Bonjour Cathy,
A la lecture de ton message, je me suis plongée dans mon cahier, mes écrits depuis le départ de Pierre.
Je me souviens avoir eu le même type de cauchemar, un Pierre indifférent, qui me prenait dans ses bras sans enthousiasme, et moi, qui criais, le suppliais… Il ne partait pas seul, en revanche, je ne me souviens pas avec qui il était, mais comme toi, il se retournait une dernière fois, le visage fermé, voire agacé.
Je n’ai pas retrouvé ces lignes, mais j’ai tellement écrit ! Relire est encore difficile.
J’arrête.
En revanche, une personne m’a donné une explication sur ce cauchemar.
Elle vaut ce qu’elle vaut, pour moi qui ai une optique de la mort très différente aujourd’hui, après 27 mois passés, des rencontres, des lectures, des vidéos, des témoignages sérieux… pour moi, cela tient la route.
Ma vision des choses est que lorsque nos Amours nous quittent physiquement, notre attachement les retient encore longtemps auprès de nous, un cordon ombilical en quelque sorte. Notre souffrance les brise et parfois, ils parviennent à nous adresser des signes pour nous dirent qu’ils sont là. Parfois nous voyions ces signes, parfois notre vision est si troublée par les larmes que nous ne voyons rien.
Peu à peu, ils sont de plus en plus attirés par ce monde de Paix et d’Amour qui les attend depuis la disparition de leur enveloppe charnelle, "on" les presse de venir, le cordon ombilical devient de plus en plus fin. Mais dans un même temps, nous, nous souhaitons toujours les garder avec nous.
Et puis, il faut se résoudre à la séparation, définitive. Alors, il nous adresse un dernier message :
"Je dois partir, tu dois me laisser partir.
Je dois aller là où est ma place maintenant, tu dois prendre ta vie en mains, tu n’as plus besoin de moi."
C’est un moment terrible, pour moi, j’ai replongé quelques semaines dans le deuil comme au premier jour et puis, un jour j’ai relevé la tête et "accepté" (bien que cela ne soit pas le verbe adéquat) son départ. C’était, cette fois, SON choix et je l’aime tant que je dois respecter ce choix et me débrouiller sans lui maintenant.
La personne qui m’a donnée cette explication m’a également dit que notre Amour était si fort que, je cite, "nous nous retrouverons, et nous nous reconnaitrons".
Depuis, je n’ai rien perdu de son Amour, et je suis heureuse, oui heureuse de l’avoir "libéré", à défaut de pouvoir être heureuse sans lui (pas encore, mais un jour peut-être?).
J'ai tant appris de ce deuil.
C’est ma dernière preuve d’Amour pour lui, l’ultime, peut-être la plus difficile.
J’apprends la vie sans lui, j’apprends à vivre MA vie.
Un jour, je sais que je le reverrais, comme après un long voyage, et nous aurons des tas de choses à nous raconter, blottis l’un dans l’autre.
Je le "sens" loin de moi, mais parfois, j’ai comme l’impression qu’il jette un œil sur moi, et s’assure que j’avance.
Contre toute attente, j’ai beaucoup gagné à le libérer.
Je le sais heureux, je me sens plus légère, et je garde son Amour au chaud.
Je sais aussi que je ne suis pas la seule à avoir vécu ce passage après de longs mois douloureux.
Tendresses et douce journée malgré des nuits si difficiles.
Marina