FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Pervenche le 08 juillet 2012 à 20:51:23
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Bonjour,
Mon compagnon Bruno a été victime d'un ACR dans la nuit au mois de mars. J'ai suivi les conseils du service des urgences. J'ai tenté effectué un massage cardiaque sur le lit car je n'ai pas pu le mettre par terre. Les secours sont arrivés et ils ont fait repartir son coeur mais le cerveau a été oxygéné à bas débit trop longtemps. Il est resté dans un comas anoxique pendant 15 jours et nous avons débranché le respirateur.
Je l'ai vu mourir deux fois.
Tout a été très violent et j'ai du mal à surmonter ces images.
Mon compagnon était un homme si doux, si gentil. Nous vivions ensemble depuis presque deux ans. Tout était bien. Je n'avais jamais été si en sécurité avec quelqu'un... nous étions amoureux. Pas un amour passionnel, juste heureux. La violence de ses derniers instants sont tellement en contradiction avec ce qu'il était, j'espère tellement qu'il n'a pas souffert....
Je suis souvent venue en visiteuse sur ce site. Les modules m'aident. Je pense qu'aujourd'hui, je suis à l'étape de déstructuration. La douleur me semble être si forte, intolérable. Je croyais avancer, et tout à coup je m'aperçois que le vide est là et la souffrance me semble être encore pire qu'au début.
Il me manque tellement, ses bras, ses mots, son corps, tous nos éclats de rire... Nous étions au début de notre histoire, nous voulions vraiment qu'elle marche. Nous savions que nous avions quelque chose de précieux. Pourquoi cela n'a t'il pas duré ?
Et maintenant ? ce temps qui m'éloigne et me rapproche de lui. Que faire de tout ce temps ? Nos enfants respectifs sont adorables avec moi, j'ai beaucoup de chance. Sa famille, son ex femme, tout le monde a été formidable.
Mais malgré tout, chacun est retourné à sa vie. Moi, il était mon quotidien, ma douceur. Pour les autres, cela fait 3 mois, et il est normal que la vie continue. Moi, je voudrais que le temps passe plus vite pour que mon deuil soit moins douloureux !
J'ai tellement l'impression d'être en décalage par rapport à mes amis. Je crois que le deuil nous marque à jamais. Les choses n'ont plus la même importance aujourd'hui. J'ai envie de rapport vrais avec les autres et pourtant je n'arrive pas à aller au devant d'eux...
Bruno, mon ange, merci pour tout le bonheur que tu m'as apporté. Tu es pour toujours en moi.
Merci de m'avoir lue.
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Bonjour Pervenche,
Trois mois, c'est très très court, on est encore dans la souffrance pure. Ce quotidien qui te manque, son corps, sa gentillesse, ce que vous aviez créé, tout ce que vous vouliez créer... tout, encore tout est coloré de son absence.
Tiens, puisque tu sembles "online" en ce moment, tu pourrais venir nous parler plus longuement de lui, ou des derniers instants. Présente-nous ton amoureux, parle-nous de lui.
Et surtout, continue à croire que ça ira mieux, c'est promis. Tu ne récupéreras pas l'homme que tu as connu, mais tu l'auras différemment, à l'intérieur de toi, tout pur.
Courage, Caro xx
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Bonsoir Caroline,
Merci pour ce gentil message. Comment décrire Bruno ? Il était le contraire de tout ce que j'avais vécu. Ce que j'aime en lui c'était sa constance, sa douceur. Il était un vrai gentil. Trop gentil parfois. Les messages de sympathie que nous avons reçus aux obsèques parlaient de sa gentillesse, de sa bonté. Il avait rendu service à tant de gens par son écoute attentive.
Nous revenions d'un cour séjour en normandie. Je lui avait dit que chaque jour, je découvrais de nouvelles qualités. Contrairement aux autres hommes qui partaient "avec un capital de points et qui à chaque fois, par leur comportement, avait -1 point -1 -1..." lui c'était le contraire. Au début, je n'avais pas très envie de le fréquenter. Il ne correspondait pas à l'image "virile" que j'avais dans la tête.
Il a fait du forcing. Je crois, je sais qu'il est tombé amoureux avant moi. J'ai appris à le connaître à aimer sa sensibilité, sa grandeur d'âme. Il me disait "tu es tout pour moi". J'aimais qu'il m'aime autant. C'était la première fois de ma vie et j'ai 48 ans. C'est un amour qui s'est construit petit à petit.
Il avait le sourire toujours. De l'humour. Nous ne nous disputions pas vraiment. Il n'y a pas de choses sur lesquelles j'ai de réels regrets du genre "si j'avais su, j'aurais fait telle ou telle chose". Non, nous étions un couple simple, mais avec une réelle intimité de l'esprit.
Mais ce que j'aimais le plus, c'était cette constance dans ses sentiments. Même quand nous étions en désaccord sur quelque chose. Difficile de se disputer avec lui ! et pourtant, en chipie j'y mettais une sacrée bonne volonté parfois.
Il était facile à vivre, participait à tout dans la maison. Nous pouvions parler de tout. Moi, j'ai toujours peur de tout. Les démarches, les problèmes.... Il me disait "ne t'inquiète pas, je m'en charge".
Il organisait et me faisait participer au choix des sorties, des activités. Nous faisions tout ensemble et du coup, rien n'était une charge. Nous avons fait quantité de choses en un peu plus d'un an et demi : ciné, voyages, famille, vacances, lido, théatre, center parc, promenades.... Une vie en accéléré.
Je lui disais qu'il se rapprochait du prince charmant... et pourtant au début, il ne me plaisait pas du tout !
Avec son décès, j'ai eu l'occasion de voir qu'il n'avait pas une grande part d'ombre. Il était tel qu'il semblait être. Pas de gros secrets. C'est la première fois que je rencontre une vraie personne.
Ses défauts ? oui il en avait : il ne me laissait pas trop mon individualité. Mais il faisait des progrès et avait commencé un livre sur le sujet :"osez la vie à 2". Nous devions le lire à tour de rôle. Nous voulions tant que notre couple fonctionne.
C'était presque trop beau. Je crois que j'ai eu beaucoup de chance mais si peu de temps. La vie n'offre pas de tels cadeaux plusieurs fois. Alors quel avenir ? revivre dans ma tête en boucle mon histoire ?
C'est tellement difficile. J'ai honte de me plaindre avec la chance que j'ai eue. Et pourtant je n'arrête pas de pleurer. c'est comme si j'étais une fontaine. Je suis égoïste quand je pense qu'il y a tant de souffrance par le monde.
J'aimerais te croire Caroline, quand tu dis que cela ira mieux... Es tu passée par tout ce chemin ? combien de temps souffre t'on ?Est ce normal de ressentir une douleur physique ? Ses bras me manquent tant ! Il était si rassurant, je me sens perdue sans lui. Et pourtant avant lui, je vivais sans ce manque. Comment quelqu'un peut prendre autant de place dans notre vie en si peu de temps et laisser tant de vide ?
La semaine prochaine, je vais sur la tombe de Bruno, où sont ses cendres. Ce n'est d'habitude pas mon truc. Mais là, j'en ai besoin. C'est en province et j'irai avec sa maman. Je n'ai pas de culture religieuse. Lui croyait en Dieu, c'était très important pour lui. Depuis mars, je suis allée à l'église me disant que j'y trouverais peut être la paix. Mais parfois j'en veux à ce Dieu s'il existe... alors, je me dis que si je lui en veux, c'est que je lui reconnais une existence... et je pleurs encore.
Merci pour cet espace qui m'a permis de parler. C'est difficile et mes larmes coulent en même temps que j'écris. Je ne sais pas trop qui cela peut intéresser... Peut être juste que ça me libère. Il y a bien un moment où il n'y a plus de larmes... je suis une vraie fontaine depuis 3 mois.
Merci
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pervenche,
je ne sais si je peux trouver les mots pour t'apporter un peu de réconfort ,mais je sais qu'ici j'ai trouvé un espace d'expression d'écoute et de soutien , et je souhaite d'en trouver aussi.
oui , le deuil nous amène à changer, ce processus de changement qu'est la traversée du deuil , il nous faut l'accueillir, l'accompagner pour ne pas se perdre en chemin. Alors il ne faut pas hésiter à se faire aider , à se faire du bien
il nous faut accepter la douleur , les émotions , comprendre pourquoi ces ressentis et, profiter des moments de répit
avec toute mon amitié
orchis
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Merci Orchis
Me décider ce soir de m'inscrire m'a coûté. Oui, la douleur est là, peut être encore plus intense que durant toutes ces longues semaines.
Je croyais être la seule à souffrir et je découvre que tant d'entre nous ont vécu cela. Je ne croyais pas que tant de gens avaient pu aimer si sincèrement.
Je viens de lire un autre post. celui de Caroline sur la troisième étape. J'ai du mal à me concentrer et je relirai demain. Mais je découvre une telle richesse intérieure de l'être humain. une telle générosité !
Même cela me touche et me fait mal. Je crois qu'en effet, ceux qui ont vécu cela ne seront plus jamais les mêmes. Ils sont en marge du quotidien. En dehors de la médiocrité. Il y a une telle intensité dans la douleur. Une telle quête d'absolu.
Je vais essayer d'apprivoiser ma souffrance. Je me surprends à faire mes choix en fonction de ce qu'aurait fait Bruno.
Cela a été difficile pour moi de franchir le pas de l'inscription sur ce forum, de me livrer. J'ai essayé mais je sais que je n'y arriverai pas seule alors merci pour cet accueil.
Bonne nuit
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Pervenche,
Je comprends qu'il soit difficile pour certains d'entre nous de se livrer, de parler de sa souffrance, de dévoiler sa personnalité à travers un forum, à des inconnus virtuels.
Je me suis moi même inscrite ici environ 3 mois après le décès de mon mari et j'y ai trouvé beaucoup de réconfort, tout d'abord par le fait de m'etre sentie moins seule dans ma souffrance, puis d'avoir été écoutée, comprise, réconfortée par des personnes bienveillantes et chaleureuses.
Alors, Pervenche, je pense que tu as bien fait de venir nous rejoindre et si cela te fait du bien, tu peux nous raconter encore et encore tes souffrances mais aussi tes moments de bonheur avec l'homme que tu as aimé ...
Je te souhaite aussi une douce nuit
Karine
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Merci Karine de ce message d'accueil.
Une nouvelle nuit sans lui. Le sommeil qui fuit. Puis les cauchemars. Les détails horribles et violents de la nuit de son arrêt cardiorespiratoire.
1ère mort
Les détails du débranchement. L'horreur totale de la violence de l'étouffement.
2ème mort
et pourtant il n'y a pas eu le choix.
J'avais accompagné mon père jusqu'au bout. Son départ s'était fait en douceur.
Mais là. Non ! Je pense que personne ne pouvait prévoir cette violence. Les réactions du corps après la mort....
J'ai mal mais lui ? a t'il souffert ? il parait que non. qu'il était mort cérébralement depuis 15 jours. La deuxième fois c'était juste son écorce corporelle. Mais nous avons tellement espéré en 15 jours, malgré le peu d'espoir de la première nuit. Il fallait au corps médical des certitudes. 15 jours : le temps de dire au revoir pour tout le monde, le temps de dire ce qu'ils n'avaient jamais dit. 15 jours de complications : pneumonie due au respirateur, fièvre, convulsions....
15 jours qui n'auraient pas existé si je n'avais pas fait de massage cardiaque.
15 jours qui ont permis des examens génétiques. Pour ses enfants.
On m'a remercié, et moi j'ai culpabilisé. Avec le recul, je sais qu'il n'y avait pas d'autre choix. J'ai fait ce que tout le monde aurait fait. Mais au delà de 3 minutes d'arrêt les chances de survie diminuent de 10% à chaque minute...
Apprendre les gestes de premiers secours. Avoir un défibrillateur électrique. Ce devrait être obligatoire.
Savoir que le massage cardiaque sert à oxygéner le cerveau.
Et moi, je ne savais pas. j'ai appris dans la panique, en pleine nuit. Sans comprendre ce qui arrivait.
Et puis l'autopsie. Pas de raison, rien. Mon amour est mort et il n'y a pas d'explication.
Le don de la cornée. Qui n'a pas servi. Mais je ne regrette pas ce don. J'aurais seulement préféré qu'il soit utile. Parce que Bruno aurait aimé aidé quelqu'un une dernière fois.
Mes larmes coulent encore en écrivant cela. Et pourtant, malgré tout, je vous épargne la description des vrais détails.
Et ce matin, je suis en vacances. Sans lui.
Un nouveau jour sans toi, mon ange.
Peut être que je vais très mal parce que je sais que nous avons rendez vous sur ta tombe dans quelques jours. J'ai envie d'aller te voir et pourtant je redoute ce moment.
Peut être ce besoin de donner une vraie réalité à ton départ. Plus que d'enlever tes vêtements de l'armoire, d'ouvrir ton courrier, de recevoir tes enfants sans toi.
J'ai eu beau changer des petites choses à la maison, tu es partout. Ce lit où j'ai tenté de te sauver. Cette île qui était notre où nous nous retrouvions chaque nuit...
Désolée, je n'arrête pas de penser à moi. Je n'arrive pas à m'ouvrir à la souffrance des autres. J'aimerais pouvoir être attentive comme je l'étais, comme nous l'étions. Mais aujourd'hui, il n'y a que cette douleur au fond de moi.
Comme un retour aux premiers jours en avril.
Demain cela fera 3 mois.
Claire
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Chère Pervenche,
Comment pourrais-tu penser à autre chose en ce moment et t’occuper des autres. Il y aura le temps pour cela. Laisse couler tes larmes, elles t'apaiseront.
C’est une belle histoire d’amour que la vôtre.
Moi aussi, j’ai fait du massage cardiaque à mon mari selon les instructions d’un service des urgences (je l’avais appris, mais cela faisait trop longtemps pour le faire sans instructions). L’instant d’avant, il s’était effondré, inconscient et s’arrêtait de respirer à côté de moi, alors que j’appelais les urgences. Il a repris sa respiration suite au massage cardiaque, mais il restait inconscient. Je lui parlais sans arrêt et le suppliais de revenir. Je lui ai dit tout ce que je souhaitais lui dire. Peut-être vingt longues minutes plus tard ou même plus, les pompiers sont arrivés, puis les urgentistes. Ils m’ont dit de m’éloigner. Je me préparais déjà pour les suivre à l’hôpital et écrivais un mot pour notre seconde fille qui devait rentrer de son stage. Elle est rentrée. Elle avait eu l’intuition qu’il fallait qu’elle se dépêche pour rentrer. Je l’ai mise au courant. Elle ne voulait pas entrer dans la maison pour assister à la réanimation. Je suis restée avec elle dans le jardin. Nous nous sommes tenues et avons parlé à son âme. Au bout d’une heure, ils nous ont dit qu’il était décédé d’un AVC.
En arrivant, les pompiers me disaient que j’avais fait ce qu’il fallait. Moi aussi, je me dis qu’il aurait eu une mort rapide et paisible si je n’avais pas tenté de le réanimer. Mais je n’ai pas réfléchi. Au moins, je ne peux pas m’en vouloir de ne pas avoir agi. A midi même, nous avions parlé tous les trois d’AVC et qu’il valait mieux pouvoir partir que de rester en vie avec d’horribles séquelles. Pour faire mon deuil pour mon mari, cela nous aide de savoir qu’il aurait préféré cette issue.
Nous étions déjà en deuil pour ma fille ainée décédée sept mois et un jour avant son papa. Je viens de lire qu’il faudrait surveiller préventivement les personnes endeuillées, car les infarctus et les AVC sont fréquents pendant un deuil.
J’aimerais dire ici, que les urgentistes se sont bien occupés de ma fille et moi après le décès et ne sont partis qu’une fois que nous avions de l’aide extérieur.
Pervenche, as-tu déjà écouté la conférence du Dr. Fauré ou des modules vidéo ? Ils t’aideront à comprendre ce qui se passe en toi :
http://www.inrees.com/Conferences/dimensions-du-deuil-Comment-vivre-le-deuil/
http://www.traverserledeuil.com/etre-accompagne/les-modules-daccompagnement
Je te souhaite beaucoup de patience. Prends bien soin de toi
Méduse
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Claire,
Ton histoire me ramène 7 mois en arrière, le matin de son décès, arrêt cardiaque aussi. Contrairement à toi, je n'ai pas su faire les gestes pour tenter de le sauver et me suis trouvée à ce moment là complètement incompétente (voir même "potiche"), quand les secours sont arrivés, il était déjà trop tard. Mais finalement, comme Méduse, je me suis aussi dit "n'étais-ce pas mieux finalement ?"
Comment t'ouvrir aux autres après le tsunami qui vient de balayer toute ta vie ? Tu n'as pas à culpabiliser pour ça, chaque chose en son temps, tu as déjà tant à gérer ...
Marina m'a dit un jour : "même si toi, tu ne le vois pas, tu as déjà bien avancé sur le chemin : tu t'inquiètes des autres ..."
Je t'embrasse
Karine
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Merci Méduse, et merci Karine,
Nous sommes toutes les trois concernées par un arrêt cardiaque. Même si AVC est différent de ACR...
Méduse, comment se fait il que vous en ayiez parlé le midi même ? y avait il des signes ? Tu dis t'être inscrite au bout de trois mois... comme moi. Tu as fait ce que tu as pu. Je comprends combien c'était difficile. Mais il y avait ta fille. Vous avez pu parler à son âme. Comment te sens tu maintenant ? le sens tu proche de toi ? et pour ta fille ? vous avez déjà tellement souffert toutes les deux.
Merci pour les sites. J'avais regardé les vidéos sur ce site. Mais je ne connaissais pas le séminaire sur les dimensions du deuil. J'ai un peu de mal à le regarder car il s'arrête régulièrement et je suis obligée de le mettre en pause pour pouvoir le regarder sans interruption.... Je suis stupéfaire de découvrir ce psy. Je me retrouve tellement dans ce qu'il décrit. Et pourtant je n'en suis qu'à un peu plus de la moitié.
Karine, tu te reproches d'être restée comme une potiche. Non, chacun réagit comme il peut. C'est très impressionnant. Il faut déjà réaliser ce qui est en train de se passer. De ce que j'ai compris dans le cas d'un ACR, c'est que même avec un massage cardiaque, cela ne suffit pas à sauver la personne. Il faut un défibrillateur électrique. Le massage ne sert qu'à oxygéner mais très très peu. Je crois qu'il faut un miracle pour sauver sans séquelles lourdes.
Au dessus de 3 minutes d'arrêt, c'est 10% de survie en moins chaque minute... Tu n'as absolument rien à te reprocher, je t'assure.
Et toi, après ces 7 mois, qu'en est il de ton chemin ?
Arrivez vous à avoir des moments où l'être (les êtres pour toi Méduse) que vous avez perdus"s'éloignent" de vos pensées ?
J'ai vraiment l'impression de devenir folle. Pas un instant de répit. Bruno est mon obsession.
J'ai relevé une phrase de C. FAURE qui correspond tellement à ce que nous vivons : "un processus de solitude ultime;"
J'ai usé et repassé tant de fois les images des horreurs que je pensais qu'elles me blesseraient moins mais c'est toujours là. J'ai eu le besoin de décortiquer le processus de l'ACR, de comprendre ce qui c'est passé.
Il n'y a rien à comprendre : une lumière s'est éteinte sans raison. Violemment. Alors que nous étions heureux. C'est l'absurdité de ce manque de raison médicale qu me donne envie de hurler l'injustice.
Bruno était heureux. Tout le monde me dit qu'il est mort heureux. Quelle consolation ! oui, je n'ai rien à regretter que notre bonheur, la douceur de la vie avec lui.
Je sais que cela ne fait que 3 mois et déjà, j'entends que la vie continue, que je referai surement ma vie parce que je suis jeune.
Un docteur-collègue m'a dit que je ressortirai de ce processus mieux que d'autres car j'ai eu le besoin de tout comprendre sur ce qui s'est passé. De rechercher le résultat de l'autopsie, de savoir si le don d'organe avait servi. Besoin de savoir pour la recherche génétique en cours....
J'ai toujours eu besoin de décortiquer tout. D'habitude, je le fais pour aider les autres et me voilà, seule. Car déjà, les collègues et amis trouvent qu'au bout de trois mois je devrais aller mieux, sortir...
Mais je n'ai rien envie de faire sans lui. Même si parfois je n'arrive toujours pas à y croire, je sais maintenant qu'il ne reviendra pas. Qu'il est mort.
J'ai tellement conscience du manque. Pour chaque geste, chaque chose de ma vie.
J'ai cru comprendre que cette étape la 3ème, intervenait bien plus tard. Pourtant, j'ai bien l'impression d'y être. Cette souffrance physique intolérable. l'impression d'être folle. cette douleur dans les tripes.
pardon pour le vocabulaire.
Est ce possible ? déjà ? est ce vrai qu'on n'a pas mal en continue ? moi, c'est là depuis 15 jours horribles. J'ai l'impression que les antidépresseurs n'ont plus l'effet de me donner la pêche. je ne dors plus. Je mange pour combler le vide.
Est ce cela la troisième étape ?
Je ne sais pas quoi faire de ces vacances à part aller voir sa maman et me rendre sur la tombe.
Oui, j'ai vu que les endeuillés sont susceptibles de faire aussi un arrêt cardiaque. J'aimerais parfois que cela m'arrive pour ne plus avoir cette peine qui m'englue !
J'espère que vous toutes qui m'avez si gentillement accueillie, Caroline, Orchis, Méduse et Chris ka vous arrivez à voir une lumière.
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Claire,
Mort subite m'a t-on dit, alors tout comme toi, j'ose espèrer qu'il n'a pas souffert ...
Effectivement, même s'il est encore trop tôt pour faire le bilan de mon deuil, je m'aperçois aujourd'hui après 7 mois que mon cerveau, mes pensées sont moins en ébullition, même si je n'ai pas encore récupéré toutes mes facultés :o j'arrive de temps en temps à penser à autre chose. Cette impression de perdre pied, de devenir folle comme tu dis, revient par vague et la, ce sont des moments très difficiles, des moments ou je me demande comment je vais me sortir de tout ça.
J'ai 41 ans, deux petites filles et ma vie est désormais recentrée sur leur bien être. La vision que j'avais de la vie a complètement été modifiée, moi qui aimais prévoir, organiser à l'avance, je vis desormais au jour le jour, l'instant présent, sans me projeter dans l'avenir puisque je sais maintenant que la vie ne tient qu'à un fil et que celui-ci me paraît de toute façon bien sombre ....
Quelques personnes (bienveillantes ?) m'ont aussi dit que mon âge était un atout mais ce n'est pas ce que je souhaite entendre, en tout cas pas pour le moment !
On avance pas a pas, jour après jour, mais p...... Que c'est difficile et douloureux !
Je t'embrasse
Karine
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bonjour Pervenche;
tu écris "Cette souffrance physique intolérable. l'impression d'être folle. cette douleur dans les tripes.
est ce vrai qu'on n'a pas mal en continue ?"
je retrouve ce que moi aussi j'ai écrit , il y a plus d'un an...
la souffrance dans tout le corps ; en ce qui me concerne j'ai tenu jusqu'à l'enterrement , et je me suis retrouvé le lendemain avec des douleurs dans les genoux , je savais à peine marcher ..il m'a fallu près d'un an , et les soins d'un kiné ostéopathe pour aller vraiment mieux physiquement..
et puis la sensation de devenir folle, de ne plus savoir faire ce qui était évident 'avant'..
de devoir tout 'ré-apprendre'
et cette question lançinante : est-ce qu'un jour on a moins mal ?
alors aujourd'hui, je voudrais te dire comme on me l'a dit : oui , on survit , et puis on revit , un jour à la fois..
il ne s'agit pas de se construire une autre vie , mais une 'vie autre';
autre parce qu'il n'y a plus la présence au réveil à coté de soi, parce qu'il n'y a plus une épaule où poser sa tête, parce qu'il n'y a plus la porte du garage ouverte quand je reviens et qui me disait 'je t'attends'...
autre, mais avec la présence de notre moitié qui s'installe en nous .
et je réapprends à sourire en regardant nos petits enfants, même la petite dernière qu'il n'a jamais eu dans les bras , puisqu'elle est née 9 mois jour pour jour après son départ.. sourire, comme il le faisait, en regardant les arbres du jardin , ou un petit lapin venu manger les fraises sauvages qui poussent au bord de la terrasse.
Alors , oui , la douleur, comme la vague , s'en va et revient, plus ou moins violente;
la vague , avec ses creux , mais aussi la vague qui nous porte et nous permet de sortir la tête de l'eau..
alors soit patiente , et surtout prends soin de toi
je t'embrasse
marie-claire
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Merci Marie Claire,
C'est un joli message... J'ai l'impression que ton mari et toi aviez une vie pleine de douceurs et de tendresse. Ces petits gestes qu'on croit être les seuls à comprendre... ces sourires, cette épaule rassurante. Oui, tout cela me manque à moi aussi.
Je ne sais plus trop où est ma place et j'ai du mal à imaginer pouvoir supporter cela dans la durée. Le silence malgré la télé. La solitude malgré les collègues au travail. Se forcer à sourire. Ne pas imposer sa peine aux autres parce que je comprends que mon désarroi déstabilise jusqu'à mon médecin.
Je me mets à la place de ces autres pour qui je suis "celle qui a perdu son compagnon" et rien que cela. Je comprends leur malaise. qu'aurais je fait de mieux à leur place. Pourtant mon malheur n'est pas contagieux. Même les enfants de Bruno ne prononcent jamais son nom. C'est là, entre nous et moi, je parle de lui mais j'ai l'impression que ca les gêne alors, je me replie derrière un sourire.
Et à peine seule, la porte refermée, les larmes, et de nouveaux les images de sa mort. encore et encore. Stress post traumatique. C'est normal il parait.
Je voudrais être prise dans des bras, et pourtant je ne supporte pas le contact. C'est lui que je voudrais et il ne viendra plus. Plus de textos, plus de petits mots répartis dans la maison. Je regarde par la fenêtre mais il n'arrivera plus. Je pourrais hurler ma douleur, négocier avec un Dieu, rien ne changera. Et ce constat est horrible. Tout cet inachevé. Tout ce que Bruno ne verra plus : le soleil qui se lève, les fleurs qu'il aimait tant. Pourquoi nous ?
Ma fille est grande. Ses fils aussi. Il n'y a plus de "nous". Je ne comprends plus le sens de rien. Je n'ai pas de gout à rien. Je croyais aller mieux. Et là, c'est pire. Me voit il ? Quel est le but de tout cela ? pourquoi souffre t'on autant ?
Que dois je faire ? attendre que le processus s'accomplisse ? mais pourquoi ? Je ne vois plus d'avenir. Je suis si fatiguée. J'ai honte de me plaindre. J'ai au moins connu le bonheur. entier. j'étais traitée en princesse. C'est peut être aussi parce que je suis bien consciente des "pertes secondaires" : je n'avais jamais été aimée comme cela. Il me donnait confiance. Il me valorisait. j'étais belle pour lui. Moi qui suis si complexée, il me rendait heureuse.
Il m'a tant donné, je crois que je lui ai donné aussi. Je suis heureuse d'avoir eu la chance de connaitre cela et je ne devrais pas me plaindre. Mais si peu de temps !!! je me sens vide maintenant, sans lui.
Je vois que tu as des petits enfants. C'est merveilleux. Ma fille pour moi est ce que j'ai de plus cher. J'ai maintenant peur pour elle. La vie est si courte. Et parfois, elle ne tient qu'à un fil. Cette fragilité m'effraie pour les autres. Moi j'aimerais me laisser emporter mais sans souffrir.
je suis incapable de me projeter, de faire des projets. moi qui aimait tout prévoir, une manière de tout maitriser. Mais non, on n'a pas de maitrise sur la vie.
Merci pour ton encouragement Marie Claire... Pour l'instant j'ai la tête sous la vague. Pourquoi ne m'emporte t'elle pas ?
bon courage à toi aussi, car je me doute que le chemin est encore long. As tu réappris à marcher sans souffrir ? n'as tu plus mal dans les genoux ?
prends soin de toi
Claire
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Hier, Je me suis noyée dans des occupations, j'ai emmenée ma tante de 80 ans faire les boutiques. Pour lui faire plaisir. Mais surtout pour ne pas penser qu'il y a trois mois j'ai vécu l'enfer en te voyant t'étouffer en débranchant le respirateur.
Ces images qui m'obsèdent, qui viennent en boucle et qui, encore plus difficile que ton ACR m'ont fait te voir mourir une deuxième fois mon amour, avec tant de violence.
Aujourd'hui, je pars voir ta maman pour quelques jours. Nous irons sur la tombe où se trouvent tes cendres. Mais où es tu ? qu'il a t'il ? nous vois tu ? Pourquoi es tu parti ? N'as tu vraiment pas eu conscience de ce qui se passait ?
Mes jours mes nuits sans toi. Il n'y a plus de sens à rien. l'absurdité de toute cette souffrance. Le manque. Le vide.
Sourire. continuer. faire semblant. et puis toutes ces larmes qui n'en finissent pas dès que je suis seule. tout me ramène à toi. A cet inachevé.
Mais surtout encore et encore en obsession ces images comme si tu étais sur une chaise électrique. Je ne pense qu'à ça. Encore plus que ta mort, je n'avance plus. Je suis si fatiguée. J'ai tellement l'impression de régresser sur ce chemin. J'ai encore plus mal qu'au début. Je pensais que ces images s'effaceraient. Elles viennent supplanter tous nos jolis souvenirs. Elles gâchent toutes les belles choses que nous avons vécues. Le reste est en plan arrière si loin si loin.
Je voudrais ne pas avoir fait le massage, ne pas avoir vécu ces 15 jours de coma, de faux espoirs... jusqu'à cela.
J'aurais peut être mieux vécu le reste, l'absence, le manque de toi, la perte de notre amour, de notre avenir qui se construisait. Nous étions si heureux, mais là j'ai parfois du mal à croire que cela a pu arriver.
Une amie infirmière qui a travaillé en réa nous a dit à ma tante que jamais elle n'avait vu que les proches assistent à ce qui s'est passé. Qu'elle même n'y a jamais assisté et qu'elle trouvait cela inadmissible.
Je n'arrive pourtant pas à vraiment en vouloir au corps médical. Je pense qu'ils ont été choqués aussi, qu'ils ne pouvaient pas prévoir tant de violence;
Mon Amour, toi si doux, si attentionné, tu ne méritais pas cette fin. Je voudrais croire que tu n'as rien senti. Que ce n'était que réactions corporelles comme cela m'a été dit. Que tu étais vraiment mort 15 jours plus tôt cette nuit là.
Je pars vers ce qui reste de toi dans quelques heures. Dures journées à venir.
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Chère Pervenche,
Pour moi, ce sont surtout les événements entourant le décès de ma fille et ce qu’on m’a dit de ses dernières heures (j’étais à 800 km d’elle et ne pouvait pas la rejoindre à temps) qui sont passés en boucle. Maintenant, je les ai « usé » et je peux m’empêcher d’y penser. Patience, trois mois, c'est si peu !
Maintenant, je ne ressens plus de douleur physique dû à mon chagrin, juste un épuisement total après tous ces mois sans répit. J'ai l'impression que cet épuisement m'oblige à prendre soin de moi et m'empêche même de penser aux disparus. Et puis, ma fille n'est plus seule puisque mon mari est avec elle. J'ai ressenti cela très fort.
Comme je crois, rien n'est plus fort que la douleur lors de la perte d'un enfant, j'étais comme préparée à celle de mon mari et à toutes les pertes à venir. En plus, j'en suis même un peu jalouse de ne pas être à sa place.
Ce qui me donne de l’espoir, c’est d’avoir découvert les expériences proches de la mort car cela m’a donné la conviction que je retrouverai mes chers disparus.
Je te mets des liens d sites qui en parlent :
http://www.psychologies.com/Moi/Epreuves/Deuil/Articles-et-Dossiers/Voir-la-mort-et-revenir
http://www.nderf.org/French/index.htm
Je te mets ici une copie de ce que j’ai écrit par ailleurs :
De nombreux médecins en ont réuni des témoignages comme par exemple le Dr. Elisabeth Kübler-Ross dans son livre « La mort est un nouveau soleil ». Elle était psychiatre et a accompagné et écouté des mourants pendant toute sa vie et a essayé de percer le mystère de la mort. Je connais ce livre presque par cœur. J’ai l’impression de suivre un peu ma fille et mon mari de cette façon-là, de m’approcher d’eux. Ce sont ces témoignages qui m’ont donné la certitude que la mort n’est pas une fin et que la vie a un sens. J’ai la certitude que je vais retrouver ma fille, il me faudra juste patienter. Les preuves qu’ils ont données m’ont convaincues de la réalité des témoignages (des personnes dans le coma ou cliniquement mort qui savaient où des objets avaient été posés, une petite fille qui se disait accueillie par un frère alors que personne ne lui avait jamais parlé de ce frère mort avant sa naissance !).
J’espère que cela pourra te donner aussi un peu de paix.
Méduse
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Ces images qui m'obsèdent, qui viennent en boucle
Bonjour Pervenche
Comme vous l'avez dit dans un autre post, vous souffrez certainement d'un syndrome de stress post traumatique. Je suis passée par là aussi, et j'ai mis beaucoup de temps, trop de temps à le prendre au sérieux. Des mois d'insomnies, d'angoisses, de cerveau qui se vide brusquement, les images, les sons et des odeurs du traumatisme qui surgissement brusquement n'importe quand, n'importe où coupant le souffle, paralysant tout mouvement, faisant perdre tous les moyens (physiques et intellectuels). Cela avait fini par devenir handicapant.
J'ai finalement choisi de faire des séances d'EMDR. C'est très difficile et très éprouvant mais grâce à cela j'ai pu intégrer ce qui c'était passé, les instants traumatiques qui étaient sur "arrêt" se sont remis en marche, se sont reliés, ont pris leur place. Il faut bien se renseigner et bien choisir le psy avec qui le faire. Je me permets de vous conseiller cette pratique qui a bien marché pour moi. Les images ne se sont pas effacées bien sur, mais je peux les regarder, me laisser traverser par elles, et les laisser vivre et reposer avec mes autres souvenirs.
Bon courage Pervenche, prenez soin de vous
Pensées douces
Adèle
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Chère Pervenche,
Adèle te donne un très non conseil, tu as vécu quelque chose de si traumatisant , ta blessure est profonde, il faut te la soigner correctement.
toutes ces questions tous ses sentiments qui se bousculent, les derniers souvenirs qui prennent le dessus des bons, je te comprendsje ressens cela aussi
je suis de tout coeur avec toi
amicalement
Orchis
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Chères Méduse, Orchis, Adèle, Merci de vos messages de sympathie et de tes liens Méduse.
Je suis partie quelques jours en province chez la maman de Bruno. Nous avons été sur la tombe où reposent ses cendres.
J'ai du mal à imaginer qu'il soit là, sous terre. Et pourtant peut être avais je besoin d'y retourner pour que sa mort devienne réalité.
Pourtant, étrangement, j'ai eu 2 nuits où j'ai dormi. Bien sûr, les insomnies sont revenues. Mais je ne pense plus en boucle au débranchement.
Nous avons parlé de Bruno pendant ces quelques jours, de celui que j'aime, du fils qu'il était. Nous lui avons redonné "une vie". Pour moi, depuis, son image n'est plus "bloquée" sur la fin. C'est comme si, nous avions fait "redémarrer" le "film".
Peut être cela a t'il finalement été bénéfique. Mon chagrin est toujours là mais il me semble que quelque chose a changé.
J'ai pris une photo de la tombe. J'ai aménagé sur sa table de nuit un petit coin avec une photo de lui, une de nous, une bougie et des fleurs.
J'ai eu du mal à me reconnecter. J'ai regardé vos posts. J'ai hésité. Un peu comme si j'avais honte d'avoir écrit ce que j'ai écrit. Je me suis livrée. C'est difficile. Pourtant, merci.
Que c'est difficile sans lui ! je me sens tellement inutile. Je me demande pour quoi ? pour qui ? j'attends que chaque jour passe et m'éloigne de ma douleur. Je me sens si seule sans ses bras.
Merci à vous tous. Par vos témoignages, j'ai l'impression de retrouver des gens qui ne sont pas en décalage avec moi. Merci du cadeau que vous faites en vous livrant, en disant votre amour, vos peines, vos doutes, votre solitude. Merci de la confiance accordée.
Pour chacun et chacune d'entre vous, puissiez vous recevoir autant que vous donnez.
Claire
-
Claire,
Tu avances petit à petit, les souvenirs heureux, de bonheur remontent à la surface.
Que c'est bon de pouvoir parler de nos amours, d'évoquer les bons moments ... Encore faut-il trouver un interlocuteur réceptif !
Tu l'as trouvé en ta belle-mère qui connaissait aussi son fils mieux que quiconque et vos échanges ont du vous faire du bien, à toutes les deux.
Tu as raison, nous sommes ici totalement "raccord" avec toi, le manque, la douleur qui persiste, nous connaissons ....
Prends soin de toi et reviens nous donner de tes nouvelles
Je t'embrasse
Karine
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Merci Karine,
J'avance un peu plus depuis ces derniers jours. Grâce à ce site, au soutien que je ressens, cette souffrance commune. Je me sens moins seule. Je découvre que Bruno n'est pas le seul à être décédé il y a peu.
Je me rends compte que d'autres couples étaient heureux, que le bonheur leur a été enlevé.
je comprends la souffrance de chacune, je la ressens dans mes tripes.
Il est vrai qu'une telle épreuve nous fait changer. Ca fait mal de prendre conscience de la fragilité de la vie. Avant je voyais cela de très loin. Je compatissais et hop je passais à autre chose. J'avais ma vie, mon quotidien.
Aujourd'hui, la souffrance et le chagrin sont mon quotidien. Comme le tien, comme celui de tous ceux qui viennent témoigner ici.
Douce nuit pleine de jolis rêves des bons moments vécus... Même si, comme évoqué par un autre Bruno dans un autre post, cela peut laisser un manque encore plus grand...
Moi, j'aimerais rêver de mon Bruno, mon amour...
Prends bien soin de toi aussi Karine.
Claire
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Bonsoir Claire,
Oui, la souffrance de la perte d'un proche est immense, et ton histoire, ta peine, elle est unique. Oui, plein de couples heureux qui ne sont plus ensemble, même les plus vieux, même ceux qui ne l'étaient pas tant que ça... vivent une immense perte.
On ne peut comprendre que lorsqu'on l'a vécu, et toi, tout comme nous, on l'a vécu de très près. Tellement que toute notre vie est chamboulée, comme elle ne le sera peut-être plus, sauf au moment de notre propre mort.
Tu es courageuse et la lumière, la paix est très proche.
Bonne nuit!
Caroline
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Le cèdre centenaire et majestueux étale ses branches jusqu'au sol, les parterres de roses et d’hortensias bleus se dressent fièrement le long du chemin, ça sent le chèvrefeuille et la pelouse fraichement coupée. Arrête toi une minute avec moi. Il sont là dans toutes ces merveilles.
Chère Pâquerette,
J'ai lu ton message en " invitée". Il m'a émue. Les larmes... encore !
J'ai eu besoin d'un moment pour me reprendre. A chaque fois, j'ai du mal à me connecter, à me livrer.
alors me re-voîla...
Je m'arrête une minute avec toi. Merci pour ce moment de quiétude.
Bruno aimait la nature et tellement les fleurs.
J'ai rempli les bords de fenêtres, mon petit balconnet et mon appartement de plantes, poursuite de ce qu'il avait commencé, car c'était lui qui s'occupait des plantes, qui m'offrait des fleurs presque chaque semaine.
La semaine dernière sa tombe était encore étrangement couverte (mais vraiment recouverte !) de plantes et fleurs depuis 3 mois... grâce à sa maman et sa tante qui s'en occupent régulièrement.
Je respire avec toi le vent et seulement, là dans la nature je ressens pendant un infime instant, la paix.
ah oui... le langage des fleurs :
"La pâquerette symbolise la douceur champêtre, l’innocence et l’attachement. (.../...)
Un peu d’histoire :
La pâquerette est le symbole de la Vierge Marie ; son nom scientifique Bellis perennis, signifie d’ailleurs ‘beauté eternelle’.
Repose toi, Pâquerette, prend soin de toi, moi aussi je suis en "vacances", chez moi, chez ce qui fut pendant presque deux ans seulement chez nous.
Je t'embrasse
Claire
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Que tu me manques, Bruno, mon nounours...
Le livre de la vie
Le livre de la vie est le livre suprême
Qu'on ne peut ni fermer, ni ouvrir à son choix.
Le passage adoré ne s'y lit pas deux fois,
Mais le feuillet fatal s'y tourne lui-même.
On voudrait revenir à la page où l'on aime
Et la page ou l'on meurt est déjà sous nos doigts.
Lamartine
-
Bonjour Pâquerette,
Des hauts, des bas, des sourires et des larmes, la vie... comment y arrive t'on ? et pourtant, c'est là.
Parfois je crois que c'est impossible de continuer sans lui, et puis ma fille téléphone ou vient et un instant je reprends le dessus.
Il aimait fermer les volets de notre chambre, j'aimais les laisser entre-ouverts pour voir le jour se lever. Maintenant, je ferme les volets la nuit pour essayer de trouver un peu le sommeil.
Ce matin, j'ai ouvert grand la fenêtre, le soleil rentre dans notre chambre et chauffe la place où Bruno a cessé de respirer la première fois...
C'est l'été mais, dans mon coeur, c'est l'hiver...
Mes collègues du club de danse m'ont invitée cet après midi pour aller danser. Nous aimions tellement cela. Je n'y suis pas encore allée. Cela fait un mois que l'invitation me trotte dans la tête. Une partie de moi a envie, l'autre a peur...
Je me suis engagée en me disant, j'irai et puis si j'ai envie de partir, je partirai. Tout le monde m'encourage à faire ce que j'aimais le plus, danser, mais là, c'est comme si j'avais peur d'oublier ma douleur, pourtant, j'aimerais avoir moins mal mais d'un autre côté, c'est comme si j'oubliais mon amour et je ne peux pas.
Bien que Bruno ne soit venu que 3 fois avec nous, à son décès, j'ai eu des messages de sympathie qui parlait de sa bonté et de sa gentillesse.
Mes larmes coulent encore ! à ce rythme là, je n'aurais plus le choix : il me sera impossible d'y aller avec des yeux gonflés. Se laver, se préparer, s'habiller, se maquiller... Il me disait courageuse par rapport aux problèmes de la vie que j'avais eus...
Lui seul savait me redonner confiance en moi. Je me sens tellement perdue sans lui.
Son mini bougainvillier sur le bord de la fenêtre est refleuri...
Je vais essayer de me préparer et me rendre au lieu de rendez vous avec mes collègues du club de danse.
Peut être que la musique aura son effet habituellement magique...
Pourvu que je sache faire bonne figure. Je ne veux pas mettre mes amis mal à l'aise. Que j'appréhende de les revoir, seule.
Bonne journée profite bien du soleil et de ta famille. Tu es entourée par des gens qui t'aiment et qui te parlent de lui. C'est une bonne chose, même si cela remue beaucoup d'émotions.
Je t'embrasse
Claire
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Bonjour,
Claire et Pâquerette, vos mots expriment ce que je ressens. Vous arrivez mieux que moi à mettre des mots sur votre ressenti.
Claire, moi aussi je suis proche de la maman de mon Amour et ce lien est très important pour nous 2. Nous pouvons parler de lui et de notre douleur sans retenue. Malgré tout, ma souffrance ne s'apaise pas.
Mon Amour n'est pas décédé dans notre lit, mais la nuit je serre son oreiller contre moi. Concernant la sexualité, c'est difficile d'aborder ce thème, mais je pense souvent à nos moments d'amour et le contact avec sa peau me manque terriblement.
Je refuse d'avancer, car avancer serait commencer à "accepter" son absence et cela m'est impossible. Comment vivre avec l'absence alors que notre histoire était devant nous, pleine de projets.
Bon courage à vous.
Lily
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Chères Pâquerette et Lily,
Merci pour vos messages. Ici est en effet le seul lieu où je retrouve des gens qui expriment ce que je ressens. J'ai l'impression de ne pas être en décalage, pour une fois.
Concernant la sexualité il y a un module qui en parle et qui parle de l'amour à nouveau, moi, je n'en suis pas là...
http://www.traverserledeuil.com/etre-accompagne/les-modules-daccompagnement-complementaires/vivre-le-deuil-de-son-conjoint
Il est vrai que j'aurais voulu que mon corps meurt en même temps que mon amour... C'est si difficile d'être sans lui, sans nos câlins, nos éclats de rire, son corps. Il était mon complice et le vide est total aujourd'hui.
Je suis allée danser. Mais après quelques danses de salon, je me suis contentée de disco uniquement. Je n'ai pas supporté d'être dans d'autres bras. C'est peut être bête mais je n'ai pas pu. Je me sentais encore plus triste et plus seule...
Moi aussi, je dors avec un tout petit nounours en tissu sur lequel je mets le parfum de Bruno. Cela me rappelle ses bras rassurants dans lesquels je me blottissais chaque soir.
Bonne nuit à toutes les deux et à vous tous qui partagez notre peine.
Claire
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Une fois encore, le sommeil me fuit. Mon lit trop grand dans lequel je te cherche en vain. La chaleur peut être... La solitude me paraît tellement plus insupportable dans le silence de ces nuits qui me laissent fatiguée et vide.
Vais je tenir le coup ? Ce mal de toi qui n'en finit pas. Cette vie qui n'a plus de sens. Je n'en peux plus ce soir.
Je voudrais l'impossible, que tu reviennes. Que nous reprenions notre vie au 26 mars... que la nuit du 26 au 27 n'ait pas existé. Que ce soit juste un cauchemar. Un mauvais film. qu'on puisse ré-écrire notre histoire pour que nous puissions vieillir ensemble.
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Me revoilà en position verticale... bon, voyons les choses du côté positif : étant en vacances, j'ai pu prendre exceptionnellement un anti anxiolitique.
(étant très sensible sur ces effets secondaires, je ne le prends qu'en cas d'extrême besoin parce qu'on s'habituerait bien, on est un peu "choutée" donc moins de problèmes... bon pas jusqu'à voir des petits éléphants roses mais quand même)
Le médecin m'a dit qu'il faut que j'arrive à dormir à cause de ma tension très basse...et donc m'a dit d'en prendre quand il faut. Je ne peux pas le faire quand je travail.
Donc j'ai pu m'endormir. enfin. Du coup, levée tardivement, mal partout, mal dans la nuque, début de torticolis, "ensuquée" mais bon je peux me permettre de ne rien faire aujourd'hui, juste me reposer.
C'est décidé : cette nuit s'il fait trop chaud ou si je ne peux trouver le sommeil, je dormirai dans le canapé du salon. Ce que je n'ai jamais fait. Parce que ce n'est pas notre chambre tout simplement.
c'est idiot mais voilà, c'est comme ça.
super les vacances ! Il y a trois mois aujourd'hui nous rentrions d'un court séjour à Bayeux... et le lendemain dans la nuit... et voilà, le film repasse jusqu'à la fin du coma, l'enterrement... Il y a deux ans, nous ne nous connaissions pas ... le 24 août nous vivions ensemble... les dates s'additionnent, se soustraient... je compte et décompte. Mais irrémédiablement, le vide m'accompagne.
Je croyais qu'il valait mieux être seule que mal accompagnée ! et bien ce manque m'accompagne mal, me fait mal mal mal.
allez, j'essaie de positiver :
- je peux me permettre de marmotter cet après midi mais pas trop pour pouvoir dormir cette nuit.
- j'ai vécu une histoire merveilleuse.
- ma fille se porte bien et semble heureuse des choix professionnels/scolaires qui s'offrent à elle
- les enfants de Bruno vont bien, l'un va rentrer en fin de semaine de congés et je les verrai surement bientôt, le second a eu son bac avec une mention. Ils vont bien
-il fait beau
- A part le fait d'être endolorie, je me sens molle à cause du médicament mais je me sens moins angoissée.
Bon, soyons honnête, finalement, c'est surement que je ne vais pas trop mal.
Je dois vous paraître idiote mais souvent, je ne parle pratiquement à personne pendant des jours et des jours. A part ma stroumfette hier soir. Une voisine, un signe de la main.
Hier, j'ai emmené les enfants d'une voisine jouer au parc. Autant servir à quelqu'un !
Merci de m'avoir lue.
Claire
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Ce soir, sensation étrange.
Il a fait si chaud ces derniers jours ! tant de mal à dormir !
Il pleut légèrement. Toutes mes fenêtres sont ouvertes mais il n'y a qu'un peu d'air frais, pas assez cependant pour faire courant d'air.
Le bruit des voitures sur la rue mouillée est gênant pour entendre la télé qui, est allumée juste en bruit de fond pour faire une présence.
Seule.
Comme tous les soirs depuis...
Et pourtant, ce soir, c'est comme si je me sentais moins triste. Un peu comme quand la tension retombe. On se sent simplement vide.
Je me demande si tout cela a existé.
j'arrive même à douter que notre histoire a été réelle...
Je dois être folle certainement. La douleur a été insupportable et maintenant, j'ai l'impression ce soir de ne plus rien ressentir.
L'un d'entre vous a t'il vécu cela ?
Est ce l'apaisement après la tempête ? parce que ce soir, je ne me sens pas "mal". Je n'ai pas mal.
Alors, cette sorte de douceur, de non-souffrance, comme un bouquet de fleurs, je vous l'offre et le partage avec vous.
J'avance, grâce à vous.
-
Bonjour Pervenche
Pour répondre à ta question "est ce que l'un d'entre vous, a déjà connu ça" et bien oui...une douce sensation d'anesthésie du coeur, de léthargie morale...un peu effrayante, mais tellement attendue...un état de non violence de l'être et de l'âme et même si cette sensation ne dure pas tant que ça, lorsqu'elle arrive, cela fait du bien de l'accueillir.
Des petits hauts de vague emotionnel...
Je suis contente pour toi, d'avoir ces tout petits moments de répit.
Je pense bien à toi.
Chris
-
Merci Chris pour ce message rassurant.
J'avais honte de ce sentiment. Ce matin, ca va aussi. Je vais reprendre mon régime commencé avec Bruno.
A son décès j'avais maigri sans peine. Depuis, j'ai repris beaucoup de kilos, autodestruction je pense... Je mange surtout ce qu'il ne faut pas. Alors, il est grand temps de me reprendre en main.
Ne plus tomber dans les excès.
Je reprends le travail le 1er aout et les "vacances" sont bientôt terminées.
J'espère rester un peu dans cet état de non douleur pendant quelques temps, au moins.
Je t'embrasse
Claire
-
Claire,
Je ressens aussi parfois des moments d'apaisement et je les accepte avec grand plaisir car on sait tous qu'ils ne durent pas très longtemps. Mais j'ai aussi l'espoir qu'ils deviennent de plus en plus nombreux ...
Je suis de tout cœur avec toi pour le commencement de ton régime. Le chocolat étant mon meilleur allié depuis 7 mois, j'ai aussi pris 7 kilos (tiens ! un par mois ... si je continue comme ça, il faudra que je change très rapidement ma garde robe). Bon, il faut que je m'y mette aussi mais déjà tellement de choses à gérer dans ma tête ...
Je t'embrasse
Karine
-
Merci Karine,
Je crois que que c'est mon premier moment d'apaisement... je ne sais pas, c'est étrange. J'ai tellement été bloquée par l'image des deux morts de mon amour.
Du mal à penser à lui autrement, seulement depuis que je suis allée sur la tombe.
Alors, là, je me demande si on a vraiment vécu notre bonheur, même en regardant sa photo, c'est comme si c'était loin, loin...
tiens, je re-pleurs... je crois que j'ai honte de dire cela ... honte de ne pas avoir mal ce matin non plus.
de pouvoir avoir envie d'avancer, par le régime, de revoir des collègues... je me sens si seule depuis le début de ces vacances.
Je te souhaite que ces moments durent de plus en plus longtemps, je te souhaite que la mer redevienne calme, douce, car là je sais que pour toi, c'est difficile.
Je t'embrasse avec tendresse
Claire
-
Yohann,
Comme je te remercie pour ton message ! Car même si j'ai regardé les vidéos pour comprendre le mécanisme, c'est vraiment différent de le vivre.
Je n'avais connu l'apaisement qu'avec lui. Ce n'était pas un amour passionnel comme je l'avais vécu avec le papa de ma fille. Avec Bruno, j'étais simplement, bien. Heureuse.
Et aujourd'hui, l'engourdissement ressenti me rapproche de ce sentiment de calme. Mais sans lui. Ce détachement me fait vraiment culpabiliser... mais je prends, cela me repose. Je lui parle moi aussi, comme si c'était normal !
Une part de moi attend le repos, l'autre part a peur d'oublier, comme une infidélité...
Merci pour ton encouragement.
amicalement,
Claire
-
Claire
Moi aussi j'ai ressenti ce moment d'apaisement ,et la culpabilité qui vient avec ,parler avec des gens ,regarder un film comme si de rien ne c'était passé ,et quelques jours après le réveil si douloureux .
cela me rassure de vous lire car j'en avait honte ,pendant cette courte période j'ai mème acheté des vêtements ,et je pensais a lui ,j'ai acheté des choses que j'aimais porté avec lui et qu'il aimait .Et maintenant c'est dans le placard ,car je les trouve trop sexy pour mon état de veuve .
c'est bizarre les petites vagues qui nous apportent des émotions différentes ,suivant le temps passé ,c'est très fatiguant et déstabilisant .
Et en ce moment ,je pleure tout le temps ,
Ce soir je vais voir un concert gratuit avec mes deux filles ,ça va me faire du bien ou peu etre pas
a bientot
nathalie
-
Nathalie,
Je suis désolée que tu sois dans le creux de la vague. Je sais combien c'est douloureux et épuisant.
J'espère que le concert de ce soir et la compagnie de tes deux filles vont t'apporter un peu de douceur.
A quoi penses tu en ce moment ? Est ce plutôt la solitude qui te fais pleurer ? le fait de ne pas pouvoir te blottir dans ses bras ? souhaites tu en parler ?
Pour les vêtements, si cela te fait plaisir de les porter, pourquoi ne pas les mettre ce soir pour le concert. Comme ça, tu auras l'impression que tu le fais pour lui, car il t'accompagnera dans ton coeur.
Moi, aujourd'hui je ne suis pas sortie car j'ai tellement grossi que je trouve que rien ne me va. Je ne suis pas arrivée à me coiffer correctement. D'habitude, depuis ces derniers mois, ça n'avait plus d'importance et là, j'ai moins de peine et peut être que je m'occupe un peu trop de mon aspect. La réalité du quotidien remonte à la surface.
alors, je vais mieux d'un côté, moins bien de l'autre, de m'être laissée aller depuis le mois de mars.
je t'embrasse
Claire
Je t'embrasse Nathalie.
Claire
-
Claire
Son absence me pèse ,j'en pleure ,de pouvoir regarder mes filles et pas lui j'en pleure ,il y a un tout ,pour beaucoup de choses me font pleurer .J'ai de la peine pour lui ,pour nous .On m'a déja dit ,n'est pas de peine pour lui ,il ne souffre plus (??????)Moi je le connaissais ,ce qu'il ressentait .
Avant j'avais peur de la mort pour moi ,maintenant ce n'est plus le cas ,ma vie est précieuse pour mes enfants ,mais un jour se sera mon tour et on se retrouvera .
Moi aussi j'avais entrepris un régime avant qu'il ne parte ,j'avais perdu 13 kg et depuis son départ j'en ai perdu encore 8 .
cela dépend des gens ,mais si tu as trouvé une motivation ,comme le régime ,lance toi c'est bien .
et pour ce qui es de ta coiffure ,moi j'y suis allé une fois ,et j'en ai pas cherché le coté esthétique ,m'en fichait et c'est encore le cas maintenant ,et je n'arrive toujours pas a mettre du vernis a ongle ,pour moi ça fait pas correct .(je parle de mon ressenti )
moi il faudrait que je retrouve la motivation de reprendre le travail (toujours en arret depuis 10 mois )mais c'est difficile ,je n'ai plus aucun repère a l'extérieur ,je ne sais plus qui je suis .Je suis assistante maternelle et je pense a changer de boulot .
je t'embrasse
nathalie
-
Nathalie,
Je te comprends et je comprends ta peine. J'ai été arrêtée 1 mois et demi, 15 jours à aller tous les jours en réanimation voir Bruno qui n'est jamais sorti du coma puis un mois parce que je ne pouvais tout simplement pas. Tout le monde m'a poussé à reprendre. J'ai essayé en me disant que si je ne pouvais pas, je retournerai voir le médecin.
J'ai repris un jeudi. Au début, ça a été très difficile, surtout les deux premiers jours. Au travail, ils m'ont laissée reprendre en douceur. Plus pour voir du monde que de travailler réellement. j'étais sonnée, sous les médicaments, je pleurais tout le temps. Et puis, petit à petit, je me suis reprise au jeu du travail. Je me suis remaquillée les yeux, d'abord avec du waterproof ! puis fait les ongles.
Maintenant, j'attends la fin des vacances pour revoir du monde. parce que, lorsque je ne travaille pas, je me replie, et me referme.
Je crois que plus on s'isole, plus on a du mal à affronter le monde et plus cela deviendra difficile si on laisse passer trop de temps.
Es tu assistante maternelle à domicile ou dans une crèche ?
Tu parles de changer de travail, qu'est ce qui te plairait de faire ? y as tu pensé ?
Comme tu l'as dit, ta vie est précieuse pour tes enfants et aussi pour les gens qui t'aiment.
Prends soin de toi, Nathalie
Claire
-
Vouloir ... et son contraire !
Comme vouloir retrouver la sérénité ... avec elle, ce qui est impossible !
Oui Yohann,
Alors que faire ? puisque nous recherchons l'impossible. Quelle va être notre vie ? Comment continuer ? pourquoi continuer ?
Qu'est ce qui fait qu'on a cet espoir malgré tout ?
Cette perte nous fait devenir autres... plus sensibles encore, une quête impossible pour atteindre une sagesse ? Comment être heureux ? Est il possible d'être heureux de nouveau ? tout ces petits riens qui n'appartenaient qu'à nous... ce vide irremplaçable peut on vivre bien avec ?
oui tout et son contraire...
bises
Claire
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Yohann,
Tant de sagesse !
J'ai du mal à imaginer ma vie "plus tard" et pourtant je voudrais pour la première fois de ma vie, vieillir un peu plus vite, être un peu plus loin sur le chemin... J'ai toujours été en quête de ce partage dans l'amour, je l'avais, je l'ai touché du doigt mais si peu de temps ! Il restait à Bruno tant de choses à vivre, il était si heureux depuis quelques mois... nous étions heureux.
Aujourd'hui, il reste le souvenir, le sentiment d'inachevé, comme un livre qui se referme mais dont on voudrait connaitre une suite quand il n'y en n'a pas...
Tu as fait un grand parcours déjà il me semble, Monique est déjà en toi... la paix n'est plus loin...
Tu nous soutiens tellement Yohann ! Je te souhaite la sérénité, bientôt, bientôt...
amicalement,
Claire
-
Bonsoir,
Claire, je n'ai pas encore ressenti ce moment d'apaisement et j'appréhende ce moment de peur de culpabiliser.
Dans une semaine, je pars en vacances avec des amis, alors que tous les 2, nous aurions dû partir ensemble. J'avoue ne pas avoir envie de partir car j'aurai l'impression de m'éloigner de lui : m'éloigner de notre "chez nous", du cimetière, de ses vêtements, ...
Je suis fatiguée, j'ai mal au ventre. Je ne sais pas quoi faire de moi. Je sors : chez ma famille, ma belle-famille ou amis mais partout où je suis, je ne me sens pas à ma place car il devrait être là avec moi.
Nathalie, moi aussi je pense à changer de travail. Depuis son départ (avril 2012), je suis en arrêt de travail. Je travaille auprès de personnes en difficultés sociales et je me sens incapable d'être à l'écoute et d'aider les personnes alors que moi-même je ne vais pas bien.
J'arrive à dormir grâce aux anxiolytique.
Claire, je comprends tellement ce goût d'inachevé, c'est ce que je ressens. A 29 ans, je ne pensais pas en être là.
Je me plains, j'en suis désolée. Mais ici c'est plus facile de dire les choses.
Je n'écris pas régulièrement ici, mais je vous lis tous les jours et cela m'aide.
Bonne soirée à vous
Lily
-
Bonsoir Lily,
Nos amours sont décédés à peu près en même temps. Bruno le 10 avril 2012.
Non, tu ne te plains pas. Où exprimer sa douleur, si ce n'est ici ?
Je crois que tous et toutes nous passons par les mêmes émotions, à des moments différents, selon notre environnement, la manière dont s'est déroulé le décès, avec aussi ce que nous sommes au fond de nous.
Notre perte est encore récente et tu es jeune. Cela semble tellement irréel, tellement injuste.
Je comprends tes craintes, celle de t'éloigner de votre "chez vous" et de ses affaires. Mais dis toi qu'il t'accompagne partout. Il est en toi, avec toi. Tu vas petit à petit trouver ta place. Je te le promets. Même si cela nous parait impossible aujourd'hui.
Nous nous tenons la main, même si ce n'est que virtuellement, nous sommes là avec toi.
Je t'embrasse
Claire
-
Merci Claire,
C'est gentil de me réconforter. Je sais que quand cette étape des vacances sera passée, je serai soulagée.
A travers tous les messages, je vois que nous ressentons tous les mêmes émotions, avec des variations différentes comme tu le dis.
Tout cela me parait effectivement irréel. J'ai l'impression de vivre dans un autre monde. Quand je regarde les photos de mon Amour, j'ai l'impression qu'il va revenir. Je sais pourtant bien qu'il a eu son AVC puisque j'étais avec lui mais je me dis qu'il ne peut pas être parti comme ça, si tôt, si jeune, si heureux.
Je lui parle, je lui écris, j'écoute sa musique (il jouait dans un groupe), ... Je fais toujours les choses pour et avec lui.
Merci à toi Claire et profites de tes instants d'apaisement.
Lily
-
Lily,
Pour ta crainte concernant les vacances, nous l'avons tous... (cf le fil de Yohann sur le retour des vacances).
Je t'envoie un peu du souffle doux de l'apaisement que je ressens pour le partager avec toi. Tu m'en enverras bientôt à ton tour, quand j'en aurais besoin.
Petite Lily, la vie nous a joué un sale coup. Mais nous avons eu du bonheur, ne l'oublie pas. Ton amour est pour toujours en toi. Notre peine s'apaisera, même si cela nous parait aujourd'hui impossible.
Ne penses pas trop loin. Un jour pousse l'autre. Une heure après l'autre. Et pendant tes vacances, pareil. Laisse toi porter, le temps travaille pour nous.
Douce nuit.
Claire
-
Bonjour,
Merci Claire pour tes messages.
J'ai bien conscience du bonheur que nous avons partagé avec mon Amour. Je pense peu à ces moments car cela me rappelle à la réalité de son absence et des moments que nous ne partagerons plus.
Je sais que le temps aide. Pour répondre à toi, Paquerette, être apaisée pour moi c'est ne plus ressentir cette angoisse et réussir à mieux apprécier les moments en famille ou amis. Je sais que ma tristesse sera là pour longtemps, mais l'angoisse, j'aimerai qu'elle s'atténue. J'ai des médicaments pour cela mais ce n'est pas toujours la solution que de prendre tout le temps des médicaments.
Bonne journée à vous
Lily
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Lily,
Je suis d'accord avec toi pour les médicaments -sur le principe - mais nous vivons quelque chose d'extrêmement fatiguant et éprouvant. Personnellement, je ne me sens pas prête à arrêter ou diminuer pour l'instant.
J'attends encore un peu que mes moments de hauts soient plus nombreux. Inutile de tout précipiter. Nous avons le temps...
Je ne suis peut être pas de bon conseil mais pourquoi ne pas essayer de nous décrire l'angoisse que tu ressens, à quelle moment elle surgit. D'essayer de mettre des mots dessus. Peut être est elle un peu confuse, un mal être intégral.
J'ai eu du mal à déterminer mon angoisse post traumatique dû au débranchement de Bruno. Grâce à ce forum, j'ai compris ce qui se passait. Et puis en allant sur la tombe et de parler de Bruno vivant, m'a permis de surmonter cette angoisse. J'étais décidée à aller voir un psy spécialisé dans les chocs post traumatiques. Je pense finalement que ça ira.
Il m'a fallu "décortiquer" pas à pas ce qui s'est passé depuis l'arrêt cardio respiratoire. Comprendre l'incompréhensible. Admettre qu'il n'y a pas d'explications... mais j'ai eu besoin de tout reprendre dans ma tête, la crise, le coma, les complications, le débranchement, l'autopsie, le don d'organe. Des renseignements sur l'arrêt cardio respiratoire. Sur le syndrome de brugada qui ne s'est pas avéré.
J'ai ce besoin de tout mettre dans des cases. De vouloir savoir. Quitte à avoir mal. Mais je ne sais pas écrire, comme Pâquerette par exemple. J'aimerais, car je pense que c'est ainsi que l'on "expulse" la douleur.
Courage Lily, nous sommes avec toi.
bisous
Claire
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Claire,
Je sais qu'il est trop tôt pour envisager de diminuer les médicaments et j'en ai besoin pour la nuit et pour certains moments de la journée.
J'ai un cahier où j'écris à mon Amour. Le 1er mois je lui écrivais tous les jours et depuis cela s'espace un peu.
Mon angoisse est constamment présente mais elle s'accentue parfois. C'est un peu confus mais j'ai l'angoisse du moment de l'AVC et des 3 jours d'hospitalisation avec mes questions (a-t-il eu conscience de ce qui se passait, ai-je réussi à le rassurer quand il était encore conscient, pourquoi tout cela lui est arrivé, ...). J'ai l'angoisse de la solitude, l'angoisse de ne jamais me remettre de cette épreuve, l'angoisse de ne plus jamais être heureuse, l'angoisse de jamais avoir d'enfant.
J'ai lu ton histoire et j'ai bien vu que le fait d'aller dans ta belle-famille t'a fait du bien. J'ai la chance de voir ma belle-famile régulièrement et je comprends le fait que cela t'aie fait du bien car moi aussi cela m'aide.
Je ne sais pas pourquoi mais je me sens proche de toi et proche de ton histoire.
Merci à toi
Lily
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Merci Lily,
Il faut en effet aller à son rythme pour les médicaments. Moi non plus, je ne suis pas prête à diminuer.
C'est bien que tu sois capable d'écrire. Moi je ne sais pas, je lui parle, mais il n'y a qu'ici que j'arrive à exprimer ce que je ressens.
Je me suis posée les mêmes questions (sauf que Bruno n'a pas repris conscience). Pourquoi cela est il arrivé ? a t'il souffert ? l'angoisse de la solitude, de couler, de ne plus connaitre le bonheur...
Je te comprends du fond du coeur. Nous avons nos belles familles et notre amour au fond de nous.
Un jour viendra où nous aurons probablement moins mal. Peut être connaitrons nous d'autres joies ? Mais nous n'oublierons jamais ce que nous avons vécu. Je crois que nous sommes transformées à jamais dans notre façon de voir les choses et de les ressentir.
Alors, j'essaie pour l'instant de ne pas penser à l'avenir qui m'effraie et je vis un jour après l'autre. Je ne fais pas de projet pour l'instant, j'en suis incapable.
Chaque jour qui passe, je me dis que j'ai eu la force de continuer alors pourquoi pas le lendemain...
Courage Lily, nous allons voir la lumière au bout du chemin.
Claire
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Demain, c'est ton anniversaire mon ange... tu me manques tant
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Yohann,
ce soir, c'est la solitude après une journée au bureau pas trop remplie... beaucoup de choses dans la tête. Comment pourra t'on un jour retrouver une vie "normale" ?Tous ces projets qui ne verront jamais le jour. Tout cet inachevé.
J'aimerais tellement qu'il soit là. Nous ne vieillirons pas ensemble.
Demain son anniversaire
Le 24 cela fera deux ans que nous nous sommes rencontrés et que nous ne nous étions plus quittés.
Je sais que les gens me disent qu'il n'y avait pas longtemps... mais nous étions tellement heureux.
Complets. Entiers. Ensemble. Deux mais Un.
La bougie allumée le soir brille pour lui mais avant nous aimions en mettre une le soir ensemble, pour une ambiance douce.
Me dire que plus jamais je n'entendrai son rire, qu'il ne fera pas le clown en soufflant les bougies ni demain ni plus jamais.
Plus jamais, c'est ce qui résonne ce soir dans mon coeur. J'ai mal.
Claire
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Claire....
Ce soir.... J' allumerai une bougie pour mon Alain...
et j'en rajouterai une ...spécialement ... pour ton Bruno...
Rien que pour lui et ... Toi !
:-* :-* Sylvette
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Sylvette,
je te remercie sincèrement pour cette délicate pensée.
La maman de Bruno vient d'appeler.
Elle m'a demandé tout d'abord comment j'allais. J'ai répondu "bof et vous " "bof" elle aussi. On a pleuré un peu puis en douceur nous avons parlé des fleurs qui sont encore belles sur la tombe. Puis de tout et de rien. Elle m'a dit qu'elle ne savait pas si elle aurait pu téléphoner demain. Nous avons convenu de ne pas nous appeler demain...
C'est terrible pour elle; Le mois d'Aout est plein de dates qui lui font de la peine, à elle aussi (décès de son mari, anniversaire de mariage). Elle est tellement gentille, j'ai mal pour elle.
je t'embrasse,
Claire
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Véronique,
Merci beaucoup . je pense à toi aujourd'hui. C'est aussi le prénom de sa soeur...
bises
Claire
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Mon Amour,
Où que tu sois dans l'immensité, je te souhaite un bon anniversaire. Tu me manques tant...
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Ce soir, creux de vague...
Une amie avec qui j'étais très proche (nous nous appelions minimum une fois par jour lorsqu'elle ou moi n'allions pas bien, avant que je rencontre Bruno). Depuis le départ de mon compagnon, elle s'est fait plus rare. Elle a aussi ses soucis familiaux et je crois que mon malheur lui fait peur. Elle me téléphone de loin en loin.
Je me suis sentie abandonnée, je l'avoue. Mais je comprends.
Aujourd'hui, j'ai pensé à elle et je me suis dit que j'attendrais qu'elle rappelle. Et, c'est le hasard, elle a appelé quelques minutes plus tard.
Je croyais aller bien depuis quelques temps. Et là, quand elle m'a demandé comment j'allais, je me suis bêtement
mise à pleurer et la conversation a pris un tour que j'aurais voulu éviter pour ne pas la mettre mal à l'aise. Je lui ai dit que je n'imaginais pas l'avenir, que je ne savais pas si j'allais m'en sortir. En fait tout est sorti... je n'ai pas su la préserver de mon chagrin.
Après, nous avons aussi parlé de ses soucis... Mais ce soir, je pleurs sans arrêt. J'ai l'impression de revenir en arrière.
je pensais tellement échappé au "je vais mieux, je vais moins bien". Ces derniers jours, une part de moi éloignait le chagrin, surtout ne pas penser. Peut être est ce pour cela que j'avais l'impression de ne pas avoir mal.
Je me sens si fatiguée, comment et pourquoi poursuivre ? quel est le but de cette vie ? j'essaie de me dire que la lumière est au bout de toutes ces larmes, de tout ce chemin à parcourir pour le retrouver un jour.
Je suis désolée, j'aurais voulu ce soir vous envoyer un message d'espoir mais je ne sais plus où déverser toute ma peine...
Au moment où je postais, j'ai eu ton message Yohann, merci, j'espère qu'il est heureux, même avec et sans moi.
Claire
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Bonsoir Claire,
Pourquoi un message d'espoir en ce moment quand tu te sens si désespérée? Il fallait que ça sorte, et c'est très bien que tu en aies parlé à ta copine et à nous.
C'est à toi que tu dois penser, non pas à sa réaction, ni la nôtre par ailleurs :) Si tu gardais tout cela à l'intérieur, imagine la force du volcan qui éclaterait, lorsque la soupape ne tiendrait plus?
"Ça va, ça va pas, ça va, ça va pas." Il y a derrière cette affirmation un rythme auquel on n'a pas de pouvoir, et on ne peut pas décider du ou-quand-comment. C'est notre corps qui prend la relève et il est bon de l'écouter.
Sois douce pour toi et oui, je te le jure, la lumière est là, il y a un immense espoir pour toi, de vie bonne et agréable et joyeuse, parce que tu fais la bonne chose en ce moment.
Bon courage, chère Claire,
Caro xx
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Bonjour Caroline,
Ce matin, en lisant ton message, mes larmes se sont remises à couler... mais je ne peux même pas dire que je suis triste. Plutôt vide.
Tu parles dans un autre fil de repli sur toi même. Peut être ai je aussi tendance à faire cela en faisant comme si j'allais bien et cela même si c'est surement inconscient, demande beaucoup d'énergie et après, je me sens vite fatiguée et pourtant je ne fais pas grand chose, car je suis en congés en ce moment.
Je ne sais pas très bien expliqué, ce n'est pas que je "fais" semblant d'aller bien, c'est un peu comme si je repoussais les idées tristes, je pense à Bruno, je ne pense presque plus au débranchement, à l'hôpital. je le ressens dans notre vie avant.
Tu parles de cage. Pour moi, cela a vraiment évoqué la prison de ma vie, sans objectif. Comme Alexandra, j'ai peur de tous les lendemains sans Bruno. Je ne suis pas prête non plus à arrêter mon seroplex. Mais ça, je l'ai accepté, je me suis fixé encore deux ou trois mois avant de demander au médecin de diminuer les doses. Je préfère prendre le temps. S'il en faut plus, et bien je le ferai.
Mais je suis sincère quand je dis que j'ai pourtant moins mal. Ca n'a plus la violence des premiers temps. Seulement, des instants d'une extrême horreur. Mais ils ne restent pas longtemps. Mais les larmes, toujours pour un rien. tout à coup n'importe où. En voiture, dans la rue, au boulot. Sans raison particulière, comme un flash très douloureux et après j'ai du mal à stopper ce flot de larmes.
Merci de m'avoir permis de tenter d'expliquer ce que je ressens. J'ai tant de mal à mettre des mots sur mes ressentis. Le 24 aoùt, cela aurait fait 2 ans de vie commune.
Merci de ta gentillesse malgré cette période difficile pour toi.
J'espère qu'avec ton patron, cela va s'arranger à moins que tu puisses changer de travail, ce serait l'idéal.
Je crois qu'il ne faut pas accepter quoi que ce soit de lui, puisqu'il ne fait les choses que dans un seul objectif.
J'ai du mal à imaginer ce comportement, peut être suis je un peu crédule aussi. Je pense qu'il vaut mieux dire les choses au fur et à mesure. Mais comme on dit ici, les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! On ne veut pas blesser l'autre et on laisse parfois s'installer des situations ambiguës. Peut être parce que nous, on n'imaginerait même pas qu'il puisse y avoir d'ambiguïté !
Bravo à toi Caroline, pour tout le chemin courageusement parcouru. J'aimerais être plus vieille d'un an ou deux voir plus. Pour que ce chemin se soit accompli...
Je t'embrasse bien affectueusement,
Claire
NB: j'espère ne pas avoir été trop confuse de mes propos.
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Bonjour Pervenche,
Je te dois toujours une réponse à tes questions du 09/07 pourquoi nous avions parlé d’AVC le midi même le jour où mon mari est décédé d’un AVC et s’il y avait eu des signes : En fait, ma seconde fille faisait un stage de psychomotricienne dans un EHPAD et nous parlait de l’état psychique et physique des pensionnaires dont une de 58 ans, hémiplégique suite à un AVC désire pouvoir partir. Notre conclusion était que nous ne souhaiterions pas survivre à un AVC et que nous souhaiterions mourir avant de devenir dément. Néanmoins, je pense que ce n’était pas un hasard si nous avions parlé de cela à ce moment-là, même si je ne sais pas comment « cela » fonctionne.
Je n’avais pas écrit dans mon post, que mon mari m’a ensuite parlé d’un article sur l’AVC un quart d’heure avant de s’écrouler. Pendant qu’il me parlait, je l’ai regardé profondément dans les yeux, comme je ne l’avais plus fait depuis un bon moment et je sentais que le moment était particulier sans savoir pourquoi. Déjà la veille au soir, je m’étais dit que j’avais la mauvaise habitude de regarder son visage en général et que je devais le regarder au fond des yeux, mais comme il regardait la télé, je ne l’ai pas fait.
Tu m’as demandé ensuite : « Comment te sens tu maintenant ? le sens tu proche de toi ? et pour ta fille ? »
Au décès de mon mari, mon deuil pour mon ainée décédée 7 mois plus tôt s’est interrompu brusquement pour faire place à celui pour mon mari. Mais l’intensité est restée la même et n’a pas atteint celle des premiers jours pour ma fille. Lui, il est décédé de mort naturelle ce que je peux « accepter » davantage, alors que nous étions en train de nous reconstruire et de nous souder. Sa dernière journée a été douce. Et puis, cela ne m’aurait pas gêné d’être à sa place, au contraire. Pour moi, il peut maintenant veiller sur notre ainée, tandis que moi, je dois veiller sur notre seconde. En perdant mon ainée, j’ai pleuré pour toutes les pertes à venir. Il ne me reste plus beaucoup de larmes. Par la suite, ma seconde fille et moi, nous étions obligées de nous réorganiser ce qui nous a demandé beaucoup d’efforts jusqu’à épuisement. Et, je ne sais pas quand, le deuil pour mon ainée est revenu et a écartée celui pour mon mari. C’est injuste pour lui.
J’ai l’impression que les deux disparus se sont évanouis ensemble, alors que je sentais ma fille encore très très présente avant le départ de mon mari. J’ai l’impression de les perdre car je n’ai plus de signes d’eux. Mais les deux feront partie de moi à tout jamais bien que je ne pense plus exclusivement à eux.
Contrairement à moi, ma fille a « accepté » davantage le suicide de sa sœur, comme nous connaissions sa terrible souffrance qui ne trouvait pas d’apaisement. Mais elle était (ou est ?) en colère parce que son père n’avait pas demandé à partir. Cependant, elle aussi pense que cela aurait été pire s’il avait survécu avec de graves séquelles. Elle est décidée à laisser le passé derrière elle et de se tourner vers l’avenir. Mais elle connaît maintenant les vraies valeurs.
Je viens seulement de lire tes derniers posts. C’est normal que tu sois si fatiguée après toute la douleur éprouvée et comme tu dois trouver des réponses à tant de questions par rapport à toi et ton devenir. Toute notre vie est remise en cause par un décès proche. C’est ce dont on ne se rend pas compte avant de le vivre soi-même. Tu verras, tu trouveras ta nouvelle voie. Courage pour le 24.
Désolée d’avoir été si longue.
Affectueusement
Monika
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Chère Monika,
Je suis très sensible à ta réponse. Il est en effet étrange que vous ayiez évoqué l'AVC et les séquelles qui peuvent en résulter juste avant. Et puis, cette sensation étrange quand tu l'as regardé profondément au fond des yeux.
Il est des mystères... Bruno et moi avons vécu beaucoup de choses en accéléré en à peine 1 an et 8 mois. Lui conservait tout. Le moindre ticket de cinéma, tous les textos, tout. Comme s'il accumulait au cas où...
Mais c'est lui qui est parti.
Comme toi, même si l'ACR arrêt cardio respiratoire est un peu différent de l'AVC , les séquelles auraient été très importantes s'il avait survécu.
Tu dis mort naturelle... oui, c'est vrai, et sans souffrance parait il. mais la mort de l'être aimé peut elle nous sembler naturelle ? je la trouve injuste. Je comprends le point de vue de ta fille.
Les deux deuils t'ont épuisée. Je ne pense pas que celui de ta fille ait écarté celui de ton mari. Mais quoi de plus difficile pour une mère que de perdre son enfant ? C'est tout simplement différent. Il te faut tellement de force pour surmonter toute cette douleur.
Le suicide de ton ainée a laissé certainement tant de questions sans réponse, des émotions si différentes ! Je comprends combien cela doit être d'autant plus difficile pour une mère. On a beau se raisonner, comment admettre ?
Tu dis que tu n'as plus de signe d'eux et que tu ne penses plus exclusivement à eux bien qu'ils fassent partie de toi.
C'est que tu as bien avancé dans ton chemin éprouvant de deuil. Il te reste certainement une petite partie à parcourir avec l'aide de tes anges.
Ta plus jeune fille est près de toi et décidée à aller de l'avant. C'est une bonne chose pour elle. La vie est devant elle, il lui faut du bonheur et à toi aussi.
Je t'envoie plein de tendresse et de force pour tenir bon ! Nous sommes en effet transformés à jamais et je n'aurais même pas imaginer ce que cela pouvait être avant de le vivre.
Aujourd'hui, je vais mieux, je redoute un peu le 24 mais je me dis que ce n'est qu'une date de plus...
Je n'ai pas trouvé ton message long, il m'a sincèrement touchée. merci de cette confiance, comme un cadeau.
Claire
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24 Aout - C'était il y a deux ans, notre rencontre..
Es-tu à l'autre bout de notre Arc-en-ciel mon ange ? je suis seule sur notre île... c'est si difficile sans toi. Tu me manques tant mon amour...
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Bonsoir Claire
les dates...on ne peut pas oublier !!
il te fera un signe à sa façon....
au bout du chemin.. tu le rejoindras...
une pensée ... pour toi....pour vous deux...
:-* :-*
Sylvette
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Aujourd’hui cela fait 3 mois que mon amour s’en est allé.
Toute notre vie repasse sans cesse dans ma tête, de notre rencontre jusqu’à
son dernier souffle.
C’est une journée douloureuse, je l’ai senti ce matin, avec cette boule au ventre,
Je ne sais pas ce que je ressens réellement, de la peur, de la douleur, de l’angoisse ?
Comme un trou béant où j’ai peur de tomber, cette absence trop dur à supporter, ce manque de lui toujours plus difficile à combler.
C’est tellement difficile à déterminer.
Je me sens tellement vide
Florence
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Bonsoir Florence,
trois mois, oui, j'ai eu moi aussi beaucoup de mal à vivre cette date, d'où le titre de ce fil... C'est si récent, on ressent un peu tout en même temps. La prise de conscience de la réalité de l'irrémédiable. Il ne reviendra pas. On est perdu, le manque est là et ne nous quitte pas.
C'est à ce moment là que je me suis inscrite sur ce forum. Parce j'avais trop mal. L'impression d'être dans une cage; On se cogne partout à la recherche de l'impossible. La peur de l'avenir, la peur de ce vide immense devant nous. La douleur quasi physique de cette partie de nous qui n'est plus là.
Florence, je t'envoie plein de force. Cela ne va pas être facile, mais même si tu ne peux pas le croire, je t'assure que la douleur s'atténue un peu; Moi maintenant, cela fait un peu plus de temps puisque Bruno a eu son AVC le 27 mars à 1h du matin, et déclaré mort le 10 avril. Il a été hospitalisé il y a 5 mois cette nuit...
Il faut beaucoup de temps pour qu'un peu de lumière apparaisse mais aujourd'hui j'ai quelques répits...
Je te souhaite une douce nuit
Claire
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Claire,
Merci de me donner la force d’avoir un peu d’espoir dans ces moments douloureux.
Depuis hier, soit à la date des 3 mois après sa disparition, la douleur est revenue d’une telle intensité, que je me sens abandonnée, tellement seule. :'(
Aujourd’hui, j’ai fait un repas de famille, et depuis le retour je n’arrête pas de pleurer car j’aurais tant voulu que mon chéri soit avec nous, ils nous faisaient tellement rire ! Eh oui c’était un pitre !
Cela me fait si mal de savoir qu’il ne pourra plus jamais être parmi nous dans ces rencontres avec la famille, les amis ….
Surtout que personne n’a osé parler de lui alors que j’aurais tant voulu qu’ils m’en parlent.
Il est vrai que quand une personne essaie d’en discuter avec moi, je me mets très souvent à pleurer, ou sur la réserve, et je pense que maintenant on n’ose plus aborder le sujet car actuellement c’est trop pénible pour moi.
Je n’ai pas encore trouvé la personne à qui me confier réellement physiquement, sauf à vous, vous qui comprenez !
Merci de votre soutien
Florence
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Bonsoir Florence,
Si en effet, tu pouvais trouver une association, une simplement amie qui comprenne qu'il ne faut qu'accueillir les pleurs, qu'en écoutant.
Quand on pleure, ces grosses larmes de peine intense, ça dure quoi... 2 minutes, 5 tout au plus? Après, on recommence à parler difficilement, puis on arrive à calmer sa respiration... puis la vie reprend.
Peu de personnes peuvent accompagner ces démonstrations de souffrance, mais toi, tu te dois de trouver un réseau (3 au moins) de bonnes personnes qui sauront simplement "être avec toi", sans te dire d'arrêter ou de te reprendre. Juste laisser aller les larmes et les pleurs.
C'est ainsi et uniquement ainsi qu'on peut avancer - en tout cas, pour ceux et celles qui ont besoin de pleurer...
Bon courage, et bonne nuit :)
Caro
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Claire
je suis et je t'écoute
André
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Bonne nuit Claire
A bientot
Bisous
André :-* :-*
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Bonne nuit André,
A bientôt,
Claire
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Bonsoir Caroline,
Eh oui j’y pense à cette association, il y en a une dans la ville près de chez moi.
En groupe de parole ou en individuel.
Je sais que j’ai réellement besoin d’en parler, pour moi et pour ma fille aussi.
Mais je ne sais pas si je vais arriver à y aller.
Une psychologue, j’en ai vu une après le décès lors de l’entretien, j’ai ressenti comme de la pitié vis-à-vis de moi, du coup je n’y suis pas retournée.
Une aide extérieure sera le mieux je pense pour toutes les deux. Il faut que j’ai le courage et que je ressente le moment où je serais prête à affronter d’autres personnes dans la même situation que moi.
Merci Caro
Bonne fin d’après midi
Florence