Rassure-toi Florence, je suis comme toi, je tiens parce qu’il le faut, pour lui, pour moi, pour son fils.
Mais comme toi, crois-le bien je « craque », je « m’effondre » et le creux de la vague est là.
Tu veux connaître mon souhait le plus grand ?
M’allonger sur mon lit, fermer les yeux, ne plus respirer, attendre que le temps s’arrête définitivement !
Mais malheureusement, ce n’est pas ainsi que cela fonctionne, je le sais bien.
Alors, je fonce, je ne m’arrête presque pas. Je dis presque parce que je me suis organisée des temps de repos, de « congés » au propre comme au figuré.
Tous les mois, à peu près, et ce jusqu’à fin novembre, je me suis projetée des coupures dans mon travail et dans le travail des soucis : congés, vacances, séjour chez une amie, cure médicalisée (enfin je vais « soigner » mon dos !).
Cela n’empêche pas la douleur, la tendresse d’une pensée d’un souvenir, et c’est peut-être là que réside ma « force », je me rends compte que lorsque je pleure, ce sont des larmes de douleurs mais aussi de douceur et alors une chaleur douce m’envahit.
Je sais alors qu’il est là et qu’il me prend dans ses bras.
Je ne sais pas si je m’exprime bien car ce n’est pas facile de mettre des mots sur ce que je ressens alors.
Tu dis la famille ne comprend pas. Oui encore, je sais ce que c’est, mais ce n’est pas que la famille ! on ne peut pas comprendre tant qu’on ne souffre pas du départ d’un être cher.
On dit bien qu’un médecin ne comprend la douleur de son patient que lorsque lui-même est hospitalisé !
Il en est de même pour nous. Comment peut-on comprendre ce que l’on ne connaît pas ? c’est humain, il ne faut pas en vouloir aux autres.
De plus, nous, nous n’avons qu’une envie, parler de notre amour, le faire vivre à travers nos mots, nos souvenirs….
Les autres que nous cotoyons, eux, vivent aussi leur vie, leurs soucis. Et ces derniers font qu’ils passent à autre chose alors que nous, nous faisons du surplace !
OUI, OUI, il faut vivre, pour eux, pour qu’ils soient fiers de nous, fiers de nous avoir cotoyé, aimé, heureux de voir que nous « nous en sortons », qu’ils ne soient plus inquiets de notre sort, qu’ils ont eu raison de nous faire confiance….. et je pourrais continuer encore longtemps comme cela.
Rassure-toi, moi aussi, je n’ai plus de goût à rien, je ne sais même pas si je dois envisager un avenir. Un avenir sans lui ? impensable. Et pourtant, il faut tenir, toujours tenir !
Ces simples mots, je les utilisais déjà le temps de sa maladie et son accompagnement, qui m’a aussi fortement éprouvée, je me suis complètement « oubliée », oublié le mal de dos, oublié la tendinite de l’épaule, bonjour la tendinite du coude, oubliés les maux de tête pour cause de souci, de manque de sommeil, oubliée la joie de vivre, bonjour la tendresse au centuple, le geste doux pour le laver, bonjour le plaisir de m’allonger à ses côtés, sa tête sur mon épaule. Et j’en passe….
Et maintenant, TENIR TOUJOURS TENIR car il faut faire les paperasses, suivre les factures, régler les difficultés imprévues, comme une poutre maîtresse de soutien de la terrasse (40 m²) qui s’est très fortement abîmée parce que mon cœur n’a pas pu faire l’entretien ces 4 dernières années du fait de sa maladie, poutre qui, si elle cède, va entraîner la toiture de la terrasse mais aussi une bonne partie de la maison !
Tu vois, tenir, toujours tenir ! c’est notre lot à tous, et à toutes, et c’est le mien en particulier.
Je t’embrasse.
Catherine
« cœur »
« tenir, toujours tenir ! »