Auteur Sujet: 4 mois  (Lu 2945 fois)

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didjezik

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4 mois
« le: 09 mai 2013 à 14:40:48 »
Bonjour à toutes et tous,

Je n'écris pas souvent .. mais je vous lis régulièrement. Je ne m'épanche que très peu ... j'ai beaucoup de mal à affronter la réalité des choses, c'est tellement douloureux que j'essaie de faire pleins de choses. Anodines.. mais qui me permettent de ne pas réaliser.

Aujourd'hui cela fait 4 mois que mon coeur est parti. Voilà 4 mois que tous les jours je lui parle. Tous les soirs, un baiser sur sa photo et quelques phrases pour lui.

Je suis passée et continue de passer dans différentes phases.. la colère, puis la non acceptation, comme une gamine gâtée. Je suis consciente qu'il n'est plus là, et que je dois reconstruire, mais NON, je ne veux pas avancer. NON, je ne veux pas. Tout comme le fait de manger.. je mange, je dois manger.. je ne sais plus qui m'avait dit ça ici.. un sac vide, c'est moche et ça ne tient pas debout. C'est vrai. Mais j'ai peur de reprendre les kilos perdus ... j'ai peur.. regrossir, ce serait avancer... ce serait aller un peu mieux... mais non ça ne va pas.. alors je mange mais je sais qu'au fond de moi, je fais exprès de ne pas trop manger de ma nière à ne surtout pas regrossir... limite de manière à continuer de maigrir.. encore un peu, un tout petit peu ... comme si cela pouvait lui prouver que je suis toujours avec lui, qu'il me manque, que je ne peux pas avancer sans lui...

J'essaie quand même. Jour après jour. J'essaie de me trouver un but, mais je ne vois pas au dela de quelques jours... nous n'avions pas d'enfants. Mais j'ai mes animaux, qui ont besoin de moi, et je me dois d'être là pour eux, pas le choix. Mais que c'est dur ...

L'impression de subir une torture perpétuelle. Fatiguée de souffrir sans arrêt, intérieurement. Jamais une trève, non, chaque chose à faire est à faire seule. L'été arrive, quelle angoisse. Mon premier été sans lui, sans avoir de projets de vacances avec lui, tous les deux avec nos motos... rien.

4 mois et rien n'a changé... j'oscille entre tristesse, ennui et ce long chemin devant moi, sans issue, noir, je ne sais pas où je vais. Reconstruire ? J'avais enfin trouvé mon ange à moi, après plusieurs relations échouées, enfin tout allait bien. On me l'enlève, et il faudrait que je réessaie ?! A quoi bon ? Comment se reconstruire une vie après tout ça ?

Et même si "plus tard", ça ira mieux... dans combien de temps ? Comment et où trouver la force d'attendre que tout aille un peu mieux  ?

Puiser ses ressources insoupconnées... je les ai épuisée pour lui, durant notre combat face à la maladie. Oh oui  je me suis trouvée des forces insoupconnées. Mais j'avais ces forces aussi grâce à lui.

Mouais, pas la grande forme aujourd'hui... mais ça fait du bien de l'écrire, et d'espérer que l'un de vous ait ... peut être, une once.. un début de réponse à toutes ces interrogations qui tournent en boucle depuis de si longs mois  :'(
« Modifié: 09 mai 2013 à 14:43:12 par didjezik »

marcel09

  • Invité
Re : 4 mois
« Réponse #1 le: 09 mai 2013 à 15:04:33 »
Bonjour Didjezik,

Pas facile comme pseudo, trouver le z et le k en un même mot. Je plaisante bien sûr, ou du moins un peu de fantaisie.

C'est vrai, que 4 mois, le temps semble s'être arrêté, et pourtant il file. On dit à peine, ou déjà, selon ses états d'âme. Pour ma part, je ne sais si c'est à peine 11 mois ou déjà. Je me souviens de mon poème pour les 4 mois du décès de Claudine, je viens de recommencer aujourd'hui pour les 11 mois. Alors, comment te dire quand finira cette parodie de vie!

Quant à ton aversion pour la nourriture, il faut faire très attention, ne pas tomber dans l'anorexie. Si tu te nourris convenablement, sans excès dans un sens ou dans l'autre, tu trouveras en toi les moyens de surmonter cette détresse. Nous y parvenons tous, plus ou moins difficilement, avec plus ou moins de temps, mais nous y arrivons.

J'entrevois une ébauche de clairière après ces 11 mois. Est ce la bonne, je ne sais. J'avance pas après pas, et l'avenir me dira si c'est la bonne. Le ciel est cependant moins gris, quelques trouées de ciel bleu, un peu de soleil.

Je te tends bien volontiers la main afin de te tenir et te tirer vers la berge, ainsi que mon épaule pour t'y épancher.

Je t'envoie mes plus tendres pensées.

Bises.  :-* :-*

Marcel

Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : 4 mois
« Réponse #2 le: 09 mai 2013 à 18:17:25 »
*
« Modifié: 30 octobre 2016 à 22:50:45 par *Ephémère* »
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

chrisam

  • Invité
Re : 4 mois
« Réponse #3 le: 09 mai 2013 à 18:25:02 »
Bonjour Didjezik,

Ce que tu écris, après 4 mois, tout ce que tu écris, et bien j'en suis toujours au même stade après 7 mois.

Jamais un soupçon de ciel bleu, ni de clairière.
Si, il y a ± 3 semaines, 4 ou 5 jours que ça allait un peu mieux.
Et depuis, le gouffre, je pleure tous les jours, plusieurs fois, et à nouveau mes envies de la rejoindre, soit qu'elle vient me chercher, soit que je pars à sa rencontre.
Mais pour le moment, je résiste.

Ce que j'ai écrit, ne va pas remonter ton moral, mais tu pourras lire sur d'autres fils que certains y arrivent après 6 mois, 10 mois, 1 an, mais beaucoup arrivent à surmonter cette épreuve.

Et les années à vivre que je vois comme un temps interminable à combler avant d’avoir acquis le droit de mourir à mon tour.
mais j'aurais pu écrire
             Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie,
             mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années...
Il faut se battre pour notre cher disparu

La souffrance n'est pas une occasion de haïr, c'est une occasion d'aimer.
C'est la seule chose que nous apprend la mort : qu'il est urgent d'aimer.
Rien ne supprime le chagrin, mais le vrai cœur le rend utile et bénéfique.

LILI0824

  • Invité
Re : 4 mois
« Réponse #4 le: 10 mai 2013 à 14:32:39 »
Bonjour Didjezik,

A 9 mois de deuil, je vais un peu mieux. Cela ne veut pas dire que j'ai oublié, non pas du tout. Mais je suis moins torturée  que je ne l'étais à 4 mois, à 6 mois.  La peine est tjrs là, mais les crises sont moins fréquentes. Je ne sais pas comment ce "petit mieux" est arrivé. Mais je l'accepte.

Pour la nourriture, je suis comme toi. J'ai commencé à maigrir dès le début de la maladie de mon mari, quand son état s'est dégradé, je crois que j'ai pratiquement arrêté de manger (une tomate et un yaourt me suffisaient dans la journée). J'ai perdu 13 kg entre fin mars et fin juillet, cela inquiétait beaucoup mon mari. Depuis, j'ai récupéré 500 g. Je n'ai jamais faim, mais je me force.

Tu dis : "j'ai peur, regrossir, ce serait avancer... ce serait aller un peu mieux".

Tu vois, j'ai perdu 13 kg , je ne ressemble à rien aucune forme, et pourtant, j'ai avancé vers un peu d'apaisement.

Je t'en prie, ne te prive pas intentionnellement de nourriture. Prends soin de toi, de ta santé physique. 















didjezik

  • Invité
Re : 4 mois
« Réponse #5 le: 10 mai 2013 à 15:04:15 »
Mais en même temps, je voudrais aussi, que tout mon corps porte les signes de ma douleur, comme des stigmates qui viendraient dire que la camarde m'a volé mon amour adoré, après que la  maladie l'ait tant fait souffrir.

Oui Ephémère, c'est exactement ça... d'une part le fait de vouloir porter la souffrance, les signes de cette douleur. D'autre part la culpabilité de vivre, d'être "bien", après tout ce qu'il a vécu.
Culpabilité de reconstruire, d'avancer. Réussir à dissocier la fidélité de notre amour du fait d'avancer dans notre vie est tellement difficile.

Mais tu as raison ... vous avez tous raison. Vos paroles m'aident à y voir plus clair.

Oui Chrisam.. combien de fois me suis-je dis "Je n'ai pas d'autres choix que d'être en vie, seule, mais que le temps va être long avant de pouvoir le rejoindre..".  Mais là où tu as raison, c'est de dire qu'il nous faut rajouter de la vie à ces années là.

Lili, tes paroles m'ouvrent les yeux aussi... nous avançons, quoiqu'il arrive. Quoique nous fassions. Cette avancée est dure à accepter.

Mince, tant de pensées viennent, ma tête est un bazar sans fin. Marre d'avoir mal, réaliser son départ, le renier, être en colère, être un peu heureux, rire, pleurer, attendre, ressasser notre histoire, ressasser nos bons moments, la maladie. Les allers retours à l’hôpital. Réaliser qu'il y a quelques mois je pouvais encore lui tenir la main, en le rassurant.

Comme une tornade en tête, tout tourne en boucle, mais le temps lui avance..

En ce moment, j'ai l'impression de découvrir chaque jour, comme si on me l'apprenait, son décès. Mais la tristesse n'est pas entière. C'est étrange.

Merci milles fois pour tous vos messages chaleureux, très réconfortant et plein de soutien.. ça fait tellement de bien de parler avec vous tous.. malheureusement nous nous comprenons tellement.