Nous avons appris ensemble fin 2009 qu'il avait un cancer du poumon. Depuis, comme toujours, nous avons été ensemble"contre la maladie" et même si elle était envahissante, nous avons réussi à mettre à distance le risque de la mort. Depuis janvier la dégradation subite de son état de santé avec risque vitale nous a fait mesurer que nous arrivions au terme du voyage. Mon mari a fait face à la situation et savait qu'il allait mourir. Nous avons fait face ensemble à ce moment de notre vie,et nous avons parlé les choses.Pour ma part, j'ai eu  à coeur de lui apporter la seule chose que je pouvais lui donner: mon amour , ma présence et j'ai cherché à lui adoucir la vie dans ce qu'elle pouvait l"être ( aménager au maximum le quotidien pour qu'il puisse être mieux, adapter notre intérieur, les vétements, le mobilier pour qu'il soit le moins dépendantr possible, le pllus confortable possible. Inexorablement je l'ai vu perdre ses capacités , se dégrader jusqu'à ne plus pouvoir se lever, avoir des troubles de la repiration, faire des pertes de connaissance; arriver à dire qu'il était au bout de ce qu'il pouvait supporter et pour finir, sur deux jours une entrée dans un quasi coma et enfin la mort.
Depuis c'est terrible, je suis descendue dans un puits dont je ne parviens pas à remonter. Je n'ai plus aucune énergie, je pleure à la moindre évocation de son nom, dès que je rencontre quelqu'un qui me parle de lui. Je n'arrive plus à rien faire, même marcher, car cela me ramène à nos promenades. Je suis en arrêt de travail , je souhaitais reprendre mais je ne parviens pas à stabiliser mon état émotionnel. Je n'arrive pas à bouger un tant soit peu les choses, je suis complètement paralysèe par le sentiment de son absence, du vide irémédiable de ma vie et de mon apathie à la vivre sans lui.

Bonsoir chrisang,

Je vous lis et j'ai le sentiment de revivre ce que j'ai vécu voilà plus de deux ans: diagnostic, soutien, aide, dépendance, fatigue, respiration impossible, diminution de ce corps qui a pourtant été si fort, puis, la mort.

Les pleurs. Les larmes qui arrivent au mauvais moment, sans prévenir...

Quand vous avez écrit que même le fait de nommer son nom vous fait pleurer, je me revois, et je me vois encore. Je dis "Lowell" devant des gens, quelque fois, des inconnus... et les larmes me viennent aux yeux. Cependant, l'émotion n'est pas aussi envahissante qu'au début, mais le sentiment de vide est encore présent.

Et je me suis aperçue qu'à chaque larme, à chaque émotion forte devant quelqu'un, j'avançais, j'allais un peu mieux par après. Des fois, quelques minutes, puis après, quelques heures et maintenant ... quelques jours (mais c'est rare). Il y a eu l'étape, durant un an, où tout semblait aller mieux... et puis, c'est revenu, la souffrance. Par contre, la compréhension est beaucoup plus forte. Je vois que j'avance dans ces fameuses étapes du deuil.

Ce que je veux vous dire, c'est que vous vivez le deuil de manière tout à fait correcte. Vous avez droit à ces moments où vous vous sentez descendre dans votre puits sans fond: c'est tout à fait normal. Vivre sans votre amour, en ce moment, semble impossible, et vous avez tout à fait raison.

C'est horriblement difficile. Mais vous êtes en vie, et sachez que la lumière arrivera, et que vous serez soulagée, grâce à vous et au soutien que vous recevrez. Que ce soit ici, ou ailleurs.

Ici, nous serons là. Il y aura toujours une personne pour vous écouter, pour vous répondre. J'ai aussi vécu ces moments d'horreurs, et je peux vous promettre que vous irez mieux.

Ce site m'a aidé et m'aide encore, grâce aux personnes qui, malheureusement, le font vivre.

Amicalement, Caroline

Bonjours a vous
de mon coté j ai vecu aussi la maladie de ma femme ,mais tout est allé si vite (cancer du poumon fulgurant) cinq semaines ou nous l avons vu decliner ,sans avoir eu le temps non plus de se dire tout ce que nous avions a nous  dire ,sauf que l on s aimait je lui disais sans arret je t aime depuis toujours et pour toujours..... a 49 ans nous avions encore tant de choses a vivre,tant de projets .Elle a ete courageuse jusqu au bout sans jamais se plaindre malgre la panique de ses derniers instants ou l etouffement, son rale et ses si beaux yeux qui cherchaient je ne sais quoi dans les miens et puis plus rien je tenais sa main ainsi que mon fils qui lui tenais l autre il a vu sa mere mourir et aujourd hui meme si je vais un peu mieux ce matin j ai une boule au ventre et les yeux remplis de larmes...il faut que j aille travailler le restaurant est complet pour ce midi et je lui dois d etre a la hauteur....bon courage a vous tous.

Chrisang (Christian + Angélique ?),

Te dire que nous sommes nombreux à avoir vécu l’abominable lutte contre la maladie ne t’aidera pas beaucoup. Mais au moins, nous pouvons te dire que nous savons exactement ce que tu as vécu et ce qui se passe aujourd’hui pour toi.

Avec le recul, je vais dire une chose épouvantable, qui va surement énormément choquer et je vous pris, d’avance de me pardonner…
Je regrette presque ces moments d’intimité profonde, à l’hôpital, où je ne vivais que pour lui, à veiller sur sa respiration, son confort, à échanger un mot, un semblant de sourire, parfois un peu plus quand la douleur s’éloignait avec une position du corps plus confortable. Ces instants là, sont encore plus forts  que l’amour charnel qui fusionne pourtant les corps pour n’en faire qu’un. Ces heures où l’on apprend à interpréter la moindre grimace, le moindre regard, ces heures où nous souffrons autant que lui, et où nous sommes son unique point d’attache, où il ne compte que sur nous pour avoir autre chose qu'un soin, une toilette douloureuse, un plateau repas inbouffable. Ces moments où nous l'enrobons d'Amour, où nous tentons de le protéger de tout et de tous. Où il sait que nous tiendrons sa main. Où nous sommes encore ensemble.
C’est affreux de dire cela, mais ces moments ont été le nœud indénouable de notre Amour. Même s’il l’a payé de sa vie, même si cela a brisé la mienne.

Et après, cet immense vide. Comment l'accepter? C'est tellement injuste!

Chrisang, cette descente aux enfers n’est que la suite normale, toute cette énergie, cette tension et soudain, tu n’as plus qu’à rentrer chez vous. Brusquement inutile, brutalement seule.

On dit que le deuil n’est pas une maladie. Je n’en suis pas si sûre. Le corps ne répond plus, l’esprit est embrumé comme anéanti par une forte température, chaque mouvement est une épreuve, la pensée ne suit pas, la faim disparait, le sommeil aussi.
Il faut doucement tout réapprendre, comme si ces heures passées à l’hôpital avait été un « reset » du passé. Remise à zéro.
Et comme avec les enfants, l’apprentissage se fera avec le temps, avec de la douceur et en écoutant son corps.
Rien n’est plus comme avant, alors tout doit être revu, reappris, reconstruit.

Mais tu cherches ici une écoute et de l’espoir, même si tu n’y crois pas.
L’écoute, tu l’auras toujours.
L’espoir, c’est nous, les plus anciens qui te le donneront.

L’Amour que tu portes à ton compagnon n’est pas unique, comme nous le pensions tous. Il y a beaucoup de grandes et belles histoires d’amour sur notre planète. Et la rupture en est d’autant plus douloureuse. C’est le temps qui adoucit, qui apaise, c’est l’habitude qui s’installe, c’est la douleur, caillou acéré et coupant, qui devient au fil des jours un galet rond et doux, acceptable au creux de la main. Ce caillou devenu galet, c’est notre victoire sur la mort, pas sur l’Amour qui reste, et nous enrichit chaque jour.

Au fil des témoignages des uns et des autres, on découvre des méthodes pour survivre, méthodes qui conviennent aux uns mais pas aux autres, lectures, croyances, médicaments, homéopathie…
Les larmes qui doivent couler, couler et encore et encore, tant qu’elles sont là et bloquent la vue et la respiration. Et puis l’échange, la communication, raconter, dire et redire, poser des questions, parler d’hier, de sa vie d’avant, et de ses peurs maintenant.
Ne rien garder au fond. Se souvenir, pleurer, se souvenir encore, pleurer encore… se souvenir et sourire, les larmes au bord des yeux, et se souvenir et sourire… C’est là le but de notre chemin.

Nous marchons tous ensemble pour en arriver là.
Viens avec nous.

 

Marina

Bonjour,
Marina comme tu as su bien le dire, ces moments passés à ces côtés durant la maladie. Tous les jours je me disais mais je l'aime, plus que tout et surtout plus que je ne pouvais me l'imaginer.
Caroline nous a écrit: C'est horriblement difficile. Mais vous êtes en vie, et sachez que la lumière arrivera, et que vous serez soulagée, grâce à vous et au soutien que vous recevrez. Que ce soit ici, ou ailleurs.
Je me raccroche à cet espoir que cette souffrance s'atténuera. Ne pas se sentir seule dans ces moments pouvoir s'exprimer c'est très important.
Merci à vous tous LILAS

Merci Marina, je te lis toujours avec beaucoup d'affection. Tes messages remplis de tendresse me font sourire, même si c'est l'espace de quelques secondes, c'est bien

Amicalement, Caroline