Bonsoir à tous,
dans un moment de désespoir j'ai décidé d'essayer de partager auprès de personnes sensibles au sujet mon douloureux deuil.
J'ai 29 ans, et j'ai perdu mon mari il y a pile 2 mois. En juillet 2013, après quelques examens de routine, nous avons découvert qu'il était en phase terminale de cancer. Le colon, qui a métastasé au foie et à la plèvre. Un choc pour tous les deux, qui commencions juste à faire des projets de couple (enfants, maison etc). Son état s'est dégradé très rapidement, on lui donnait fin juillet minimum 6 mois de survie. A partir de fin août j'ai dû arrêter de travailler car il n'était déjà plus autonome. Il a été jusqu'à fin octobre dans le refus d'en parler à sa famille. J'étais seule avec le corps médical à savoir, savoir que sa fin approchait et lutter pour rester désespérément forte à ses côtés. Jusqu'au bout j'ai respecté ses volontés, même lorsqu'il a demandé à mourir à la maison. 15 jours avant son décès j'ai fait venir sa mère, qui habite en Nouvelle Calédonie car je sentais la fin très proche. Le soir de son décès, nous étions en train de nous occuper de lui, il était dans un semi coma depuis deux jours. Nous avons toutes deux assisté à son dernier souffle.
Après les obsèques j'ai fui notre appartement, je suis partie loin chez une amie, et j'y suis restée jusqu'à début janvier, incapable d'envisager de retrouver une vie sans lui dans ce qui constituait notre quotidien.
J'ai dû mettre la clé sous la porte de mon cabinet (travaillant dans le paramédical), et j'ai trouvé un emploi en salariat que j'ai commencé le 5 janvier. Cet emploi m'aide et en même temps me donne envie de hurler de l'intérieur car tous vivent de façon si anodine, se laissent désarmer par des problèmes quotidiens si... banals. Et chaque soir quand je rentre, j'ai cette boule d'angoisse qui ne me quitte plus, l'angoisse de retrouver le vide. J'ai commencé à le perdre cet été, il s'est retranché sur lui même peu à peu, mais le voir partir a été une déchirure. Une part de moi est partie avec lui, je me sens si seule, que j'en ressens des douleurs physiques. Et ce soir, je ne peux m'empêcher de me dire que ça ne pourra pas s'atténuer. Je me retrouve plongée dans un monde hostile sans lui pour croire en moi et m'apporter sa lumière.
Et puis il y a le mots de tous les "proches": "tu es jeune tu referas ta vie", "quelle chance que vous n'ayez pas eu d'enfants" , qui me rendent folle de rage...
Voilà c'est un peu vrac, mais c'est ce que je peux réussir à dire là maintenant... Si quelqu'un lit ces lignes désolée d'avance pour l'aspect peut-être décousu.