Bonjour à tous,
De retour cette nuit du Sud Ouest. Un moment d'émotion forte quand les cendres ont volé et sont tombées doucement sur l'eau, recouvertes immédiatement par un gros rouleau qui est venu déferler sur la digue. On a sorti des beaux verres, un bon vin, le très bon fromage qu'il aimait, bien sec, bien fort. On n'a pas beaucoup parlé, sauf son fils qui faisait le pitre, il a de qui tenir.
Ensuite restau, balade en voiture, pot. On a bien ri, parlé de lui un peu, pas trop. Je savais que tous ceux qui étaient là auraient aimé par-dessus tout qu'il soit parmi nous mais personne ne l'a dit, c'était inutile.
Dimanche je me sentais étrangement sereine, comme quand on a rendu tripes et boyaux pendant des heures, et qu'on se dit ça y est, la crise est passée, je vais pouvoir enfin dormir ( désolée, c'est la seule image qui me vient
). Je me suis dit que j'allais arrêter de courir derrière la vie de Marc. Vous avez vu? j'arrive enfin à dire son nom
Je suis rentrée à l'hôtel, je me suis fait une séance d'hypnose. J'ai eu un peu de mal, parfois les images qui viennent sont fausses, de l'autosuggestion, mais je le sais et j'attends les vraies, celles qui viennent quand je parviens à mettre mon corps en pilote automatique.
On était tous les deux attablés à une terrasse en pleine montagne, personne au bar, ni sur la terrasse. Face à nous il y avait une autre montagne, avec une gigantesque roue taillée dans le rocher qui tournait horizontalement à toute vitesse. Sur la roue un tout petit bonhomme qui se relevait, tombait, se relevait, tombait, à cause de la vitesse de rotation. Brusquement il s'est levé, il a dit: Bon ben j'y vais, sans se retourner, sans me faire un signe, il est parti. Il est descendu vers la roue mais il n'est pas monté dessus. Une porte s'est ouverte en pleine montagne, il est entré, la porte s'est fermée. Je suis restée à pleurer, à dire non, non, non, mes larmes coulaient sur le lit. Je suis restée longtemps comme ça. Puis j'ai quitté le bar et j'ai descendu la montagne. Il y avait sous mes yeux la ville et ses lumières, de nuit. Je me suis dit: la ville est là, j'y vais.
Vous allez encore me prendre pour une barge, c'est pas grave. Pour moi ça a un sens. J'ai vu que les lumières de la ville c'était la vie, et j'y vais.
Ce matin ça va. Yohann merci pour ton mess perso, ça m'a fait très très plaisir de te lire cette nuit, en rentrant. On pense les uns aux autres alors qu'on ne s'est jamais vus. Comme quoi, la vie est là, non, pas toujours simple et tranquille.
Ce n'est plus : j'aime Marc, mais je vis, c'est: je l'aime, et je vis. La différence est là. Bon je dis ça mais demain je risque de plonger à nouveau, glaps
. Mais j'ai vécu ces moments, et c'était bien.
Je pense à vous tous. Lauren