Je n'en veux pas à ma mère. C'est juste que j'aurais aimé qu'elle me soutienne dans ce choix, qui est plutôt un non-choix d'ailleurs. Elle ne se rend pas compte de mon quotidien.
Mes enfants m'épuisent. Surtout celui de 10 ans, qui n'est que douleur. Il souffre tellement. Je n'arrive pas à l'aider. Je suis impuissante. Il ne dort plus. Il est en colère, tellement en colère. Et tous les soirs je mets entre une heure et une heure trente à réussir à le calmer (TOUS les soirs, depuis la mort de mon mari!). La nuit, il ressasse. Et puis je crois qu'il angoisse. Un soir, il a dit au revoir à son père. Et ne l'a plus jamais revu. C'est terrible. Alors chaque soir, c'est le même rituel, le même TOC. Il me dit "bonne nuit, à demain". Je dois répondre "bonne nuit, à demain" (pas d'autres mot). Et puis il se couche. Et puis il se relève, va au toilettes. Et ça recommence : "bonne nuit à demain", je dois répondre "bonne nuit, à demain". Et il se recouche. Puis il se relève, etc. Ce manège, on le fait 20 fois, ça me rend dingue, ça le rend dingue. Il finit par exploser de colère. Une fois sur deux, il réveille alors sa soeur, qui m'appelle, et que je dois consoler, avant de retourner voir celui de 10 ans, qui pleure et hurle sa douleur. Et pendant ce temps, pas possible pour moi de récupérer de la journée, de me poser, de pleurer mon mari.
Je suis tellement fatiguée.
Me lever à 6h30 (le grand est au collège, il doit se lever tôt). Lever les enfants, faire semblant d'aller bien. Les conduire à l'école, faire semblant d'aller bien. Faire les courses, les rdv, le notaire, etc, faire semblant d'aller bien devant les gens. Récupérer les enfants à l'école, me battre pour qu'ils fassent leurs devoirs (ils sont aussi épuisés que moi moralement, ce n'est pas facile), gérer les douches, le repas, la vaisselle, lire des histoires à la petite, faire de même avec celui de 10 ans en espérant que ça l'apaise, coucher le grand, puis le manège quotidien des bonnes nuits.
Etre enfin disponible, mais épuisée, à 23h.
Et finalement me rendre compte que je préférais le tourbillon de la journée, car il m'évite de penser...
Quand la douleur, quand le manque me submerge, c'est tellement difficile. Insupportable.
Quel cauchemar.
Pardon de me plaindre, comme tu dis David34, on est tous dedans.