A Yohann
Notre roc, si fragile.
Notre philosophe, si loquace.
Notre amoureux, si pudique.
Merci Yohann.
A Karine
J’avais en projet de relire tous vos messages, tous, afin de noter ces dates douloureuses, pour chacun de vous. Le calendrier y suffira t’il ? Tristement, je n’en suis pas sure.
J’ai cependant remarqué que ces dates, nous éprouvions le besoin de les « marquer » sur le forum. Un décompte du temps qui passe depuis que… Un décompte de chaque jour où l’on a tenu sans…
Je reste persuadée que oui, il vaut mieux souffrir d’avoir aimé, que souffrir de n’avoir jamais aimé. (Voir la réponse unanime sur le fil « Si c’était à refaire »).
Et je m’accroche aux arcs en ciel, comme une arapède sur un rocher, les vagues ne m’emporteront pas.
Merci Karine.
A Daniel
Oui, j’éprouve toujours une besoin irrésistible de parler de Pierre, de prononcer son prénom, de raconter sa vie, la notre et la terrible épreuve. Je sais que je n’oublierais pas, jamais, mais il me faut l’écrire, encore et encore. Avec les années, je pense que le récit sera édulcoré et peut-être romancé.
Ma grand-mère paternelle avait vécu une enfance digne d’un roman de Tolstoï, fuite de la Russie en pleine révolution, … … Dès notre plus jeune âge, elle nous a narré son histoire, une fois, dix fois, peut-être cent fois et chaque fois, elle ajoutait une anecdote, un petit plus, un détail et assez vite nous nous sommes aperçus qu’elle revivait sa vie comme un roman.
C’est beau, mais je regrette de ne pas avoir noté le premier récit, le vrai.
Je ne veux rien oublier de Pierre, je veux tout noter et décrire, tant que ma mémoire est fidèle. C’est peut-être aussi, oui, une forme d’exorcisme.
Nous ne nous sommes pas dit au revoir non plus, avec Pierre. Il a cru jusqu’au bout (ou fait semblant ?), qu’il s’en sortirait. Il avait foi en l’avenir, et un courage hors du commun. Il accepté tous les traitements, toutes les contraintes et moi, je faisais semblant. Pas une seule fois il n’a semblait avoir un doute, pas un seul indice qui m’ait laissé penser qu’il savait que son état empirait. Alors, pas d’au revoir, pas de déclarations, juste des mots d’Amour, des mots de tous les jours. Mais l’Amour se lit et se dit aussi dans un regard, dans une caresse, dans une présence attentive.
Merci Daniel.
A Bruna
C’est vrai que nos histoires sont parallèles.
L’hôpital, les opérations lourdes, les traitements, le « faire semblant », le dernier jour, jusqu’au prénom – et petit nom – de nos Amours, « mon Pierrot ». Le 30 juin, il n’allait pas très bien, je l’ai accompagné à l’hôpital, il n’était pas vraiment d’accord et me dit : « Oh, Mimi, l’hôpital, encore, on sait quand on y arrive, mais on ne sait jamais quand on en part. » Et je lui ai dit : « Allez, mon chéri, quelques examens et je vous ramène à la maison. » Il n’est jamais rentré. Pourtant, je le lui avais promis…
J’arrive de moins en moins à quitter notre maison, une belle maison pleine de joie, de rires, de douceur et d’amour. Enfin, maintenant très calme et silencieuse malgré la présence de mes parents tous deux octogénaires et bien handicapés et de mes … 15 chats (oui, je sais !).
Je fais des petits travaux par ci, par là, je termine ses finitions en attente depuis longtemps et lui demande souvent un conseil, une idée à mon Pierre. Il a tellement d’idées, tellement de talent pour tout. Il est partout avec moi. Tout le temps.
Oui, pour ton accident de voiture, je m’en souviens. Un miracle.
Alors, cela existe donc les miracles ?
Voilà une bonne nouvelle !
Merci Bruna.
A Sylvette
Ce dimanche n’a pas été un mauvais dimanche.
Parfois, le 22 du mois, je fais comme si c’était un jour normal. D’ailleurs c’est un jour normal pour tout le monde. Sauf pour moi. Et Caroline du QC.
Ce dimanche, je le lui ai consacré (pas à Caroline ! à mon Pierrot), je lui ai écrit, je lui ai parlé, je n’ai pas cherché à l’éviter, à me cacher, à refouler mes pensées, mes souvenirs et mon chagrin, mais …
JE N’AI PAS PLEURE.
Incroyable, non ?
Je me sens comme ces arbres que la tempête a abattu et que tout le monde déclare perdu. Le temps passe et un printemps, un bourgeon ou deux pointent leur nez, et puis plusieurs… A évidement, il est bancal, mon arbre, il ne ressemble à rien, la tête à la place du pied, une branche qui devient racine, une autre qui monte vers le ciel… Vers le ciel…
C’est ce qu’on appelle la Résilience, non ?
Je préfère ce mot, résilience, à « acceptation ». Non, je crois que je n’accepterais jamais. Mais je pense que je pourrais, peut-être, m’adapter.
Enfin peut-être.
Allez, oui, nous nous adapterons, parce que … ? parce que… , parce que.
Merci Sylvette.
A Caroline
C’est avec une grande tristesse que j’ai lu ton message.
Ta grande solitude face à ce moment d’effondrement, j’ai cru lire le récit de Joyce Carol Oates, lorsqu’elle raconte cette dernière nuit.
Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas en permanence dans les hôpitaux une cellule d’aide aux accompagnants.
J’ai presque honte de dire que, oui, j’ai été très aidée, soutenue et aimée. Tu as complètement raison de dire que ces moments tragiques peuvent aussi être magiques, mais c’est plus tard, bien plus tard que l’on en prend conscience.
Merci Caroline.
Merci à tous.
Il n’y a qu’ici que je peux me laisser aller, laisser dégouliner les phrases, les aligner les unes derrière les autres, sans retenue, sans pudeur mais quand même avec la crainte de lasser, car mes messages deviennent vraiment trop, trop longs.
Ecrire, décrire, raconter et communiquer, c’est pour moi une thérapie capitale.
Avoir votre écoute, votre indulgence, votre gentillesse, votre tendresse est un réconfort inestimable.
Je confirme, Caroline : Vous êtes des Amis.
Marina