FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: chrisam le 25 novembre 2012 à 09:33:21

Titre: A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 09:33:21
J'ai posé cette question en réponse dans un autre fil de discussion, mais je me suis permis de créer ce fil.
Veuillez m'en excuser.

Où en suis-je ?

Mon épouse est décédée ce 12 octobre après un cancer d'un an. Nous avons vécu pendant 30 ans, 24h/24 ensemble, puisque nous habitions sur le lieu de notre commerce. Nous ne faisions qu'1
Arrêt des activités et 1 mois après ... on nous annonce son cancer

Les 6 premiers mois, ça allait, je l'aidais beaucoup mais sans plus, nous gardons le moral.
Les 4 mois suivants, son état s'aggrave, j'étais pratiquement toujours à ses côtés, nous gardons le moral.
Les 2 derniers mois, son état s'aggrave encore, là je suis toujours à ses côtés.
Les 10 derniers jours : à sa demande elle entre en clinique, 22h/24 à ses côtés, je dormais dans sa chambre, je la lavais moi-même les 1ers jours, plus après car trop difficile vu son état de fatigue, je lui donnais à manger, j'étais son   "infirmier personnel"   

Pendant les 15 jours qui ont suivi son décès, je demandais sans cesse qu'elle revienne
Après une quinzaine de jours, j'ai accepté sa mort, j'ai arrêté de demander qu'elle revienne.
Je ne pense pas ni aux bons, ni aux mauvais souvenirs.
Je ne pense pas à tout ce que nous aurions encore pu réaliser, puisque nous avions cessé nos activités 1 mois avant l'annonce du cancer et nous avions tellement de projets (s'occuper plus des petits-enfants, voyages, cours de danse, jardinage, élever des poules, ...).

Ce qui me fait pleurer :  c'est le fait qu'elle n'est plus là, pas plus compliqué que cela

Tout le temps ensemble et maintenant .  FINI  TERMINE    ELLE N'EST PLUS LA   

Le cancérologue ne nous a jamais dit que l'issue fatale serait aussi proche
Sans prévenir, je pleure. Encore une fois sans penser aux souvenirs ni aux projets.
Et les derniers jours, je pleure encore plus
Est-ce le manque, l'absence ? Je ne sais pas

A quel stade suis-je ?
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 13:13:31
Merci pour la réponse

Je reviens d'avoir été promener avec le chien, la seconde fois seulement depuis le décès, le chien aussi le sent.
Sur les 40 minutes de la promenade, j'en ai pleuré 20.
Depuis 6 semaines, pas de TV, ni de radio, pas de petits plaisirs : pâtisserie, crème glacée, ... les petits plaisirs, aucune envie

Vendredi soir, j'ai rendu visite à la chorale pendant leur répétition hebdomadaire dont AM était membre, afin de leur remettre le souvenir que j'ai fait imprimer. Ils étaient venus chanter à la messe d'enterrement.
Encore beaucoup d'émotion, elle était très appréciée. Plusieurs fois, je n'ai pas su retenir mes larmes.

Voila plusieurs jours que je suis dans le creux de la vague
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: tiobob le 25 novembre 2012 à 14:13:15
pas evident de touver les mots christian.

Le deuil est un chemin tellement intime.Personne ne sait mieux que toi ce que tu ressents, ce que tu traverses, ce qui peut te faire du bien ou non.
Par contre il est important que tu puisses exprimer tes besoins et tes envies auprès de ton entourage pour leur donner des repères et leur permettre de t accompagner sur ton long chemin.
Tu réalises avec violence la douleur de l absence, et c est quelquechose de tellement intrinsèque qu il est difficile de mettre des mots sur ce que cela provoque en toi.
Un etat fusionnel qui persiste même apres la mort, comme si tu ne pouvais pas prendre de la distance pour vivre un peu pour toi même.
Quand on se marie , on nous dit que c est "jusqu a ce que la mort nous sépare".Pourtant la mort ne nous sépare pas.Elle nous fait un car nous portons l autre en nous à chaque  instant (bien sûr le fait d avoir été marié ou non n est pas ce qui compte.Seul le lien d attachement à de l importance dans cet état).
Il va te falloir du temps pour te réaproprier cette vie,te réapproprier ce corps, apprendre à ecouter de nouveaux ses envies et ses besoins.
Mais les choses viendront petit à petit.Les larmes sont là pour dire la souffrance.Elles te tiendront compagnie sur ton chemin et pourrons même parfois s avèrer salvatrices.

Je te souhaite de trouver petit à petit la paix en toi

bonne journée

tiobob
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 14:28:59
Citer
Par contre il est important que tu puisses exprimer tes besoins et tes envies auprès de ton entourage pour leur donner des repères et leur permettre de t accompagner sur ton long chemin.
Notre fille habite à 50km, elle vient 1/2 journée, 1 journée, le week-end, parfois un peu plus, je lui exprime mon chagrin, elle me répond : "C'est normal Papa, il faut le temps"
Notre fils habite toujours à la maison malgré ses 28 ans, il me voit souvent pleurer, essaie de me consoler, il reproche un peu à sa soeur de ne pas être plus souvent là pour m'aider.
A part eux, personne. Je vais chez 2 psys différents, un conseillé par la ligue contre le cancer, il rendait visite à mon épouse à la clinique pendant sa chimio avec ou sans ma présence suivant l'envie de mon épouse (1ère visite y a 15 jours) et une "spécialisée dans le deuil", (1ère visite la semaine dernière). Je leur exprime mon chagrin, mon désespoir

Citer
Un état fusionnel qui persiste même après la mort, comme si tu ne pouvais pas prendre de la distance pour vivre un peu pour toi même.
C'est sans doute l'explication, je faisais tout par rapport à elle.

Citer
Il va te falloir du temps pour te réapproprier cette vie,te réapproprier ce corps, apprendre à écouter de nouveaux ses envies et ses besoins.

C'est simple, je n'ai aucune envie.
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 15:07:38
Voilà ce qu'écrit Marina (PIMa) dans le fil " Racontons notre histoire"

Citer
Je crois pouvoir dire que le processus de deuil, c’est aboutir à la conclusion que nous ne sommes pas/plus des victimes, soumis aux crises de larmes, aux envies de fuir, de tout abandonner, tournés vers le passé, écrasés par le présent. Une reprise en mains de notre vie, de notre présent et aussi, plus dur, de notre avenir.
Pour moi, c’est cela, en tout cas.
Mais cela ne peut pas se faire qu’en franchissant les étapes, une à une, pour les comprendre, les assimiler, revenir en arrière, recommencer… 

Oui, c'est sans doute la solution, avec le temps ...

Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 16:53:44
Il est 16h50, je reviens du cimetière où j'ai été lui dire bonjour
lui dire bonjour et pleurer et crier mon désespoir

Depuis 4 ou 5 jours, ça ne va plus, je m'enfonce, je pleure encore plus qu'auparavant
Pourquoi ?  Pourquoi ?
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: djack le 25 novembre 2012 à 17:22:46
chrisam,


ce que je peux te dire, c 'est qu'il faut pleurer, il faut évacuer tes émotions, ne regarde personne, moi, depuis 4 mois déjà, je commence à accepter, mais  quand ca coule ca coule

amitiés

sylvie
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: clara le 25 novembre 2012 à 17:39:54
cher Christian,
trop peu de temps, il n'y a que très peu de temps passé depuis le 12 octobre ...
tu sais, je travaillais aussi avec mon mari, 24h/24 comme tu le dis si bien.

Comment veux tu qu'un mois et demi soit suffisant pour apaiser ta douleur ?

je sais, on est pressé, c'est tellement dur qu'on voudrait ne plus souffrir et tout de suite.
Moi qui ne suis absolument pas patiente, je l'ai appris cette patience ...
Et puis, tu vas voir, peut-être que demain matin tu vas te lever et puis, tu seras mieux ...

N'attends pas le mieux, il vient tout seul, quand on ne l'attends plus

je suis cavalière et la devise des cavaliers est :

"Patience, Humilité, Persévérance"

Je t'embrasse

Claire
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 17:42:13
Merci Sylvie pour tes encouragements.
J'ai lu tous les messages que tu avais postés et c'est toi qui vient me soutenir, alors que je crois que ce serait plutôt à moi de te soutenir.

Courage, on peut dire qu'il en faut.
Les autres ne peuvent comprendre, comme nous, nous ne le comprenions pas avant, il faut leur pardonner, mais c'est parfois difficile
Et les bonne paroles des amis du début s'éteignent petit à petit, comme nous avons peut-être fait également
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 17:45:41
Merci aussi Claire,
Je ne suis pas pressé, mais c'est horrible ce manque, ce gouffre
Je ne pense pas aux souvenirs, ni à autre chose, c'est   ? ? ?  je ne sais pas

Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: clara le 25 novembre 2012 à 18:09:48
C'est le néant, le rien ...

ça va revenir, je t'assure ...
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 18:20:19
Claire,
Il y aura bientôt 1 an que c'est arrivé pour toi et vous travaillez ensemble aussi. Ce n'est pas évident.

Ce n'est pas évident, pour chacun de nous, quelles que soient les circonstances

Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Pervenche le 25 novembre 2012 à 19:44:07
Bonsoir Chrisam,

J'ai versé tant de larmes depuis près de 8 mois, qu'on pourrait penser la source tarie... Et pourtant, aujourd'hui, je ne maîtrise pas toujours mes émotions.

Je pleurs encore souvent... Je n'arrive pas à faire de projets, rien ne m’intéresse vraiment.

Pourtant, Chrisam, lorsque je compare aux tous premiers mois, quelques petites choses parfois attirent mon attention, je pleurs un peu moins. J'avance.

Comme toi, je ne cessais de me demander à quelle étape je me trouvais. Parce que j'aurais voulu être plus vieille d'une année peut être. Pour souffrir moins. Parce que j'avais entendu qu'il fallait 4 saisons pour "remonter" après un deuil.

C'est faux. A chacun son rythme. J'ai l'impression que les étapes sont un peu mélangées pour moi. Mais en fait, il faut les prendre comme un repère.

Surtout, j'essaie de ne pas me "projeter" c'est trop douloureux tout cet avenir sans mon Amour. Il nous faut trouver un autre sens à notre vie. Ce n'est pas facile. Nos enfants ? petits enfants quand nous en avons ?

ou autre chose. Tout dépend du vécu de chacun. Mais au début, c'est trop difficile.

Alors comme je le dis souvent : un jour pousse l'autre.

Et tu verras, Chrisam, le temps va oeuvrer et t'aider. On n'échappe pas à la peine. Je voudrais bien te dire que c'est possible. Mais non. Cela ne l'est pas. Il nous faut passer par ce chemin, long mais au bout, tu verras, tu trouveras une certaine sérénité.

Je n'y suis pas encore, bien sûr. Mais je la pressens, je l'aperçois au loin. Garde confiance.
Ce n'est pas oublier, c'est juste que la souffrance s'atténuera. Les bons souvenirs prendront le dessus, comme une douceur...

je t'envoie plein de tendresse
Claire
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Caroline3 le 25 novembre 2012 à 19:52:37
Bonjour Chrisam,

Je ne sais pas si tu as remarqué, mais dans mon cas, chaque fois que je pleure, même si c'est très intense, premièrement, ça ne dure pas éternellement, peut-être, au pire, 20 minutes, mais en moyenne, quelques minutes.

Par contre, après, je retrouve une paix intérieure, qui dure quelques heures.

Alors, chaque fois que je pleure, je sais qu'après, j'irai mieux. Alors depuis que je sais ça, je ne me retiens plus. Je sais que ce n'est qu'ainsi que je peux avancer, voir au moins pointer la lumière, même infime.

Elle me donne espoir.

Courage :)

Caroline à Québec xx
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 19:59:55
Merci à tous pour votre soutien, vos conseils et ressentis

Notre fille (25 ans) vit à 50km et elle revient les week-end (1/2 journée, 1 journée), ça va
Notre fils (28 ans) habite encore avec moi et ma mère (85 ans) également.

Ma mère, très gentille mais ....  survole un peu tout cela, triste pendant quelques jours et puis, ... je ne saurais pas dire ce qu'elle ressent actuellement, nous n'en parlons pas et je ne veux pas savoir

Tout cela pour dire qu'on ne parle jamais ou très très peu de mon épouse quand nous sommes réunis.
Sans doute , pour ne pas me provoquer des larmes, du chagrin.
Je ne sais pas, je ne sais plus

Je peux pleurer, la tristesse est toujours la, toujours, toujours ...

Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: lilas52 le 25 novembre 2012 à 20:11:35
Bonsoir,
nous ne régissons pas tous de la même façon face à la douleur.
 Presque 7 mois en ce qui me concerne et les larmes sont toujours au bord des yeux.
 Lire les modules de ce forum m'ont bcp aidés ainsi que les écrits de C. FAURE et pourtant je serai bien incapable de dire ou j'en suis à ce jour.
 Quelque fois je vis dans une mer en furie ou les vagues mes ramène au fond, mais comme le dit Caroline je sais qu'ensuite je remonterai toujours un peu plus haut.
Je te souhaite bon courage et j'espère que ce forum t'aidera à avancer.
Cordialement
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Blandine le 25 novembre 2012 à 22:45:11
Bonsoir à toutes et tous,

Chrisam, tu es actuellement en pleine détresse et c'est donc normal (et j'ose dire salutaire) que les larmes arrivent aussi souvent et aussi intensément.

Les premiers mois, comme toi, j'ai pleuré pleuré pleuré, je n'imaginais pas qu'on pouvait pleurer autant. Je me sentais triste, usée, complètement abattue et perdue, sans aucune énergie ni envie ni... et pourtant comme toi, je ne pensais à rien. Mon cerveau n'était pas actif du tout, mais mes émotions, mes ressentis oui, sans que je provoque quoi que ce soit. J'étais submergée d'un coup par un énorme raz de marée, que je laissais s'exprimer jusqu'au bout où que je me trouve : les crises duraient entre 10 minutes et 20/30 minutes et ensuite l'épuisement total. Et j'ai avancé comme ça petit à petit ; et peu à peu, mais au bout de longs mois de souffrance, imperceptiblement des signes d'accalmie, de pauses de plus en plus longues entre les crises, de quelques légers pétillements de vrais moments de vie...
Je sais que c’est difficile à entendre maintenant, mais oui, le temps est notre allié et toi aussi tu y arriveras ; mais oui, la route est  longue, terriblement longue et pleine d'embûches.
Je vais très mal, je vais un peu moins mal, je vais très mal, tiens je ne sens plus rien, je vais moins mal, je vais mal et un jour j'ai été capable de dire : je vais mieux, puis je vais bien.
Accroche-toi, ça vaut le coup
Affectueusement
Blandine
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 25 novembre 2012 à 23:02:29
Bonsoir Blandine,

Je demande pas mieux de te croire, mais actuellement c'est difficile à imaginer que ça ira mieux.
Je sais que le cheminement est long et pénible.
Je viens encore d'avoir une crise, j'en ai mal à l'estomac, je m'accroche pour les enfants et ma mère ...

C'est affreux ce qu'on ressent, on ne peut s'imaginer si on ne l'a pas vécu.
Je ne serais pas long car je sais pas écrire de belles et longues phrases

Merci pour ton soutien et merci aussi aux autres du forum
Car pour les connaissances, faut oublier, ils ont repris le rythme de la vie.
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: clara le 25 novembre 2012 à 23:17:20
C'est affreux ce qu'on ressent, on ne peut s'imaginer si on ne l'a pas vécu.
ça c'est sur ! c'est inimaginable ...
Blandine, qui a du recul sur cette douleur, a raison, on en vient à bout mais c'est comme cette douleur, c'est inimaginable !
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 26 novembre 2012 à 08:46:22
Bonjour,
Nous sommes lundi matin, un nouveau jour, il a mal débuté, déjà crise de larmes et ça n'a pas l'air de s'améliorer

Je tiens encore à remercier tous ceux qui nous soutiennent nous les  " les nouveaux "
" Les anciens " connaissent aussi des mauvaises périodes , je voudrais les soutenir mais impossible pour le moment de trouver des phrases, même des mots pour les encourager à mon tour

Courage à eux aussi
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 26 novembre 2012 à 09:14:11
Nous avions eu les rapports du cancérologue envoyés au docteur traitant.
Notre fille s'est renseignée auprès d'un médecin.

CONCLUSION : le type de cancer qu'AM a eu : maximum de survie :  6  A  12  MOIS

Et le cancérologue n'a jamais rien dit alors que nous lui avions toujours demandé de nous dire la vérité

JE LUI EN VEUX       JE LUI EN VEUX   

j'ai mal aux yeux tellement j'ai déjà pleuré depuis ce matin
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Corail le 26 novembre 2012 à 11:33:01
Bonjour Chrisam,
Tout comme toi, les médecins ne nous ont pas non plus indiqué l'espérance de vie qu'il y avait avec le type de cancer que mon mari avait. Je n'ai pas encore raconté mon histoire, je le ferai plus tard.
J'ai rencontré les médecins suite à la mort de mon mari et c'est là que j'ai su. Aujourd'hui, je suis partagée entre le fait que si on l'avait su, ça aurait été moins évident pour lui, il n'aurait pas vécu sa dernière année comme il l'a fait. Bien évidemment, je pense que c'est plus pour nous que c'est le plus dur à admettre. Oui, moi j'aurais voulu savoir. Mais si je l'avais su, je n'aurais pas pu le garder pour moi, j'aurais du lui en parler et je pense que ça aurait été extrêmement dur pour lui.
Il n'y a, dans mon cas, pas de colère. Car le savoir ou ne pas le savoir impliquait quoi qu'il arrive de la douleur et au final, c'est dur, mais je préfère qu'il ait vécu comme il l'a fait, sans savoir.
Oui, c'est extrêmement dur pour nous parce que nous, nous sommes les vivants et nous cherchons ce que l'on n'a pas pu faire, pas pu dire avant qu'ils ne partent.
Mais je pense que vivre avec l'idée que l'on va mourir d'ici peu, ça n'aurait pas été simple pour eux.
Bref, j'ai beau retourner ce problème dans ma tête,  j'en arrive toujours à la même conclusion : il a mieux vécu en ne le sachant pas mais c'est sans doute plus dur pour nous aujourd'hui...
Bon courage à toi et pleurer est tout à fait normal, avoir mal, avoir de la colère, vouloir que les choses aient été différentes : tout cela est normal...
J'espère comme toi, qu'un jour, nous trouverons un peu d'apaisement et comme le dirait ma psy ou comme le disent bcq de personnes ici, seul le temps nous sera profitable... (et quand ma psy me dit ça, elle me dit aussi "vous allez avoir envie de me baffer mais c'est pourtant vrai).
Et autre chose... nous sommes en décalage parce que la vie continue son rythme habituel et le deuil, lui, avance très doucement : d'où ces différentes périodes où nous sommes en total décalage.
Re-bon courage à toi, à vous tous.
Virginie
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Corail le 26 novembre 2012 à 11:50:03
Tout comme Yohan, les médecins m'ont expliqué qu'ils ne veulent pas dire à qq'un "vous allez mourir".
Par contre, chose importante... souvent, les malades eux le sentent.
Les médecins s'en rendent compte car ils vont dire des phrases où il y aura deux choses diamétralement opposées à l'intérieur.
Quand il y a ce phrase, les médecins savent qu'il ne sert à rien de leur redire ce qu'ils "savent" déjà.
Et comme le dit Yohan, il peut toujours y avoir un espoir, même infime, qu'il y ait un "miracle". Tout le monde veut croire au miracle, les médecins aussi (même s'ils en voient très peu...) et ce qui compte pour les médecins, c'est que le patient garde le moral, soit d'attaque jusqu'au bout... parce que qui sait...
Alors oui, comme je le disais plus haut, c'est dur pour nous qui restons, soit nous l'avons su et n'avons pas pu en parler, soit nous ne l'avons pas su... et il nous manque cet échange sur la mort que nous aurions souhaité.
Mais avec le recul... qu'est-ce que je lui aurais dit tous ces jours où j'allais le voir ? on allait parler de la mort ? de ce que nous étions l'un pour l’autre ? Au final, je me dis que l'on savait très bien ce que nous étions l'un pour l'autre, on l'a toujours su. Et parler de la mort... pour quoi ? comment ? Je ne sais pas.
Bref, je comprends les médecins et en plus, je sais que mon mari, lui, le savait intérieurement et que lui, il ne m'a rien dit pour me "préserver". Je ne lui en veux pas, je le comprends (et les médecins aussi). Mais oui, j'aurais aimé pouvoir lui dire ce qu'il avait été... mais il le savait....
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: lilas52 le 26 novembre 2012 à 21:06:52
Bonsoir,
Corail a raison les malades savent bien avant nous.
Un an après l'opération de mon mari le cancérologue et médecin traitant m'ont dit: 2, 3 mois peut être d'espérance de vie.  Je me souviens que je sanglotais dans la rue, indifférente aux regards des passants.
Je n'ai rien dit en rentrant à la maison.
Mon mari est resté avec nous 3 ans. Nous avons bcp parlé mais jamais en prononçant le mot "mort".
Le 08 avril 2012 lors d'une hospitalisation de jour j'ai eu la preuve que mon mari savait tout de son état. Quand je  voyais le cancérologue en cachette celui ci de me disait que ce que mon mari lui autorisait à me dire. Durant ces 3 années de souffrance mon mari a géré sa maladie.
Il s'entendait très bien avec son cancérologue et passé de longs moments à parler science fiction.
 Mon mari m'a dit:  quand je ne pourrai plus me lever il faudra me laisser partir. Il est rentré à l'hôpital le 1er mai, je savais qu'il ne reviendrait plus et il est parti le 08 MAI.
Le médecin des soins palliatifs a pris la relève et jusqu'au bout elle est restée avec nous.
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 26 novembre 2012 à 22:30:30
Je crois que vous avez raison, c'est peut-être mieux ainsi.

En plus, elle le sentait qu'elle s'en allait doucement, je m'en doutais aussi, elle s'épuisait de plus en plus, mais ni elle, ni moi, n'en parlions pour ne pas alarmer l'autre, on se le cachait mutuellement.

La veille au soir de son décès, notre fille et maman étaient là également, elles ont dû s'absenter pour aller chercher le petit-fils à la gare, et, pendant ce temps-la, elle a déjà eu une sorte d'alerte, en ma présence, on lui fait des piqures de calmant et de morphine.
Heureusement, notre fille ne l'a pas vu : 1er indice

Le lendemain matin, vers 8h30, le fils et la fille téléphonent pour avoir les dernières infos sur sa santé, je leur réponds, devant mon épouse sous morphine, donc ± inconsciente : pour le moment, ça va, vous pouvez arriver pour 10h.

A 9h00, l'infirmière en chef passe pour voir, elle me dit que la respiration est un peu forte mais régulière donc normal. Si elle devient très irrégulière, là ça devient grave. Je lui réponds : " De toute façon, je ne quitte plus mon épouse, je reste tout le temps avec elle "

A 9h30, les infirmières arrivent pour faire sa toilette, et comme de coutume, demande que je sorte, je sors dans le couloir et m'assied  à 2 m de la porte.

La doctoresse responsable de l'étage arrive, me parle un peu de l'évolution, rentre dans la chambre, ressort 2 minutes après pour me dire : " Venez Monsieur, elle s'en va, elle fait des apnées "
Je me précipite dans la chambre et assiste aux 3 derniers et bas soupirs de ma femme qui s'éteint, le visage serein.

9h35 : elle est décédée

Elle avait profité de ma brève absence pour s'en aller et ne pas me laisser les derniers râles comme mauvais et derniers souvenirs.

Confirmation m'a été donnée aussi par une kiné que mon épouse allait voir régulièrement, qui lui remettait de l'énergie et elles se parlaient beaucoup, cette dame m'a dit aussi :
   " Votre dame a voulu garder sa dignité jusqu'au bout et n'a pas voulu vous faire souffrir en vous évitant d'assister aux apnées, toujours très éprouvants, elle a profité de votre absence, elle l'avait programmé, elle a voulu vous épargner "

Jusqu'au bout, mon épouse est restée digne, forte et courageuse.
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: clara le 26 novembre 2012 à 22:40:09
beau témoignage d'Amour que ta femme t'a donné
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: tiobob le 26 novembre 2012 à 22:44:34
je n ai pas vécu la maladie de mon conjoint.Son départ a été brutal.
Mais je lis dans chacun des témoignages de ceux qui sont restés apres cette epreuve, qu ils soient parents ou conjoints, cette force qu ont eu ceux qui sont partis dans la maladie,dans la souffrance ....

Peut etre cette force est elle à la hauteur de celle qu il nous faudrait pour avancer encore,cette force que nous pensons ne pas avoir et dont nous aurions tellement besoin.....

Il sont nos exemples,notre force,et bien souvent je vous entend dire qu il ne faut pas faillir, pour eux, comme s il fallait etre digne de cette force qu ils ont  déployé à supporter tous ces instants.

Vous oubliez juste une choses, bien souvent: vous etiez là , près d eux, et cette force vous la partagez.
Vous avez vécu des moments douloureux en les regardanrt souffrir,impuissants.
Vous avez été malmenés vous aussi dans cette antichambre de la mort,et il vous faut lutter encore.
Pour eux c est terminé,la paix est arrivée.Pour vous il reste de longs mois à affronter.

Mais, sans être aucunement croyante, je crois qu a leur tour ils sont près de vous dans cette épreuve,et que vous l affrontez ensembles.

J espere que votre chemin viendra un jour rencontrer un peu de lumière et vous apporter la serenité

biz

tiobob
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Corail le 26 novembre 2012 à 22:47:53
Chrisam,
Je reconnais également là, l'attitude de mon mari.
Lui, il savait ce qui l'attendait, tout en me disant tout le temps qu'il allait se battre et qu'il ne pouvait que gagner contre cette maladie (cancer).
Mon mari a attendu que j'arrive à l'hôpital, que je franchisse la porte de sa chambre, pour s'en aller. Sa mère qui était à ses côtés m'a dit "c'est incroyable, ça vient juste d'arriver, à l'instant". Il a, je pense, voulu que je sois là mais que je n'assiste pas à ses dernières respirations.
Au début, je me disais que j'aurais voulu être là... et puis très vite, je me suis dit qu'il avait bien fait de m'épargner ça - c'était tout lui, de me préserver jusqu'au bout.
Ta femme a fait de même avec toi.
Tout ce que mon mari a décidé, je le respecte car ça partait d'un bon sentiment. Je respecte sa façon de partir, sa façon d'avoir voulu me protéger. Qq part, c'était leurs dernières volontés...
Ils ont fait ça pour nous, pour que ce soit moins dur à supporter.
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Corail le 26 novembre 2012 à 22:54:34
Tiobob,
Tu as entièrement raison. J'en pleure...
Merci pour cet écrit ;)
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: lilas52 le 27 novembre 2012 à 01:11:21
Bonsoir,
c'est seulement maintenant bientôt 7 mois que je commence à réaliser que ce que j'ai vécu auprès de mon mari était réel.
Merci Tiobob pour ton message.
LYDIA
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: ROUBOU35 le 27 novembre 2012 à 14:06:27
Savoir? ne pas Savoir ? Dire au malade ?
pour moi il n'y a pas de solution, certains sont prêts à accepter la vérité, d'autres non, certains savent mais veulent protéger leur conjoint, que ce soit le malade ou le conjoint, certains médecins ont un rapport à la mort plus ou moins facile; le médecin référent de mon mari n'a rien géré du tout, aux abonnés absents , l'oncologue, lui a eu avec nous un rapport franc, voire d'amitié ( je viens de le revoir 5 mois après et nous en avons parlé longuement). Nous avons été 3 tout le temps ensemble, l'oncologue, mon mari et moi: annonce du cancer: annonces des échecs; annonce de son incapacité à faire plus et abandon du traitement chimio.
Mon mari a accepté le verdict très calmement, il a dit c'est la fatalité; mais , alors que je pensais rester ainsi unis jusqu'au bout, c'est lui qui s'est éloigné, dans sa bulle pour, comme il me l'a dit,  " se préparer" . Elle est là la solitude ultime, on est seul face à la mort et maintenant pour ceux qui restent, seul, face à soi-même. La culpabilité est bien inutile car quoiqu'on fasse, c'est l'absence, le manque de l'être aimé qui nous mine, mais cette culpabilité n'est-elle pas une manière de focaliser la douleur sur un regret pour échapper au naufrage?
jeunes ou plus âgés, mort brutale ou annoncée, la douleur est tellement forte et inouïe qu'on cherche peut-être à lui trouver une raison de souffrir autant ? J'ai cherché aussi ce que n'ai pas fait assez bien même si , dans le fond, je sais que je ne pouvais pas faire plus. Est-ce que la culpabilité n'est pas quelque part un refus de la mort ? Pour être un tout petit peu " à côté" ?
Ce que je dis n'est qu'une question que je me permets de poser ici en espérant ne pas choquer et sans  aucune réponse
Dominique
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: chrisam le 27 novembre 2012 à 14:18:28
Pas évident de trier tout cela
J'ai tellement de chagrin que je puis rien exprimer
J'ai rendez-vous cet après midi avec le chef cancérologue, et j'ai relu les différents courrier du cancérologue au médecin traitant
rendez-vous car je trouve que ce dernier aurait pu mieux soigner certains à côtés

J'ai crié de chagrin, ça me rend un peu malade
heureusement que les enfants (28 et 25 ans) et ma mère (85 ans) sont là, sinon je ne sais pas ce que je ferais
je ne sais plus, je n'en peux plus
après 6 semaines, je m'enfonce
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: lilas52 le 27 novembre 2012 à 14:24:18
Bonjour,
N'interprète pas ce que Monique a dit à ta fille. Prend cette phrase comme toi tu la ressens. Tu ne sauras jamais le fond de sa pensée. Le sens des mots n'est pas une science exacte, et dépend de celui qui l'entend.
Et si Monique sentait la fin proche et avait voulu faire semblant pour te rassurer? Ne serais pas la preuve du grand amour qu'elle te donnait et peut être que pour une fois c'est elle qui menait le "jeu"?

J’interprète cela par rapport à ce que j'ai vécu. Car pour moi mon mari est ressorti encore plus grandi de ces mensonges et comme le dit Tiobob c'est là ou je puisse ma force.

Je ne suis pas psy, donc je te livre mes pensées telles que je les ressens, excuse moi si cela devait te faire de la peine ce n'était pas le but de mon message.
Je vous embrasse LYDIA
Titre: Re : A quel stade suis-je ?
Posté par: Corail le 27 novembre 2012 à 14:55:44
Dominique, je te rejoins sur toute la ligne. j'aurais pu écrire tes phrases.

Pour ma part, je n'ai pas de culpabilité, j'avais dit à ma psy, dès le début, que j'espérais ne pas avoir cette phase car ça ne serait pas cohérent.
Je sais que je  n'ai rien à me reprocher, j'ai fait tout ce que j'ai pu.
Je sais que je ne peux rien reprocher à mon mari, il a été exemplaire et sincèrement, peu importe qu'il ait su qu'il allait mourir et qu'il ne me l'ait pas dit, je le comprends et je respecte son choix.
Je n'ai rien à reprocher aux médecins puisque quoi qu'il arrive, le cancer de mon mari n'a aujourd'hui pas de traitement défini(ils ont donc tenté leurs protocoles, sans succès mais c'était cohérent qu'ils tentent car il y a des cas où ça fonctionne).
La culpabilité est effectivement très fréquente dans le deuil et passer au delà signifie pour moi qu'on accepte la mort.
Enfin, l'accepter, c'est déjà bien... mais ça ne fait pas tout... le chemin est encore long !

Alors ensuite, bien sûr, on analyse tous, je pense, ce que nos proches ont pu dire avant leur mort. On essaye tous de savoir s'ils ont senti les choses, etc.
Yohann, j'aurais tendance à dire que quand la fin est proche, qq part, nos proches rendent leurs armes et sont sincères. Je revois mon mari, la veille de sa mort, me répéter sans fin (vraiment) je t'aime, je t'aime, je t'aime....... j'ai du partir sur ces paroles car il ne s'arrêtait plus. La conclusion que j'en tire : il savait qu'il allait partir avant que je ne le revois.
Et eux, connaissant leur état, ils pensent peut-être que nous aussi on en est conscients (moi, je ne l'étais pas du tout, j'ai toujours cru qu'il s'en tirerait...). C'est bête mais moi, sans t'offusquer et sans être devin, j'aurais tendance à dire qu'elle disait juste au revoir à ta fille, de façon sereine, en réaffirmant en + qu'il ne fallait pas s'inquiéter.

Mon mari m'a dit un jour "qu'est-ce que je te fais subir" (j'en ai les larmes aux yeux en l'écrivant) et je lui ai répondu : "tu ne me fais rien subir, c'est ta maladie" --> j'ai toujours distinguer mon mari, de sa maladie... les deux ne pouvaient pas faire qu'un et donc, je ne pouvais pas lui reprocher, à lui, quoi que ce soit. Mais je pense que dans sa tête à lui, il ne faisait qu'un avec la maladie et donc, qq part, c'était lui qui me faisait subir les choses.
Si je te dis ça, c'est juste pour te montrer qu'un malade va être apaisé à l'idée de partir et se dit que sa famille n'aura plus à "subir" tout ça.

Bon, j'écris les choses telle que je les pense, j'espère sincèrement ne pas t'offusquer, je te livre juste mon ressenti.

(et dernière chose, juste pour te faire sourire.... l'une des dernières phrases de mon mari : "une petite casserole pour Elise" (notre fille) --> j'ai retourné cette phrase dans tous les sens et j'en arrive à la conclusion que soit ça ne voulait rien dire (50%), soit, comme il était persuadé que les ondes pouvaient être néfastes, il voulait être sûr que je réchauffe tout à la casserole pour notre fille, et que je n'utilise pas le micro-ondes. Bref, tu vois, on peut se torturer sur des phrases et au final, seul lui sait réellement ce qu'il voulait dire...)