Je crois important de parler de ces sujets là, qui viennent ajouter parfois au chagrin et aux regrets, ou au contraire, ont permis de passer ce cap du départ avec plus de douceur.
Je crois que, bien qu’en France le choix des médecins et des centres hospitaliers et cliniques soit libre, je crois qu’aucun de nous n’a fait réellement ce choix. Nous avons accepté, le plus près, ou le plus spécialisé, ou celui où il restait de la place…
Alors nous en avons subit les conséquences.
Les services de cancérologie ou de cardiologie ont un fort taux de mortalité, et les médecins ne chôment pas. Ils ont appris à poser un diagnostic et donner les soins appropriés, mais coté psychologie…
Heureusement le reste du personnel est là, dans la plus part des cas. Des aides soignantes dévouées, des infirmières à l’écoute, même si elles refusent de répondre à nos questions, sous peine de se faire vertement réprimander par le patron, l’homme en blouse blanche que nous guettons, épions, attendons le cœur battant, celui qui court partout, mais qui n’arrive jamais dans notre chambre !
Ah, ces médecins en qui nous mettons toute notre confiance ! Ils ne sont que des hommes, avec leurs failles et leur connaissance. Certains en ont conscience, certains se croient des Dieux. Dans les deux cas, nous n’en voulons pas. Nous voulons simplement un homme qui fait le maximum et qui nous tient au courant, nous informe, nous prépare.
Il faut aussi avouer qu’il n’est pas facile de savoir ce que nous attendons d’eux. Certains d’entre nous veulent la vérité, brute même si elle fait mal, d’autre attendent un soupçon d’espoir, un fil auquel s’accrocher. Quand au malade, il n’est plus en mesure la plus part du temps de dire ce qu’il attend, tant son esprit est ailleurs à contrôler la souffrance ou perdu au milieu d’un coma… dont on ignore encore les profondeurs.
Parfois, je me dis que ces métiers sont au-delà du supportable pour un être humain. La souffrance, la mort, les questions, les doutes, les décisions, les choix… et les comptes rendus aux familles qui approuvent ou non, qui attendent des miracles, qui jugent, qui s’effondrent…
Nous avons, Pierre et moi, bénéficiés d’un immense soutien de la part du personnel. Chaleureux, souriant, doux, calme, apaisant, à l’écoute, plein d’attention, action rapide et plus encore.
Les médecins ? Plutôt négatifs, le genre de phrase « on aurait dû l’opérer plutôt », « son néphrologue n’aurait pas dû laisser ses saignements sans réagir », flippant au maximum -, ou plutôt absents, sauf pour m’annoncer que nous étions au bout de ce qui était faisable et qu’il s’agissait maintenant d’une question de jour. Et report de responsabilité : J’étais la seule à savoir si mon époux devait ou non être informé de la situation. J’ai choisi de porter seule ce fardeau, il croyait trop à la guérison.
Ensuite, l’équipe discrète et efficace des soins palliatifs, qui a mis en place le protocole pour le soulager au maximum.
Et puis, le personnel d’étage, formidable.
Après, après le départ, après la toilette, après la chambre vidée… des petits mots de consolation de quelques uns… mais là encore, absence des médecins ! Etrange métier où pour survivre à la mort des autres, il faut apprendre à l’ignorer, tandis que l’on fait de longues études pour apprendre à soigner…
Alors, j’ai fait un courrier au directeur de l’hôpital de Troyes (les Hauts Clos) pour exprimer ma reconnaissance envers le personnel, qualifié de compétent, humain, chaleureux…
Et de la discrète, très discrète présence des médecins, même si je pense que Pierre a été parfaitement soigné.
Information qui peut servir.
Votre avis m’intéresse…
Marina