Bonjour,
Je suis très émue de vous lire et de me rendre compte que nous avons vécu le même drame.
Nous n'avions pas d'enfant mais il m'a aussi laissé un grand jardin que j'ai plaisir à entretenir car mon compagnon est dans chacune de ces fleurs, plantes et arbustes à qui ils disait quand il les plantaient "longue vie à toi".
Héloise, Alsy, mon compagnon a également souffert de cette maladie et est parti à 50 ans après 1 an et demi de souffrances.
Cela fait maintenant presque 2 ans et c'est encore très dur. J'ai repris le travail assez vite en me disant que cela ne m'aiderait pas de rester à la maison, peut-être me suis-je trompé.
J'ai beaucoup de regrets quant à la période de la maladie. Je ne l'ai pas accompagné à tous ses rendez-vous avec l'oncologue, ce qui lui a permis de me mentir quant à l'évolution de la maladie. Mais un jour alors qu'il ne trouvait plus ses mots, il a craqué et m'a avoué que les métastases étaient revenues dans son cerveau. (je dis revenues car il s'était fait enlevé une tumeur du cerveau avant que ne tombe le diagnostic et que les traitements commencent). Les médecins disaient "cela vient d'ailleurs" pour dire "votre compagnon a un cancer des poumons".
Après l'opération, qui s'est bien passée, mon compagnon s'en est remis à la médecine mais il ne voulait pas entendre parler de statistiques ni de chance de guérison, il ne voulait pas savoir.
Après une bonne année de traitements, son état s'est empiré mais j'ai continué d'aller travailler, et je le regrette.
On a vécu le + normalement possible, reçu les enfants pour les vacances (qu'il avait eus d'un précédent union), faire des repas en famille, même s'il ne mangeait rien. On était dans le déni de la maladie. Sauf dans les moments de douleur.
Il a fallu les urgences, l'hospitalisation pour que j’arrête de travailler mais c'était trop tard. Je me dis que j'aurais dû m’arrêter avant pour rester avec lui, ne pas le laisser seul, profiter de lui...
Là, les médecins nous annoncent clairement que c'est la fin alors pour la première fois depuis un an et demi, Yves leur demande "combien de temps"...puis il a souhaité rentrer à la maison, ce qui fut possible avec l'HAD et moi-même qui restai à la maison. Mais là encore, nous n'avons pas parlé de la fin. Nous avons été ensemble, c'est déjà bien.
Enfin, voilà, je m'ouvre un peu à vous et je voulais surtout dire que je partage votre chagrin.
Héloise, je n'ai pas couché sur papier tout ce je j'aurais voulu lui dire mais je m'adresse à lui à haute voix également.
Courage
Delphine