Geneviève,
Les circonstances amplifient souvent le ressenti, car viennent s'ajouter au cauchemar d'autres éléments : reprise dans les média, enquête, sans doute autopsie, retard des formalités d'obsèques et interrogations intérieures qui nous rongent.
Pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi comme ça ? Et si ...?
Une de tes phrases me frappe pour d'autres raisons et rappelle un autre souvenir :
Il est mort un peu en héros, mais je ne le vois pas de cette façon ...
Je ne veux pas qu'il soit un héros ...
Faut-il mourir en héros ou vivre lâche ?
Dis autrement : la mort ou le déshonneur ?
Ce n'est bien sûr qu'une perception, une image, pas une réalité.
Je crois que Christian n'y a pas pensé, mais qu'en même temps, c'était lui, ce comportement, et de ça, tu peux être fière.
Mais, malgré tout, il n'est plus là pour toi, et ce que j'ai dit ne corrige en rien la douleur.
Mais, plus tard, au fil des mois ...
Oui, un cauchemar, celui de la mort, celui de la perte de l'amour, et ce manque infini qui emplit et qu'il faut, jour après jour, supporter.
Pas seule.
Mais en en parlant sans cesse pour que les souvenirs de lui restent et que les émotions liées se détachent peu à peu !
Il faut continuer à vivre, Geneviève, mais pour mais pas uniquement pour les 2 enfants.
Attention à toi et à ne pas focaliser sur leur protection en t'oubliant.
Pense à toi et ne sois pas forte au point de vouloir avancer seule, uniquement pour eux.
Car leur bonheur futur aux enfants passe aussi par le fait que toi, leur maman, tienne le coup et accepte d'emprunter, de faire ce chemin du deuil.
Si, prise sous la pression actuelle, tu ne voyais que les enfants, alors, ton deuil risquerait de se mettre en mode Pause ..., mais sans se faire, et ressortirait en l'état, avec retard !
Une situation bien pire encore y compris pour les enfants.
Je dis souvent ici qu'on est sur un même bateau, que ça tangue de toutes parts à chaque vague, mais que nous n'y sommes plus seuls et qu'en se parlant, s'écoutant, s'entraidant, se tenant les mains, on arrivera au bout, cette lueur de sérénité qui sera mais qu'on ne voit pas encore, sans que quelqu'un ne passe par-dessus bord !
Geneviève, cette lueur, moi-même, je ne la vois pas encore et pourtant maintenant, je sais qu'un jour, elle sera là !

Yohann