Bonsoir (bonjour) à tous.
Voilà quelques semaines que je parcours ce forum. La première fois que je suis venue ici, j'ai été attérée par tous ces messages de personnes ayant perdu un(e) conjoint(e), je n'en revenais pas de voir que nous sommes malheureusement si nombreux, alors que je me sentais si seule. Cela m'a tout de même un peu réconfortée.
Je ne sais pas trop pourquoi j'écris ici ce soir, peut-être pour partager mon expérience, ou tout simplement pour en parler, car plus personne n'en parle autour de moi désormais, les gens sont passés à autre chose.
Voilà 7 mois aujourd'hui que mon amoureux est parti, j'ai malheureusement l'impression que ça fait une éternité.
Je l'ai quitté à la gare le 9 mai, j'ai eu deux sms de lui dans la nuit, puis plus rien. Deux jours après, l'amie que j'avais informée de son silence inquiétant m'appelle pour me dire qu'elle vient de le trouver mort chez lui. On ne saura jamais ce qui s'est réellement passé, la semaine d'autopsie m'a juste privée du droit de le revoir une dernière fois.
Je m'inquiétais quand même beaucoup pour sa santé (mais sans agir !), lui commençait à passer des examens, et je redoutais qu'un beau jour on lui découvre une sale maladie. La dernière année était tellement belle que souvent les jours ensoleillés je me disais que la vie était trop parfaite et que cela ne pouvait pas durer. Je m'attendais à beaucoup de choses, mais pas à ça.
Au bout de 5 ans de relation, nous commencions enfin à avoir des projets, et tout s'est écroulé en un instant. Tout ce que j'avais imaginé dans l'avenir.
Combien de fois les mois qui ont suivi je partais dans mes pensées en m'imaginant comme avant l'avenir avec lui, et puis tout d'un coup bam, je me souvenais que ce n'était plus possible. Quel atterrissage brutal à chaque fois.
Je suis passée par plusieurs périodes. Celle où j'ai eu besoin de le garder près de moi en m'entourant de ses photos, où je faisais les choses qu'il aimait faire. Celle où j'ai passée des heures à pleurer et où l'angoisse était insupportable. Celle où j'ai essayé de croire que je le retrouverai un jour de l'autre côté (je n'y crois malheureusement presque plus). Celle où je me suis demandé en vain ce que j'allais faire de ma vie sans lui (je n'ai toujours pas de réponses).
Ce qui me marque le plus, je l'ai retrouvé aussi dans un vieux post du forum, c'est l'impression d'être déjà tellement vieille, et d'en avoir plein le dos de la vie. J'ai 24 ans mais j'ai l'impression d'être comme les mamies dont je m'occupe au quotidien, et qui me disent que ça suffit maintenant elles ont assez vécu. Ce sentiment commence un peu à s'estomper, mais il y a des jours où je ne dirais quand même pas non pour en finir.
Le mois de novembre a été atroce.
Et la curieusement, en décembre, pour la première fois, "ça va". Je suis en train de lire un livre qui parle de la période d'insensibilité. "Progressivement, en reprenant pied seul dans la vie, on peut ressentir un grand vide. Il s'agit d'avantage de l'abscence de tristesse plutôt que du vide laissé par la mort[...] C'est comme si l'autre partait plus loin, effaçant le souvenir. Une autre forme de vide se crée alors. On quitte le deuil. Mais on se retrouve dans l'insensibilité, glacé comme par le froid".
Je me suis retrouvée dans ce passage, on verra bien si ça dure. Il faut dire aussi que j'évite de penser à mon amour, car je suis fatiguée de pleurer. Si je n'y pense pas, au moins je ne pleure pas. Je ne voulais surtout pas retomber dans ce piège, après la mort de mon papa, c'est ce qui s'est passé, quand les souvenirs remontaient j'essayais de les faire sortir de ma tête, mais aujourd'hui je me rend compte que je n'ai presque plus de souvenirs à force de les effacer volontairement. Je ne veux surtout pas que ça se reproduise pour mon amoureux. C'est peut-être aussi pour ça que j'écris ici. Pour me prouver que non, je n'ai pas déjà oublié.
Je vous souhaite beaucoup de courage à tous.
(Et désolée, j'ai beaucoup écris !)