Honnêtement Bruno, je crois qu'il faut vraiment du courage pour mettre un pied devant l'autre quand on voudrait se coucher et mourir. Je me souviens qu'au début je me recroquevillais dans un coin de ma cuisine des heures durant, je hurlais ma douleur, l'injustice de sa mort, ma haine de Dieu, des gens heureux et tout et tout... et puis à 16:30, je me passais le visage sous l'eau et j'allais chercher mes enfants à l'école, comme si de rien n'était. Et personne ne savait ce que je vivais...
Avec le recul, je me trouve courageuse et je le dis en toute humilité. Oui, j'ai eu du courage d'affronter toutes les peurs que j'ai connues, de gravir pas à pas seule les marches pour aller mieux, sans médicaments, sans psy, sans famille sur place et peu d'amis, avec juste ma volonté que rien ne change pour mes enfants... Ce que j'ai affronté après le chaos de la mort de mon mari, Moi je le sais... et je m'admire parfois (quand j'y pense comme maintenant) de cette vie que j'ai chevillée au corps et qui m'a aidée à survivre...
C'est ça le courage, pas juste sortir et écouter les mots de consolation des "nonendeuils", ou les épargner.
Je dirais à leur décharge que nous sommes tellement enfermés dans notre douleur, qu'il n'y a pas de faille par laquelle les autres puissent vraiment s'engouffrer et nous aider. Notre douleur de la perte de l'autre est à nous, nous verrouillons les entrées, il faut du temps finalement, pour accepter de la partager....
Je crois que face à notre perte, les autres sont désemparés et maladroits. Comme nous étions avant....
Bises
M