Auteur Sujet: deuil,curieuse marche sur un echiquier...  (Lu 4713 fois)

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Hors ligne bruno

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deuil,curieuse marche sur un echiquier...
« le: 17 septembre 2011 à 01:06:16 »
   Le dualisme de la vie se retrouve intrinsequement dans le parcours du deuil.Quel qu'il soit,le chemin semble etre dirige par le bien ou le mal.Le noir ou le blanc...Comment savoir ou se trouve la vraie frontiere?Si nous avancons sur un damier,il est impossible d'etre un peu dans la nuance,les cases sont trop delimitees,trop de bonheur peur etre mal percu,jalouse ou synonyme de pretention.Trop de douleur amenera la vindict des" bienheureux",et fera de nous des "parias",des lepreux qui font pitie et peur....
    La vraie lumiere,sur ce damier trop delimite,serai de marcher dans le joint,entre noir et blanc,dans les tons gris,qui par leurs palettes de nuances font que l'ont peut aller de l'ombre a la lumiere,et vis- versa,sans jamais perdre les deux teintes de reference,qui sont trop abstraites pour etre une ligne dogmatique de conduite de vie,de sentiment ou de foi absolue...
   Savoir composer,adapter sans tromperie affichee,sans esprit de conquete,et sans malice,ca,c'est une preuve d'intelligence,la seule qui soit vraie,celle de l'emotionnel,l'intelligence de la vie,de la fragilite de cette vie,qui nous le savons a present est tellement tenue,tellement fugitive,et si irreversible,que peu de choses sont importantes au final,peu de choses comptent vraiment lors du grand depart,si ce n'est l'essentiel,le plus imperceptible et inexpliquable de nos sensations,mais la plus forte,la plus invincible :

                                 l'Amour de la vie d'une personne....

                 Bruno a Sandrine.   

ergé

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Re : deuil,curieuse marche sur un echiquier...
« Réponse #1 le: 17 septembre 2011 à 09:16:48 »
Bonjour Bruno,

Bien sûr qu'il y a une place pour les nuances sur le damier que tu évoques, mais à mon sens, elle n'est pas là où tu la situes, c'est à dire entre les cases blanches et les cases noires. Non, c'est à la fois plus simple et plus compliqué, car la vie et la mort ne sont pas des pions sur un échiquier, et heureusement. Par bonheur je crois, il est permis ici, à la différence d'un jeu d'avoir un pied dans le blanc et un pied dans le noir sans être obligé de choisir définitivement ni d'être accusé de tricher.

Ainsi le mort est à la fois dans le noir de sa tombe mais aussi dans le blanc de ton coeur et tout ça ne donne pas du gris, mais bien du noir ou du blanc, selon les instants; idem pour le vivant, à la fois dans le noir du deuil mais aussi dans le blanc de la vie qui doit continuer, et le tout peut coexister dans notre esprit, même s'il arrive que l'un prenne le pas sur l'autre à certains moments.

Non, la vie et la mort ne sont pas un jeu et sont intimement liées et ce dès le jour de la naissance, tant dès cet instant, tu sais que tu es mortel et que ceux qui t'entourent le sont aussi, et que tu vas devoir apprendre à vivre toute ta vie avec cette idée, un pied dans le blanc, un pied dans le noir.

Ainsi donc, l'important n'est pas de savoir quelle est la couleur de la case où tu te trouves, mais bien comme dans un jeu cette fois, d'être persuadé qu'où que tu te situes, tu ne peux t'en sortir et gagner qu'en avançant, ce qui n'empêche pas de se souvenir des étapes qu'il a fallu franchir pour arriver là où l'on est ni des "pions" que l'on a cotoyés dans son parcours.

mc59

  • Invité
Re : deuil,curieuse marche sur un echiquier...
« Réponse #2 le: 17 septembre 2011 à 10:42:36 »
bonjour Bruno et Ergé ;
comme souvent , je suis très touchée en vous lisant ...
je me retrouve dans la conclusion de Bruno : oui, l'essentiel dans ce  chemin difficile à vivre , c'est bien l'AMOUR.
L'amour que nous avons partagé avec notre conjoint , amour que nous avons à transmettre à ceux et celles avec qui nous vivons ; je pense en particuliers aux enfants et petits-enfants, mais aussi à tous ceux et celles que nous cotoyons .
l'amour c'est ce qui reste quand tout le reste a disparu ;
je me suis souvent demandée ce que nous faisions sur cette terre..
quel hasard m'a fait vivre ici et maintenant , coincés que nous sommes avec la dimension du temps et celle de l'espace ..
je n'ai toujours pas de réponse! mais je me sens 'riche' de ce que j'ai vécu avec JM, et je veux vivre le temps qui me reste le mieux possible , en partageant cette richesse.
 j'aime aussi ce qu'écrit  d'Ergé  : "avoir un pied dans le blanc et un pied dans le noir sans être obligé de choisir définitivement ni d'être accusé de tricher".
oui, il y a cette dualité en nous: joie , souffrance...
on ne choisit pas ; certains jours la souffrance s'impose sans prévenir , et d'autres jours nous sommes capables de sourire ..
rien n'est définitif ;
le chemin continue ... avec ses case noires et ses cases blanches!

Hors ligne marie7

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Re : deuil,curieuse marche sur un echiquier...
« Réponse #3 le: 17 septembre 2011 à 23:45:12 »
bonsoir,

Pour moi la vie est un kaléïdoscope qui varie selon les moments, les jours, les rencontres.

Dans le deuil les émotions rendent l'image trés variable et trés mobile.
Dans le deuil les couleurs ont perdu leur éclat, ont terni et l'assemblage est dysharmonieux.
Je pense que pour les non endeuillés cette question du noir et du blanc se pose aussi mais la dualité est exacerbée par le chagrin de l'absence, mais je ne pense pas que la vie soit monochrome.

Peut-être que cette ligne entre les cases de l'échiquier c'est cette sensation que j'ai souvent : être sur un fil comme un funambule, l'équilibre est précaire et je sais que ma fragilité me rend vulnérable et qu'elle me demande un effort constant.

Cette dualité je la sens constante au quotidien: aujourd'hui c'est l'anniversaire de notre mariage et j'ai vécu cette journée en alternant entre de beaux souvenirs et entre la conscience encore plus accrue que quelque chose est cassé à tout jamais.
Il se trouve que j'étais invitée à un mariage, j'y suis allée un court instant car je voulais témoigner aux mariés toute mon affection mais en les voyant je pensais que la vie peut basculer trés vite. Alban mon mari était vivant, heureux avec ses amis et quelques minutes plus tard le réanimateur me disait qu'il était mort.

Je crois que c'est aussi pour cela que j'ai du mal à croire qu'il peut encore y avoir des moments heureux malgré le chagrin car j'ai peur de souffrir à nouveau.
Le sens de la vie dans le deuil est une question trés présente.

amitiés

marie7

Soledad

  • Invité
Re : deuil,curieuse marche sur un echiquier...
« Réponse #4 le: 20 septembre 2011 à 06:28:00 »
Bonsoir Bruno,

Moi aussi, je sens que je vie dans le gris. Des jours avec plus de lumière, des jours, plusieurs, avec plus de noirceur. Je sens que plus jamais je ne pourrai vivre dans la lumière complète. Ni dans la noirceur complète non plus car je sais que l'amour, le bon, le vrai, le pur amour existe. À l'approche de la mort, lorsqu'on a la chance, si on peut appeler cela de la chance, de pouvoir le vivre, pendant plusieurs mois, en sachant que cela approche mais en ne sachant pas très bien comment cela va se passer exactement, ni comment on va pouvoir y survivre, il y a des choses très fortes et fondamentales qui se passent et il n'y a plus d'espace pour le faux. Ce qu'on vie et ce qu'on se dit est vrai et survie chez nous, les endeuillées. Cette lumière, cet amour fait en sorte qu'on ne soit plus jamais dans la noirceur complète. Le manque et l’absence radicale fait cependant en sortes qu'on ne puisse plus non plus être jamais dans la lumière complète.

Merci pour cette réflexion et ces images.

Soledad