Bonsoir à tous
Vous le savez, je ne suis pas très active sur le forum mais je vous lis chaque jour...Aujourd'hui, tout spécialement, j'ai envie de vous faire partager mes états d'âme car cela fait 10 mois jour pour jour (et même à l'heure près) que mon mari m'a quittée, terrassé par un infarctus sans aucun signe précurseur, à l'âge de 58 ans . Je dois vous dire que je ne réalise pas totalement encore : aujourd’hui sur sa tombe, j'ai lu et relu son nom gravé, encore stupéfaite... Alors, face à ce choc aussi violent qu'inattendu , qu'est devenue ma vie?

Ce que j'arrive à faire :
- dormir sans somnifère
- survivre sans anti-dépresseur
- m'impliquer dans mon job ( avec malgré tout, quelques difficultés de concentration certains jours, et quelques problèmes de mémoire)
-prendre soin de moi physiquement: tenue vestimentaire, coiffeur, maquillage avec une bonne dose d'anti-cernes pour cacher mes yeux rouges certains matins)
-faire bonne figure à l'extérieur la plupart du temps : je pense que les gens qui ne sont pas au courant ne peuvent pas se douter de ce que j'endure
- gérer le quotidien : comptes, facture, courses...etc
-pardonner les maladresses de mon entourage quelquefois ( ils ne peuvent pas savoir ce que c 'est..)
-accepter la forte diminution du nombre de personnes qui m'appellent pour prendre de mes nouvelles: les autres ont repris leur vie.. Pour eux, le choc est passé et je peux le comprendre

Ce que je n'arrive toujours pas à faire :
- apprécier la belle vue sur la montagne de la maison,  qui fut notre coup de cœur lors de son achat il y a presque 5 ans et que je ne peux plus partager avec lui
-me sentir bien, seule chez moi ( mais je commence à m'y habituer, un peu)
-me sentir bien , entourée de couples d'amis même très chers : du coup, je viens de refuser une invitation pour le week end prochain
-toucher à ses affaires et même envisager l'idée qu'un jour, je devrai le faire
-regarder des photos de nous dans notre vie d'avant : la seule photo que je supporte est un portrait de lui (car j'ai peur  d'oublier son visage, à terme ) mais je le sors de temps en temps seulement
-manger correctement et à table: c'est debout, sur le pouce, et je saute quelquefois des repas
-me concentrer sur un film ou un livre et me détendre en général
-reprendre goût à la vie : je n'ai plus peur de mourir et j’espère même ne pas vivre longtemps
-avoir des projets

Mes petites victoires :
-j'ai voyagé seule et sur de longues distances ( en voiture, en avion, en train...), ce que je n'avais jamais fait auparavant
-je pleure de moins en moins quand je dépose l'un ou l'autre de mes enfants à la gare le dimanche soir
- j'ai réussi quelques petits bricolages à la maison

Mes angoisses :
- la retraite dans 5 ans : pour quoi faire? comment la remplir?
- penser qu'un jour peut-être mes enfants voudront se marier : comment vivre ce jour sans gâcher la fête alors que le manque sera si présent?
- me casser une jambe ou autre chose et devenir dépendante physiquement ( mes enfants sont loin)
-mes prochaines vacances ?
- les fêtes de fin d'année ?
-les 27 (jour du malaise) et 28 novembre prochains( décès)
-etc

Voilà...Inutile de vous dire que je m'y suis prise à plusieurs reprises pour vous décrire tout cela car les larmes ont coulé...mais comme vous le dites, il faut user sa douleur... Certains d'entre -vous se retrouveront peut-être dans ce que je ressens...
Douce nuit à tous
Marie

Soliflore,
J ai lu avec émotion ce que tu as écrit.  C est certain,  je m y retrouve. Plus exactement, tu me fais prendre conscience qu en faisant la liste de  ce que tu peux, ne peux pas encore faire, de tes petites victoires, de tes angoisses et bien c est comme cela que l on peut constater que nous avançons, malgré notre immense chagrin. Je me rends compte que j ai du mal à accepter que j avance. Sans doute car jai peur que cela veuille dire que je m habitue, alors que je suis si souvent encore, après bientôt 2 ans de cet horrible drame, dans une profonde douleur. C est terrible ce sentiment que l on peut avoir... merci à toi de m avoir donné une piste de réflexion 
Douce nuit
Béa

Soliflore, tu as bien résumé ce que tu vis en ce moment et on s'y retrouve chacune dans cette description.
7 mois le 1er prochain, mon anniv qui approche, la remise de diplôme et la thèse de mon fils, les fêtes de fin d'année : la liste est longue de choses et d'évènements qui nous rappellent encore plus le manque de l'être aimé.
les larmes coulent, faut les laisser s'en aller.
par contre, j'ai bien  craqué il y a plus de 2 mois, je suis sous AD et ça commence à faire son effet : je pense de moins en moins le soir aux derniers mois qu'il aura vécu, ou plutôt survécu avec ce foutu cancer qui l'a rongé.
j'arrive à regarder des photos, je vais bientôt attaquer les vidéos : notre mariage (qu'on était jeune et beaux à l'époque !!), les baptèmes, les communions, les évènements filmés...
moi, ce qui m'inquiète, c'est que je me rends compte que je n'arrive presque plus à me rappeler du son de sa voix. il parait que c'est ce que l'on perd en premier. vers la fin, il parlait doucement, faiblement, mais sa vraie voix, la forte, je ne sais presque plus. d'où les vidéos à regarder.
il faut continuer, malgré tout, pour nos enfants, pour nous, et l'entourage, ben on verra bien.

bonjour, un mois aujourd'hui que mon amour m'a quitté, contrairement a toi Soliflore je regarde les photos inlassablement, j'ai donné un ou deux trucs à des amis les plus chers pour qu'il est un souvenir de Patrice.Par contre je suis comme toi les sorties avec des amis qui sont en couple me font souffrir , je sors beaucoup parce que se sont mes amis et ma famille qui me font mes plannings de sorties, je me laisse porter.Les fêtes de fins d'années me font peur, je ne sais pas comment je vais réagir.
bon courage à vous mes amis .

Tout à fait d'accord avec toi Soliflore,
Le chemin est long et difficile avec des hauts et des bas. Dans la liste des angoisses, je rajouterais les dates d'anniversaire (de naissance de celui que l'on a perdu, de notre mariage etc...) et l'avenir en général.
Quel autre choix avons nous que de s'accrocher et de continuer le chemin...
Frédérique

Soliflore et vous tous,

Les mois passent , on avance , on recule, mais finalement ,on arrive à mesurer , ce que l'on peut , ou ne peut pas faire, et c'est déjà une première victoire, oh pas vraiment sur la souffrance , mais sur nous même !!

Sur le temps, sur toutes ces choses que nous ne faisions pas avant, sur la vie qui malgré nous, nous porte....

C'est vrai , je m'y retrouve aussi, Fredo 2, les dates resteront , j'en suis maintenant convaincue , des passages difficiles à passer, pour toujours, c'est ainsi , et peut être qu'un jour elle seront comme notre douleur plus douce, qui sait ?

Bea, aller mieux, être capable d' apprécier , les petits bonheur de la vie , ne veut pas dire oublier, ne veut pas dire , non plus, arrêt de la souffrance, on ne les trompe pas, mais , nous sommes encore là, tachons de ne pas gâcher cette vie qui nous reste et qu'ils auraient tant aimer vivre avec nous...
2 ans pour toi le 27 novembre, pour moi , le 27 octobre, je te comprend.... encore si difficile parfois.

Jocelyne, le bénévolat une idée, mais il faut être bien" dans ses baskets", pour pouvoir donner , et je crois que la misère du monde, c'est surement trop dur encore, pour nous, qui avons bien du mal à supporter la notre, cela reste une piste, il existe des assos de toutes sortes qui demandent moins d'investissement personnel, des sorties nature, clubs de poésie, ou écriture, et que sais je encore, on y rencontres des personnes et pas d'obligation, cela peut aider à tisser du lien , donner un but,et sortir de la solitude, quelques heures par semaine.

En tout cas, le bénévolat, inenvisageable actuellement pour moi....

Je vous embrasse.

zabou

où on voit que les mois http://forumdeuil.comemo.org/traverser-le-deuil/huit-mois-aujourd%27hui/msg48814/#msg48814 sont des occasions de faire le point ...

Bonsoir Soliflore

Merci pour tes paroles je me retrouve à travers tes écris , comme toi mon mari est parti il y a 11mois . Je me pose les même questions , j ai 52  ans et je n envisage pas ma retraite cela m'effraie . Il y'a des jours ou j'ai du mal moi j ai besoin  dans ses moments de regarder les photos de mon mari,surtout quand je suis seule .
J'essaie de ne pas montrer mon mal être surtout pour mes filles. Alors de parler  et dévolus lire me fais du bien, c'est plus facile d'écrire son mal être que de le raconter.
Je vous embrasse  et merci pour tout
Dji