FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: roudou le 01 novembre 2019 à 22:32:53
-
Bonsoir
Mon mari est décédé cet été lors de nos vacances dans les Alpes.
Un matin, il est parti courir (trail de 3h). Je ne savais pas où, car il courait beaucoup, et ne me faisait pas le détail de ses sorties. Il est parti alors que je dormais, afin de rentrer pour le déjeuner. Mais il n'est pas revenu à l'heure prévue. Après une demi-heure de retard sur cet horaire, j'ai compris qu'il y avait un problème (il m'appelait toujours quand il était en retard). Après une heure, j'ai su que c'était sérieux et j'ai contacté les secours en montagne. La météo étant mauvaise, et les montagnes vastes (rappelons que je ne savais pas où il était parti), les CRS ne l'ont pas trouvé tout de suite. Son corps a été retrouvé 48h plus tard, après deux jours et deux nuits d'angoisse indescriptibles.
ll a chuté. Traumatisme crânien. Mort sur le coup (ce qui a été un soulagement incroyable de l'apprendre, tant je l'avais imaginé agonisant dans la montagne).
Quand les CRS sont venus me trouver pour me l'annoncer, je me suis totalement dissociée. Pour survivre à l'inacceptable. Pour rester debout, solide, face aux enfants (12 ans, 10 ans et 6 ans). Mon esprit a quitté mon corps et j'ai fonctionné en mode automatique.
Cette dissociation, mise à distance des émotions, se fissure maintenant. Ca fait deux mois et demi. J'ai tellement peur. Ca fait tellement mal. Après avoir été très entourée au départ (d'autant que la mort de mon mari a été médiatisée, donc beaucoup de personnes ont été au courant), les gens reprennent leur vie, ce qui est normal.
J'ai 41 ans. En couple depuis 21 ans, nous étions amis depuis nos 16 ans.
Mon mari est quasiment toute ma vie. Nous avons tout traversé à deux. Nous avons grandi ensemble.
Actuellement, je suis en arrêt de travail. Je sens que ça commence à ne pas être compris par mon entourage (pas familial, mais le reste). Or, je suis incapable de travailler, de "mettre le masque" puis d'enchainer avec la gestion de mes enfants, qui sont en grande souffrance. Je vois bien que les gens ne comprennent pas, car je fais bonne figure à l'extérieur.
Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour qu'on s'en sorte. Nous sommes suivis par une psychologue. Je vais voir une sophrologue aussi, qui m'a fait de l'EMDR pour chasser des images obsédantes de la chute (que j'ai tellement imaginée que c'est comme si je l'avais vu tomber).
Je souhaiterais échanger avec des personnes qui traversent ou ont traversé une expérience similaire. Autour de moi, il n'y a que des familles, ou des couples. Ils veulent "me changer les idées" (comme si c'était possible!!!!) Je me sens aimée et soutenue, mais totalement incomprise.
Merci.
-
Chère Roudou,
Je suis très touchée par le drame que tu traverses.
Je t'ai écrit en MP.
Je t'embrasse,
BEBE
-
Bonsoir Roudou!
Comme ton histoire est triste.
Je te comprends et t'assure de toute ma sympathie. Je ne peux même pas imaginer à quel point ta situation est atroce. 48h sans savoir!
Nous souffrons tous sur ce forum, nous pouvons tous te comprendre. Nous nous soutenons comme nous pouvons.
Nous survivons alors que nous nous en croyions incapables.
Le temps nous apporte l'apaisement, l'oubli jamais.
Je t'embrasse en te souhaitant la force de surmonter ce drame pour tes enfants, pour toi.
-
Merci Marguerite13
Chaque histoire a son lot de souffrance.
Ce cauchemar est interminable.
Merci pour ton soutien
-
Roudou
Je viens de lire ton drame,récent et te dire combien je comprends ton chagrin , oui c'est vrai au début une protection automatique se met en place , cela se nomme le déni , il faut faut faire chaque jour surtout avec les enfants , puis de jour en jour on se rend bon gré mal gré qu'il ne mettrons plus la clef dans la serrure pour rentrer , notre cerveau ne peut pas vraiment accepter et pourtant autre chose nous dit qui si il faudra survivre sans eux , avec les larmes et la douleur du jamais plus sans lui , juste les souvenirs , pour moi c'est une histoire relativement proche mon mari était randonneur et chaque jour il lui fallait faire ses six à dix kilomètres par jour selon la saison , le deux novembre il y a un an il est parti à 16 h et n'est pas revenu , à 18 h un coup de sonnette et l'impensable était enclenché , le cauchemar prenait forme , l'étau commençait à m'enserré , vivre sans lui , non cela n'est pas possible c'est une mauvaise blague , ils se sont trompés d'adresse ,non ! non pas lui , un an après je suis encore à vivre des moments difficiles , les larmes sont encore présentes , moins violentes , il faut toujours faire jour après jour , j'ai beaucoup lu ici les ami(e)s de douleurs , des livres , vu des vidéos , cela m'aide , pour l'entourage tu as raison par contre ce n'est pas toujours sont que l'on pensait qui reste et ceux ou celles-là ont une valeur inestimable , et grâce à ces personnes je sais que j'avance vers des temps de plus en plus calmes
viens ici nous dire tous tes ressentis cela aide un peu et pas de jugements ,tu seras lue
Prends soin de toi et de tes enfants
Amitiés et douceur
je te joins un lien et regarde dans les lien mis si gracieusement à notre disposition par Qiguan
Écoute et lis Dr Fauré :
conférence intégrale
https://www.youtube.com/watch?v=aIuL7GTSnXM&feature=youtu.be
-
bonjour roudou, j'ai ce même tracas qui me sert et m’attriste. Ma femme décédée dans un accident, est morte su le coup d'un traumatisme crânien il. hier après plus de deux mois j'ai récupéré les choses qu'il y avait dans le véhicule. ce n'était pas possible avant mais quand j'ai vu ses lunette qu'elle portait qui était brisées je revois des images (que je m'invente puisque je n'était pas là) qui me trouble quand même, Et même si elle n'souffert qu'un quart de seconde c'est trop, et j'imagine aussi la peur qu'elle a ressentie et j'ai de le peine, ça me fait mal en dedans. C'était une personne si douce et aimante... Nous avons été 20 ans ensemble et comme toi subitement elle a quittée ce monde. Les premières semaines on est des robots qui font les choses par obligations, je parle pour moi, toutes les formulaires bureaucratiques et le funérailles. Nous n'avions pas d'enfants, je ne peux imaginer toute la souffrance et l’inquiétude que vous vivez avec vos enfants. Nous sommes tous de tout cœur avec toi et tes enfants, prends soins d'eux mais ne t'oublie pas non plus, tu va avoir besoins de beaucoup d’énergie, tout le monde te le dira, dors et nourrie toi bien pour avoir toute les forces nécessaires pour passer cette épreuve sur ce long chemin avec ses hauts et ses bas...
Bon courage et n’hésite pas à venir t'exprimer, évacuer tes états d'âmes. Moi ça m'a aidé beaucoup...
Affectueusement...
-
De tout coeur avec toi. Courage.... reprends le travail quand tu le sens. Ne te soucie pas des autres. ... les autres , de toute façon....ils ne peuvent pas comprendre. Prends soin de TOI et de tes petits. Cest tout ce qui compte maintenant.
-
Un immense merci pour vos messages.
Malone, effectivement nos histoires se ressemblent... Et nos maris peut-être aussi, en étant probablement deux amoureux de la nature.
J'ai regardé la conférence hier soir, ça aide beaucoup car on se retrouve, on comprend mieux le processus.
J'avais également acheté son livre.
J'ai envoyé le lien de la conférence à quelques personnes de mon entourage, afin qu'ils comprennent mieux.
RV49, pour toi aussi le choc a été violent. Quand tu dis revoir les images de l'accident, je pense que je te comprends très bien. Moi, je voyais mon mari chuter. Tout le temps. En boucle. Un peu comme un petit fichier GIF qui s'enclenche dans ma tête. C'était obsédant, surtout la nuit. Il a suffit d'une séance d'EMDR pour m'apaiser. Connais-tu l'EMDR ? Maintenant ces images n'ont pas disparu, mais elles sont bien rangées dans ma tête.
Merci David34. Ma mère, qui jusque là me disait de m'écouter, m'a parlé ce matin d'une reprise du travail. Ca m'attriste qu'elle aussi me dise ça. Elle ne se rend pas compte à quel point je mobilise des ressources pour gérer mes enfants. Comment faire en reprenant le travail, et en enchainant avec les enfants? Je pleure quand moi? La nuit? Difficile de tenir dans ces conditions...
Sentiment d'incompréhension profond...
Amitiés
-
N’en veut pas à ta maman.
A personne d’ailleurs.
Ta maman doit peut être s’inquiéter pour ton avenir professionnel. Elle doit être d’une autre génération.
Tu n’as qu’à dodeliner de la tête. Et lui dire que oui, tu vas y penser. Ça la rassurera, ça mange pas de pain.
De ton côté , tu sais maintenant hein.... ? Tu sais ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Comme moi , tu dois avoir ce recul , que la vie t’a imposé et dont tu ne voulais pas . Maintenant tu peux te dire : et après ? Je m’en fous !!! Parce que plus rien n’a d’importance. Tu es dans la tempête, tu as un refugé tes enfants. L’orage va durer alors mets toi à l’abri. On mène une guerre, la guerre de la survie. Alors accroupis toi et laisse passer les balles. Quand les chargeurs seront vides, que tu hausseras la tête puis quand tu te lèveras , plus sereine, il sera bien temps de voir venir.
Je suis dedans. On est dedans. Il y a plein de petites guerres partout. On croit qu’on est seuls mais non.....
-
Je n'en veux pas à ma mère. C'est juste que j'aurais aimé qu'elle me soutienne dans ce choix, qui est plutôt un non-choix d'ailleurs. Elle ne se rend pas compte de mon quotidien.
Mes enfants m'épuisent. Surtout celui de 10 ans, qui n'est que douleur. Il souffre tellement. Je n'arrive pas à l'aider. Je suis impuissante. Il ne dort plus. Il est en colère, tellement en colère. Et tous les soirs je mets entre une heure et une heure trente à réussir à le calmer (TOUS les soirs, depuis la mort de mon mari!). La nuit, il ressasse. Et puis je crois qu'il angoisse. Un soir, il a dit au revoir à son père. Et ne l'a plus jamais revu. C'est terrible. Alors chaque soir, c'est le même rituel, le même TOC. Il me dit "bonne nuit, à demain". Je dois répondre "bonne nuit, à demain" (pas d'autres mot). Et puis il se couche. Et puis il se relève, va au toilettes. Et ça recommence : "bonne nuit à demain", je dois répondre "bonne nuit, à demain". Et il se recouche. Puis il se relève, etc. Ce manège, on le fait 20 fois, ça me rend dingue, ça le rend dingue. Il finit par exploser de colère. Une fois sur deux, il réveille alors sa soeur, qui m'appelle, et que je dois consoler, avant de retourner voir celui de 10 ans, qui pleure et hurle sa douleur. Et pendant ce temps, pas possible pour moi de récupérer de la journée, de me poser, de pleurer mon mari.
Je suis tellement fatiguée.
Me lever à 6h30 (le grand est au collège, il doit se lever tôt). Lever les enfants, faire semblant d'aller bien. Les conduire à l'école, faire semblant d'aller bien. Faire les courses, les rdv, le notaire, etc, faire semblant d'aller bien devant les gens. Récupérer les enfants à l'école, me battre pour qu'ils fassent leurs devoirs (ils sont aussi épuisés que moi moralement, ce n'est pas facile), gérer les douches, le repas, la vaisselle, lire des histoires à la petite, faire de même avec celui de 10 ans en espérant que ça l'apaise, coucher le grand, puis le manège quotidien des bonnes nuits.
Etre enfin disponible, mais épuisée, à 23h.
Et finalement me rendre compte que je préférais le tourbillon de la journée, car il m'évite de penser...
Quand la douleur, quand le manque me submerge, c'est tellement difficile. Insupportable.
Quel cauchemar.
Pardon de me plaindre, comme tu dis David34, on est tous dedans.
-
roudou,
J'ai lu ton drame, mais je n'ai pas trouvé de mots, je viens seulement te dire que je te lis, je comprends que tu dois être épuisée, je comprends quand tu écris ta douleur, ton manque.
Je sais bien que ce ne sont pas les mots que tu attends, mais tu as une force et un courage extraordinaire, ton mari doit être très fier de toi, son amour te porte.
Continue à écrire ici tout ce que tu as envie de partager, savoir qu'on est lu est déjà un soulagement.
Prends soin de toi, essaie de dormir.
Je dépose sur ta fenêtre plein de tendresse et de douceur que mon amoureuse m'a laissé en partant.
-
Bonsoir ,
C'est triste de lire ton histoire, mais je comprends que tu fonctionnes au début en mode automatique, de toute façon on n'a pas le choix ; on est obligé d'avancer. je pense que le pire c'est de se dire que la personne ne passera plus jamais la porte, ne sera jamais plus parmi nous mais il faut se dire que certains signes, certains rêves peuvent apporter du réconfort. Ton mari a juste ouvert une porte depuis l'au-delà et je suis sûr qu'il est près de toi pour t'aider à vivre chaque matin, chaque jour.
Tu es toujours en arrêt maladie ? pour ma part je n'ai pas arrêté de travailler, juste une semaine j'avais besoin d'avoir ce travail, d'être auprès de mes clients malgré que pendant 6 mois j'ai été très perturbée. Et en tant que profession libérale je ne pouvais pas faire autrement. le travail m'a permis de garder un lien avec la société avec les personnes pour lesquelles je travaille et j'ai trouvé que c'était vraiment important de pouvoir palier à ce manque en épanouissant dans ce travail que j'adore.
ce qui me permet de te lire aussi ce sont les séances chez la psycothérapeute, le suivi par mon médecin avec des antidépresseurs car sinon je m'effondre. Peut-être qu'un jour je les arrêterait quand je me sentirai plus solide.
Je te souhaite bon courage prends soin de toi et de ta santé
-
Bonsoir Roudou,
Je viens de lire ton histoire, bien difficile. Je n'ose imaginer les moments de stress que tu as dû traverser. Puis le chagrin. Ça, comme tous ceux ici, je connais bien.
Je te comprends lorsque tu es agacée par ta maman qui t'encourage à rétourner au travail, j'ai eu droit aussi à ce type de conseil "ça va te changer les idées", le travail c'est la santé dit-on... Oui mais... dans notre situation, il ne faut rien précipiter. Peut-être, lorsque tu y verras plus clair, envisager un retour en temps partiel, si c'est possible, te permettant de reprendre à un rythme plus souple. C'est ce que j'ai fait. Malgré ça, y a des matins je me demande pourquoi je me rends au travail. C'est pas simple, car une fois revenue, même si certains sont tristes pour toi ... Le boulot est là et il t'attend.
Prends ton temps, il faut d'abord penser à toi, tes enfants. Après le faire semblant, faire bonne figure, je connais aussi,tout comme la solitude. Les amis sont présents mais un peu moins maintenant, eux ils ont leur vie, moi, je vois le temps passer ou qui passe pas d'ailleurs. Mais lorsque j'ai de la compagnie, j'ai hâte d'être seule.
C'est comme ça pour un peu tout... Je sais ce que je ne veux pas, mais je ne sais pas ce que je veux. Suis en vrac.
Te prends pas la tête, fais comme tu le sens. Je ne vois pas que te dire d'autre pour l'instant, si ce n'est peut-être "bonne nuit"
Affectueusement,
-
Ohlala que je me reconnais dans ton tourbillon infernal. Qui s'enchaîne encore et encore et on se demande quand cela va s'arrêter et surtout la fatigue croissante. Quand la journée s'arrête, que le dernier cesse de pleurer, on voudrait penser à autre chose, se divertir, se changer les idées, du moins au moins essayer. Moi c'est pareil mes enfants m'epuisent mais pas pour les mêmes raisons, jeune âge, caprices, et énergie. Cocktail détonnant face à moi qui me suis prise un gros choc traumatique lorsque mon conjoint a disparu brusquement d'un avc en moins de 24h. Le bébé a grandi mais reste un tout jeune enfant qui fait beaucoup de colères. Je suis usée aussi. J'ai pris le temps de le pleurer., de penser, réfléchir etc. J'en avais besoin. Effectivement je ne vois pas comment on peut enchaîner le boulot les enfants et "traiter" son deuil simultanément, mais on est tous différents. Pour ton garçon j'imagine qu'il est suivi et peut-être faut il une méthode " choc" qu'un professionnel lui ferait faire, pour faire stopper ses crises, je reste persuadée que notre cerveau a des capacités extraordinaires et que sûrement on peut l'aider. Il est en boucle sur son traumatisme. Que c'est dur. Moi aussi je suis en boucle parfois et je sais qu'il y a quelques sujets que je vais devoir traiter cette année, des images, des choses qui ne sont pas éclaircies pour moi. Le traitement emdr est efficace tu dis.? Sur des choses que l'on a vu ou faites ? Pour ton petit qu'as tu essayé ? Renseigne toi sur une possible aide à domicile le soir au coucher qui pourrait diriger ses pensées sur autre chose, un tiers neutre qui serait présent, je ne sais pas, j'aimerais pouvoir t'aider
-
Merci pour vos réponses.
La période des fêtes est atroce. On m'avait prévenue, et j'ai pu le vérifier.
Comment faire la fête quand on est détruit à l'intérieur et qu'on fait déjà notre possible pour ne pas pleurer à tout bout de champ? Certains comprennent... d'autres moins ("tu es sûre que tu ne veux pas venir? Ca te changerait les idées!").
Quel décalage avec le reste du monde...
Mon fils de 10 ans va moins mal, ça c'est la bonne nouvelle.
Moi, j'ai décidé de commencer les antidépresseurs, car le chagrin est trop lourd. L'autre jour j'étais à deux doigts de pleurer devant la caissière. Les images, qui avaient été apaisées par l'EMDR, me reviennent également en cette période de grand chagrin. J'ai hâte de revoir ma thérapeute pour qu'elle m'aide de nouveau.
Mon grand de 13 ans est encore dans le déni.
Ma fille de 6 ans semble intégrer l'absence de son papa, elle fait de plus en plus de colères et pleure beaucoup.
Je n'ai pas repris le travail. Et je crois que ce ne sera pas pour tout de suite. J'ai trop besoin de ces quelques heures sans enfants dans la journée. En plus , je suis enseignante en maternelle, il faut toujours être au top pour les élèves, ce qui est impossible actuellement.
Voilà pour les nouvelles.
Ceux qui ont vécu plusieurs Noël sans leur moitié, la douleur revient elle toujours ainsi? Doit on toujours faire semblant?
Que c'est dur...
Et les "Bonne année", je n'en peux plus, tant je devine l'année de douleurs et de chagrin qui se profile.
Comment le gérez-vous, vous?
-
Bonjour,
:(Oui la période des fêtes est la plus triste. On ne retrouvera jamais la joie que l'on avait à deux ou en famille.
Le soir du 31/12 je suis sortie, je ne voulais pas rester chez moi car trop de souvenirs. Avec mon mari, nous organisions souvent des réveillons avec des amis, mais là, c'était plus fort que moi, je ne voulais pas me retrouver seule. Je n'ai pas fait la fête mais je me suis retrouvée avec deux autres amies. On a papoté de tout et de Rien jusqu'à minuit et ensuite, je suis retournée chez moi pour me dire : "l'année 2019 est enfin terminée avec ses lots de pleurs et de tristesses, alors bonjour à toi 2020."
Je comprends ta peine et pour tes enfants aussi. Les miens sont plus grands mais l'ainé de 35 ans est toujours dans le déni et en plus s'est remis à boire ! Et le deuxième va bien, heureusement pour moi.
Depuis la maladie de mon mari, je suis sous antidépresseur, cela fait plus d'un an que j'ai des médicaments qui m'aident à surmonter ma douleur et ma peine. Ce ne sont qu'une béquille. Je vis, mais différemment.
J'ai un caractère fort et solide qui me permet d'être parfois désagréable avec mon entourage et me pousse à vouloir continuer à vivre. Je me suis effondrée plus d'une fois, mais en hurlant toute seule ! J'écris à mon mari presque chaque soir depuis son décès, je lui parle de ma journée, de mes difficultés avec notre fils ainé, mais je glisse sur le papier ce que j'ai envie de lui dire. C'est une thérapie comme une autre.
Comme toi, au début je ne voulais RIEN, je voulais me retrouver sur un nuage sans problème, sans histoire sauf que l'on est plongé dans les papiers, dans la succession, dans les problèmes de compte bancaire, dans les problèmes avec les enfants, dans tout cet administratif qui te bouffe l'existence... J'ai surmonté (je suis assistante indépendante) toutes ces formalités mais à quel prix ! C'est usant mais je suis du genre tenace alors j'ai mis la gomme !
Je voulais te dire que tu as tout à fait raison de prendre ton temps, de vouloir d'abord prendre soin de toi, de ton corps, de ton esprit et de tes enfants. Tu es jeune encore et dis-toi que la vie est longue, qu'un jour tu seras peut-être une grand-mère qui racontera à ses petits enfants ta vie d'amour et de joie avec ton conjoint. Qu'un jour tu le retrouveras mais on ne sait pas la date, ni l'heure.
Écoute ton cœur de maman, écoute tes enfants, et la vie surtout. Elle te parle à chaque instant. Regarde si tu vois des signes (des plumes, des nuages en forme de cœur, des photos, des chansons qui passent à la radio).
Quand mon mari est parti j'ai trouvé sur ma voiture des plumes, pourquoi ? Lorsque je suis partie en voyage avec ma belle-sœur à la Réunion, il y avait un photo d'avion dans un musée où il était écrit "SUPER G", c'était son surnom donné par ses potes lorsqu'il était à l'armée, Pourquoi ?
Je regarde et je prends tout ce que l'on me donne, alors écoute bien ton cœur et les signes qu'il peut te donner.
Avec toute mon affection
-
Bonsoir roudou
Comme toi veuve à 40 ans avec 3 enfants mais il y a déjà plusieurs années pour moi.
J’aimerais juste te dire de t’écouter et de te faire confiance, toi seule sait ce qui peut te faire du bien ou ce qui rajoute une pierre à la fatigue et à la peine.
Plusieurs années après, les « fêtes » restent une période difficile mais elles m’agressent moins, le décalage avec les autres est toujours là mais moins net et moins permanent...
Cela te paraîtra impossible pour l’instant mais petit à petit la douleur la tristesse et la fatigue cèdent un peu de place et très doucement l’envie revient. Le chemin est long et chaotique mais tu verras vous inventerez tes enfants et toi votre propre chemin avec chacun vos ressources et en vous soutenant les uns les autres.
Je t’envoie toute la douceur et la sérénité de mon chaton qui vient de se rouler sur mes jambes,
Tendres pensées pour vous
Anne-Sophie
-
Bonsoir,
J'ai également perdu mon amour en avril dernier en montagne suite à une chute alors qu'il faisait du snowboard.
J'ai 41 ans et deux filles (8 et 14 ans). Je suis aussi enseignante en classe de CE1. J'ai repris le travail au bout de 15 jours après le drame. Cela m'aide à garder un rôle social et cela m'occupe grandement l'esprit.Je me suis aussi donnée comme mission d'épauler encore davantage mes filles dans leur scolarité et je ne me voyais pas attendre d'elles des résultats si moi je ne me remettais pas au travail. Les vacances sont les pires moments car justement je m'ennuie tant sans lui et cela me met face à la vacuité de ce temps libre. Je vois une thérapeute une fois par mois et ma plus grande fille aussi, la plus jeune refuse et me répond que le meilleur docteur c'est moi, sa maman. Je suis arrivée sur ce site aujourd'hui en recherchant qqn qui vivrait cette souffrance. Les fêtes ont été très difficiles bien que très entourée mais quelle douleur de toujours faire ce constat du manque et de ce "qui aurait du être "...
Chacun reprend sa vie malgré la compassion que je ressens de la part de mes amis et ma famille. La peine est importante pour eux aussi mais ces derniers temps j'ai l'impression que leur approche change...On ne me parle plus de mon mari alors que moi je ne pense qu'à lui à chaque instant. J'ai lu de nombreux ouvrages sur le deuil et l'après. J'ai visionné les vidéos du DR Fauré, je songe à voir un médium. Ces lectures me font beaucoup de bien, Je te suggère "Quand la mort sépare un jeune couple" sur le veuvage précoce. Concernant les "Bonne année" j'avais prévenu mes proches famille et ami que je n'en voulais pas ou d'une autre manière. Je crois que le plus important c'est de beaucoup parler de ta moitié, autant que tu le souhaites. Nous vivons avec notre douleur, nous nous y confrontons à chaque instant, elle fait partie de nous à jamais.
-
Un immense merci pour vos messages.
J'ai lu le livre du docteur Fauré, ainsi que celui "quand la mort sépare un jeune couple".
Le 1er est un guide précieux, le second a le mérite d'apporter un peu d'espoir.
Merci pour vos messages, je crois que personne, qui n'a vécu ce drame, ne peut comprendre à quel point on est détruit de l'intérieur.
Après avoir été très longtemps dans le déni (tout le monde me disait que j'étais "courageuse", tu parles! il s'agissait d'un super mécanisme de défense !), maintenant le chagrin me consume, je pleure sans arrêt, je me sens vide. Même la Reine des Neiges 2 (vue cet après-midi avec ma fille) m'a fait pleurer car je pense sans cesse à mon mari, à ce qu'il aurait pensé de ci, ou de ça ! Je pense à lui sans cesse, sans cesse...à tout ce qu'il ne verra jamais, à quel point il aurait été heureux / fier de tel ou tel événement...
Pardon de m'épancher, j'imagine que vous voyez très bien de quoi je parle.
Bichbui, je t'admire d'avoir réussi à reprendre le travail. Tu arrives à gérer la classe, puis les filles à la maison? Bravo...
Moi, je ne peux pas. En plus j'ai un fils assez compliqué, c'était déjà difficile avant le décès (troubles psychiatriques).
Anne-Sophie, ton message donne de l'espoir. On peut s'en sortir... Comme je le souhaite. Mais est-ce vraiment possible de retrouver légèreté et insouciance? Je me sens plombée à jamais. Et tes enfants? Comment ont-ils grandi?
Merci à vous tous, et plein de courage.
-
Coucou je crois que s'il y a des choses que l'on perd c'est bien la légèreté, quoi que moi maintenant je prends tout à la légère car il n'y aura jamais rien de plus grave. L'insouciance ça oui difficile de rester insouciant. J'ai surtout perdu la confiance en moi et mes repères, je fais pleins de choses étranges dans lesquelles je ne me reconnais pas, j'ai plein d'absences, d'oublis, je suis devenue un peu "laisser aller", "c'est le destin", encore plus intuitive qu'avant et si je sens que quelque chose ne veut pas se faire je ne cherche plus à lutter, j'accepte, je prends comme ça vient, et cela m'a offert une grande liberté et recul sur la vie.
-
Bonjour roudou
je suis rassurée que tu es un léger mieux pour tes enfants , ils ont leur douleurs tout comme nous et ce temps est difficile pour eux , prendre soin de toi et de tes enfants est une priorité absolue , toi seule ressens ce qui peut-être bon pour vous
tout est si difficile à gérer , mais nous avons des ressources insoupçonnées qu'on ne connaît pas et qui nous permet de faire au jour le jour , dis-toi qu'il est juste de l'autre coté du voile et tout prèt de vous
les fêtes : Mon Dieu comme j'aimerai pouvoir te rassurer , hélas bien que nous réagissions de manière différente , pour ma part pour cette deuxième année sans lui ce fut pire , à noël juste avec mes enfants j'ai craqué deux fois devant eux en une heure temps , mais je crois qu'ils ont compris , et jour de l'an je ne veux même entendre ce mot qui n'est qu'une formule comme l'une de mes filles , mais moi je ne conçois une nouvelle année pleine de promesse sans lui , et paraît-il que cela dure longtemps, cela fait 14 mois et la douleur , le manque est omniprésent,
Laisses-toi envahir par tes larmes elles sont bénéfiques pour apaiser un peu ta douleur , souviens Dr Fauré nous dit 'il faut user cette douleur encore et encore le larmes en vont partie , elles sont nos compagnes très longtemps , le temps qu'importe le temps , un pas à la fois
Tendresse à tes enfants , prenez soin de vous
Amitiés
-
Bonjour
Je crois en effet que ça nous change profondément et que ça change notre rapport au monde et aux autres.
Comme toi roudou je me sentais plombée pour toujours et si je n’ai retrouvé ni la légèreté ni l’insouciance des années avec mon mari, je connais aujourd’hui ma chance d’être en vie, de pouvoir voir mes filles grandir, et je sais aussi combien la vie est fragile.
Comme le dit yvgpqpg4, la mort d’un essentiel cela permet de relativiser et de prendre beaucoup de recul. Je ne compte plus les fois où, encore maintenant, je me dis « à quoi bon...? » lutter et enrager contre ce que je ne peux pas maîtriser ne sert qu’à m’épuiser un peu plus, je prends plutôt le parti d’accepter ce qui doit être et d’y voir une option différente, « tant pis... » pour les contrariétés diverses de la vie (voiture ou électroménager en panne, conflits ou ennuis au travail, ... ), et même pour les sujets plus difficiles, de toutes façons « c’est comme ça et il y a des choses plus graves dans la vie ».
Mes filles grandissent (elles ont aujourd’hui l’âge de tes enfants) elles vont aussi bien que possible. Elles aussi garderont pour toujours un avant et un après, cela fait partie de leur histoire comme de la mienne et bien qu’absent physiquement leur papa nous accompagne et est très « présent » : dans la maison (photos, affaires), nos paroles (ce qu’il aurait dit ou fait), nos souvenirs (anecdotes qui resurgissent).... cela nous fait je crois du bien à toutes de l’inclure dans notre vie (de caractère et d’âge très différents elles ont chacune leur manière de gérer le deuil et ne parlent pas beaucoup de ce qu’elles ressentent, pas avec moi en tout cas)
Ne t’excuse pas de t’épancher au contraire ce forum est aussi là pour ça. Ici tu trouveras écoute et bienveillance de frères et sœurs de tristesse, nous sommes entre nous et comprenons.
Prends soin de toi
Anne-Sophie