Auteur Sujet: La vie sans toi....  (Lu 22060 fois)

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Hors ligne Yentel

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #15 le: 07 janvier 2015 à 20:49:50 »
A bientôt Libellule... Prends bien soin de toi...
Yentel
"Quand tu regarderas les étoiles dans le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors, ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles.  Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire" (A. de Saint-Exupéry)

Hors ligne Mimie

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #16 le: 08 janvier 2015 à 18:26:17 »
Comment vas tu Libellule? au niveau de l'intendance tu dois avoir beaucoup à faire? et au travail c'est toujours supportable pour toi?
Courage à toi, amicalement
Mimie

La nuit n'est jamais complète, il y a toujours puisque je le dis, Puisque je l'affirme
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Hors ligne qiguan

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #17 le: 08 janvier 2015 à 18:58:30 »
une pensée pour toi Libellule  :-*
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Libellule

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #18 le: 09 janvier 2015 à 22:04:58 »
Bonsoir....

je m'étais promis de venir vous lire, mais bon sang ce que les journées passent vite!

Effectivement ça ne manque pas de travail à la maison....

Demain je vais à la banque.... rdv pour remettre tous les comptes à mon nom, juste au mien.... c'est con hein, mais c'est dur....
je cours après journée pour les paperasses, les certificats à faire pour les assurances.... que tout ça me semble futile....

Son sweat préféré traîne dans l'entrée.... je n'arrive pas à le ranger....

J'essaye de faire des remerciements pour tous ces gens qui nous entourent si bien, mais je fonds en larme dès que je tente de m'y mettre....

On essaye de se donner du bon temps avec les loulous.... ce soir c'était soirée pyjama, pizza, dvd.... mais chaque fois on pense à "comme ce serait bien s'il était là avec nous"....

Et puis depuis 2 jours je ne regarde plus les infos.... j'ai assez avec ma propre douleur, notre propre injustice.... le monde est fou, la vie est étrange.

J'essaye d'expliquer à mes grands que c'est ce qui la rend si précieuse, la vie, c'est de ne pas savoir quand elle s'arrête.... j'espère que tout ça les rendra plus forts encore qu'ils ne le sont déjà, je déteste tellement voir des larmes dans leurs beaux grands yeux noirs...

Voilà, mes pensées du soir en vrac..... je file me coucher.... petit poussin a eu ses vaccins et ça le rend un peu chouinchouin, j'espère que la nuit n'en sera pas toute chamboulée....
La reprise du travail a au moins ça de bon, je suis tellement fatiguée le soir que je dors!

Hors ligne qiguan

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #19 le: 10 janvier 2015 à 11:10:55 »
oui la paperasse ...
la banque ... j'ai encore en cours le dernier carnet de chèque à nos deux noms ...

profite bien de tes loulous
 :-*
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Brio

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #20 le: 11 février 2015 à 21:39:02 »
Chère Libellule,

Il y a des années que je ne suis plus venue sur ce site, mais ce soir, une amie en deuil m'a demandé sur quel forum j'allais, àl la mort de mon mari, alors je suis venue vérifier et je tombe sur ton message.
Ce qui me rapproche de toi, c'est que je suis moi aussi, maman de 2 enfants brésiliens que mon mari et moi avions adopté à l'âge de 4 et 6 semaines. Ils avaient 7 et 11 ans à la mort de leur père.
Mon mari est tombé d'un arbre qu'il élaguait, un samedi matin, dans notre jardin. Il est mort sur le coup. Les enfants regardaient un dessin animé à la TV en pyjama. Notre vie si paisible a basculée, tout à coup, et rien n'a plus jamais été comme avant.
Si je viens te parler, ce soir, c'est pour te dire combien je comprends le malheur que tu traverses.
Moi aussi, j'ai cherché du soutien ici, près de personnes qui pouvaient trouver des mots de réconfort, auxquelles je pouvais tout dire, mon chagrin, mon immense solitude et douleur, ma peur du lendemain, mon incompréhension, enfin tout... Je n'étais pas jugée, j'étais incognito, et de m'autorisais des mots que je ne pouvais pas dire aux amis, à la famille, et surtout aux "nonendeuils".
Et plus les mois passaient, moins les autres comprenaient que ma douleur restait intacte, voire même plus grande parce que passée la période de sidération, la réalité s'imposait à moi avec toute sa violence. Quand je revenais de poser les enfants à l'école, je me disais "c'est impossible, il sera là, c'est un cauchemard". Et pendant des mois, pendant au moins 3 ans, j'ai entendu, le soir, la porte du garage qui se fermait derrière lui... mais il ne rentrait plus la voiture....
Je me suis accrochée à mes enfants. Je voulais que pour eux rien ne change. Papa ne rentrait plus, c'était la seule différence. Alors j'ai refusé tout médicament anti dépressif pour rester vigilante et opérationnelle. Je me suis blindée de l'intérieur, j'ai continué à porter des robes roses (ou blanches, ou bleues), et j'ai avancé jour après jour. Mes enfants ont été (et restent) mon "coup de pied au fond de la piscine". Je leur dois ce que je suis aujourd'hui, 8 ans après. Ils ont su surmonter cette terrible épreuve comme le font les enfants, en allant de l'avant égoïstement, mais sainement. Leur père leur a manqué, mais j'étais là pour eux, de façon inconditionnelle et ils étaient mon univers et moi le leur. Nous avons formé une bonne équipe soudée et nous nous aimons fort et profondément.
Je suis passée par des moments terribles de solitude, parce que personne ne peut comprendre s'il n'a vécu lui-même un deuil. J'ai trouvé sur ce site, une amie, veuve avec 3 enfants (dont un nouveau-né comme toi) dont les aînés avaient l'âge des miens. Nous nous voyons très souvent, nous avons avancé différemment (elle s'est remariée 3 ans après, je suis toujours seule), mais nous avons cette solidarité des femmes qui ont connu un drame et peuvent se comprendre si bien. Nous avons ri, lorsqu'il y a quelques jours, j'ai évoqué cette période en disant "je croyais que ma vie était finie". Elle m'a dit "personne mieux que moi peut comprendre quand tu dis ça"... Et c'est vrai, ma vie était finie...
Aujourd'hui, ma fille a 19 ans. Brillante élève, bachelière elle a réussi le concours de l'école parisienne qu'elle convoitait. Elle est amoureuse, heureuse, elle aime sa vie d'étudiante et a un vrai projet professionnel (devenir, pourquoi pas, ambassadeur. On verra). Je suis fière d'elle et de sa force.
Mon fils est plus fragile. Grandir sans image paternelle, c'est très difficile. Je n'ai pas trouvé autour de moi de soutien, pour l'aider à entrer dans sa vie d'ado, et dans sa vie de future adulte. Je fais comme je peux... Il a 15 ans et veut faire un lycée pro pour être chaudronnier. Je le pousse dans ce sens, en espérant qu'il sera heureux dans son choix.
Et moi, je vais aussi bien que possible. Les enfants plus grands, presqu'autonomes, je commence à envisager de reprendre ma vie de femme et laissant un peu plus de côté ma vie de mère. Les choses se sont faites à leur rythme, comme je le sentais. Je ne voulais pas qu'un homme entre dans ma vie et vienne mettre en danger notre équilibre à 3, tant que les enfants seraient fragiles et vulnérables. Je suis presqu'arrivée au but !...  ;)
Si tu as des soutiens familiaux, utilise les. Fais toi aider autant que tu le pourras par les gens bienveillants qui te tendront la main.
Il faut que tu saches qu'il te faudra du temps, ton deuil est tellement frais. Tu vas vivre les étapes une à une, la sidération, la colère, le refus, le désespoir... bref, tu vas beaucoup pleurer mais n'en aies pas honte, même devant tes enfants. Il faut que tu leur dises que ton chagrin ne t'empêchera jamais d'être là pour eux, qu'ils peuvent compter sur toi et que même si tu es désespérée, tu ne les abandonneras pas, que tu ne t'effondreras pas et que vous resterez ensemble.
Moi, dès le début, je leur ai dit que leur histoire si douloureuse (adoption, orphelins) faisait d'eux des enfants "extra-ordinaires" dans le sens où ils n'avaient pas une vie ordinaire. Et qu'ils avaient un train d'avance sur leurs copains qui, eux aussi, un jour perdraient inévitablement quelqu'un et que cela leur donnait une force incroyable parce qu'ils savaient ce qu'était le malheur et qu'ils avaient survécu. Et qu'après ça, ils pourraient survivre à tout.
Je ne sais pas si mon discours a porté ses fruits, mais ma fille, en tous cas, est une sacré bonne femme ! Mon fils est encore un peu jeune pour faire ses preuves, mais il n'est pas dénué de caractère et n'est pas influençable.
De tout ce malheur, il en est sorti quelque chose de bien dont je suis fière.

Voilà. Je voulais témoigner pour t'envoyer des ondes positives, pour te dire que le chemin est long, difficile et douloureux, surtout avec des jeunes enfants, mais que tu vas y arriver. Mon amie et moi y sommes arrivées, nos enfants vont bien et sont plutôt heureux dans leur vie. Ils se sont construits avec cette histoire, ce qui ne signifie pas qu'il sont bancales, bien au contraire.
Je te souhaite beaucoup de force dans les jours, les mois, les semaines et même les années à venir. Tu vas y arriver.
Tu peux me contacter par mail si tu veux, je te répondrai.
Je t'embrasse ainsi que tes petits.
Courage.
B.

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #21 le: 12 février 2015 à 10:32:02 »
C'est réconfortant de lire un témoignage comme le tien Brio.
Ca me donne un peu d'espoir pour mon papa qui a bien du mal à se projeter....Bon il n'a pas le même âge (50 ans) mais c'est encourageant tout de même.

Bonne continuation à toi et tes enfants.
Maman,
" Tu n'est plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis"
Victor Hugo

Hors ligne Yentel

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #22 le: 12 février 2015 à 19:43:24 »
Merci Brio de venir nous encourager...

Affectueusement,

Yentel
Yentel
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Hors ligne qiguan

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #23 le: 13 février 2015 à 09:47:10 »
oui merci Brio de ton texte !
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Hors ligne Stefy

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #24 le: 13 février 2015 à 21:39:32 »
Merci Brio d avoir témoigné quelques années après...

Lui et moi

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #25 le: 13 février 2015 à 23:35:44 »
Merci Brio de nous montrer qu'on arrive à avancer.

Hors ligne Mamoure

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #26 le: 14 février 2015 à 06:32:13 »
oui , merci , les témoignages des plus "anciens" font aussi tellement de bien car , même si tout le monde affirme qu'avec le temps ça ira mieux , on a beaucoup de mal à y croire...
il n'y a qu'ici qu'on s'autorise à le croire car il s'agit de personnes ayant vécu ce que l'on vit , traversé les mêmes étapes...

Hors ligne Mimie

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #27 le: 14 février 2015 à 09:10:33 »
C'est vrai ce que tu dis Mamoure, au début on n'y croit vraiment pas et pourtant................
Le temps pour "rebondir" est propre à chaque personne, je suis pourtant quelqu'un qui n'est pas de nature optimiste, qui a toujours eu besoin de soutien (mon mari était là pour cela) et tout s'est écroulé quand il est parti. Maintenant je fais le constat que je suis beaucoup plus forte que je ne le pensais et beaucoup de personnes de sa famille entre autre mais pas que sont surprises. J'ai déjà vécu des traumatismes graves et des reconstructions plus ou moins longues, plutôt plus que moins d'ailleurs et là je crois que j'ai été portée.
La première année et quelques mois de plus ont été hyper douloureux mais j'ai avancé tout de même . Quand je pense qu'en 19 mois depuis son départ, j'ai vendu nos 2 voitures pour m'en racheter une plus adaptée, le camping car que je ne conduisais pas (un arrachement pour moi) et la maison, et tout cela seule par le bon coin. Je m'épate toute seule, j'ai aussi fait faire des travaux importants dans la maison pour la mettre au goût du jour afin de la vendre.
 Tout cela c'est beaucoup de temps à passer et beaucoup d'énergie à fournir mais......................pendant ce temps de projets le temps passe et le deuil continue de se faire.
Physiquement j'ai bien des soucis, mais pas plus qu'avant alors que les 16 premiers mois l'épuisement était très présent.
Bref, c'est juste pour témoigner que l'on peur surmonter même si mon Aimé est très présent en moi et je crois qu'il m'aide d'ailleurs. Combien de fois je lui dis; tu dois être fier de moi.
Je dois dire que je vois toujours mon psy qui la dernière fois m'a félicitée pour la maison, et que je prends toujours aussi un anti dépresseur.
Bon courage à toutes et tous.
Mimie

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Lui et moi

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #28 le: 14 février 2015 à 15:59:16 »
Merci.

Brio

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Re : 3 semaines sans toi...
« Réponse #29 le: 15 février 2015 à 12:19:58 »
Oui, Mimie, le temps du deuil est propre à chacun. Ca dépend aussi de l'âge. Mon amie qui avait 10 ans de moins que moi, ne pouvait pas envisager d'élever ses 3 enfants seule et a rencontré son nouveau mari 6 mois après. Moi, je suis seule depuis 8 ans et j'ai beaucoup misé sur la reconstruction de mes enfants, et sur la mienne grâce à eux. C'était pour moi essentiel que leur vie soit belle en dépit du malheur qui les frappait.
Ce qui est certain, c'est que nous avons, face à la violence que la vie nous inflige parfois, des ressources insoupçonnées. Moi aussi, j'étais alors la "femme de mon mari", c'était tellement confortable !... Et puis il m'a fallu devenir le soutien de notre famille, gérer tout et mes journées n'avaient que 24 heures. Ca a été extrêmement difficile. J'en ai versé des larmes de fatigue, d'épuisement moral. J'en ai rencontré des gens malveillants qui voyaient en moi la proie facile.... même dans ma propre famille. Je me suis battue contre des montagnes pour que mes enfants sachent que quoi qu'il arrive je serais toujours de leur côté, et avec eux. Ces 8 années ont passé à toute vitesse, même si, il y a 8 ans, je n'étais pas certaine d'arriver au bout de la tâche !... Et puis si, on y arrive, on survit et même on vit. On n'oublie pas, je pense chaque jour à mon mari, je pose très souvent une petite bougie près de sa photo, je veux qu'il sache que je ne l'oublie pas. Je suis parfois encore triste, parfois encore je me demande "pourquoi nous ?". Mais la vie que je mène me convient, telle que le destin l'a voulu. Je n'en veux plus au monde entier, à Dieu... Je me suis résignée et quand je vois les enfants aller bien et aller vers leur propre vie, je préfère penser à la mienne et maintenant, je fais des projets....
Mimie, tu ne peux que te féliciter de tes progrès. Bravo ! Moi, je pars du principe que nul n'a le droit de nous juger, nous les endeuillés, parce que nul ne sait ce par quoi nous sommes passés. Depuis longtemps, l'avis des autres ne m'importe plus, j'ai payé le prix de mon indépendance. Et ce prix-là, personne ne le voudrait !...
Aussi insondable que soit le gouffre dans lequel nous sommes un jour tombés, nous nous relevons. Alors je vous dis courage et vous envoie plein de force, à vous dont le deuil est si récent.
Amitié.
B.