,  et vogue, vogue, on traverse des mers d'huile, des tempêtes, des creux de vagues,  des hauts, des côtes magnifiques, des brumes, des grains, des vents latéraux, des mer dangereuses, effrayantes, de toute beauté, des côtes escarpés, de doux paysages,des brouillards...
Après ce voyage, difficile et aventureux.
On aborde ,  la plage y est douce, le pays y est serein.les choses sont comme elles sont, on s'installe,  on se fixe, jamais on oublie ce voyage, qui nous a forgé, qui a fait ce que nous sommes devenues,  ou ce qu'on deviendra,
Allez courage,  un long voyage vous attend mais que de découvertes...

  Merci pour vos paroles Pascale et Jolyne, elles me mettent vraiment du baume au cœur, je vais les garder en mémoire, particulièrement ces prochains jours 

  J'y pensais évidement, à cette Saint-Valentin qui approche. Je me souviens de la seule que j'ai vécue avec mon compagnon (comme le temps passe, et pourtant c'ètait hier...); j'avais mis les petits plats dans les grands. J'avais préparé les petits canapés qui sont ma specialité et dont il était friand, j'en préparais à chaque fête  il y avait aussi des crabes farcis et une omelette norvégienne, notre dessert préférée à tous les deux. On a ècouté de la musique et passé une soirée très romantique, dans notre petit nid d'amour.
  Je vais tâcher de penser avec des émotions positives à ce beau souvenir, et j'espère que nous pourrons tous faire de même.

  Toutes mes pensées vous accompagnent et vous accompagneront particulièrement le 14 février.   

 

Ah mes moussaillonnes,
on est vraiment dans le meme bateau, les mêmes emotions, sentiments....
comme cela me fait du bien de vous lire, d'être avec vous.
Vite le 14, qu on embarque on sera pas en cale, on sera toutes sur le pont pour dire aurevoir à nos non dits, notre culpabilité, notre gêne.  On se soutiendra les coudes, nous serons fortes ensemble. Ils seront fiers de nous.... promis
je vous embrasse toutes fort.
Linou