Auteur Sujet: Aidez-moi  (Lu 11683 fois)

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Gaëlle

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Aidez-moi
« le: 13 avril 2011 à 22:33:11 »
A 17h35, cela a fait 73 jours que mon amour, mon chat, mon gros chat, mon Raminagrobis, mon hurluberlu s’en est allé après un peu plus de 2 mois de cauchemar à l’hôpital de Rouen. La claudication sans douleur et sans cause apparente depuis octobre. Des sautes d’humeur inexpliquées depuis plus de 18 mois. 10 ans que nous nous connaissons. Deux ans d’amour fou. La Bolivie, l’Egypte, Abou-Simbel, les temples de Ramsès II et Néfertari pour nous seuls pendant ½ heure au lever du soleil, la Mer Rouge, le Maroc, la Haute-Savoie (ses chères montagnes), l’Ardèche, notre amour fou, fusionnel, nos coups de gueule, à la hauteur de notre amour, nos vies sans nous – lui à Rouen, moi à Nantes – nos appels téléphoniques sans qu’aucun téléphone ne sonne, ses parties de pétanque avec ses potes pendant que moi je bosse auprès de sa mère. Ses petits surnoms tendres qu’il me donne, mon bébé-chat, ma petite marmotte, ma loutre orangée, toutes ces cartes que nous nous envoyons lorsque nous sommes séparés 15 jours, sa mère qui nous mène une vie d’enfer (94 ans depuis le 2 février), un amour hors du commun comme tous les beaux, les vrais amours.
26 novembre - CHU de Rouen. Je le fais admettre à l'hôpital suite à des chutes répétées et depuis la veille il ne sais plus comment couper de la viande avec son couteau. Tumeurs, abcès, kystes, on nous mène en bateau. Le lendemain, après un gros coup de gueule, le médecin me dit que c'est un glioblastome, un cancer du cerveau. 2400 personnes par an en sont atteints. Espérance de vie, 5 ans. Puis une crise d'épilepsie déclenche une hémorragie tumorale le 18 décembre. Son espérance de vie chute à 1 an. Et le 28 décembre, alors qu'il est rentré à la maison, pris en charge dans le cadre d'une hospitalisation à domicile par la croix rouge de Rouen, une infirmière pratique un lavement "traumatique" qui le blesse. Tout va alors s'enchaîner très vite. Abcès, gangrène, infection généralisée. Le 24 janvier il est transféré au centre anti-cancéreux de Rouen. Le 26 janvier au soir, il me demande d'intercéder auprès des médecins pour qu'ils fassent en sorte que toutes ces souffrances cessent. Je ne veux pas le perdre mais je l'aime et je respecte ses voeux plus que tout, Alors j'accepte. L'infirmière me dit que c'est très beau ce que j'accepte de faire et que ça ne l'étonne pas parce que nous vivons un amour fusionnel. Je ne sais pas si c'est beau, mais c'est mon amour que j'aime par-dessus tout. Nous nous disons au revoir toute la nuit. Je ne veux pas qu'il parte mon amour. Moi je le garderais comme ça près de moi, juste pour un petit bisou, une petite tape sur la fesse, des mots doux sussurés à l'oreille, sa main chaude dans la mienne.
Depuis le 26 novembre, je vis nuit et jour à l'hôpital. Je mange avec lui, je dors dans sa chambre. A partir du 26 janvier, j'ai dormi dans son lit, tout près de lui, dans sa chaleur, contre son corps si décharné, si fatigué. Je voudrais le garder, mais je n'ai pas le droit de lui imposer son corps qu'il ne maîtrise plus, son autonomie perdue. Alors je lui parle, je le caresse, je le couvre de douceur toute la nuit. Je lui dis combien il m'a aidé à vivre, à grandir, combien je l'ai aimé, combien je me suis sentie aimée. Je lui dis que je ne veux pas qu'il parte, qu'il me laisse, que je ne suis pas prête à vivre sans lui, que nous avons encore plein de choses à vivre, que nous devons nous marier, partir vivre en Haute-Savoie, que je ne serai plus rien sans lui, que la radiothérapie fonctionne, qu'il a recommencé à bouger son pied, que, que, que... Il me fait promettre de bien m'occuper de mes filles alors en échange, parce que je veux toujours quelque chose en échange, je lui fais promettre qu'il sera toujours mon ange, auprès de moi pour m'aider à continuer à avancer, à survivre en attendant de venir le retrouver, pour veiller sur moi, continuer à m'aimer, à me protéger. Parce que lui, il resterait toujours lové au creux de moi, parce que personne ne m'aimerait plus jamais autant qu'il m'a aimé, Alain, mon gros chat, mon amour. Et ses dernières paroles ont été "je t'aime mon bébé-chat". Il me l'a dit comme ça, dans un souffle. Et puis nous nous sommes endormis. Ma grande fille a pu lui dire au revoir le lendemain à 8h00 avant qu'ils ne commencent les injections de morphine, somnifère et autres décontractants. Le samedi matin, nous avons connu un grand moment de paix, de douceur, de joie et de douleur. Une douce fête en musique, de jolis morceaux de Bolivie avec ma fille et des copines venues exprès de Nantes pour lui rendre un dernier hommage. Alors qu'il était plongé dans le coma depuis deux jours, Alain nous a envoyé des petits signes, il m'a serré doucement la main, il a essayé d'ouvrir les yeux et il nous a remercié en haussant les sourcils, 4 fois, comme un enfant émerveillé devant le cadeau de ses rêves. Le lendemain matin, je lui ai fait écouter de nouveau les morceaux que j'avais enregistrés et son morceau favori de U2, When the streets have no name. Une jolie parenthèse et il m'a encore remerciée... Et puis mon amour est parti dans mes bras à 17h35 après que je lui ai juré qu'il pouvait partir tranquille, que j'étais bien entourée, que je serais forte, que je l'aimais et que je l'aimerais, toujours....
Alors je sais que nous avons eu la très grande "chance" de pouvoir nous dire au revoir, d'être ensemble jusqu'au dernier moment.
Mais je ne suis pas forte. J'ai peur, j'ai mal, des litres de larmes s'écoulent de mes yeux, je n'ai plus que la peau sur les os, mes filles sont en Bolivie, je suis seule seule seule avec mon chien, les bouffées d'angoisse m'étouffent, ma maison me fait horreur car elle me rappelle trop nos amours mortes alors je vais quitter Nantes et partir à La Rochelle mais qu'est-ce que ça changera. Mon chat ne sera pas plus là. Je serai toujours comme le soleil qui se lève et qui se couche chaque jour mais je ne saurai toujours pas pourquoi.
Il paraît parfois que nos morts viennent nous voir, quand on ne s'y attend pas. Alors, moi, je l'attends peut-être trop. Mais il ne vient pas. Mon amour, mon grand amour est parti. Mon lit est trop grand, trop vide. J'ai peur, j'ai froid. Je voudrais juste qu'il revienne...


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Re : Aidez-moi
« Réponse #1 le: 13 avril 2011 à 23:05:30 »
Ohhh, Gaelle,
En te lisant les derniers moments de mon loup me reviennent. je comprends ta douleur et ton récit ravive la mienne, il n'y a pas de miracle à part te dire que ce qui me tient debout c'est tout le bonheur qu'on a vécu parce que je sais qu'il n'est pas donné à tout le monde.
Mon tit loup est parti ce 1er janvier, c'est encore si nouveau et si douloureux mais je sais qu'il aimait la vie si fort qu'il n'aurait pas voulu que je sois si triste.
Vivre en douceur pour aimer encore la vie malgré le manque de lui.
Vivre un moment sur la pointe des pieds pour ne pas souffrir trop fort.
Vivre doucement un moment pour récupérer de coup donner sans pitié.
Vivre......
Je suis avec toi et te comprends si bien.
Ta douleur est unique et t'appartient mais elle est si semblable à la nôtre.
Confie toi et on te lira et te soutiendra sans te juger.
Je t'embrasse bien fort
Pascale
Pascale la Louve

suzy

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Re : Aidez-moi
« Réponse #2 le: 13 avril 2011 à 23:43:03 »
Ton message me bouleverse Gaelle...J'ai lu toute ton histoire, un peu comme on lit un roman qu'on ne peur plus lâcher parce qu'on espère un épilogue heureux, même si on sait qu'il n'y a pas beaucoup de chances...Et puis, on ferme le livre, la larme à l'oeil , et ça nous rappelle notre histoire, notre chagrin, notre manque quotidien...Tout d'abord, chère Gaëlle,je te souhaite la bienvenue parmi nous. Tu verras, dans ce forum, nous sommes tous frères et soeurs dans la douleur. chacun y passe avec sa propre histoire, avec ses propres ressentis, ses moments de désespoir; mais ce qui est sûr , c'est que nous faisons tous le même chemin et que nous pouvons nous entraider parce que ce n'est que quand on a passé par là qu'on peut comprendre...Comme je sais ce que tu ressens quand tu parles de ce vide immense insupportable dans ta grande maison où tu es seule avec ton chien...loin de tes filles qui sont en Bolivie.
Moi je suis seule dans une grande et belle maison vide avec mes deux chats... J'ai deux grands enfants qui ne vivent plus avec moi. Même s'il ne sont pas en Bolivie, on ne se voit pas très souvent. Et mon histoire n'est pas vraiment comparable à la tienne en ce qui concerne la fin...Mon amour à moi a été foudroyé par un malaise cardiaque en pleine rue, alors que nous sortions d'un restaurant... C'était un 18 décembre...( mais 2009 et non 2010) comme la date où celui que tu appelles ton chat a fait une hémorragie tumorale...
Oui, mon amour s'est effondré dans la rue, alors que nous rentrions chez nous, heureux de notre soirée, heureux à l'idée d'aller nous réchauffer sous la couette ( parce qu'il faisait au moins 15 degrés en-dessous de zéro!), heureux parce que nous trouvions que la vie était belle...Et puis...En une fraction de seconde, ma vie, telle que je l'aimais, s'est arrêtée...Je crois que devoir vivre ainsi le choc de la fin d'une vie de bonheur , c'est juste irracontable...Quelquefois, quand j'y repense, je me demande comment j'ai fait pour supporter...Nous-aussi, nous étions un couple très fusionnel, nous ne faisions rien l'un sans l'autre. Nous avons vécu ensemble 24 ans de bonheur absolu. Chaque matin, je me réveillais émerveillée d'être à ses côtés, chaque fin d'après-midi, je me réjouissais de le retrouver...Il ne s'est pas passé un seul jour sans qu'il ne me dise qu'il m'aimait; pas une semaine sans qu'il ne m'apporte un bouquet de fleurs. Quand je le remerciais, il me répondait simplement. " mais...tu mérites...!" il m'a tellement gâtée...Et tu vois Gaëlle, le pire dans tout ça, c'est ce départ subit...une semaine avant Noël...Il venait d'acheter le sapin ( que nous devions décorer le lendemain) et le réfrigérateur était déjà plein de victuailles prévues pour le repas de Noël ( car c'est lui qui cuisinait)...
Et je me suis retrouvée seule, désemparée face à ce Noël que je devais vivre sans lui...Et nous n'avons même pas pu nous dire au revoir...Quand c'est arrivé, j'ai complètement perdu les pédales...Je me suis mise à courir dans tous les sens, comme une folle, pour appeler à l'aide. Un homme est accouru et a fait le nécessaire avant que l'ambulance n'arrive. Je crois que je m'en voudrai toute ma vie de ne pas m'être agenouillée à ses côtés pour essayer de recueillir son dernier souffle...Peut-être qu'il avait encore quelque chose à me dire...Moi, j'étais là , à hurler comme une folle...Mais bon; c'est facile à dire après coup...Je pense que personne n'est vraiment maître de ses réactions dans une telle situation. Alors tu vois, Gaëlle, même si je suis sûre que tu as dû vivre des moments horribles lorsque tu passais tous tes jours et toutes tes nuits à l'hôpital auprès de ton amour, même si je suis persuadée que ce doit être inhumain de voir sa moitié  mourir à petit feu, eh bien malgré tout cela, je t'envie d'avoir pu rester près de lui, le caresser, lui dire que tu l'aimais et surtout je t'envie parce qu'il t'a dit :" Je t'aime mon bébé-chat"... et qu'il a même réussi à te remercier d'un froncement de sourcils du fond de son coma... J'aurais tellement aimé cela...
Alors, dans les moments où tu es au creux de la vague, pense à ses derniers mots...pense à ce froncement de sourcil et tu verras, ça ira...Ca te donnera la force de supporter, la force d'avancer...Et peu à peu, tu découvriras des signes qui ne pourront venir que de lui...Car c'est vrai que les morts viennent nous voir, mais pas forcément de la façon qu'on attend...
Je pense très fort à toi et t'embrasse
Suzy

Gaëlle

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Re : Aidez-moi
« Réponse #3 le: 14 avril 2011 à 00:01:29 »
Bonsoir Pascale,
Ça fait un peu de bien de se sentir comprise, de recevoir un peu de chaleur, d'attention, de douceur.
J'ai dit à Alain, lorsque nous nous sommes dit au revoir, que ces deux années avaient été trop courtes, bien trop courtes mais que nous avions malgré tout eu la chance de vie un amour exceptionnel et que bien des gens traverseraient certainement leur vie sans jamais rien connaître de tel. Alors que nous, malgré tout, nous avions eu cette chance.
J'ai trouvé au fond de moi toute l'énergie pour lui donner le courage de partir apaisé. Mais au prix d'une telle souffrance.
Après son départ, je ne suis pas allée le voir à la chambre mortuaire. Je l'ai retrouvé le jour où on l'a mis dans son cercueil. Mais mon pauvre amour avait tellement souffert qu'il semblait plus âgé que sa maman.
Alors, je n'ai pas l'impression qu'il est parti. Je le sais pourtant, Mais j'ai souvent le sentiment qu'il va passer la porte, qu'il va me revenir. Que tout cela n'est qu'un mauvais rêve.
Je lui parle, souvent. Et puis je réalise violemment qu'il ne me répondra pas. Que je n'entendrai plus sa voix tonitruante résonner dans la maison. Alors, je regrette de ne pas l'avoir filmé, ne pas avoir enregistré sa voix, nos adieux. Et puis je me dis que ça m'aurait peut-être rendu folle. Et que de toutes façons, on ne revient jamais en arrière. Et que je garde tous nos beaux souvenirs au creux de moi.
Comment vivre sans son chat. Comment respirer alors que l'air à La Paz, à 4.000 mètres, nous semble plus léger.
Mon amour non plus ne voulait pas que je sois triste. Mais j'ai mal à hurler.
J'espère que la paix, le calme, la douceur viendront en leur temps. Pour l'heure, c'est chaque jour un peu plus dur.
Merci pour ton joli message, moi aussi je t'embrasse
Gaëlle

Gaëlle

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Re : Aidez-moi
« Réponse #4 le: 14 avril 2011 à 00:16:02 »
Oh oui je sais Suzy qu'il nous a été donné cette chance extraordinaire de nous accompagner l'un l'autre avant la grande séparation. Le personnel hospitalier de Becquerel a été formidable. Ils m'ont laissé dormir dans son lit, tout contre lui, même quand il était dans le comas. Alain est mort le dimanche 30 janvier et j'ai dormi contre lui jusqu'au dimanche matin. C'est un cadeau, un trésor que je garderai en moi jusqu'au dernier jour du reste de ma vie.
Et peut-être est-ce pour cela que la séparation est d'autant plus difficile. Je ne sais pas.
Quand on perd son homme, sa moitié, son amour, il n'est pas de douleur plus ou moins importante qu'une autre. Il y a juste une séparation insoutenable, horrible.
Mais il est vrai que je n'oublierai jamais ce "je t'aime mon bébé-chat" soufflé avec tant de tendresse et d'amour.
Mon chat dort au creux de moi
Merci Suzy. Fais de doux rêves
Je t'embrasse
Gaëlle

Gaëlle

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Re : Aidez-moi
« Réponse #5 le: 14 avril 2011 à 09:56:10 »
Quand ceux qui vont, s'en vont aller,
Quand le dernier jour s'est levé
Dans la lumière blonde,
Quand ceux qui vont, s'en vont aller,
Pour toujours et à tout jamais
Sous la terre profonde,
Quand la lumière s'est voilée,
Quand ceux que nous avons aimés
Vont fermer leur paupières,
Si rien ne leur est épargné,
Oh, que du moins soit exaucée
Leur dernière prière :
Qu'ils dorment, s'endorment
Tranquilles, tranquilles.

Qu'ils ne meurent pas au fusil,
En expirant déjà la vie
Qu'à peine, ils allaient vivre,
Qu'ils ne gémissent pas leurs cris,
Seuls, rejetés ou incompris,
Eloignés de leurs frères,
Qu'ils ne meurent pas en troupeau
Ou bien poignardés dans le dos
Ou qu'ils ne s'acheminent
En un long troupeau de la mort,
Sans ciel, sans arbre et sans décor,
Le feu à la poitrine.

Eux qui n'avaient rien demandé
Mais qui savaient s'émerveiller
D'être venus sur terre,
Qu'on leur laisse choisir, au moins,
Le pays, fut-il lointain,
De leur heure dernière.
Qu'ils aillent donc coucher leurs corps
Dessous les ciels pourpres et or
Au-delà des frontières
Ou qu'ils s'endorment, enlacés,
Comme d'éternels fiancés
Dans la blonde lumière.

Quand ceux qui vont s'en vont aller
Pour toujours et à tout jamais
Au jardin du silence
Sous leur froide maison de marbre
Dans les grandes allées sans arbre,
Je pense à vous, ma mère.
Qu'ils aient, pour dernier souvenir,
La chaleur de notre sourire
Comme étreinte dernière.
Peut-être qu'ils dormiront mieux
Si nous pouvons fermer leurs yeux.
Je pense à vous, ma mère.
Qu'ils dorment, s'endorment
Tranquilles, tranquilles...

Quand la douleur est trop forte, j'écoute Barbara. Et je me dis qu'il est heureux mon amour puisqu'il s'est endormi tranquille.
J'avais envie de partager ce joli texte avec vous tous, mes compagnons d'infortune. Merci d'être là
Gaëlle

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Re : Aidez-moi
« Réponse #6 le: 14 avril 2011 à 10:47:33 »
Très joli texte,
pleine de douceur et d'espoir, ça fait du bien ,ça met du baume au coeur.
J'ai un texte que je lis souvent, je m'imagine qu'il me la lit c'est la "lettre  aux vivants " que j'ai déposé sur ce forum.
merci pour ce texte que je ne connaissais pas.
A bientôt
Pascale
Pascale la Louve

Gaëlle

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Re : Aidez-moi
« Réponse #7 le: 15 avril 2011 à 11:33:56 »
J'ai l'impression que mon amour est mort une deuxième fois aujourd'hui. Je viens d'arrêter la récurrence de l'alarme sur mon téléphone, laquelle alarme sonnait 3 fois par jour à 8h30, 12h30 et 20h30 depuis le mois de décembre "médicaments Alain". Je ne voulais pas la supprimer. Peur de l'oublier mon chat. Peur qu'il m'en veuille. Mais ces sonneries me tuaient à petit feu... Je m'enfonce chaque jour un peu plus. Chaque réveil plus douloureux que le précédent. Je voudrais dormir, dormir, dormir, ne plus me réveiller.
Je l'ai attendu 44 ans mon chat. Quand notre histoire a commencé, je savais que c'était lui pour ma vie, moi pour la sienne. A l'hôpital, à la maison, je l'ai lavé, nourri, j'ai fait des soins que je ne me serais jamais crue capable de prodiguer, je l'ai enveloppé de douceur, d'amour. J'ai été sa louve, son chien de garde, sa mère, son amante. 24h/24 pendant plus de deux mois. Et maintenant le vide est tellement immense. Je me sens vide. Ma vie n'a plus de sens. Je n'arrive même pas à le retrouver en rêve. Alors que mon beau-frère dit l'entendre, sentir sa présence, moi, rien... Je ne sais pas pourquoi il ne vient pas me voir. Je suis un bébé-chat errant.
L'homme de toute ma vie est parti et moi je reste ici, ça ne rime à rien

Gaëlle

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Re : Aidez-moi
« Réponse #8 le: 15 avril 2011 à 23:36:19 »
Bonne nuit mon chat. Je vais t'attendre. Attendre un petit signe de toi.
Je vais me coucher en imaginant que tu es là tout près de moi. Pour me réchauffer, me consoler, me réconforter, me donner la force d'aller au moins jusque demain, m'aimer, encore et encore. Et moi je te ferai des petits câlinoux, je murmurerai des petits mots doux à ton oreille, je t'inventerai des pays où l'on ne meure jamais, où l'amour et la vie sont toujours les plus forts.
Tu seras le plus beau de tous les Raminagrobis d'amour
Aime-moi mon chat, emporte-moi tout contre toi, reviens-moi
Je t'aime
Ton bébé-chat

mc59

  • Invité
Re : Aidez-moi
« Réponse #9 le: 15 avril 2011 à 23:38:02 »
bonsoir Gaëlle;
je suis souvent venue exprimer ma douleur sur ce forum ; mais ce soir je vais mieux , alors je voudrais t'envoyer un peu de douceur ;
j'ai moi aussi ressenti ce vide , cette peur d'oublier ..
tu as vécu des moments magnifiques avec 'ton chat'; tu as fait tout ce que tu pouvais pour lui  ;
et tout cet amour , tous ces souvenirs de bonheur , personne ne peut te les enlever ;
la mesure de notre souffrance est à la mesure du bonheur et de l'amour que nous avons partagés avec notre compagnon ;
j'ai peu rêvé de Jean-Marie , mais je retrouve sa présence à travers ce qu'il aimait;
il était passionné de musique, de toutes les musiques ; il en écoutait , et il jouait du violon et du  piano  ; je disais que la musique était ma seule rivale!
aujourd'hui je suis allée à un concert d'orgue , et là j'ai senti qu'il était près  de moi ;

prends soin de toi ; est-ce que tu as un lieu pour te faire aider , déverser ta souffrance ?
blottis toi dans son amour , et il va venir t'aider ;
je suis sûre que ton chat continue à t'accompagner sur ton chemin de vie
je t'embrasse
marie-claire

 
 

Gaëlle

  • Invité
Re : Aidez-moi
« Réponse #10 le: 15 avril 2011 à 23:56:38 »
Oh merci Marie-Claire pour ce réconfort, cette chaleur. Comme c'est étrange de discuter par clavier interposé avec des gens que l'on ne connaît pas mais qui savent tant de la douleur que l'on ressent tout au fond de soi.
J'ai quelques amis qui m'écoutent et me comprennent mais j'ai l'impression de m'enfoncer dans ma douleur chaque jour un peu plus. Je suis dans un tunnel sans fin. Un trou noir. J'étouffe. Il me manque la part essentielle de mon oxygène. Ma boîte crânienne n'est plus assez large pour contenir mon cerveau au bord de l'implosion. J'ai l'impression parfois que je vais basculer dans la folie. Je me dis que j'aurais perdu un de mes enfants, ça ne serait pas pire. C'est à hurler...
COMMENT VIT-ON SANS SON AMOUR, SANS L'ESSENCE MÊME DE SA VIE !!!???
A QUOI ÇA SERT !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mon amour, mon chat, ma vie, il me manque TROP...

jacarle

  • Invité
Re : Aidez-moi
« Réponse #11 le: 16 avril 2011 à 01:03:47 »
Bonsoir Gaelle
J'ai lu votre message avec attention. Je suis moi même veuve depuis plus de 15 ans et si la douleur a disparu l'absence est toujours présente.
La disparition de mon mari a été différente de celle que vous vivez mais aussi cruelle puisque je n'ai pas pu être présente au moment où il a renoncé à se battre pour la vie : un accident me l'a enlevé. Ma réaction au moment où on me l'a appris m'a surprise . Pas de scène de désespoir, pas de cris mais des larmes qui coulaient sans que je ne les sentent sur mon visage. La peine de mes enfants m'a obligée à refouler la mienne et je suis persuadée maintenant que je n'étais pas seule, mon mari était là! Pas physiquement mais il est toujours à mes côtés, même quand j'ai rencontré un homme avec qui j'ai fait un bout de chemin, mais qui n'a jamais remplacé mon mari.

Depuis je ne pleure plus. On me dit froide ou forte, c'est selon car rien ne me touche surtout pas la mort. Seuls mes enfants et petits enfants savent que je ne pourrais pas accepter qu'il leur arrive le moindre mal. Et je vais vous confier un secret ce qui m'a fait cruellement souffrir c'est de ne plus me rappeler de sa voix au moment du deuil et bien croyez moi ou pas mais maintenant je l'entends quand je lui parle pour lui demander un conseil .

Pour l'instant vous souffrez et rien ni personne ne pourra combler l'absence de votre amour seul le temps peut y parvenir et il faut "laisser le temps au temps".

Je vous souhaite de tout coeur de retrouver la sérénité très vite et de surmonter ce mauvais tour de la vie qui reste plus forte que la mort.
Je vous embrasse


Gaëlle

  • Invité
Re : Aidez-moi
« Réponse #12 le: 16 avril 2011 à 16:21:11 »
Merci à toutes pour vos messages plein de douceur et de réconfort. Merci à toi aussi ma chère Peggy, toi qui as passé 3 heures avec moi au téléphone hier soir, toi qui me portes depuis le 26 novembre, toi qui as vécu la perte de l'être aimé il y a tant d'années et dont tu portes encore les blessures, toi qui nous adorais, toi qui as fait de si belles photos de notre amour.
Merci à toutes de me rappeler encore et toujours que nous avons eu la "chance", le bonheur de nous dire au-revoir, nous adresser des mots doux, faire le bilan de notre trop courte vie à deux, certes, mais si riche, si intense, si belle, si pleine de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, si douce, si explosive aussi, cette vie qui était notre renaissance à tous les deux.
Les images de notre amour couvre les murs de la maison mon chat. Peggy m'a rappelé, m'a forcée à me rappeler la promesse que je t'ai faite mon amour au soir de nos adieux. Oui, je t'ai promis de vivre ; mais tu étais encore là. J'étais terrifiée, j'avais conscience que tu partais mais j'étais loin de m'imaginer combien le chemin serait douloureux sans toi. Mais toi aussi tu m'as fait une promesse, tu te souviens ? Tu m'as promis que tu serais mon ange et que tu veillerais sur moi, que tu m'aiderais. Je sais que tu ne failliras pas à ta parole alors je t'attendrai.
Aujourd'hui pour la première fois depuis la mort d'Alain, j'ai refait à manger. J'ai préparé une blanquette de veau pour le retour de ma fillotte qui revient demain de Bolivie. Je pars la chercher à Paris demain matin. Mais lundi, il va me falloir un grand courage pour retourner à Rouen récupérer le restant de mes affaires. Tant de mauvais et si tristes souvenirs…
Malgré tout, je sens votre énergie me redonner un peu de force et je vous remercie.
Je pense à tous ces moments auprès de mon amour. Je sais que tellement d’entre vous auraient voulu partager avec votre compagnon ces adieux, quelque part si beaux, que j’ai partagé avec mon chat. Alors pour vous, je dois savoir les savourer encore et encore. Je sais qu’ils me donneront la force d’avancer même si le chemin sera encore long et tortueux.
Je rend hommage à votre courage, votre force et votre gentillesse, Je vous embrasse toutes, connue et inconnues. Merci à vous.
Gaëlle

slm

  • Invité
Re : Aidez-moi
« Réponse #13 le: 17 avril 2011 à 09:29:38 »

Chère Gaelle

C'est vrai que moi aussi je vous envie d'avoir partagé ces derniers instants avec votre amour. Mes deux compagnons de route se sont
suicidés à 22 ans d'intervalle mon mari en 89 et mon ami en Janvier dernier sans m'avoir dit au revoir une dernière fois, sans un mot
d'explication. Vous ne pouvez pas imaginer tout ce qui vous passe par la tête en permanence, ne pas savoir c'est la pire des tortures qui
vous fait douter de tout, d'eux, de vous, de leurs sentiments pour vous. Une blessure qui ne se cicatrisera jamais.
Gardez comme un bien précieux cette dernière preuve de votre amour, elle vous aidera à avancer sur le dur chemin du deuil.

Amicales pensées
Sylvie

Gaëlle

  • Invité
Re : Aidez-moi
« Réponse #14 le: 19 avril 2011 à 23:05:54 »
Ce soir, je te sens tout près de moi mon chat, je sens ton amour, ta force. Je sens que tu me portes dans cette nouvelle épreuve.
J'ai eu la sensation hier que la terre se dérobait sous mes pieds lorsqu'on m'a appris au cimetière, à Rouen, que ton fils, ce fils qui t'a abandonné il y a 4 ans 1/2, ce fils qui ne t'a pas accompagné à l'hôpital, ce fils qui a pensé que tu simulais ta maladie, a volé tes cendres. Pour me priver de ce dernier adieu, pour se venger de toi parce que tu as tout mis en place pour me protéger après ta mort.
Mais nous partirons tout de même en Haute-Savoie te dire un dernier au-revoir au milieu de tes chères montagnes, au milieu de ces parois abruptes qui t'ont apporté tant de bonheur et de liberté, des larmes aussi quand des copains sont partis, quand les cordes ont lâchées parce que des touristes inconscients se pensaient plus forts que les experts prudents. Nous conduirons ton âme retrouver les éléments qui te porteront au-delà de toutes ces turpitudes.
On a volé ces restes de toi mais tu me dis qu'on ne nous a pas volé l'essentiel, l'essence même de toi, notre amour, notre bonheur, nos adieux. Tous ces moments qui nous appartiennent à jamais et que personne ne pourra nous reprendre.
Bien que la douleur soit atroce, je me sens en paix mon amour, mon gros chat parce que tu me dis de ne pas m'arrêter à la bêtise humaine, que nous valons mieux que ça, que tu continues à vivre en moi, à m'aimer, à me chérir, à me couvrir de douceur. "Avance mon bébé-chat, avance, je t'aime et je veille".
Merci mon chat. Je suis si fière d'avoir traverser ce bout de vie avec toi à mes côtés. Je suis fière que tu aies posé les yeux sur moi. Tu m'as ouverte à la vie. Tu m'as fait toucher les étoiles du bout des doigts. Tu te souviens de la première carte que je t'ai envoyée de La Rochelle, ce petit mouton qui te disait "tu es ma petite chance à moi", je t'ai dit que nous allions vivre un fol amour. Que je vivais un conte de fée depuis deux semaines et, quand le rêve rejoint la réalité c'est toucher les étoiles du bout des doigts. Je pleure mais en même temps je suis heureuse de te sentir à nouveau près de moi mon Ramina. Je saurai veiller sur notre amour, sur ta mémoire et je ne laisserai jamais personne les salir.
Dors en paix, je t'aime
Ton bébé-chat