Dominique, je te rejoins sur toute la ligne. j'aurais pu écrire tes phrases.
Pour ma part, je n'ai pas de culpabilité, j'avais dit à ma psy, dès le début, que j'espérais ne pas avoir cette phase car ça ne serait pas cohérent.
Je sais que je n'ai rien à me reprocher, j'ai fait tout ce que j'ai pu.
Je sais que je ne peux rien reprocher à mon mari, il a été exemplaire et sincèrement, peu importe qu'il ait su qu'il allait mourir et qu'il ne me l'ait pas dit, je le comprends et je respecte son choix.
Je n'ai rien à reprocher aux médecins puisque quoi qu'il arrive, le cancer de mon mari n'a aujourd'hui pas de traitement défini(ils ont donc tenté leurs protocoles, sans succès mais c'était cohérent qu'ils tentent car il y a des cas où ça fonctionne).
La culpabilité est effectivement très fréquente dans le deuil et passer au delà signifie pour moi qu'on accepte la mort.
Enfin, l'accepter, c'est déjà bien... mais ça ne fait pas tout... le chemin est encore long !
Alors ensuite, bien sûr, on analyse tous, je pense, ce que nos proches ont pu dire avant leur mort. On essaye tous de savoir s'ils ont senti les choses, etc.
Yohann, j'aurais tendance à dire que quand la fin est proche, qq part, nos proches rendent leurs armes et sont sincères. Je revois mon mari, la veille de sa mort, me répéter sans fin (vraiment) je t'aime, je t'aime, je t'aime....... j'ai du partir sur ces paroles car il ne s'arrêtait plus. La conclusion que j'en tire : il savait qu'il allait partir avant que je ne le revois.
Et eux, connaissant leur état, ils pensent peut-être que nous aussi on en est conscients (moi, je ne l'étais pas du tout, j'ai toujours cru qu'il s'en tirerait...). C'est bête mais moi, sans t'offusquer et sans être devin, j'aurais tendance à dire qu'elle disait juste au revoir à ta fille, de façon sereine, en réaffirmant en + qu'il ne fallait pas s'inquiéter.
Mon mari m'a dit un jour "qu'est-ce que je te fais subir" (j'en ai les larmes aux yeux en l'écrivant) et je lui ai répondu : "tu ne me fais rien subir, c'est ta maladie" --> j'ai toujours distinguer mon mari, de sa maladie... les deux ne pouvaient pas faire qu'un et donc, je ne pouvais pas lui reprocher, à lui, quoi que ce soit. Mais je pense que dans sa tête à lui, il ne faisait qu'un avec la maladie et donc, qq part, c'était lui qui me faisait subir les choses.
Si je te dis ça, c'est juste pour te montrer qu'un malade va être apaisé à l'idée de partir et se dit que sa famille n'aura plus à "subir" tout ça.
Bon, j'écris les choses telle que je les pense, j'espère sincèrement ne pas t'offusquer, je te livre juste mon ressenti.
(et dernière chose, juste pour te faire sourire.... l'une des dernières phrases de mon mari : "une petite casserole pour Elise" (notre fille) --> j'ai retourné cette phrase dans tous les sens et j'en arrive à la conclusion que soit ça ne voulait rien dire (50%), soit, comme il était persuadé que les ondes pouvaient être néfastes, il voulait être sûr que je réchauffe tout à la casserole pour notre fille, et que je n'utilise pas le micro-ondes. Bref, tu vois, on peut se torturer sur des phrases et au final, seul lui sait réellement ce qu'il voulait dire...)