Je crois que les gens n'oublient pas vraiment.
Je crois que le malheur fait peur, comme si c'était une maladie contagieuse, vous voyez, comme ces femmes qui font un signe de croix en voyant un convoi mortuaire, pour éloigner la mort.
J'ai aussi, et souvent cette impression d'être seule avec mon chagrin, mais en fait je suis très entourée.
Par ma famille, d'abord, même si certains pensent qu'au bout de 16 mois, "bon, c'est fini, maintenant, un an c'est largement assez pour remonter la pente".
Entourée par quelques amis, précieux, certains qui se taisent mais prennent un ton particulier et attentif pour me demander comment je vais, d'autres qui abordent franchement le sujet, sans tabou.
Et entourée par vous tous et toutes qui "savaient".
Notre monde est si difficile à vivre, il y a tant d'épreuves à surmonter, tant de folie, de guerre. Il faut être fort, tout le temps. Et il faut de l'amour autour de soi pour "oublier" un peu le sordide. Nous, nous en sommes privés de cet amour, alors, nous nous protègeons en n'écoutant plus le monde tonner autour de nous, nous nous éloignons car nous sommes trops faibles pour tout assumer, notre chagrin, notre désespoir et le reste. Ce recul volontaire n'est pas une fuite, c'est une protection. Le corps et le coeur ont des limites supportables, au delà, en danger, ils se mettent en sécurité.
Un jour, il parait (voir les propos de Mitzou et de Marico dans "Un an plus qu'échue..." sur ce forum), il parait que nous "entendons" de nouveau que la vie existe autour de nous, et que nous y avons encore notre place, même si nous ne sommes plus les mêmes, plus jamais les mêmes, différents mais, pourquoi pas, plus forts, peut-être.
Courage, courage, le temps est notre allié, la patience notre force, la parole et l'écoute notre traitement.
Plein de bisous.
PiMa