Je crois que vous avez raison, c'est peut-être mieux ainsi.
En plus, elle le sentait qu'elle s'en allait doucement, je m'en doutais aussi, elle s'épuisait de plus en plus, mais ni elle, ni moi, n'en parlions pour ne pas alarmer l'autre, on se le cachait mutuellement.
La veille au soir de son décès, notre fille et maman étaient là également, elles ont dû s'absenter pour aller chercher le petit-fils à la gare, et, pendant ce temps-la, elle a déjà eu une sorte d'alerte, en ma présence, on lui fait des piqures de calmant et de morphine.
Heureusement, notre fille ne l'a pas vu : 1er indice
Le lendemain matin, vers 8h30, le fils et la fille téléphonent pour avoir les dernières infos sur sa santé, je leur réponds, devant mon épouse sous morphine, donc ± inconsciente : pour le moment, ça va, vous pouvez arriver pour 10h.
A 9h00, l'infirmière en chef passe pour voir, elle me dit que la respiration est un peu forte mais régulière donc normal. Si elle devient très irrégulière, là ça devient grave. Je lui réponds : " De toute façon, je ne quitte plus mon épouse, je reste tout le temps avec elle "
A 9h30, les infirmières arrivent pour faire sa toilette, et comme de coutume, demande que je sorte, je sors dans le couloir et m'assied à 2 m de la porte.
La doctoresse responsable de l'étage arrive, me parle un peu de l'évolution, rentre dans la chambre, ressort 2 minutes après pour me dire : " Venez Monsieur, elle s'en va, elle fait des apnées "
Je me précipite dans la chambre et assiste aux 3 derniers et bas soupirs de ma femme qui s'éteint, le visage serein.
9h35 : elle est décédée
Elle avait profité de ma brève absence pour s'en aller et ne pas me laisser les derniers râles comme mauvais et derniers souvenirs.
Confirmation m'a été donnée aussi par une kiné que mon épouse allait voir régulièrement, qui lui remettait de l'énergie et elles se parlaient beaucoup, cette dame m'a dit aussi :
" Votre dame a voulu garder sa dignité jusqu'au bout et n'a pas voulu vous faire souffrir en vous évitant d'assister aux apnées, toujours très éprouvants, elle a profité de votre absence, elle l'avait programmé, elle a voulu vous épargner "
Jusqu'au bout, mon épouse est restée digne, forte et courageuse.