Bonsoir Nathalie,
Tu te demandes s'il est normal de ne pas pleurer ...
il y a 18 mois, lorsque mon mari est mort à mes côtés après presque 4 ans de lutte contre un cancer, et bien, je n'ai pas pu pleurer, même chose lors des obsèques où j'ai accueilli famille, amis, collègues l’œil sec et même souvent avec le sourire ... j'avais l'impression d'un dédoublement, mon enveloppe était là mais pas mon cœur, pas mon âme.
Tu parles d'anesthésie, c'est exactement ce que j'ai ressenti et cela a duré longtemps, par contre dès que je m'allongeais le soir, les larmes débordaient sans que je ne puisse plus rien contrôler. J'ai souvent dit que c'était comme si on m'avait amputé du bras droit et mise sous antalgiques : je savais que c'était très grave, que ça allait changer ma vie pour toujours mais je ne sentais pas la douleur (je n'ai pourtant pris aucun médicament).
Cette espèce d'anesthésie, c'était une manière de me protéger, de ne pas devenir folle de douleur et puis petit à petit, l'anesthésie est devenue plus légère et la douleur m'a rattrapée mais je continue à ne pas pouvoir pleurer devant les autres (y compris mes proches), et même chez la psychologue, mes larmes restent au bord des yeux, je ne réussis à me lâcher que lorsque je suis seule.
Bien sur, ça peut être jugé "étonnant" par certains qui pourraient peut-être penser qu'on se remet finalement assez vite, mais on ne mesure pas le manque, le chagrin à la quantité de larmes versées.
Es-tu allée voir les vidéos sur le site, les étapes du deuil y sont bien expliquées et cela m'a aidée au début à me sentir "normale" même si nous sommes tous différents et que chacun a sa propre façon de réagir.
Je t'embrasse
Marie