Orchis, c’est un deuil particulièrement difficile à gérer pour toi. Y sont mélés l’amour, la colère, la rancœur, et presque la haine, en plus de l’absence, la solitude et la peur.
Tout à affronter en même temps est … surhumain.
Certes oui, tu es une battante, nous le voyons, mais ne te demande pas trop en même temps.
Peut-être pourrais-tu affronter les problèmes un à un.
Tu sembles avoir cerné les raisons du geste de ton mari, son enfance, son instabilité chronique malgré ton aide durant ses longues années où malgré tout vous avez été heureux, où vous avez eu deux beaux enfants.
Il y a des maux contre lesquels on ne peut rien, ils sont tapis au fond de soi, on les oublis, on semble avoir pris le dessus et soudain, une étincelle met le feu et il n’y a que la fuite pour moins souffrir. Il a fuit. Seul. Parce que sans doute, à cet instant, il ne voyait que SON mal à lui et pas celui qu’il vous ferait, parce que la dépression est parfois si profonde qu’elle devient obsessionnelle et égoïste. Parfois même, en fuyant et en choisissant la mort volontaire, on se dit que c’est le seul moyen de protéger les siens.
Ce geste si terrible ne doit pas effacer votre histoire, votre vie.
Toi, si tu étais seule, tu pourrais choisir de tourner la page, d’occulter, d’oublier pour cette fois, ce que nous ne voulons pas forcément, refaire ta vie, te refaire une vie, recommencer autrement, ailleurs. Mais il y a tes garçons, qui ont le droit d’avoir la connaissance de leurs racines et le pourquoi du geste de leur père. Cette vie ensemble, elle t’a construite, appris, il y a eu beaucoup d’amour aussi. Tu l’as aimé tel qu’il était, il ne t’a pas abandonné, il a abandonné la lutte dans un moment d’intense désespoir, se croyant incapable de continuer et de vous apporter ce que vous attendiez de lui.
Et puis il y a aussi le pardon, qui est l’acte le plus généreux que puisse faire un être humain. Tellement plus dur que l’Amour. Tellement plus beau aussi. Aimer, c’est facile, donner à celui ou celle qui compte plus que tout, c’est un cadeau. Pardonner à celui ou celle qui vous a tellement meurtri, c’est au-delà de l’amour et ton homme le mérite, même si dans ta tête tu penses encore qu’il a agit par lâcheté, par faiblesse.
Le pardon, si difficile à donner, si proche de l’acceptation, et parfois si salvateur.
Ensuite, tu pourras entreprendre le chemin du deuil, avec nous, ton psy et tes fils.
Tu as le sens de la vie, et peut-être encore plus aujourd’hui
Parler semble te faire du bien, alors n’hésite pas.
Ton fardeau est aussi le notre maintenant, puisque tu as eu le courage de nous le faire partager.
Je t’embrasse.
Marina