Bonjour à toutes et à tous
Je prends enfin le courage de vous écrire après vous avoir lu. Il est à la fois rassurant, et effrayant de se retrouver dans vos histoires. On se sent moins seule dans cette horreur quotidienne qu'est devenue la "vie", mais c'est horrible d'imaginer le nombre que nous sommes...
J'ai perdu l'homme que j'aime le 30 octobre 2015. Brutalement, alors qu'il venait de passer chercher notre bébé chat à la clinique vétérinaire où je travaillais. Je finissais 1h après son passage et quand je suis rentrée chez nous, il n'y avait personne. Il n'y est jamais arrivé, il s'est fait tué sur la route, par deux abrutis.
Je revois ces scènes d'horreur, l'appeler déjà et tomber plusieurs fois sur messagerie. Appeler un ami pompier (un accident était signalé sur mon retour vers la maison et une déviation mise en place) pour le retrouver. Une attente interminable et angoissante de 2h chez cet ami avant que le maire et le chef des pompiers ne viennent pour m'annoncer son décès. Ma première idée fût de le rejoindre.
Puis vint les premières "nuits". Terreurs nocturnes, insomnies, cauchemars. 15 jours d'arrêt et je repris le boulot.
Ma mère a emménagé chez moi, je ne supportais pas de vivre seule. Impossible pour moi de faire à manger (J'aimais trop lui préparer de bons petits plats).
Dès le début j'ai eu un suivi psychologique, je savais que j'en aurais besoin. Ca n'a pas suffit, avant d'être dangereuse pour moi, je me suis faite hospitalisée en psychiatrie, dès début janvier, et pour 2 mois et demi. Le personnel soignant a été formidable.
J'ai repris le travail depuis avril, en mi temps thérapeutique. J'ai décroché mon diplôme en juin (formation en apprentissage). En aout j'ai déménagé après avoir trouvé un travail ailleurs en temps complet. Je vois toujours mon psychologue toutes les semaines et je fais des séances d'hypnose thérapeutique tous les mois. Ca m'aide énormément, à comprendre ce qui m'arrive, et avoir des gens à qui je peux tout dire, à qui je peux m'ouvrir et lacher prise.
Nous avons vécu ensemble un peu plus d'un an. La vie ne nous a pas laissé le temps de nous marier ni de réaliser nombre de nos projets. Nous étions tout l'un pour l'autre, tellement fusionnels. Nous avions tous les deux eu des difficultés dans la vie, nous rencontrer avait enfin permis à nos cicatrices de s'apaiser. Mes mots ne savent pas exprimer l'ampleur de tout ce qu'il m'a apporté, je le sens dans mon coeur. Plus encore que de le perdre lui, je me suis perdue aussi, tous les repères de ma vie se sont envolés.
Il avait 32 ans. J'en ai aujourd'hui 24. Je ne vois pas d'avenir, je refuse de vivre sans lui. Je vis dans le passé, là où notre histoire vivait car le présent est insupportable et l'avenir me fait peur.
Ca fera bientôt 15 mois qu'il est loin de moi, mais parfois, j'ai toujours l'impression de devenir folle de douleur. Je me remets à hurler et pleurer, seule au fond de mon lit.
Au quotidien, je suis comme anesthésiée. Je vais au boulot, fait le train train quotidien, mais je ne fais plus rien. Je ne cuisine plus, je m'occupe difficilement de mes animaux, le ménage je n'en parle pas. Je ne vois pas d'amis, très peu ma famille. Je ne supporte plus. Il y a toujours cet étau oppressant à chaque instant.
La seule chose dont je suis sure, c'est que je l'aimerai éternellement. Il est l'amour de ma vie. Il me manque terriblement. Je pense tout le temps à lui, je lui parle souvent, ça me fait du bien. Je refuse d'admettre que je vais devoir vivre sans lui pour le reste de ma vie. Cette idée m'est insupportable...
Je suis désolée pour ce long pavé. Besoin d'écrire, de partager avec des personnes qui comprennent.