FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Gaëlle le 13 avril 2011 à 22:33:11
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A 17h35, cela a fait 73 jours que mon amour, mon chat, mon gros chat, mon Raminagrobis, mon hurluberlu s’en est allé après un peu plus de 2 mois de cauchemar à l’hôpital de Rouen. La claudication sans douleur et sans cause apparente depuis octobre. Des sautes d’humeur inexpliquées depuis plus de 18 mois. 10 ans que nous nous connaissons. Deux ans d’amour fou. La Bolivie, l’Egypte, Abou-Simbel, les temples de Ramsès II et Néfertari pour nous seuls pendant ½ heure au lever du soleil, la Mer Rouge, le Maroc, la Haute-Savoie (ses chères montagnes), l’Ardèche, notre amour fou, fusionnel, nos coups de gueule, à la hauteur de notre amour, nos vies sans nous – lui à Rouen, moi à Nantes – nos appels téléphoniques sans qu’aucun téléphone ne sonne, ses parties de pétanque avec ses potes pendant que moi je bosse auprès de sa mère. Ses petits surnoms tendres qu’il me donne, mon bébé-chat, ma petite marmotte, ma loutre orangée, toutes ces cartes que nous nous envoyons lorsque nous sommes séparés 15 jours, sa mère qui nous mène une vie d’enfer (94 ans depuis le 2 février), un amour hors du commun comme tous les beaux, les vrais amours.
26 novembre - CHU de Rouen. Je le fais admettre à l'hôpital suite à des chutes répétées et depuis la veille il ne sais plus comment couper de la viande avec son couteau. Tumeurs, abcès, kystes, on nous mène en bateau. Le lendemain, après un gros coup de gueule, le médecin me dit que c'est un glioblastome, un cancer du cerveau. 2400 personnes par an en sont atteints. Espérance de vie, 5 ans. Puis une crise d'épilepsie déclenche une hémorragie tumorale le 18 décembre. Son espérance de vie chute à 1 an. Et le 28 décembre, alors qu'il est rentré à la maison, pris en charge dans le cadre d'une hospitalisation à domicile par la croix rouge de Rouen, une infirmière pratique un lavement "traumatique" qui le blesse. Tout va alors s'enchaîner très vite. Abcès, gangrène, infection généralisée. Le 24 janvier il est transféré au centre anti-cancéreux de Rouen. Le 26 janvier au soir, il me demande d'intercéder auprès des médecins pour qu'ils fassent en sorte que toutes ces souffrances cessent. Je ne veux pas le perdre mais je l'aime et je respecte ses voeux plus que tout, Alors j'accepte. L'infirmière me dit que c'est très beau ce que j'accepte de faire et que ça ne l'étonne pas parce que nous vivons un amour fusionnel. Je ne sais pas si c'est beau, mais c'est mon amour que j'aime par-dessus tout. Nous nous disons au revoir toute la nuit. Je ne veux pas qu'il parte mon amour. Moi je le garderais comme ça près de moi, juste pour un petit bisou, une petite tape sur la fesse, des mots doux sussurés à l'oreille, sa main chaude dans la mienne.
Depuis le 26 novembre, je vis nuit et jour à l'hôpital. Je mange avec lui, je dors dans sa chambre. A partir du 26 janvier, j'ai dormi dans son lit, tout près de lui, dans sa chaleur, contre son corps si décharné, si fatigué. Je voudrais le garder, mais je n'ai pas le droit de lui imposer son corps qu'il ne maîtrise plus, son autonomie perdue. Alors je lui parle, je le caresse, je le couvre de douceur toute la nuit. Je lui dis combien il m'a aidé à vivre, à grandir, combien je l'ai aimé, combien je me suis sentie aimée. Je lui dis que je ne veux pas qu'il parte, qu'il me laisse, que je ne suis pas prête à vivre sans lui, que nous avons encore plein de choses à vivre, que nous devons nous marier, partir vivre en Haute-Savoie, que je ne serai plus rien sans lui, que la radiothérapie fonctionne, qu'il a recommencé à bouger son pied, que, que, que... Il me fait promettre de bien m'occuper de mes filles alors en échange, parce que je veux toujours quelque chose en échange, je lui fais promettre qu'il sera toujours mon ange, auprès de moi pour m'aider à continuer à avancer, à survivre en attendant de venir le retrouver, pour veiller sur moi, continuer à m'aimer, à me protéger. Parce que lui, il resterait toujours lové au creux de moi, parce que personne ne m'aimerait plus jamais autant qu'il m'a aimé, Alain, mon gros chat, mon amour. Et ses dernières paroles ont été "je t'aime mon bébé-chat". Il me l'a dit comme ça, dans un souffle. Et puis nous nous sommes endormis. Ma grande fille a pu lui dire au revoir le lendemain à 8h00 avant qu'ils ne commencent les injections de morphine, somnifère et autres décontractants. Le samedi matin, nous avons connu un grand moment de paix, de douceur, de joie et de douleur. Une douce fête en musique, de jolis morceaux de Bolivie avec ma fille et des copines venues exprès de Nantes pour lui rendre un dernier hommage. Alors qu'il était plongé dans le coma depuis deux jours, Alain nous a envoyé des petits signes, il m'a serré doucement la main, il a essayé d'ouvrir les yeux et il nous a remercié en haussant les sourcils, 4 fois, comme un enfant émerveillé devant le cadeau de ses rêves. Le lendemain matin, je lui ai fait écouter de nouveau les morceaux que j'avais enregistrés et son morceau favori de U2, When the streets have no name. Une jolie parenthèse et il m'a encore remerciée... Et puis mon amour est parti dans mes bras à 17h35 après que je lui ai juré qu'il pouvait partir tranquille, que j'étais bien entourée, que je serais forte, que je l'aimais et que je l'aimerais, toujours....
Alors je sais que nous avons eu la très grande "chance" de pouvoir nous dire au revoir, d'être ensemble jusqu'au dernier moment.
Mais je ne suis pas forte. J'ai peur, j'ai mal, des litres de larmes s'écoulent de mes yeux, je n'ai plus que la peau sur les os, mes filles sont en Bolivie, je suis seule seule seule avec mon chien, les bouffées d'angoisse m'étouffent, ma maison me fait horreur car elle me rappelle trop nos amours mortes alors je vais quitter Nantes et partir à La Rochelle mais qu'est-ce que ça changera. Mon chat ne sera pas plus là. Je serai toujours comme le soleil qui se lève et qui se couche chaque jour mais je ne saurai toujours pas pourquoi.
Il paraît parfois que nos morts viennent nous voir, quand on ne s'y attend pas. Alors, moi, je l'attends peut-être trop. Mais il ne vient pas. Mon amour, mon grand amour est parti. Mon lit est trop grand, trop vide. J'ai peur, j'ai froid. Je voudrais juste qu'il revienne...
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Ohhh, Gaelle,
En te lisant les derniers moments de mon loup me reviennent. je comprends ta douleur et ton récit ravive la mienne, il n'y a pas de miracle à part te dire que ce qui me tient debout c'est tout le bonheur qu'on a vécu parce que je sais qu'il n'est pas donné à tout le monde.
Mon tit loup est parti ce 1er janvier, c'est encore si nouveau et si douloureux mais je sais qu'il aimait la vie si fort qu'il n'aurait pas voulu que je sois si triste.
Vivre en douceur pour aimer encore la vie malgré le manque de lui.
Vivre un moment sur la pointe des pieds pour ne pas souffrir trop fort.
Vivre doucement un moment pour récupérer de coup donner sans pitié.
Vivre......
Je suis avec toi et te comprends si bien.
Ta douleur est unique et t'appartient mais elle est si semblable à la nôtre.
Confie toi et on te lira et te soutiendra sans te juger.
Je t'embrasse bien fort
Pascale
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Ton message me bouleverse Gaelle...J'ai lu toute ton histoire, un peu comme on lit un roman qu'on ne peur plus lâcher parce qu'on espère un épilogue heureux, même si on sait qu'il n'y a pas beaucoup de chances...Et puis, on ferme le livre, la larme à l'oeil , et ça nous rappelle notre histoire, notre chagrin, notre manque quotidien...Tout d'abord, chère Gaëlle,je te souhaite la bienvenue parmi nous. Tu verras, dans ce forum, nous sommes tous frères et soeurs dans la douleur. chacun y passe avec sa propre histoire, avec ses propres ressentis, ses moments de désespoir; mais ce qui est sûr , c'est que nous faisons tous le même chemin et que nous pouvons nous entraider parce que ce n'est que quand on a passé par là qu'on peut comprendre...Comme je sais ce que tu ressens quand tu parles de ce vide immense insupportable dans ta grande maison où tu es seule avec ton chien...loin de tes filles qui sont en Bolivie.
Moi je suis seule dans une grande et belle maison vide avec mes deux chats... J'ai deux grands enfants qui ne vivent plus avec moi. Même s'il ne sont pas en Bolivie, on ne se voit pas très souvent. Et mon histoire n'est pas vraiment comparable à la tienne en ce qui concerne la fin...Mon amour à moi a été foudroyé par un malaise cardiaque en pleine rue, alors que nous sortions d'un restaurant... C'était un 18 décembre...( mais 2009 et non 2010) comme la date où celui que tu appelles ton chat a fait une hémorragie tumorale...
Oui, mon amour s'est effondré dans la rue, alors que nous rentrions chez nous, heureux de notre soirée, heureux à l'idée d'aller nous réchauffer sous la couette ( parce qu'il faisait au moins 15 degrés en-dessous de zéro!), heureux parce que nous trouvions que la vie était belle...Et puis...En une fraction de seconde, ma vie, telle que je l'aimais, s'est arrêtée...Je crois que devoir vivre ainsi le choc de la fin d'une vie de bonheur , c'est juste irracontable...Quelquefois, quand j'y repense, je me demande comment j'ai fait pour supporter...Nous-aussi, nous étions un couple très fusionnel, nous ne faisions rien l'un sans l'autre. Nous avons vécu ensemble 24 ans de bonheur absolu. Chaque matin, je me réveillais émerveillée d'être à ses côtés, chaque fin d'après-midi, je me réjouissais de le retrouver...Il ne s'est pas passé un seul jour sans qu'il ne me dise qu'il m'aimait; pas une semaine sans qu'il ne m'apporte un bouquet de fleurs. Quand je le remerciais, il me répondait simplement. " mais...tu mérites...!" il m'a tellement gâtée...Et tu vois Gaëlle, le pire dans tout ça, c'est ce départ subit...une semaine avant Noël...Il venait d'acheter le sapin ( que nous devions décorer le lendemain) et le réfrigérateur était déjà plein de victuailles prévues pour le repas de Noël ( car c'est lui qui cuisinait)...
Et je me suis retrouvée seule, désemparée face à ce Noël que je devais vivre sans lui...Et nous n'avons même pas pu nous dire au revoir...Quand c'est arrivé, j'ai complètement perdu les pédales...Je me suis mise à courir dans tous les sens, comme une folle, pour appeler à l'aide. Un homme est accouru et a fait le nécessaire avant que l'ambulance n'arrive. Je crois que je m'en voudrai toute ma vie de ne pas m'être agenouillée à ses côtés pour essayer de recueillir son dernier souffle...Peut-être qu'il avait encore quelque chose à me dire...Moi, j'étais là , à hurler comme une folle...Mais bon; c'est facile à dire après coup...Je pense que personne n'est vraiment maître de ses réactions dans une telle situation. Alors tu vois, Gaëlle, même si je suis sûre que tu as dû vivre des moments horribles lorsque tu passais tous tes jours et toutes tes nuits à l'hôpital auprès de ton amour, même si je suis persuadée que ce doit être inhumain de voir sa moitié mourir à petit feu, eh bien malgré tout cela, je t'envie d'avoir pu rester près de lui, le caresser, lui dire que tu l'aimais et surtout je t'envie parce qu'il t'a dit :" Je t'aime mon bébé-chat"... et qu'il a même réussi à te remercier d'un froncement de sourcils du fond de son coma... J'aurais tellement aimé cela...
Alors, dans les moments où tu es au creux de la vague, pense à ses derniers mots...pense à ce froncement de sourcil et tu verras, ça ira...Ca te donnera la force de supporter, la force d'avancer...Et peu à peu, tu découvriras des signes qui ne pourront venir que de lui...Car c'est vrai que les morts viennent nous voir, mais pas forcément de la façon qu'on attend...
Je pense très fort à toi et t'embrasse
Suzy
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Bonsoir Pascale,
Ça fait un peu de bien de se sentir comprise, de recevoir un peu de chaleur, d'attention, de douceur.
J'ai dit à Alain, lorsque nous nous sommes dit au revoir, que ces deux années avaient été trop courtes, bien trop courtes mais que nous avions malgré tout eu la chance de vie un amour exceptionnel et que bien des gens traverseraient certainement leur vie sans jamais rien connaître de tel. Alors que nous, malgré tout, nous avions eu cette chance.
J'ai trouvé au fond de moi toute l'énergie pour lui donner le courage de partir apaisé. Mais au prix d'une telle souffrance.
Après son départ, je ne suis pas allée le voir à la chambre mortuaire. Je l'ai retrouvé le jour où on l'a mis dans son cercueil. Mais mon pauvre amour avait tellement souffert qu'il semblait plus âgé que sa maman.
Alors, je n'ai pas l'impression qu'il est parti. Je le sais pourtant, Mais j'ai souvent le sentiment qu'il va passer la porte, qu'il va me revenir. Que tout cela n'est qu'un mauvais rêve.
Je lui parle, souvent. Et puis je réalise violemment qu'il ne me répondra pas. Que je n'entendrai plus sa voix tonitruante résonner dans la maison. Alors, je regrette de ne pas l'avoir filmé, ne pas avoir enregistré sa voix, nos adieux. Et puis je me dis que ça m'aurait peut-être rendu folle. Et que de toutes façons, on ne revient jamais en arrière. Et que je garde tous nos beaux souvenirs au creux de moi.
Comment vivre sans son chat. Comment respirer alors que l'air à La Paz, à 4.000 mètres, nous semble plus léger.
Mon amour non plus ne voulait pas que je sois triste. Mais j'ai mal à hurler.
J'espère que la paix, le calme, la douceur viendront en leur temps. Pour l'heure, c'est chaque jour un peu plus dur.
Merci pour ton joli message, moi aussi je t'embrasse
Gaëlle
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Oh oui je sais Suzy qu'il nous a été donné cette chance extraordinaire de nous accompagner l'un l'autre avant la grande séparation. Le personnel hospitalier de Becquerel a été formidable. Ils m'ont laissé dormir dans son lit, tout contre lui, même quand il était dans le comas. Alain est mort le dimanche 30 janvier et j'ai dormi contre lui jusqu'au dimanche matin. C'est un cadeau, un trésor que je garderai en moi jusqu'au dernier jour du reste de ma vie.
Et peut-être est-ce pour cela que la séparation est d'autant plus difficile. Je ne sais pas.
Quand on perd son homme, sa moitié, son amour, il n'est pas de douleur plus ou moins importante qu'une autre. Il y a juste une séparation insoutenable, horrible.
Mais il est vrai que je n'oublierai jamais ce "je t'aime mon bébé-chat" soufflé avec tant de tendresse et d'amour.
Mon chat dort au creux de moi
Merci Suzy. Fais de doux rêves
Je t'embrasse
Gaëlle
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Quand ceux qui vont, s'en vont aller,
Quand le dernier jour s'est levé
Dans la lumière blonde,
Quand ceux qui vont, s'en vont aller,
Pour toujours et à tout jamais
Sous la terre profonde,
Quand la lumière s'est voilée,
Quand ceux que nous avons aimés
Vont fermer leur paupières,
Si rien ne leur est épargné,
Oh, que du moins soit exaucée
Leur dernière prière :
Qu'ils dorment, s'endorment
Tranquilles, tranquilles.
Qu'ils ne meurent pas au fusil,
En expirant déjà la vie
Qu'à peine, ils allaient vivre,
Qu'ils ne gémissent pas leurs cris,
Seuls, rejetés ou incompris,
Eloignés de leurs frères,
Qu'ils ne meurent pas en troupeau
Ou bien poignardés dans le dos
Ou qu'ils ne s'acheminent
En un long troupeau de la mort,
Sans ciel, sans arbre et sans décor,
Le feu à la poitrine.
Eux qui n'avaient rien demandé
Mais qui savaient s'émerveiller
D'être venus sur terre,
Qu'on leur laisse choisir, au moins,
Le pays, fut-il lointain,
De leur heure dernière.
Qu'ils aillent donc coucher leurs corps
Dessous les ciels pourpres et or
Au-delà des frontières
Ou qu'ils s'endorment, enlacés,
Comme d'éternels fiancés
Dans la blonde lumière.
Quand ceux qui vont s'en vont aller
Pour toujours et à tout jamais
Au jardin du silence
Sous leur froide maison de marbre
Dans les grandes allées sans arbre,
Je pense à vous, ma mère.
Qu'ils aient, pour dernier souvenir,
La chaleur de notre sourire
Comme étreinte dernière.
Peut-être qu'ils dormiront mieux
Si nous pouvons fermer leurs yeux.
Je pense à vous, ma mère.
Qu'ils dorment, s'endorment
Tranquilles, tranquilles...
Quand la douleur est trop forte, j'écoute Barbara. Et je me dis qu'il est heureux mon amour puisqu'il s'est endormi tranquille.
J'avais envie de partager ce joli texte avec vous tous, mes compagnons d'infortune. Merci d'être là
Gaëlle
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Très joli texte,
pleine de douceur et d'espoir, ça fait du bien ,ça met du baume au coeur.
J'ai un texte que je lis souvent, je m'imagine qu'il me la lit c'est la "lettre aux vivants " que j'ai déposé sur ce forum.
merci pour ce texte que je ne connaissais pas.
A bientôt
Pascale
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J'ai l'impression que mon amour est mort une deuxième fois aujourd'hui. Je viens d'arrêter la récurrence de l'alarme sur mon téléphone, laquelle alarme sonnait 3 fois par jour à 8h30, 12h30 et 20h30 depuis le mois de décembre "médicaments Alain". Je ne voulais pas la supprimer. Peur de l'oublier mon chat. Peur qu'il m'en veuille. Mais ces sonneries me tuaient à petit feu... Je m'enfonce chaque jour un peu plus. Chaque réveil plus douloureux que le précédent. Je voudrais dormir, dormir, dormir, ne plus me réveiller.
Je l'ai attendu 44 ans mon chat. Quand notre histoire a commencé, je savais que c'était lui pour ma vie, moi pour la sienne. A l'hôpital, à la maison, je l'ai lavé, nourri, j'ai fait des soins que je ne me serais jamais crue capable de prodiguer, je l'ai enveloppé de douceur, d'amour. J'ai été sa louve, son chien de garde, sa mère, son amante. 24h/24 pendant plus de deux mois. Et maintenant le vide est tellement immense. Je me sens vide. Ma vie n'a plus de sens. Je n'arrive même pas à le retrouver en rêve. Alors que mon beau-frère dit l'entendre, sentir sa présence, moi, rien... Je ne sais pas pourquoi il ne vient pas me voir. Je suis un bébé-chat errant.
L'homme de toute ma vie est parti et moi je reste ici, ça ne rime à rien
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Bonne nuit mon chat. Je vais t'attendre. Attendre un petit signe de toi.
Je vais me coucher en imaginant que tu es là tout près de moi. Pour me réchauffer, me consoler, me réconforter, me donner la force d'aller au moins jusque demain, m'aimer, encore et encore. Et moi je te ferai des petits câlinoux, je murmurerai des petits mots doux à ton oreille, je t'inventerai des pays où l'on ne meure jamais, où l'amour et la vie sont toujours les plus forts.
Tu seras le plus beau de tous les Raminagrobis d'amour
Aime-moi mon chat, emporte-moi tout contre toi, reviens-moi
Je t'aime
Ton bébé-chat
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bonsoir Gaëlle;
je suis souvent venue exprimer ma douleur sur ce forum ; mais ce soir je vais mieux , alors je voudrais t'envoyer un peu de douceur ;
j'ai moi aussi ressenti ce vide , cette peur d'oublier ..
tu as vécu des moments magnifiques avec 'ton chat'; tu as fait tout ce que tu pouvais pour lui ;
et tout cet amour , tous ces souvenirs de bonheur , personne ne peut te les enlever ;
la mesure de notre souffrance est à la mesure du bonheur et de l'amour que nous avons partagés avec notre compagnon ;
j'ai peu rêvé de Jean-Marie , mais je retrouve sa présence à travers ce qu'il aimait;
il était passionné de musique, de toutes les musiques ; il en écoutait , et il jouait du violon et du piano ; je disais que la musique était ma seule rivale!
aujourd'hui je suis allée à un concert d'orgue , et là j'ai senti qu'il était près de moi ;
prends soin de toi ; est-ce que tu as un lieu pour te faire aider , déverser ta souffrance ?
blottis toi dans son amour , et il va venir t'aider ;
je suis sûre que ton chat continue à t'accompagner sur ton chemin de vie
je t'embrasse
marie-claire
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Oh merci Marie-Claire pour ce réconfort, cette chaleur. Comme c'est étrange de discuter par clavier interposé avec des gens que l'on ne connaît pas mais qui savent tant de la douleur que l'on ressent tout au fond de soi.
J'ai quelques amis qui m'écoutent et me comprennent mais j'ai l'impression de m'enfoncer dans ma douleur chaque jour un peu plus. Je suis dans un tunnel sans fin. Un trou noir. J'étouffe. Il me manque la part essentielle de mon oxygène. Ma boîte crânienne n'est plus assez large pour contenir mon cerveau au bord de l'implosion. J'ai l'impression parfois que je vais basculer dans la folie. Je me dis que j'aurais perdu un de mes enfants, ça ne serait pas pire. C'est à hurler...
COMMENT VIT-ON SANS SON AMOUR, SANS L'ESSENCE MÊME DE SA VIE !!!???
A QUOI ÇA SERT !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mon amour, mon chat, ma vie, il me manque TROP...
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Bonsoir Gaelle
J'ai lu votre message avec attention. Je suis moi même veuve depuis plus de 15 ans et si la douleur a disparu l'absence est toujours présente.
La disparition de mon mari a été différente de celle que vous vivez mais aussi cruelle puisque je n'ai pas pu être présente au moment où il a renoncé à se battre pour la vie : un accident me l'a enlevé. Ma réaction au moment où on me l'a appris m'a surprise . Pas de scène de désespoir, pas de cris mais des larmes qui coulaient sans que je ne les sentent sur mon visage. La peine de mes enfants m'a obligée à refouler la mienne et je suis persuadée maintenant que je n'étais pas seule, mon mari était là! Pas physiquement mais il est toujours à mes côtés, même quand j'ai rencontré un homme avec qui j'ai fait un bout de chemin, mais qui n'a jamais remplacé mon mari.
Depuis je ne pleure plus. On me dit froide ou forte, c'est selon car rien ne me touche surtout pas la mort. Seuls mes enfants et petits enfants savent que je ne pourrais pas accepter qu'il leur arrive le moindre mal. Et je vais vous confier un secret ce qui m'a fait cruellement souffrir c'est de ne plus me rappeler de sa voix au moment du deuil et bien croyez moi ou pas mais maintenant je l'entends quand je lui parle pour lui demander un conseil .
Pour l'instant vous souffrez et rien ni personne ne pourra combler l'absence de votre amour seul le temps peut y parvenir et il faut "laisser le temps au temps".
Je vous souhaite de tout coeur de retrouver la sérénité très vite et de surmonter ce mauvais tour de la vie qui reste plus forte que la mort.
Je vous embrasse
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Merci à toutes pour vos messages plein de douceur et de réconfort. Merci à toi aussi ma chère Peggy, toi qui as passé 3 heures avec moi au téléphone hier soir, toi qui me portes depuis le 26 novembre, toi qui as vécu la perte de l'être aimé il y a tant d'années et dont tu portes encore les blessures, toi qui nous adorais, toi qui as fait de si belles photos de notre amour.
Merci à toutes de me rappeler encore et toujours que nous avons eu la "chance", le bonheur de nous dire au-revoir, nous adresser des mots doux, faire le bilan de notre trop courte vie à deux, certes, mais si riche, si intense, si belle, si pleine de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, si douce, si explosive aussi, cette vie qui était notre renaissance à tous les deux.
Les images de notre amour couvre les murs de la maison mon chat. Peggy m'a rappelé, m'a forcée à me rappeler la promesse que je t'ai faite mon amour au soir de nos adieux. Oui, je t'ai promis de vivre ; mais tu étais encore là. J'étais terrifiée, j'avais conscience que tu partais mais j'étais loin de m'imaginer combien le chemin serait douloureux sans toi. Mais toi aussi tu m'as fait une promesse, tu te souviens ? Tu m'as promis que tu serais mon ange et que tu veillerais sur moi, que tu m'aiderais. Je sais que tu ne failliras pas à ta parole alors je t'attendrai.
Aujourd'hui pour la première fois depuis la mort d'Alain, j'ai refait à manger. J'ai préparé une blanquette de veau pour le retour de ma fillotte qui revient demain de Bolivie. Je pars la chercher à Paris demain matin. Mais lundi, il va me falloir un grand courage pour retourner à Rouen récupérer le restant de mes affaires. Tant de mauvais et si tristes souvenirs…
Malgré tout, je sens votre énergie me redonner un peu de force et je vous remercie.
Je pense à tous ces moments auprès de mon amour. Je sais que tellement d’entre vous auraient voulu partager avec votre compagnon ces adieux, quelque part si beaux, que j’ai partagé avec mon chat. Alors pour vous, je dois savoir les savourer encore et encore. Je sais qu’ils me donneront la force d’avancer même si le chemin sera encore long et tortueux.
Je rend hommage à votre courage, votre force et votre gentillesse, Je vous embrasse toutes, connue et inconnues. Merci à vous.
Gaëlle
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Chère Gaelle
C'est vrai que moi aussi je vous envie d'avoir partagé ces derniers instants avec votre amour. Mes deux compagnons de route se sont
suicidés à 22 ans d'intervalle mon mari en 89 et mon ami en Janvier dernier sans m'avoir dit au revoir une dernière fois, sans un mot
d'explication. Vous ne pouvez pas imaginer tout ce qui vous passe par la tête en permanence, ne pas savoir c'est la pire des tortures qui
vous fait douter de tout, d'eux, de vous, de leurs sentiments pour vous. Une blessure qui ne se cicatrisera jamais.
Gardez comme un bien précieux cette dernière preuve de votre amour, elle vous aidera à avancer sur le dur chemin du deuil.
Amicales pensées
Sylvie
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Ce soir, je te sens tout près de moi mon chat, je sens ton amour, ta force. Je sens que tu me portes dans cette nouvelle épreuve.
J'ai eu la sensation hier que la terre se dérobait sous mes pieds lorsqu'on m'a appris au cimetière, à Rouen, que ton fils, ce fils qui t'a abandonné il y a 4 ans 1/2, ce fils qui ne t'a pas accompagné à l'hôpital, ce fils qui a pensé que tu simulais ta maladie, a volé tes cendres. Pour me priver de ce dernier adieu, pour se venger de toi parce que tu as tout mis en place pour me protéger après ta mort.
Mais nous partirons tout de même en Haute-Savoie te dire un dernier au-revoir au milieu de tes chères montagnes, au milieu de ces parois abruptes qui t'ont apporté tant de bonheur et de liberté, des larmes aussi quand des copains sont partis, quand les cordes ont lâchées parce que des touristes inconscients se pensaient plus forts que les experts prudents. Nous conduirons ton âme retrouver les éléments qui te porteront au-delà de toutes ces turpitudes.
On a volé ces restes de toi mais tu me dis qu'on ne nous a pas volé l'essentiel, l'essence même de toi, notre amour, notre bonheur, nos adieux. Tous ces moments qui nous appartiennent à jamais et que personne ne pourra nous reprendre.
Bien que la douleur soit atroce, je me sens en paix mon amour, mon gros chat parce que tu me dis de ne pas m'arrêter à la bêtise humaine, que nous valons mieux que ça, que tu continues à vivre en moi, à m'aimer, à me chérir, à me couvrir de douceur. "Avance mon bébé-chat, avance, je t'aime et je veille".
Merci mon chat. Je suis si fière d'avoir traverser ce bout de vie avec toi à mes côtés. Je suis fière que tu aies posé les yeux sur moi. Tu m'as ouverte à la vie. Tu m'as fait toucher les étoiles du bout des doigts. Tu te souviens de la première carte que je t'ai envoyée de La Rochelle, ce petit mouton qui te disait "tu es ma petite chance à moi", je t'ai dit que nous allions vivre un fol amour. Que je vivais un conte de fée depuis deux semaines et, quand le rêve rejoint la réalité c'est toucher les étoiles du bout des doigts. Je pleure mais en même temps je suis heureuse de te sentir à nouveau près de moi mon Ramina. Je saurai veiller sur notre amour, sur ta mémoire et je ne laisserai jamais personne les salir.
Dors en paix, je t'aime
Ton bébé-chat
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Bonsoir Gaëlle,
Je comprends tellement ta souffrance, que j'ai l'impression que tu racontes ma propre histoire. J'ai perdu mon coeur le 7 février 2011, à la suite d'un cancer (plus précisément une rechute) qui a duré deux ans, mais son cancer avait débuté il y a six ans. Pendant ces deux années je me suis dévouée pour lui, je vivais en fonction de lui et de son état physique. J'ai fait des choses que je ne me serais pas crue capable de faire (mais pour lui tout était différent).
Nous nous sommes aimés si fort, notre relation était unique, nous étions fusionnels, il était mon monde (mon amour, mon ami, mon confident, ma moitié).Il pouvait dire à voix haute ce que je venais de penser intérieurement quelques instants auparavant. Il restera à jamais l'homme de ma vie. Et ces dix ans d'amour resteront gravés en moi.
Je comprends ton manque, je vis la même chose. Il me manque horriblement, c'est à croire que l'on m'a arraché un morceau de chair, j'ai l'impression de vivre avec un trou béant, qui se rappelle à moi dés que je pense à lui (ou que quelque chose me le rappelle).
Et puis il y a souvent un mélange de sentiments assez difficiles à gérer, de la tristesse en passant par la colère, la culpabilité, la mélancolie, et la peur. Ca fait moins de trois mois qu'il est parti et j'ai le ressenti de pas l'avoir vu ou entendu depuis des années, c'est vraiment dur.
Moi même il m'est arrivé d'avoir eu peur de l'oublier ou même de penser que j'avais tout inventé, que ça ne pouvait pas être vrai, lui si gai, si optimiste ne pouvait pas m'avoir laissé.
J'ai tapissé le mur de la chambre de photos de nous, j'ai fait développer toutes nos photos et je les ai mises dans de beaux albums photos. J'ai également beaucoup regretté de ne pas l'avoir filmé, ou qu'il ne m'ait pas laissé de lettres que je puisse lire et relire pour me réconforter. Et pour les rêves c'est pareil, j'entends des proches me dire qu'ils rêvent de lui et moi non et ça m'agace.
Peu de temps avant qu'il ne parte, il souffrait tellement que parfois je me dis qu'il ne souffre plus maintenant, mais ce n'est pas très réconfortant, je préfererais l'avoir à mes côtés même si c'est égoïste. Quand il est parti il ne pouvait plus me répondre mais il m'entendait alors je lui ai parlé et j'ai essayé de l'apaiser et c'est vrai que les promesses que je lui ai faites sont dûres à tenir car parfois je me dis que je souffre tellement que j'aimerais bien aller le retrouver. Je lui demande souvent de venir me chercher même si je sais qu'il ne doit pas être content de moi.
En tout cas je suis là si tu veux parler.
Bonne soirée
Céline
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Moi il y a un truc que je me défends de faire c'est de l'appeler sur son gsm.
Entendre sa voix sur la boite vocale c'est terrible. Sa belle voix.
Je vous embrasse
Pascale
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Bonjour à tous
Pour moi cela va bientôt faire 4 mois et tout ce manque, tous ces sentiments confus je les ressent comme vous, la peur de l'avenir seule,
la colère, la culpabilité, l'impression que cela fait des années que je ne l'ai pas vu que j'ai tout inventé.
Nous n'habitions pas dans la même ville pour raison professionnelle et c'est sa famille qui a liquidé tous ses biens. Ils ont récupéré ses cendres. Il ne me reste pas grand chose de lui, pas de photos de nous deux car c'était lui qui les prenait, j'ai juste demandé à récupérer
nos photos de vacances, toutes celles qui ne les concernent pas et un pendentif que je lui ai offert à notre première st valentin. J'espère
qu'ils me les rendront.
Je ne rêve pas de lui, je ne ressent pas sa présence, je ne crois pas à l'au-delà.
J'ai effacé les n° de téléphone de mon répertoire mais je ne me résoud pas à effacer ses messages sur mon répondeur. Contrairement
à Pascale j'ai besoin d'entendre encore sa voix me dire "bisous ma chérie je pars de la maison j'arrive, à tout de suite..." C'est tout ce
qui me reste.
Cordialement
Sylvie
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Bonjour à toutes et à tous.
C'est toujours très émouvant de lire vos messages; je crois parfois me lire (souvent en fait, tant les sentiments que l'on éprouve, les uns et les autres, hommes ou femmes, me paraissent communs et partagés).
Ainsi Gaëlle, j'aurais presque pu écrire le tien: ma femme est partie le 9 février 2010, au terme de la rechute d'un cancer, rechute qui s'est éternisée sur 2 ans; je dis "éterniser" car les derniers mois, les dernières semaines ont été épouvantables pour elle et éprouvantes pour moi-même et mes enfants; c'est tellement difficile de voir partir ainsi quelqu'un que l'on aime, quelqu'un avec qui on a tout partagé (pendant 36 ans en ce qui me concerne); j'ai souvent souhaité pour elle que tout cela s'arrête avant. Il est très difficile, dans ces circonstances, d'entendre celle que l'on accompagne à tout moment, dont on tient la main, dire "j'en ai marre, j'ai hate que tout ça se termine".
Chère Sylvie, je suis aussi très touché par ton témoignage; sans vouloir te donner de conseils, je crois qu'il faut te battre pour récupérer des souvenirs; pourquoi te les refuserait-on? J'ai pour ma part des tas de photos, queques unes que j'ai mises dans des cadres, chez moi, à la vue de tous (y compris de ceux qui, pensant me faire du bien, voudraient que dès à présent je tourne la page ou que je fasse comme si tout cela n'avait pas existé), d'autres dont j'ai fait un livre que je n'ai même plus le besoin d'ouvrir, tant j'en connais chaque image, chaque mise en page par choeur. J'ai la chance d'avoir aussi des films, qui me permettent de la voir bouger, vivre, parler, même si là, je l'avoue c'est très difficile à regarder et à écouter, même 15 mois après son départ. J'ai aussi tenu un journal, depuis le début de sa maladie, 7 ans auparavant. Tout cela m'aide à me souvenir car à mesure que le temps passe, je m'aperçois que les évenements de ces dernières années, émotionnellement intenses, ont parfois tendance à se mélanger, certains à s'estomper. Cela m'aide aussi à la sentir toujours présente, même si, moi non plus, je ne crois pas qu'il y ait quelque chose après.
Mais ces souvenirs sont très importants, car ils permettent de mettre un visage et des traits précis sur des souvenirs qui sans cela deviendraient flous. Ils permettent de s'adresser à son défunt, de le faire exister encore en image et pas seulement en sentiments et dans son coeur.
Amicalement
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Bonjour à toutes,
Cela fait quelque temps que je ne suis pas intervenue sur le forum, même si je vous lis et partage ô combien pour le vivre tous les jours l'horrible absence de mon amour parti le 5 décembre dernier, comme toi Cécilou d'une récidive de cet infâme crabe et après 8 ans... Pauvre amour qui s'est tant battu, qui a tout souffert sans jamais se plaindre, qui ne pouvait plus se nourrir comme tout le monde après cette intervention de la machoire... Mais nous pensions l'avoir vaincu cette saloperie et nous étions si heureux : dès que j'avais quelques jours de congés, nous partions dans tous les coins de la France et dans notre Bretagne si belle, si déchiquetée, que nous aimions tant. C'était que du bonheur. Et il a fallu pourtant que cette bête malfaisante de cancer revienne pour cette fois l'anéantir et nous arracher l'un à l'autre.
Moi aussi, je tente de me consoler en pensant qu'il ne pouvait guérir et qu'au moins à présent il est dans la plénitude et la paix, mais égoïstement je me prends souvent malgré tout à penser : si seulement, mon amour, tu pouvais encore être là, nous pourrions encore nous aimer et tu me dirais comme si souvent "on est bien tous les deux... je t'aime".
C'est si dur à vivre cette absence et pourtant je sais que tu es là, tout prêt, comme avant, même si je ne te vois pas.
Ne regrettes pas, Célinou, de ne pas l'avoir filmé : des DVD de nos vacances, de fêtes de famille, j'en ai plein mais je suis incapable de les visionner. J'ai trop peur. Le voir vivant, parler, rire, me ferait trop mal. Peut-être un jour le ferai-je ? Je ne sais pas.
Je pense à vous et vous embrasse.
Christine
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Bonsoir à toutes et à tous, comme il est apaisant et réconfortant de lire tous vos messages. On peut laisser couler ses larmes, exploser de colère et de douleur, hurler sa peine, coucher ses états d'âme sans jamais se sentir jugé, sans craindre de lasser nos interlocuteurs.
Ce week-end de Pâques a été interminable. Et le soleil qui brillait poussait à sortir pour tenter de se réchauffer un peu. Mais les rues, les parcs étaient remplis de gens heureux, de familles exposant leur bonheur au plein jour, d'amoureux main dans la main. Comment leur en vouloir ? Ils ne sont pas responsables de nos malheurs, de notre chagrin incommensurable. Mais c'était tout simplement insoutenable. Et ces larmes qui reviennent comme les vagues sur le sable. Impossible de retenir ce flot incontrôlable. Et là, on a envie de leur hurler la mort de son amour en pleine face et leur demander s'ils sont bien conscients de la chance qu'ils ont d'être à deux et s'ils sont au moins capables de le savourer. Au lieu de ça, on ravale ses larmes tant bien que mal, on entend se dire que le deuil est encore récent, que la douleur passera, qu'il fait beau, qu'il faut malgré tout profiter de la vie parce qu'on est vivant. Non, on n'est pas vivant, on est mort nous aussi, on est mort à l'intérieur ou tout au moins on est parti pour un très long sommeil. Et puis il faut aussi écouter les histoires des copines sur meetic qui en plus demande notre avis, notre ressenti. Alors comme elles ont été présentes ces derniers temps, on les écoute, on n'ose pas leur dire que l'on s'en fout, qu'on est pas réceptif là, que c'est le cadet de nos souci. Qu'on a juste besoin de ne pas être seule mais qu'on n'a pas forcément envie de parler, c'est pas qu'on se fout de leur vie mais juste qu'on arrive plus à gérer la nôtre, alors... Et pour occuper le temps qui nous parait interminable, on se fait un ciné qui nous laisse froid comme un glaçon. Retour à la maison, fin du week-end pourri. Juste envie de se mettre sous la couette, s'enfouir, se cacher et laisser libre cours à sa douleur.
Et je me refais le film de nos deux dernières années de bonheur. J'essaie de revivre par le menu chaque instant que nous avons passé ensemble mon chat et moi. Et resurgissent sans cesse ces deux mois dingues, absurdes, abominables à l'hôpital de Rouen, mon amour devenu martyr. Et cette vie qui s'étire sans but depuis le 30 janvier. Moi aussi j'ai mis des photos partout. J'avais déjà affiché notre amour au temps du bonheur et depuis qu'il est parti j'en ai rajouté, en grand format. J'ai besoin de m'entourer de son visage, dans toutes les pièces, comme un rempart protecteur à trop de douleur. Et je suis en train de préparer de jolis livres plein de bonheur, de douceur, d'amour.
Nous aussi Sylvie nous habitions dans deux villes différentes, Alain à Rouen et moi à Nantes. Mais j'étais chez lui (qui était devenu aussi chez moi) lorsqu'il est mort. Il m'avait légué, notamment, par testament sous seing privé, tout ce qu'il y avait dans son appartement. Dans un souci d'apaisement et pour tenter de les réconcilier après la mort, j'ai tout remis à son fils avec qui Alain était fâché depuis plus de 4 ans. Nous avons organisé la cérémonie d'adieux ensemble. Mais c'était moi la détentrice de ses cendres, au funérarium de Rouen. Nous étions convenus d'organiser une jolie fête de départ en Haute-Savoie à la Toussaint avec tous les gens qu'Alain aimait pour un dernier au-revoir. Toute à la douleur d'avoir perdu mon amour, j'étais heureuse malgré tout d'avoir créé des liens que je pensais fort avec son fils. J'avais l'impression de tenir entre mes doigts un petit fil qui me reliait toujours à mon chat, notamment à travers ses deux petits-enfants qu'il n'avait jamais eu la joie de connaître. Et puis, il y a 8 jours en allant chercher le reste de mes affaires à Rouen, j'ai appris que son fils avait volé les cendres de son père pour les "monnayer" contre les assurances vie que mon amour m'a laissé. Aujourd'hui encore ça me semble impensable tellement c'est abjecte. Chaque fois que j'y pense, j'ai des nausées. Toute la semaine dernière, j'ai été très abattue, choquée que l'on commettre un tel acte. Et puis j'ai tout de même décidé de me battre par voie légale. Ergé a raison de te dire de te battre. Tous ces gens qui agissent de la sorte ne sont que des imbéciles dénués de tout sentiment qui ont une revanche à prendre sur leur triste vie. Je ne suis pas croyante mais je me dis malgré tout qu'ils pourront me voler tout ce qu'ils veulent, y compris les cendres de mon amour, ils ne me voleront pas son âme. C'est moi qu'il aimait et je le porte en moi. Personne ne nous volera jamais l'amour que nous nous portons. Mais il ne faut pas non plus baisser les bras même si la douleur nous anéantit et que nous nous passerions bien d'un combat supplémentaire.
Du courage, du courage, du courage, c'est tout ce qu'il nous faut. Mais ce que nous avons vécu nous appartient à jamais. Nous avons tous connus ici, des amours extraordinaires. Aux imbéciles, tant pis pour eux, ils ne connaîtront jamais ce bonheur-là...
Je vous embrasse tous. Merci d'être là
Je t'aime mon chat
Gaëlle
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Bonjour,
oui Gaëlle, tout est dit dans tes premières phrases: le printemps, le soleil, les couples main dans la main, tout ce qui nous renvoie à notre propre solitude, à notre sentiment d'injustice, à notre colère de ne pouvoir faire comme eux qui ne se rendent compte ni de leur bonheur, ni que ce bonheur, bien qu'ils n'y soient pour rien, augmentent notre propre détresse.
Et oui surtout, il nous faut pouvoir dire tout cela, le crier même, pour se soulager; et malheureusement, c'est impossible dans notre entourage quotidien. Même les plus proches, les mieux intentionnés, ne souhaitent que ne plus nous entendre parler de notre malheur, sans doute parceque, nous imaginant aller mieux, cela soulage aussi leur propre détresse face à leur impuissance et à leur propre répulsion face à la mort, la leur et celle de leurs proches. Ils ne peuvent sans doute, non plus, imaginer l'image que nous renvoie leur propre vie en couple (je ne leur en veux pas car je m'aperçois maintenant que je réagissais aussi ainsi quand j'étais comme eux).De notre côté, souvent, la pudeur et la peur d'ennuyer l'entourage, nous retient de nous livrer.
Alors oui, sur un forum comme celui-ci, chacun peut raconter sa souffrance, la "radoter" même, peu importe, il sera compris, écouté et non jugé, car quelle que soit la situation, homme femme, jeune moins jeune, quelles que soient les circonstances du départ du conjoint, la détresse, le manque, sont les mêmes; il y aura toujours quelqu'un pour nous comprendre, nous écouter, pour partager notre malheur et savoir que l'on est pas seul à ressentir les choses de cette façon, et loin de s'en réjouir bien-sûr, c'est vrai que ça aide à faire face.
Voilà, le week-end de Pâques, heureusement est terminé; l'année s'écoule à ce rythme: celui des fêtes, des anniversaires, etc, où l'on ne pourra plus... La vie continue, en attendant le premier mai et le brin de muguet... que je ne pourrai pas lui offrir.
A part cà, je n'arrive pas à imaginer que l'on puisse voler les cendres d'un défunt, pour se venger ou pire encore, pour de basses considérations matérielles; ceux qui font cela doivent avoir une bien piètre opinion d'eux même quand ils se regardent dans une glace, si toutefois ils osent parfois le faire.
Je vous souhaite à toutes et à tous la moins mauvaise journée possible.
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bonjour à tout le monde, tous les jours je viens vous lire sur ce site et je me retrouve dans certains de vos témoignages !!!! 6 mois sans l'homme de ma vie apres 41 ans d'amour, avec nos coups de gueule et nos moments de tendresse!!!!quand je lis le témoignage de ceux et celles qui remontent doucement la pente, je me dis que je dois aussi y arriver, mais pour le moment c'est encore tellement dure, je ne me reconnais pas ! mon amour m'avait demandé d'etre forte mais ma force venait de notre couple ! je n'arrive pas à remplir ce vide qu'il y a en moi! j'adore nos enfants et petits enfants mais je me sent seule au milieu ! ce n'est plus moi, plus nous, je ne suis plus rien ! je me lève tous les matins mais je n'arrive plus à trouver cet élan qui me faisait faire mille choses quand Francois était là! nous disions souvent qu'il n'y a pas assez d'heures dans une journée et maintenant il y en a de trop !!!!!et notre maison!!!!!!ca ne sent plus la cigarette ! j'avais horreur de cette odeur et ca me manque tellement maintenant ! le bruit de ses pas! combien de fois lui ai je dis "lève les pieds quand tu marches !" mon dieu, je donnerais ma vie pour revenir en arrière et pour pouvoir le serrer dans mes bras !!!! je sais que je dois me battre pour nos enfants et nos petits enfants, ils ont déjà trop souffert !!! mais je n'ai plus la force, je ne sais plus comment faire ! je sais que Francois m'aide et nous aide autant qu'il peut, qu'il n'est pas loin mais ca ne me suffit plus !!!!!
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Bonjour à tous,
C'est fou et en même temps ça me réconforte de voir que des pensées que je me croyais seule à avoir, sont en fait partagées avec vous tous. C'est vrai que ce week end de Pâques a été long... bien trop long.
Moi ce que je ne supporte plus c'est mon entourage et plus particulièrement ma belle famille, qui me pousse à aller de l'avant à chaque fois qu'ils me téléphonent ou que je les voie. J'ai récemment poussé mon coup de gueule, parce que le fait de me pousser sans cesse ne m'aide pas bien au contraire, j'ai l'impression qu'on veut faire taire ma peine, c'est déjà assez difficile comme ça d'être entourée de gens qui ne comprennent pas parce qu'il n'ont jamais vécu ça, je n'ai pas en plus envie qu'on atténue ma perte. Ils n'ont pas été présent durant la maladie de mon cœur, ils n'étaient pas suffisamment présents (les visites ou les coups de téléphone étaient rares), et mon cœur en était souvent tout triste. Et maintenant ce sont eux qui récupèrent tous ces biens, car nous n'étions pas mariés (à ma plus grande peine car pour moi porter son nom aurait été ma plus grande fierté). Je suis écœurée de voir les agissements de ses sœurs, de ses parents, mais je n'ai pas envie de me battre, je leur ai dit ce que j'en pense et cela s'arrêtera là pour moi.
Mais je te rejoins complètement Gaëlle, ces merveilleux souvenirs, notre amour intense personne ne pourra me le prendre, toutes ces merveilleuses années, elles sont à MOI, et finalement j'ai eu de la chance car j'ai eu ce qu'il pouvait y avoir de plus cher en lui, son cœur.
Bonne journée à tous
Céline
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Je lisais vos propos à tous sur ce week-end de Pâques et notamment la météo.
Quelle ironie presque insultante effectivement que ce beau temps.
Ma femme est partie le 11/09, par un samedi matin de beau temps. Je me rappelle m'être dit que c'était presque insolant ce soleil pour un jour pareil.
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Bonsoir,
Je viens juste de voir cette file.
Gaëlle, je compatis particulièrement : mon mari est décédé d'un glioblastome, il y a peu de temps. Maladie rare et incurable mais je vois partagée ici. Je sais aussi que les dernières semaines ont été particulièrement difficiles pour tout le monde.
Chacun a son histoire, elle est à la fois unique et partagée car douloureuse. Je compatis aussi avec les autres personnes car pour tous, la réalité est la même.
Laurence