Bonsoir,
Rester debout, je suis du meme avis que toi.
J'ai aussi accompagné mon mari dans le cancer et les 3 dernières semaines, sa souffrance était telle que la veille de sa mort je lui ai dit qu'il pouvait cesser de lutter, que je réussirai à m'en sortir, qu'il s'était battu comme un chef mais que j'acceptais qu'il parte. Voir l'autre souffrir et être impuissant est la pire souffrance que l'on puisse endurer.
Tout comme toi, on parlait beaucoup ensemble même avant sa maladie, on avait parlé de notre opinion sur l'euthanasie comme elle est autorisée en Belgique, sur le don d'organes, sur "l'après" le jour ou un se retrouverait veuf, aucun sujet n'était tabou. Beaucoup de personnes préfèrent ne pas parler de certains sujets trop sensibles de peur d'attirer le malheur mais nous on parlait de tout.
Et même malade, on a continué à vivre malgré cette épée de damocles sur la tête vu qu'il avait le cancer et qu'il n'était pas guérissable. Ca pourrait choquer certaines personnes mais on a passé 5 mois à rire, à blaguer, à profiter au maximum du temps quand il était bien. Les gens arrivaient chez nous ne sachant comment se comporter vu la gravité de la situation et ils repartaient en riant car mon mari passait son temps à blaguer, à rire... Et moi aussi je l'ai accompagné ainsi avec le sourire, à faire des projets..., derrière lui bien sur il y avait des moments pénibles, des nuits d'insomnies, des pleurs mais avec lui je me comportais normalement et je profitais de chaque moment pour engranger un maximum de souvenirs heureux. J'avais dit la vérité aux enfants malgré leur jeune age, je leur avais dit que pleins de microbes avaient envahi le cerveau de papa et que les médecins allaient essayer de le soigner, mais que les microbes seraient peut être plus fort car ils étaient très nombreux. Je les ai préparé ne voulant pas leur mentir sur la situation.
Les 6 mois de sa maladie ont été terrible pour moi, chaque instant est gravé à jamais c'est indélébile mais je ne regrette pas mon comportement. Je suis en paix avec moi même et si je devais revivre ces 6 mois de maladie, à nouveau je rirais avec lui et je me comporterais de la même façon.
En ayant parlé avec lui, je sais qu'il n'aurait pas voulu que je reste seule à tout jamais dans son souvenir et j'espère qu'un jour je rencontrerai quelqu'un de bien avec qui j'aurai envie de refaire un bout de chemin. Je sais qu'il serait heureux de me voir à nouveau bien, avec quelqu'un et je ne ferme pas la porte à une autre histoire. Non je n'oublierai jamais, oui j'ai peur si je rencontre quelqu'un de revivre à nouveau le même drame mais je suis une battante et quand je me retourne et que je vois le chemin parcouru je suis très heureuse d'avoir rencontré mon mari d'avoir partagé toutes les joies avec lui et malgré la souffrance engendrée par sa maladie et sa mort, je referai tout pareil, je vivrai encore plus intensément les 11 années partagées avec lui.
Et si un jour je rencontre quelqu'un, j'ouvrirai une nouvelle porte de ma vie et je vivrai tous les moments intensément car je sais maintenant que tout peut s'effondrer du jour au lendemain et je ne veux pas vivre de regrets.
La mort de mon mari m'a anéantie mais elle m'a aussi donnée la force de profiter encore plus des petits plaisirs qui s'offrent à moi.
Et de tout là haut s'il me voit, je sais qu'il est fier de moi et de mon comportement et qu'il doit se dire, "t'es folle bébé, mais j'aime te voir sourire". En partant mon mari m'a fait le cadeau de sa joie, sa bonne humeur et j'en suis ressortie plus forte avec une envie de VIVRE comme lui l'aurait souhaité.
Désolée d'avoir été si longue.
Une bonne soirée.