Bonsoir à tous,
Merci de vos réponses.
Marc est mort en 2011, mon père en 2012 et ma mère en 2013, il y a quelques mois. Je vous jure que j'en ai bouffé des hôpitaux jusqu'à l’écœurement. Mais j'ai appris à tenir tête, à exiger que ceux qu'on aime et qui vont mourir soient écoutés, quand ils disent par exemple qu'ils sont fatigués et qu'ils veulent qu'on les recouche. Et les: "Mais non, madame, ça lui fait du bien de rester au fauteuil!", j'ai laissé faire pour Marc, et je m'en veux, mais après j'ai gueulé. Ils vont mourir, alors pourquoi on ne les laisse pas tranquilles?
Mon père et ma mère sont partis en douceur. Avec mes frères et sœurs, mes enfants, mes neveux et nièces, on a organisé une veille pour ne pas les laisser seuls une minute, jour et nuit, à partir du moment où on nous a dit que c'était bientôt fini. On a tourné, toutes les 2 ou 3 heures dans la journée, certains prenaient la nuit, tout le monde s'y est mis, c'était beau. Tous les deux, ils ont mis une semaine à partir. Tous les deux, ils sont partis pendant que j'étais seule avec eux. Je me suis demandé pourquoi. Mes frères et sœurs ont dit "Ma pauvre, ça tombe toujours sur toi". Moi je me suis dit que peut-être, justement, ils étaient partis avec moi parce que, depuis le départ de Marc, je flotte entre la vie et la mort.
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça. Oui c'est vrai, Coccinelle, on a été heureux à 100 à l'heure, pas assez longtemps. On a fait tant de voyages que maintenant dès que quelqu'un prononce le mot:"aéroport", j'ai le cœur qui se retourne. Des scènes reviennent et je ne peux me dire qu'une chose: On était heureux, j'ai eu ça, il m'aimait, fin du film.
Bon, il est temps de retourner à la pauvre vie, pas désagréable au fond, mais pas pleine de lui.
Je vous embrasse tous.
Lauren