Auteur Sujet: "Acceptation" difficile et violente...  (Lu 8006 fois)

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Ghislide

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"Acceptation" difficile et violente...
« le: 23 janvier 2012 à 12:30:07 »
Bonjour à vous,

Depuis 5 jours, je tombe dans un gouffre sans fond et je ne sais pas si j'aurai la force de remonter de cette profondeur...
L'absence de mon amour me détruit à petit feu, le manque de lui me mine et je n'ai plus d'énergie.

J'ai envie de rendre les armes, de cesser le combat, de m'endormir, de partir, de fuir... tout en criant "à l'aide", mais je n'y arrive pas...

Tout cela à cause d'une petite carte de vœux pour 2012 où l'on me souhaitait "une heureuse année, pleine de tendresse et remplie de petits et grands bonheurs..." et de voir "tous mes rêves se réaliser"... Tous ces mots, pourtant bienveillants, ont provoqué comme une décharge électrique qui m'a terrassée et la douleur du constat a été fulgurante :
... il n'y aura plus de tendresse, il n'y aura plus de petits ou grands bonheurs puisque je n'aurai plus ses bras pour m'y blottir, je n'entendrai plus jamais sa voix grave et si douce me murmurer des mots d'amour, je n'entendrai plus jamais son rire, je ne le verrai plus jamais me sourire, je ne verrai plus jamais son regard se poser sur moi...

Mes souvenirs ne me suffisent plus pour continuer, ils me font même trop mal... je pleure à une simple évocation, je ne parviens même plus à regarder sa photo sans me mettre à sangloter...

Je me sens si mal... tellement mal que la douleur morale en devient physique. Je me demande comment supporter tout cela, même les médicaments ne font plus effet...

En suis-je à cette phase "d'acceptation" dont parlait Johann ?
"Acceptation" de cette évidence qu'il ne sera "PLUS JAMAIS" là ?

Mais que cette acceptation est difficile, violente !!! Vais-je arriver à la surmonter ? L'avenir me semble tellement insipide qu'il n'a plus aucun sens...

La moindre particule de moi ne réclame qu'une chose : qu'il soit là, encore là, toujours là...


Hors ligne Marina Saboya

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #1 le: 23 janvier 2012 à 12:48:55 »
Courage Ghislide, courage,

Je et nous tous ici, connaissons ces moments épouvantables où la vie nous semble bien trop lourde à porter et le chagrin insurmontable.
Un rien déclenche un flot de larmes, et notre cerveau d'humain va se torturer à chercher les souvenirs si doux qui font si mal. Dans ces moments, j'aimerai être un petit animal, préoccupé par l'instant présent, l'instinct de survie et rien d'autre.

Il faut s'accrocher et penser que cela va s'atténuer, il faut repousser tout ce qui nous blesse, les souvenirs, les objets, les photos... Il faut lutter contre soi-même. C'est si dur.
Continuer à nager dans la tempête, faire la planche entre deux vagues, écouter son corps et neutraliser son esprit, et recommencer à nager, tu ne vois pas le rivage mais il est là.

Non, je ne crois pas que tu sois en phase d'acceptation. D'ailleurs, cette phase là me semble bien utopique! Ta détresse c'est un constat brutal, un manque vertigineux, et une fatigue immense.
Souvent, on dit que cela apparait 6 à 8 mois après le départ de l'être aimé. C'est ton cas. Moi, cela c'est passé au bout d'une bonne année. J'ai passé un sale moment et maintenant, je vais mieux, depuis un mois environ. Je peux même travailler sur un recueil que je réalise sur la vie de mon Pierre, de ses dessins d'enfant, jusqu'aux lettres que nous avons échangées, photos... et je ne pleure pas, je souris devant toute ces merveilleux moments.

Moral et physique sont liés, il faut que tu sois douce avec toi. Rien d'autre ne compte que toi. Pleure si tu en éprouve le besoin, parle avec des gens qui peuvent t'écouter et ne pas te dire : reprends toi, cela ne sert à rien de pleurer, cela fait déjà 6 mois, tu dois être forte. Beurk! Je déteste ce langage!
Parle avec nous.

Crois moi, Ghislide, on y arrive à avancer, et après, on est heureux et fiers.

Je t'embrasse fort, fort.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

suzy

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #2 le: 23 janvier 2012 à 13:21:17 »
Oui Ghislaine...Marina et Yohann ont raison...
Nous connaissons tous ces moments atroces où l'on a l'impression de ne plus pouvoir continuer, où le manque de l'être aimé se fait insupportable, où l'on se demande pour qui , pour quoi l'on vit, où l'on voudrait tout simplement pouvoir mourir...
Mais Courage...Le temps fait son travail, même si tu n'en as pas conscience...Pour l'instant, tu as des moments de profond désarroi; tu as l'impression de ne pas voir la fin du tunnel...Sois douce avec toi-même, accepte ces sentiments de tristesse...tu as le droit d'être triste...Pleure, pleure si tu en as besoin...Entoure-toi de gens qui peuvent te comprendre, des gens qui sauront écouter ta douleur en silence...
Pour moi, cela vient de faire 25 mois...Et tu sais, des moments de blues, j'en ai encore souvent...Pourtant, ces moments se font plus rares et surtout, ils durent moins longtemps. Comme le dit si bien Yohann, le souvenir de mon amour est et restera à jamais au fond de mon coeur, mais peu à peu, je sens que je parviens à y penser autrement. J'arrive à sourire en me remémorant de beaux moments vécus ensemble; je parviens même à regarder des photos sans pleurer...
Je suis aussi capable de refaire des projets...Et d'éprouver du plaisir à les faire...Peu à peu, l'espoir renaît en moi. Je sens que l'envie de vivre me reprend...Nous ne sommes que des êtres humains et nous sommes obligés de passer par certaines étapes incontournables pour avancer...Mais peu à peu, tu verras, la vie va reprendre ses droits...
Je t'embrasse
suzy

Ghislide

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #3 le: 23 janvier 2012 à 14:27:02 »
Merci... merci...

Je ne voulais pas vous ennuyer avec ce que je ressens depuis quelques jours, mais j'ai réalisé que cela devenait insupportable, que j'arrivais au bout de ce que je me sens capable d'endurer et une peur sourde (l'instinct de survie ?) m'a poussée à venir vous parler de ma détresse... de vider "mon sac" de désespoir, pour reprendre le terme de Yohann...

Je ne comprends pas cette intensification de la douleur, pourquoi cette réaction, cette envie de mourir maintenant... l'être humain est un grand mystère...

Mais qu'importe, vos témoignages de soutien sont autant de bouées de sauvetage que vous me lancez dans ma tourmente et je vais m'y accrocher un moment en attendant quelques timides rayons de soleil dans ce noir absolu.

Merci Marina pour cette foi en des jours meilleurs et  tes paroles apaisantes, tu ne peux imaginer, sans doute, l'impact positif qu'elles peuvent avoir...

Merci Yohann d'être là, toujours à l'écoute, avec ta compréhension approfondie des émotions qui nous traversent, c'est une aide précieuse pour entrevoir ce processus si complexe du deuil...

Merci Suzy pour ton témoignage réconfortant qui redonne l'espoir d'un avenir un peu plus clair, même si le passage à vide que je traverse me cache cet horizon tant souhaité...

Je vous embrasse de tout mon cœur
Ghislaine


odile60

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #4 le: 23 janvier 2012 à 21:38:59 »
ghislide, je suis comme toi aujourd'hui, cela fera 3 mois demain que mon compagnon est parti, et comme yohann dit, j'ai avancé un peu , j'essaye de me raisonner mais c'est dur, j'ai lu ce soir avec ma petite fille une histoire qui explique le départ de son grand père, c'est un blaireau qui prend le grand tunnel,et ses amis sont tristes,  j'ai eu beaucoup de mal à finir le livre tellement les sanglots que je voulais cacher me prennaient à la gorge, le chemin est encore long, et le chagrin trop présent, amitiées à vous tous et toutes

Hors ligne Marina Saboya

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #5 le: 23 janvier 2012 à 21:49:58 »
Odile,

Une chose est sure, le grand tunnel qu'emprunte ton grand-père blaireau, c'est un peu le tien, le notre.
Plus ou moins caillouteux, plus ou moins noir, plus ou moins froid, mais au bout : la lumière.

Il parait que les personnes approchant de la fin circulent dans un tunnel vers une lumière, ceux qui restent, nous, aussi.
Chacun de notre coté, eux et nous marchons sur des lignes parallèles (malheureusement), mais vers une même lumière.

Soyons forts ensemble.

Je vous embrasse tous.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Ghislide

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #6 le: 23 janvier 2012 à 21:59:55 »
Bonsoir Odile

Il est bien difficile de "raisonner" lorsque le chagrin prend le dessus car cela dépasse de loin la raison... c'est comme essayer de maitriser un bateau en pleine tempête... impossible !

Alors laisser aller, sans trop savoir où cela va nous mener, mais en tentant de garder à l'esprit qu'on finira bien par arriver quelque part. C'est ce que j'ai oublié depuis quelques jours...

Bisous
Ghislaine



odile60

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #7 le: 23 janvier 2012 à 22:09:55 »
merçi à vous pour vos messages,mais en ce moment ce sont des journées et nuits chagrin,

Hors ligne soizic38

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #8 le: 29 janvier 2012 à 19:43:47 »
bonjour,

Ca fait quelques temps que je ne suis pas venue sur le forum. Hier ça a fait 4 mois que mon conjoint est décédé d'un cancer et je me retrouve beaucoup ds vos témoignages.  En ce moment, je pleure très souvent, de grosses crises de larmes à n'en plus finir, j'ai l'impression que c'est de plus en plus dur sans lui.
Ma  fille de 21 mois est si souriante, si cocotte et pourtant je suis mal, je ne prends rien comme médocs, j'ai l'impression comme vous de survivre et non pas de vivre à tout ceci.

Je me sens tellement fatiguée de la vie, de ces deux années de lutte contre le cancer avec mon conjoint, je suis surement traumatisée de ça car je me repasse en boucle ces deux dernières années, et je me torture l'esprit.

Faut-il en parler à ses amis proches? que faites-vous quand vous êtes mal ?

Je vous embrasse

Soizic38


Hors ligne Marina Saboya

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #9 le: 29 janvier 2012 à 20:12:06 »
Bonsoir Soizic,

Tu as raison de parler de traumatisme. Lorsqu'une catastrophe arrive, on mobilise des équipes de psy, d'accompagnateurs... Mais quand on perd sa moitié, son compagnon, le père de ses enfants, rien.
Des condoléances, des mots gentils, et puis très vite le silence.
On en crève de ce silence, on a vraiment besoin de parler, de crier, de hurler, de pleurer, de se laisser aller, enfin.

Ce forum m'apporte beaucoup. Personne d'autres que ceux qui l'on vécu, ne peut comprendre nos états d'âmes, parfois exubérants, d'autres fois silencieux, parfois suicidaires, d'autres fois positifs... le blanc et le noir, l'envie d'en sortir, l'envie d'arrêter.

Il faut parler en tout cas, ne pas rester seule dans le silence. Un(e) ami(e) qui sait écouter, un psy parfois, le forum, un parent... Mais parler, parler, et ne pas retenir ses larmes, déranger les gens à n'importe quelle heure pour évacuer le stress.

Les médocs, c'est un vaste débat. Toi seule, avec l'aide de ton médecin peut savoir si cela t'aidera ou non, mais moi, je me dis que lorsque j'ai mal à la tête je prends un cachet, alors quand j'ai mal à mon coeur, je prends aussi un cachet.

C'est dur, petite Soizic. Tu peux aussi puiser de l'amour dans ta petite poulette de 21 mois, çà, cela n'a pas de prix.

Je t'embrasse fort et t'envoie plein de courage et de force.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

antoine31

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Re : "Acceptation" difficile et violente...
« Réponse #10 le: 30 janvier 2012 à 00:17:13 »
Bonsoir Soizic,
Mon épouse est également décédée il y a quatre mois , dans des souffrances terribles malgré la morphine après trois année à se battre contre le cancer.
Hier seulement, j’ai pu en parler plus d’une heure avec une connaissance qui vient de perdre son beau frère cette semaine, car avec ma famille et les amis, les échanges restent extrêmement limités sur le sujet. Ce matin, la plus proche amie de ma femme m’a confié qu’elle n’osait plus venir à la maison de peur de pleurer et de faire remonter trop de souvenirs.
L’initiateur de ce site  conseille trouver trois personnes pour partager nos souffrances afin de ne pas trop les solliciter.
En pratique ce n’est pas facile. Que faire alors pour parler malgré tout?
Pour ma part, utiliser ce forum en premier, disponible 24h sur 24, où  les échanges transpirent de bienveillance et d’humanité et qui font un bien fou (merci à tous…), malgré toute la souffrance exposée.
Un psy, pourquoi pas, si on peut être conseillé sur le choix. Des proches ou amis qui savent effectivement écouter, s’il y a, c’est un plus.
Il existe parfois des groupes de parole entre veufs et plus souvent veuves organisés par quelques associations selon les régions. Ils sont malheureusement rares et souvent limités à quelques séances dans l’année. Aujourd’hui j’ai lu une annonce dans un forum proposant d’organiser un « café deuil » mensuel dans ma ville pour PARLER et partager. J’irai certainement. J’ai l’impression que nous avons tous ce besoin à un moment ou un autre et toutes les idées sont bonnes à prendre pour y parvenir.
Antoine