Auteur Sujet: à l'usure  (Lu 9075 fois)

0 Membres et 2 Invités sur ce sujet

Hors ligne tony36

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 120
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #15 le: 12 février 2018 à 12:40:02 »
Avec la merditude, j'ai l'impression d'avoir fait le tour de ce que j'avais à voir dans la vie, mais il me reste un entourage et une famille et je ne dois pas l'oublier.

Ce monde me fatigue, il ne convient pas mais on ne peut rien faire pour le changer. Les gens m'intéressent peu (avant j'aimais bien discuter), ils racontent trop souvent leur quotidien pas plus intéressant que le mien (alors pourquoi en parler ?). Moi, maintenant, j'aime bien échanger pour apprendre quelque chose, avoir une information, un pointde vue, mais ne pas parler pour parler.

Moi aussi je me fatigue et je ne me conviens pas. Je ne suis pas au-dessus de la masse.
Je manque d'énergie, je suis trop cassé, j'ai le cerveau en vrac et je n'arrive pas toujours à faire ce que je souhaite. Je suis devenu nul dans beaucoup de domaines.

Parfois, j'ai hâte que tout se termine, non pas par désespoir, mais simplement pour pouvoir me reposer définitivement et pour ne plus à avoir à soutenir la merditude.

La merditude, c'est à dire le quotidien : les applications informatiques, le boulot, les interdits, les bobos bien-pensants, les radars automatiques, la façon dont on nous dirige sans nous demander notre avis même pour la moindre petite chose (des travaux devant chez soi), tout cela me gonfle profondément.
Marre d'être un pion qui flotte sur l'océan de la merditude dont les courants sont dirigés par les puissants. Si encore ils étaient compétents, lucides et proches du peuples, mais c'est loin d'être le cas. Argent, économie, rentabilité... Qu'est ce qu'ils peuvent emmerder le monde, les puissants, avec leur logique matérialiste !

La merditude, je pense qu'elle pousse les gens à être individualistes et à avoir des idées arrêtées sur tout. On devient un bobo dogmatique (ou à l'inverse un facho dogmatique mais c'est pareil), on s'enfonce dans les loisirs, dans la technologie en passant son temps devant l'ordinateur et le smartphone, on se lobotomise, ou encore on s'enfonce dans ses vices (alcool, drogue, jeux, sexe etc) histoire de vivre quelque chose. On se détache alors complètement de ce qui est humain, de ce qui est réel ou spirituel.

Ma femme me faisait penser qu'il y avait tout de même des gens vraiment au-dessus de la merditude, mais elle est morte.
Il ne faut pas vivre complètement dans le passé et autour de moi, il y a encore quelques personnes au-dessus de la merditude, Il ne faut pas idéaliser ce qui n'existe plus et ceux qui n'existent plus (dans le monde réel) et être aveugle sur ce qui vit encore (ceux qui vivent encore).
Mais c'est tout de même difficile de faire abstraction du passé, il faut faire un effort pour regarder ce que l'on a et pas toujours ce qu'on a perdu.
Ce n'est pas anodin ce qu'on a vécu et ce n'est pas rien la manière dont ça s'est passé pour certain(e)s d'entre nous, c'est une blessure évidemment indélébile. On a beau ramer, faire des choses ; ce qui s'est passé, le drame et avant, revient toujours et encore.
Alors continuer, oui continuer, mais c'est si fatiguant lorsqu'on patauge dans la merditude.

Je crois que c'est cela l'avantage des personnes ayant vécu un drame qui ont des ressources matérielles ou spirituelles suffisantes comme je l'expliquais : ils peuvent s'extraire de la merditude et de sa corrosion pour de vrai.
C'est la solution comme tu disais Alexandra, mais encore faut-il pouvoir le faire !

Comme toi Titi62, je poursuis ma route, mais elle est fatigante...
à l'usure !

Hors ligne 3 pommes

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 281
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #16 le: 12 février 2018 à 16:59:59 »
Bonjour Tony,

La merditude oui ce mot me convient. A chacun d'entre nous d'y placer ce qu'il veut.
Tu as l'air faché avec les applications informatiques, tu en parles régulièrement dans tes messages.  Moi je ne  suis pas une grande fan, je me sers d'un minimum. D'ailleurs si nous communiquons tous sur ce forum c'est bien grace à çà.
Maintenant que la société de consommation que nous vivons  aujourd'hui soit merdique, c'est un fait;   
Quand on subit un deuil, on ne voit plus la vie de la meme  façon.  Tout ce que l'on voudrait c'est retrouver nos biens aimés; Tout le reste est superflu ou  inintéressant. Reste pour certains, notre environnement proche  .
Tu t'es tourné vers la spiritualité et tu médites. il y encore quelque chose qui t'apaise.
A chacun son chemin;

Hors ligne tony36

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 120
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #17 le: 14 février 2018 à 14:07:31 »
Je me suis tourné vers la spiritualité tout en considérant qu'il n'y a pas de réponses sur le "comment ça marche".
J'essaye juste de percevoir des choses, des sensations, afin de suivre ma route, me recadrer, ou m'apaiser, avoir des réponses à mes questions, savoir ce que je dois faire. J'obtiens des résultats je pense mais je trouve cela très compliqué et pas toujours très clair !
C'était si simple lorsque je n'étais qu'un connard qui s'intéressait au fric et à comment concilier toutes les composantes de ma vie pour être le mieux possible, et faire en sorte que mon entourage soit aussi le mieux possible. 

C'est assez compliqué en fait pour quelqu'un qui ne connaissait pas ces choses-là et qui se débrouille tout seul dans son coin sans avoir recours à un mode d'emploi (c'est à dire une religion ou un dogme spirituel).

Je suis très méfiant vis à vis des théories toutes prêtes sur l'au-delà et sur le spirituel.
Comment dire... je pars simplement du principe que si justement il y a une séparation très opaque entre la vie et la mort et qu'on ne sait pas d'emblée ce qu'il y a après la mort, c'est qu'il y a une très bonne raison !
De temps en temps, on a certes un pied dans ce monde, surtout les gens comme nous, et on perçoit certaines choses qu'on peut travailler.
Mais c'est tout... Comment ça marche ? On n'a pas à le savoir !

Certains pensent que la vie est une sorte de test ou un apprentissage, un moyen d'améliorer son âme, ce n'est pas idiot, mais on ne connaîtra pas le sens profond de la vie.

Si nous avions des certitudes, nous ne révélerions pas la véritable nature de notre âme pendant la vie, et les partisans de la théorie de la vie comme une sorte de test ou une école devraient considérer ce postulat de base et ne pas définir des théories sur l'après-vie trop... certaines.

Je prends un exemple : si un dieu avec une barbe blanche descendait sur terre entouré d'éclairs en clarifiant définitivement la situation et en listant par exemple toutes les actions nous conduisant en enfer, c'est à dire dans un endroit où l'on est torturé pour l'éternité. Évidemment toutes les âmes se diraient que Dieu existe, auraient peur de cet enfer et se tiendraient à carreau (à moins d'être franchement très très dérangé) !
Même chose si un ange gardien nous apparaissait sous une forme éthérée façon princesse Leia en nous disant que si on fait telle chose de "mal" on se réincarnera en bousier débile !

Et non, pour qu'on révèle vraiment notre âme, il faut qu'on patauge, qu'on doute et qu'on puise au fond de nous pour vraiment faire ce qu'on pense faire de bien, ou de mal, ou de nécessaire, ou de neutre, pour penser tout simplement, et au final on fait ce qu'on est, on est ce qu'on fait.
Je mets de côté ceux qui suivent des modes d'emploi de la vie, c'est très bien lorsque ce mode d'emploi n'est pas trop mauvais mais lorsqu'il est mal interprété, c'est une autre histoire ! Cela reste des modes d'emploi écrit par des Hommes pour des Hommes, à considérer donc comme tels, rassurants, cadrés, peut-être trop cadrés justement si notre âme doit être testée, montrer ce qu'elle est vraiment car alors il faut qu'elle sorte du cadre et là, ça devient plus dangereux  !
« Modifié: 14 février 2018 à 14:10:53 par tony36 »

Hors ligne Alexandra

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 153
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Re : à l'usure
« Réponse #18 le: 14 février 2018 à 15:50:54 »
Bonjour Tony,
Quand je te lis, je me dis que ce fil aurait tout aussi bien pu s’appeler « Et maintenant ? ». Parce que beaucoup d’entre nous ont probablement l’impression d’être morts ce jour-là aussi, beaucoup d’entre nous ont probablement espéré pouvoir mourir de chagrin mais ça ne s’est pas produit.

On est encore là, complètement paumés, l’espace complètement rempli de leur absence, et à se demander pourquoi il faut subir tout ça. A se rendre compte que le monde n’a pas été de tourner avec ses absurdités. A se rendre compte que tout ce qu’on croyait savoir jusque là s’est effondré et qu’on ne sait plus bien si quelque chose a du sens.

Et avec ce même constat, nous allons probablement tous partir dans des directions différentes pour le temps qu’il nous reste. Se battre jusqu’à l’usure pour ceux qui pourront, arrêter de ramer à contre-courant pour d’autres, trouver un autre sens dans la spiritualité pour ceux à qui ça parle, ne plus chercher de sens pour ceux qui n’y croient plus. Il y a sûrement un constat de départ et des millions de possibilités qui en découlent.

Et en te lisant, je me dis que peut-être déjà tu as trouvé une direction. S’extraire de la merditude, s’extraire des dogmes sociaux comme des dogmes spirituels, ça revient toujours dans ce que tu écris. Peut-être que c’est ton chemin à toi maintenant, de trouver une façon de t’extraire de tout ça, malgré les contraintes matérielles et spirituelles. Peut-être aussi que c’est ton chemin à toi d’apprendre à le faire avec tes contraintes matérielles et spirituelles justement. Et avec la souffrance qui est toujours là en arrière plan.

Je n’arrive pas à croire que tu sois juste « devenu nul dans beaucoup de domaines » sans que ce deuil n’ouvre de nouvelles portes. Peut-être pas tout de suite, mais puisque tout a été profondément bouleversé dans ta vie, j’ai envie d’espérer pour toi – et pour nous tous ici – que ces nouvelles portes existent. Maintenant, je ne sais pas où elles se trouvent ces portes, c’est ce que je m’efforce de découvrir entre deux crises de « pourquoi je dois vivre sans toi ? » et c'est pas si simple...

Hors ligne tony36

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 120
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #19 le: 22 février 2018 à 17:05:22 »
Je suis plutôt actif au quotidien, mais j'ai toujours ces pics de douleur très intenses quand ce n'est pas l'angoisse ou le raz-le-bol de la merditude.
la douleur revient toujours,  pour la moindre chose : hier par exemple quelqu'un qui remplissait une petite bouteille d'eau, ça me rappelait les petites bouteilles d'eau de ma chérie que je lui remplissait le soir. C'est gérable dans un environnement plaisant, bien entouré, mais pas dans la merditude.

Ça me donne envie de crier ou de crever.

Le problème de la merditude, en fait, c'est que je crois qu'elle contribue aux pics de douleur et à l'angoisse. Concrètement, vissé devant un ordinateur ou à gesticuler pour des bêtises, ce n'est pas bon pour un cerveau qui a été abîmé.
C'est là que je disais que ceux qui ont les ressources peuvent mieux gérer leur douleur en s'évinçant de nécessités et problèmes du quotidien.
Vas la gérer ta douleur devant un putain de logiciel de merde qui te fait chier (désolé d'être vulgaire).

Je ne peux pas en parler autour de moi, ma famille, pour eux les choses sont censées être rentrées dans l'ordre, mon entourage je ne veux pas qu'il me voit me plaindre, les amis  pffff j'en parle même pas...
Il y a mon psy, c'est tout !

En fait, on attend de nous que les choses soient rentrées dans l'ordre je crois. Voilà, on est censés redevenir comme avant, comme si on s'était pété le pied, mais après un drame c'est compliqué.
Je fais de gros efforts pour faire semblant de comprendre, d'être normal, de pas me plaindre, mais moi parfois j'ai envie de secouer les gens et même de leur taper dessus en leur disant "mais tu comprends pas bordel, tu comprends pas que je peux pas faire ça, que je patauge ou que je n'entrave rien à ce que je dois faire ?"

J'ai assez peur de ma réaction le jour où je vais tomber sur quelqu'un qui voudra me faire du mal : j'entends pas là des réflexions, des remontrances, ou pire encore : du harcèlement moral ou du manque de respect au travail...

Vu que je n'ai plus peur de la mort (je tiens à rester en vie pour mon entourage mais pour ma propre personne, la mort ça ne me fait ni chaud ni froid), je ne crois pas que ça me fasse beaucoup peur d'attaquer quelqu'un si j'estime qu'il veut me nuire dangereusement et surtout si je considère sur le coup que c'est une vraie saloperie !

Une fois un type m'a fait une réflexion sur la bague que je porte (celle de ma femme) et je lui ai collé mon poing dans la figure immédiatement. J'imagine que si je fréquente régulièrement sur une personne cassante et irrespectueuse au travail (en dehors on peut les éviter) ma réaction pourrait être assez vive.

Ce que je veux dire par là, c'est que c'est déjà très dur de gérer la douleur et l'angoisse au quotidien, on ne se rend pas compte quand on n'est pas dedans.
Comme je ne veux pas moisir au fond de mon lit je me force à être assez actif et je me bourre de caféine toute la journée depuis le décès de ma femme (d'ailleurs les médecins se demandaient comment je faisais pour me lever et marcher beaucoup quand j'étais bourré de médicaments puissants). Mais alors par contre je ne peux absolument pas gérer un élément parasitaire extérieur qui viendrait me déstabiliser et me pourrir la vie, j'ai vraiment autre chose à gérer ! Je sais pas si vous comprenez ce que j'essaye d'exprimer...

Hors ligne Mononoké

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 1047
  • Un petit pas, puis un autre ...
Re : Re : à l'usure
« Réponse #20 le: 22 février 2018 à 22:21:57 »


Je ne peux pas en parler autour de moi, ma famille, pour eux les choses sont censées être rentrées dans l'ordre, mon entourage je ne veux pas qu'il me voit me plaindre, les amis  pffff j'en parle même pas...

je crois que tu as raison, ça les rassure, ils peuvent retourner dans leur petite vie, j'ai entendu une fois :
"on est rassuré maintenant, on sait que tu vas t'en sortir",.. pffftttt, je les ai moins vu


oui, tu es clair Tony, les autres ont cas ne pas venir te titiller, et c'est tout

je te souhaite un peu de douceur pour cette nuit
affectueusement
"Tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu'au jour où être fort reste la seule option". B. Marley

"Un arbre qui s'abat fait beaucoup de bruit ; une forêt qui germe, on ne l'entend pas." Gandhi

Hors ligne qiguan

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 6139
Re : à l'usure
« Réponse #21 le: 22 février 2018 à 22:45:58 »
comme c'est dit dans la vidéo de l'article donné dans ce fil http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/sur-le-site-dont-est-issu-ce-forum/msg92952/#msg92952
on est tombé de la falaise et on ne pourra jamais y retourner et on ne verra des points de repos = rochers que peu à peu et ils sont bien loin les uns des autres bien souvent
Tony lire tes "colères" semble me montrer que quoique tu en perçoives tu avances et réussis à mobiliser des forces pour ces pensées combattantes et je veux croire que c'est "utile" pour toi, pour continuer
bien amicalement
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Ela

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 311
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #22 le: 22 février 2018 à 23:48:14 »
Oh si Tony ! Je comprends très bien. Trop bien même... Je ne travaillais pas quand mon conjoint est décédé, il y a 22 mois... Et avant ça, j'étais en recherche de travail depuis 10 mois... Donc ça va bientôt faire 3 ans que je suis "hors emploi"... Alors pour moi, la "merditude", actuellement, consiste entre autres choses à essayer de trouver des gens suffisamment bienveillants et compréhensifs pour me donner une chance de ré-investir, petit à petit, une activité. Parce que j'en ai besoin... Ne serait-ce que pour pouvoir recouvrer un minimum d'autonomie financière. Je ne me plains pas, non. Je ne cherche pas un traitement de faveur, de la sur-empathie et surtout pas de la pitié. Juste à être considérée avec humanité... Et malheureusement, c'est loin d'être toujours le cas. Et tout comme toi... toutes ces confrontations, ces prises de tête me désespèrent. Parce que je n'ai plus du tout d'énergie à investir dans des combats qui ne m'intéressent pas...
Je sais que parfois on ne peut pas éviter ces confrontations, mais autant que possible... je crois qu'il faut se préserver... Désormais, lorsque quelqu'un se plaint de choses que je trouve superficielles... ou m'envahit avec ses mauvaises ondes... j'apprends à dire "stop". A dire "non". A couper court, à m'éloigner. Avant que cela ne me bouffe totalement. Et j'essaye de ne pas laisser les ruminations s'installer... et ça, c'est un vrai exercice. Quand je sens que les tracas du quotidien ou les attitudes à la con de certaines personnes me rongent... j'essaye de me ménager une pause au calme et de me recentrer sur ce qui est vraiment important pour moi désormais... De nourrir les relations qui me font du bien et de me détourner de ce qui me fait du mal, sans scrupule... Après, j'ai conscience que dans le monde du travail, cet équilibre est souvent très très difficile à trouver et à maintenir...
Mais ne t'inquiète pas, tu n'es pas le seul, loin de la, à ressentir, parfois... souvent... trop souvent malheureusement... ce rapport aux autres, au monde extérieur... comme une agression. Je suis d'accord avec Qiguan. Je pense que de parvenir à poser des mots sur ces émotions, de réaliser ce qui te fait du bien et ce qui te bouffe dans ton environnement, c'est déjà une façon de te positionner, d'apprendre à gérer ces difficultés.
Je t'envoie mon affection. Et continue à dénoncer la connerie aussi souvent que nécessaire. Ça fait du bien parfois! (d'ailleurs, te lire m'a donné envie de vider mon sac, parce que j'en ai gros sur la patate aussi à propos de la merditude! Alors je vais aller me lâcher un peu dans "les petites phrases dont on se passerait bien..."
Je t'embrasse.


Hors ligne Eric38

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 240
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Re : Re : à l'usure
« Réponse #23 le: 23 février 2018 à 06:41:51 »

je crois que tu as raison, ça les rassure, ils peuvent retourner dans leur petite vie, j'ai entendu une fois :
"on est rassuré maintenant, on sait que tu vas t'en sortir",.. pffftttt, je les ai moins vu


 :o
je viens de me rappeler (brutalement pour le coup) que ma famille m'a dit çà il y a quelques mois.
J'ai du l'oublier inconsciemment.....
et effectivement, puisqu'ils se sentent rassurés, ils s'investissent moins.....

Hors ligne arfaca

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 169
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #24 le: 23 février 2018 à 09:45:36 »
Je l ai ressenti ,l entourage est content de noys voir aller mieux et ils lachent prise... car le mieux est parfois éphémère et sentir ces presences s éloigner fait un peu mal!!je me rends compte que la douleur on la combat seul..
Amitiés

Hors ligne Alexandra

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 153
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Re : Re : Re : à l'usure
« Réponse #25 le: 23 février 2018 à 10:00:54 »
et effectivement, puisqu'ils se sentent rassurés, ils s'investissent moins.....

De mon côté, c'est justement ce qui me fait du bien. Ma famille est rassurée, je travaille (ils n'ont pas besoin de savoir que j'ai des journées où j'en suis incapable), j'achète une maison (ils n'ont pas besoin de savoir que je débloque tellement à l'idée que Tom n'y vivra pas que je pense à y rapatrier ses cendres), je suis occupée les week-ends (ils n'ont pas besoin de savoir que malgré ça Tom me manque horriblement), ... Et c'est vraiment reposant de ne plus avoir leurs jugements de valeur qui me rendaient dingues!

Je vois très bien ce que tu veux dire Tony, d'autant que la colère est la couleur dominante de mes émotions. J'ai toujours du mal avec les jugements extérieurs cela dit, il ne faut pas grand chose pour me rendre dingue. Les "ça va mieux?" et les "tu avances" provoquent une réaction épidermique, je m'énerve ou je fais la morale pendant des heures. Ma meilleure stratégie avec ça c'est l'évitement ou le cloisonnement. Il y a des gens à qui je ne parle pas de certaines choses (par exemple ma famille ne sait pas que j'ai quelqu'un dans ma vie pour qu'ils me foutent la paix), je me garde des moments juste "pour Tom" qui ne regardent personne et je ne parle de mes trucs flippants qu'ici ou à ma psy.

J'espère que je ne réponds pas trop à côté de la plaque Tony, je me suis demandé si ça t'aidait ce que j'écris en le relisant. Surtout n'hésite pas si effectivement ce que je dis tombe à côté.

Hors ligne nathT

  • Membre Senior
  • ****
  • Messages: 462
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #26 le: 23 février 2018 à 16:58:31 »
Bonjour,

Je voulais juste donner mon humble témoignage
Je ne comprenais pas pourquoi mon entourage était vite passé à autre chose (presque 6 mois depuis le départ de mon compagnon)
De la part de mes collègues de travail je trouve normal qu'elles m'en puissent plus de me soutenir; mon chagrin, ma douleur leur font peur.
De la part de mes enfants (mon compagnon n'est pas leur père) je comprends également qu'ils veuillent que j'aille mieux très vite parce que tout simplement ils aiment leur mère et n'ont pas envie voir  de  de me voir souffrir, cela leur fait trop mal
Alors je 'triche' pour ne pas faire de mal à mon entourage je dis que çà va mieux même si ce n'est pas vrai
Je trouve du soutient ailleurs ; ma psy, un groupe de parole constitué de 'veuves'et ce forum ici je me sens bien !
Qu'aurai-je fait à leur place?
Je ne sais qu'aujourd'hui ce qu'on peut dire (quoi que?) à une personne en deuil
Je pense sincèrement que la plupart des gens sont 'bienveillants' et tant pis pour les petites phrases dont on se passerait bien .... on les oublie ..... on se concentre sur celles qui nous réconfortent (il y en a beaucoup, beaucoup ici....)
Nath

Hors ligne MADR

  • Membre Junior
  • **
  • Messages: 66
Re : à l'usure
« Réponse #27 le: 23 février 2018 à 18:49:24 »
la  douleur on la combat seule........
 je 'triche' pour ne pas faire de mal à mon entourage je dis que çà va ....... même si ce n'est pas vrai
Ma meilleure stratégie avec ça .....c'est l'évitement ou le cloisonnement

Voilà 3 phrases écrites par : arfaca, nathT et Alexandra.

Je les partage totalement et je me mets en mode OFF , mais est ce la bonne solution??
L'absence de ceux qu'on aime, si peu qu'elle dure, a toujours trop duré

Hors ligne tony36

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 120
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : à l'usure
« Réponse #28 le: 26 février 2018 à 17:14:11 »
Bon, j'ai repris le contrôle, pour le moment... Et je vous remercie de vos témoignages.

Alexandra : j'ai eu la même question concernant les cendres.
J'ai décidé de rendre la liberté d'un point de vue symbolique (elle aimait par dessus tout la liberté) à ce qui n'est plus que des cendres, l'âme est ailleurs.

Hors ligne Stana

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 1427
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Re : à l'usure
« Réponse #29 le: 27 février 2018 à 18:34:40 »

   Dotés de BEAUCOUP de sensibilité,

   nous sommes A LA FOIS plus fragiles ET plus forts.
   
   Et surtout tout est BEAU.

   
   Dotés de BEAUCOUP de sensibilité,

   nous sommes A LA FOIS plus fragiles ET plus forts.
   
   Et surtout tout est BEAU.


   M.

 
Je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis Souci.
Oui, nous sommes à la fois plus forts et plus fragiles, c'est ce que je me suis très souvent dit. Le deuil nous a dévastés, il nous reste cette fragilité extrême, cette hypersensibilité d'écorchés vifs, et en même temps on a dû, dès le début, puiser en nous une force que nous ne soupçonnions même pas, mais qui ètait là en nous, à l'état latent, et qui est sans doute notre instinct de survie, présent malgrès tout. Seul cet instinct nous donne le courage de continuer malgrès tout, de garder un tans soit peu la tête hors de l'eau, de supporter l'insupportable, d'"accepter" l'inacceptable. On sais qu'on n'a pas le choix, et ce, malgrès cette terrible expèrience. Il nous reste ce traumatisme qui nous rend plus vulnérables, et en même temps nous oblige à puiser dans notre force intèrieure...on encaisse, sans que les autres personnes (à part celles qui sont suffisamment perspicaces et intuitives pour comprendre) se doutent, le plus souvent, du combat que nous devons mener. On arrive à être à peu près stoïque? D'après eux, c'est qu'on "encaisse bien", qu'on vas bien même ou/et qu'on a "tourné la page"  >:( ils ne sont pas dans notre tête, ils se fient aux apparences...mais entre nous, nous savons. Et nous comprenons mieux que personne les efforts que ça nous a demandé, et que ça nous demande encore.
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)