Auteur Sujet: Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...  (Lu 5972 fois)

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Hors ligne Anicia

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Bonjour

J'avais déjà écrit ici en mai 2018 ( et même avant ), mais voilà  le temps passe et rien ne change...

 En me voyant  comme ça personne ne sais ce que je vis, je parais ' normale ',  car il n'y a que quand je suis seule que je suis vraiment moi même car personne ne me voit .

Et vraiment moi même c'est triste , déprimée, pleurant tout le temps ..

Je me sens seule à en crever, ( j'ai mon petit chien ), très angoissée,  parce que je ne supporte pas d'être seule, de vivre seule, et d'être si peu entourée .

Je m'inquiète vraiment pour mon étant mental ..

Je prends un traitement médicament qui me permets de tenir debout et de donner le change, ( en me voyant, personne ne sait que je ne vais pas bien ), mais il ne me suffit pas .

En fait, depuis la mort de ma mère, le 12 avril 2016, bien que j'aie continué à ' vivoter' , rien n'a changé .

J'ai eu des hauts où j'ai cru aller mieux, mais tout est retombé .

Je 'vois' toujours autant ma mère qu'avant , dès que je me lève l'ai des images qui me reviennent, que ce soit les derniers moments atroces pour moi ou des moments agréables, dans tous les cas ça me rends malade,  j'entends sa voix ( quand je parle à mon chien qui était aussi le sien  j'ai l'impression de l'entendre ), si je fais des courses pour moi je repense à ce que je devais lui acheter , etc etc....
Je pourrais citer mille exemples comme ça .

Parce que depuis des années ma vie c'était ma mère..

Elle dépendait de moi car elle ne pouvait plus se déplacer seule ( j'habitais au dessous de chez elle et je la voyais tout le temps ).

Je faisais tout ce que je pouvais et l'emmenais en voiture partout .
Ma vie tournait autour d'elle .

Et d'un coup, je me suis retrouvée toute seule ( avec mon petit chien ).

Le temps passe, et je me dis que cette fois c'est vraiment la folie qui me guette .

Le traitement médicamenteux que je prends ne me suffit pas, il m'aide à paraitre 'normale' car je tiens debout et cache  ma détresse , mais au fond de moi, je suis toujours en mille morceaux.

Depuis le 12 avril 2016 je ne suis plus personne .

Je sais que ce n'est pas normal .

J'ai vu plusieurs nouveaux psychiatres ( assez désespérants  ) et j'en vois un maintenant qui essaie d'associer d'autres médicaments pour me donner le déclic dont j'ai besoin pour faire des choses .

Car si un antidépresseur ne suffit pas, il peut aider à retrouver de l'énergie, de l'envie ..
Alors que justement quand on est complètement en bas, on n'a le courage de rien pour que sa vie d'améliore.

Je sais que je fais un deuil pathologique .

Car rien ne change, je suis toujours aussi seule, ( ma cousine et mon amie sont là mais ça ne suffit pas et surtout je ne veux pas être un poids pour elles alors je ne passe pas mon temps à parler de ce que je vis, de toute façon les pauvres ne peuvent rien faire ) .

Mais j'ai peur .

Je ne peux toujours pas penser à ma mère sans pleurer, la ' voir' sans pleurer,  je ne peux pas rêver d'elle sans souffrir, elle 'hante' mon esprit et m'empêche de vivre !!

Je n'arrive même plus à avoir d'espoir que ça aille mieux puisque le temps passe et que malgré ma volonté d'aller mieux ( et oui je veux m'en sortir ) ça ne marche pas ..

J'ai pensé à L'EMDR ....car j'ai lu que ça pouvait aider dans des deuils difficiles à faire ..
Je ne sais pas ..

Moi je veux bien tout essayer pour aller mieux mais je me sens complètement perdue .

A 55 ans en être là est vraiment désespérant .

Merci de m'avoir lue..




Hors ligne biche07

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Re : Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...
« Réponse #1 le: 04 décembre 2018 à 16:00:59 »
Bonjour Anicia..je palpe  ta détresse et ta tristesse...tu as expérimentée tellement de choses...je vais te donner une idée tu en fera ce que tu voudras...peut être doit tu demander à ta maman de te laisser vivre ta vie et reconstruire une vie sans elle ..mes croyances font que j' ai la certitude que nos défunts nous voient et ressentent nos états d'âme...ta maman ne veux que ton bonheur, laisse la partir pour qu'elle soit apaisée elle aussi ..votre amour ne s'éteindra pas il sera différent et la  bienveillance que vous avez l'une pour l'autre va continuer .tendresse biche
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

Hors ligne katrinap

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Re : Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...
« Réponse #2 le: 04 décembre 2018 à 19:00:38 »
l'EDMR est en effet une bonne thérapeutique
sans vous connaitre, mais avec une petite expérience clinique liée à mon travail je pense que ce n'est pas de médicaments dont vous avez principalement besoin c'est de comprendre ce qui vous arrive
faire ressurgir votre moi enfant qui est en train d'exploser, car c'est l'enfant qui pleure de la mort de son parent, pas l'adulte, et je pense que trouver un thérapeute pas un médecin, bénéficier d'une thérapie de soutien, et en parallèle sortir de votre isolement en étant en groupe de parole?
amitié
katrin

Hors ligne Anicia

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l'EDMR est en effet une bonne thérapeutique
sans vous connaitre, mais avec une petite expérience clinique liée à mon travail je pense que ce n'est pas de médicaments dont vous avez principalement besoin c'est de comprendre ce qui vous arrive
faire ressurgir votre moi enfant qui est en train d'exploser, car c'est l'enfant qui pleure de la mort de son parent, pas l'adulte, et je pense que trouver un thérapeute pas un médecin, bénéficier d'une thérapie de soutien, et en parallèle sortir de votre isolement en étant en groupe de parole?
amitié
katrin

Bonsoir et merci pour ta réponse

En ce qui concerne les groupes de paroles, je n'en ai jamais trouvés !

On pourrait penser qu'en habitant Paris il y en a forcément mais malheureusement non !

Alors oui il y a des groupes de paroles pour parler de la perte de son conjoint, de son enfant, éventuellement de parents décédés trop jeunes, mais pas pour parler de la perte de ses parents âgés .

Par contre rencontrer une  bonne psy pour avoir une thérapie de soutien, je ne demanderais pas mieux !

Mais je ne sais pas qui aller voir,  j'ai vu beaucoup de psys dans ma vie qui feraient bien de changer de métier et je trouve ça désespérant .

J'ai pensé  à l'EMDR parce qu'on m'a dit que c'était indiqué dans les traumatismes et que les deuils difficiles à faire relevaient de cette pratique .

Mais là aussi il faut trouver la bonne psy compétente dans ce domaine, et c'est encore le parcours du combattant !

Comme c'est très cher ce n'est pas simple .

En plus j'avoue que ça me fait un peu peur aussi car ça peut faire resurgir des tas de choses du passé et j'ai peur d'aller plus mal encore !

En fin de compte je ne sais vraiment pas ce que je vais faire ..
Amitiés


Hors ligne Anicia

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Bonjour Anicia..je palpe  ta détresse et ta tristesse...tu as expérimentée tellement de choses...je vais te donner une idée tu en fera ce que tu voudras...peut être doit tu demander à ta maman de te laisser vivre ta vie et reconstruire une vie sans elle ..mes croyances font que j' ai la certitude que nos défunts nous voient et ressentent nos états d'âme...ta maman ne veux que ton bonheur, laisse la partir pour qu'elle soit apaisée elle aussi ..votre amour ne s'éteindra pas il sera différent et la  bienveillance que vous avez l'une pour l'autre va continuer .tendresse biche

Bonsoir

Merci pour ta réponse .

J'ai besoin que tu m'expliques concrètement ce que tu me demandes de faire,  car je crois à beaucoup de choses, mais ça ne m'explique pas ce que je suis censée faire pour faire le deuil de ma mère ...

Je dois laisser partir ma mère ?.. qu'est ce qui te fait dire que je ne la laisse pas partir ? (  et qu'elle veut partir ?) ..
Que veux tu que je fasse concrètement ?

Hors ligne Federico

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Re : Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...
« Réponse #5 le: 05 décembre 2018 à 08:17:04 »

L’EMDR est une psychothérapie reconnue dans le traitement du stress post-traumatique. Cette technique qui s'appuie sur les mouvements oculaires élargit son champ d'action à d'autres souffrances. Des spécialistes et des patientes en parlent.

«Avant l'EMDR, j'étais sur une jambe. Maintenant, je suis sur les deux et je peux avancer», affirme Martine, 45 ans. Elle raconte ses trop nombreux traumatismes avec une distance étonnante : violée à 9 ans, cette archéologue connaît le suicide de son meilleur ami quand elle est en CM2 et celui de son père lorsqu'elle a 13 ans. Pour guérir des ondes de choc de ces événements, Martine fait appel à celle que l'on présente comme la plus accélérée et efficace des thérapies contre le psycho-trauma : l'EMDR (eye movement desensitization and reprocessing ou désensibilisation, retraitement par les mouvements oculaires, en français).

Découverte en 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro, cette méthode utilise des séries de stimulations bilatérales alternées, consistant en des mouvements oculaires (balayage horizontal ou vertical) ou des tapotements pendant que la personne se remémore son passé traumatique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Inserm en France recommandent la technique pour le traitement du stress post-traumatique, mais l'EMDR étend son champ d'action à d'autres souffrances telles que le stress, la mauvaise estime de soi, les douleurs chroniques, les troubles du comportement alimentaires, les phobies etc.

Une thérapie à part entière
C’est mon histoire, mais elle ne me fait plus souffrir
«Certains réduisent l’EMDR à la phase pendant laquelle on demande au patient de bouger les yeux. Mais ce n'est pas le cas, il s'agit d'une thérapie à part entière en huit phases et les mouvements des yeux ne sont qu’un des éléments du protocole», prévient la psychothérapeute Eugénie Zara-Jouillat. Cependant, ce que les spécialistes appellent les «stimulations bilatérales alternées», c’est-à-dire le mouvement des yeux de gauche à droite ou bien les tapotements, sont au cœur de la thérapie. Ils permettraient de reprogrammer un cerveau bloqué sur un traumatisme pour ne faire de ce dernier qu'un mauvais souvenir qui appartient au passé.

Ainsi, Martine qui pensait qu'«avoir des tuiles était normal» et de sa faute, assure revivre après six mois de thérapie. «Je me sentais responsable de la mort de mon père. J’étais la seule à qui il pouvait parler, son suicide était forcément mon échec», se souvient-elle. «C’est mon histoire, mais elle ne me fait plus souffrir. Je me sens même renforcée d’avoir pu traverser tout ça», affirme-t-elle avec fierté aujourd’hui. Les mauvais souvenirs de Martine n’ont pas été effacés mais «retraités». En d'autres termes, réinterprétés par son cerveau.

Revivre son passé pour mieux le digérer
«Après s’être assuré que le patient est prêt à un retraitement EMDR, on va lui demander de se focaliser sur la situation qui le fait souffrir en regardant les pires images, les mots négatifs et les émotions qui remontent à la surface. Une fois que le souvenir est en place, on l’invite à suivre des yeux nos doigts ou bien on commence à lui tapoter les genoux. La personne va observer ce qu’il se passe en elle et faire des associations dans son esprit», détaille Eugénie Zara-Jouillat. On revit alors les émotions et sensations du traumatisme.

Cette réminiscence du passé est souvent déstabilisante et nécessite parfois de longues pauses. «C’était très dur», concède Sophie, 25 ans, traitée pour stress post-traumatique après l’attentat de Barcelone en août 2017. «Je pleurais, je tremblais», affirme de son côté Martine. Lors des premières phases de la thérapie, le praticien s'assure de la stabilité de la personne et de sa capacité à faire face à la violence du choc du passé que l'on essaye d'éviter et qui ressurgit en cabinet. «On met également en place un lieu sûr où la personne se sent en sécurité pour qu'elle puisse s'y réfugier quand cela devient trop pénible pour elle», souligne la psychothérapeute.

Élargir le champ de vision
Quand on est traumatisé, on oublie le contexte et on se focalise sur quelque chose de fragmenté
Le praticien continue les stimulations jusqu’à ce que le souvenir ne génère plus de perturbations et soit mis à distance. C’est ainsi que vers la fin de la séance, Sophie se voit à Barcelone en train de sourire et prendre ses amis dans les bras. Martine quant à elle remarque l’éclat du soleil le jour du suicide de son père. «Je me suis rappelée qu’il faisait beau ce jour-là et j’ai entendu les oiseaux chanter, confie-t-elle. C’était comme si j’avais des œillères et un cerveau bloqué sur le traumatisme, et que l’EMDR avait enlevé ces œillères.»

«Quand on est traumatisé, on oublie le contexte et on se focalise sur quelque chose de fragmenté. Dans le cas de Martine, c’était peut-être le sang ou la vue de l’arme le jour du drame. Quand le retraitement se met en route, on voit la situation dans sa globalité», commente Eugénie Zara-Jouillat.

Six mois après son traitement, Sophie n'est plus hantée par les terroristes qu'elle voyait défiler chez elle. Martine, elle, a divorcé d'un mari qu'elle n'aimait pas, et a trouvé un emploi après de longues années sans travail.

De nombreuses hypothèses pour expliquer le "mystère"
Pas de magie, ni de miracle, les effets de l’EMDR s’observent sur les imageries médicales.
«Grâce aux mouvements bilatéraux alternés, on active tout un tas de réseaux neuronaux de manière synchrone et ces nouveaux circuits permettent de restocker l’information sans la charge émotionnelle», explique Stéphanie Khalfa, docteure en neurosciences au CNRS. La chercheuse a pu montrer l'efficacité des stimulations bi-alternées sur les souris soumises à un traumatisme. «Nous les avons conditionnées à avoir peur en leur donnant une décharge électrique à chaque fois que l'on émettait un son spécifique. Elles ont ainsi commencé à avoir peur dès qu'elles entendaient le son alors qu'il n'y avait plus de choc électrique», détaille-t-elle. Au final, cette crainte a disparu plus rapidement chez les animaux soumis à des stimulation bi-alternées.

D’autres hypothèses sont émises depuis la découverte de la pratique il y a plus de trente ans. La première des pistes d’exploration établit un lien entre les mouvements oculaires produits pendant la phase de sommeil paradoxal et ceux que l’on provoque pendant l’EMDR. Comme le prouvent de nombreuses recherches, les rêves permettent d’intégrer les événements de la vie en les transférant du néocortex à l’hippocampe, impliqué dans la formation de la mémoire à long terme. En reproduisant les mêmes mouvements, l’EMDR permettrait un autre stockage de l’information traumatique.

Selon d‘autres théories, le fait de saturer la mémoire de travail du cerveau avec les mouvements des yeux permettrait au souvenir de devenir plus flou et de le décharger d’un point de vue émotionnel. De nombreuses autres hypothèses existent et des recherches sont encore en cours pour comprendre le mécanisme d'action.

Du trauma à l'événement de vie désagréable
Tandis que la science continue d'explorer les effets neurobiologiques de la thérapie EMDR, cette dernière se démocratise et est appliquée en traitement de diverses souffrances psychologiques. «Historiquement, l’EMDR a été utilisée pour traiter l’état de stress post-traumatique (ESPT), son usage a désormais été élargi aux événements difficiles de la vie ; deuil, séparation mais aussi eczéma, psoriasis ou douleurs chroniques, car derrière ces pathologies on retrouve souvent une cause psychologique», souligne Martin Teboul, neurophysiologiste de formation et président de l’association EMDR France.

Amélie, 29 ans, a par exemple consulté après un harcèlement moral sur son lieu de travail. «Mon patron me hurlait dessus en permanence. Je me disais que j'avais passé une bonne semaine quand je ne pleurais que trois jours», se rappelle-t-elle. En deux mois de thérapie, elle arrive à quitter son travail et se lance désormais en auto-entrepreneure. «J'ai repris confiance en moi et j'ai envie de consulter pour d'autres problématiques. L'EMDR m'a fait comprendre comment cette personne avait réussi à prendre l'ascendant sur moi et je voudrais refermer cette brèche qui est en moi», souligne-t-elle.

Une séance d’EMDR dure entre 60 et 90 minutes et son prix varie entre 75 et 150 euros. Le temps nécessaire à la guérison dépend de chacun. «Une personne qui fonctionne très bien, qui n'a jamais vu de psy de sa vie et qui ne veut plus prendre sa voiture après un accident de la route nécessitera probablement moins de séances qu'une personne à l'histoire complexe avec des traumatismes répétés», explique Eugénie Zara-Jouillat.

Difficile donc, de prévoir en avance combien de temps la thérapie peut durer, mais il est essentiel de bien choisir son thérapeute pour s'assurer de la qualité des soins. Hormis les séances spécifiques à l'EMDR, les praticiens doivent connaître l'ensemble du protocole qui permet au patient de guérir tout en se sentant en sécurité. On peut retrouver la liste des professionnels formés à la méthode dans l'annuaire de l'association EMDR France, qui garantit le niveau requis de formation des spécialistes.

- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Anicia

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L’EMDR est une psychothérapie reconnue dans le traitement du stress post-traumatique. Cette technique qui s'appuie sur les mouvements oculaires élargit son champ d'action à d'autres souffrances. Des spécialistes et des patientes en parlent.

«Avant l'EMDR, j'étais sur une jambe. Maintenant, je suis sur les deux et je peux avancer», affirme Martine, 45 ans. Elle raconte ses trop nombreux traumatismes avec une distance étonnante : violée à 9 ans, cette archéologue connaît le suicide de son meilleur ami quand elle est en CM2 et celui de son père lorsqu'elle a 13 ans. Pour guérir des ondes de choc de ces événements, Martine fait appel à celle que l'on présente comme la plus accélérée et efficace des thérapies contre le psycho-trauma : l'EMDR (eye movement desensitization and reprocessing ou désensibilisation, retraitement par les mouvements oculaires, en français).

Découverte en 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro, cette méthode utilise des séries de stimulations bilatérales alternées, consistant en des mouvements oculaires (balayage horizontal ou vertical) ou des tapotements pendant que la personne se remémore son passé traumatique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Inserm en France recommandent la technique pour le traitement du stress post-traumatique, mais l'EMDR étend son champ d'action à d'autres souffrances telles que le stress, la mauvaise estime de soi, les douleurs chroniques, les troubles du comportement alimentaires, les phobies etc.

Une thérapie à part entière
C’est mon histoire, mais elle ne me fait plus souffrir
«Certains réduisent l’EMDR à la phase pendant laquelle on demande au patient de bouger les yeux. Mais ce n'est pas le cas, il s'agit d'une thérapie à part entière en huit phases et les mouvements des yeux ne sont qu’un des éléments du protocole», prévient la psychothérapeute Eugénie Zara-Jouillat. Cependant, ce que les spécialistes appellent les «stimulations bilatérales alternées», c’est-à-dire le mouvement des yeux de gauche à droite ou bien les tapotements, sont au cœur de la thérapie. Ils permettraient de reprogrammer un cerveau bloqué sur un traumatisme pour ne faire de ce dernier qu'un mauvais souvenir qui appartient au passé.

Ainsi, Martine qui pensait qu'«avoir des tuiles était normal» et de sa faute, assure revivre après six mois de thérapie. «Je me sentais responsable de la mort de mon père. J’étais la seule à qui il pouvait parler, son suicide était forcément mon échec», se souvient-elle. «C’est mon histoire, mais elle ne me fait plus souffrir. Je me sens même renforcée d’avoir pu traverser tout ça», affirme-t-elle avec fierté aujourd’hui. Les mauvais souvenirs de Martine n’ont pas été effacés mais «retraités». En d'autres termes, réinterprétés par son cerveau.

Revivre son passé pour mieux le digérer
«Après s’être assuré que le patient est prêt à un retraitement EMDR, on va lui demander de se focaliser sur la situation qui le fait souffrir en regardant les pires images, les mots négatifs et les émotions qui remontent à la surface. Une fois que le souvenir est en place, on l’invite à suivre des yeux nos doigts ou bien on commence à lui tapoter les genoux. La personne va observer ce qu’il se passe en elle et faire des associations dans son esprit», détaille Eugénie Zara-Jouillat. On revit alors les émotions et sensations du traumatisme.

Cette réminiscence du passé est souvent déstabilisante et nécessite parfois de longues pauses. «C’était très dur», concède Sophie, 25 ans, traitée pour stress post-traumatique après l’attentat de Barcelone en août 2017. «Je pleurais, je tremblais», affirme de son côté Martine. Lors des premières phases de la thérapie, le praticien s'assure de la stabilité de la personne et de sa capacité à faire face à la violence du choc du passé que l'on essaye d'éviter et qui ressurgit en cabinet. «On met également en place un lieu sûr où la personne se sent en sécurité pour qu'elle puisse s'y réfugier quand cela devient trop pénible pour elle», souligne la psychothérapeute.

Élargir le champ de vision
Quand on est traumatisé, on oublie le contexte et on se focalise sur quelque chose de fragmenté
Le praticien continue les stimulations jusqu’à ce que le souvenir ne génère plus de perturbations et soit mis à distance. C’est ainsi que vers la fin de la séance, Sophie se voit à Barcelone en train de sourire et prendre ses amis dans les bras. Martine quant à elle remarque l’éclat du soleil le jour du suicide de son père. «Je me suis rappelée qu’il faisait beau ce jour-là et j’ai entendu les oiseaux chanter, confie-t-elle. C’était comme si j’avais des œillères et un cerveau bloqué sur le traumatisme, et que l’EMDR avait enlevé ces œillères.»

«Quand on est traumatisé, on oublie le contexte et on se focalise sur quelque chose de fragmenté. Dans le cas de Martine, c’était peut-être le sang ou la vue de l’arme le jour du drame. Quand le retraitement se met en route, on voit la situation dans sa globalité», commente Eugénie Zara-Jouillat.

Six mois après son traitement, Sophie n'est plus hantée par les terroristes qu'elle voyait défiler chez elle. Martine, elle, a divorcé d'un mari qu'elle n'aimait pas, et a trouvé un emploi après de longues années sans travail.

De nombreuses hypothèses pour expliquer le "mystère"
Pas de magie, ni de miracle, les effets de l’EMDR s’observent sur les imageries médicales.
«Grâce aux mouvements bilatéraux alternés, on active tout un tas de réseaux neuronaux de manière synchrone et ces nouveaux circuits permettent de restocker l’information sans la charge émotionnelle», explique Stéphanie Khalfa, docteure en neurosciences au CNRS. La chercheuse a pu montrer l'efficacité des stimulations bi-alternées sur les souris soumises à un traumatisme. «Nous les avons conditionnées à avoir peur en leur donnant une décharge électrique à chaque fois que l'on émettait un son spécifique. Elles ont ainsi commencé à avoir peur dès qu'elles entendaient le son alors qu'il n'y avait plus de choc électrique», détaille-t-elle. Au final, cette crainte a disparu plus rapidement chez les animaux soumis à des stimulation bi-alternées.

D’autres hypothèses sont émises depuis la découverte de la pratique il y a plus de trente ans. La première des pistes d’exploration établit un lien entre les mouvements oculaires produits pendant la phase de sommeil paradoxal et ceux que l’on provoque pendant l’EMDR. Comme le prouvent de nombreuses recherches, les rêves permettent d’intégrer les événements de la vie en les transférant du néocortex à l’hippocampe, impliqué dans la formation de la mémoire à long terme. En reproduisant les mêmes mouvements, l’EMDR permettrait un autre stockage de l’information traumatique.

Selon d‘autres théories, le fait de saturer la mémoire de travail du cerveau avec les mouvements des yeux permettrait au souvenir de devenir plus flou et de le décharger d’un point de vue émotionnel. De nombreuses autres hypothèses existent et des recherches sont encore en cours pour comprendre le mécanisme d'action.

Du trauma à l'événement de vie désagréable
Tandis que la science continue d'explorer les effets neurobiologiques de la thérapie EMDR, cette dernière se démocratise et est appliquée en traitement de diverses souffrances psychologiques. «Historiquement, l’EMDR a été utilisée pour traiter l’état de stress post-traumatique (ESPT), son usage a désormais été élargi aux événements difficiles de la vie ; deuil, séparation mais aussi eczéma, psoriasis ou douleurs chroniques, car derrière ces pathologies on retrouve souvent une cause psychologique», souligne Martin Teboul, neurophysiologiste de formation et président de l’association EMDR France.

Amélie, 29 ans, a par exemple consulté après un harcèlement moral sur son lieu de travail. «Mon patron me hurlait dessus en permanence. Je me disais que j'avais passé une bonne semaine quand je ne pleurais que trois jours», se rappelle-t-elle. En deux mois de thérapie, elle arrive à quitter son travail et se lance désormais en auto-entrepreneure. «J'ai repris confiance en moi et j'ai envie de consulter pour d'autres problématiques. L'EMDR m'a fait comprendre comment cette personne avait réussi à prendre l'ascendant sur moi et je voudrais refermer cette brèche qui est en moi», souligne-t-elle.

Une séance d’EMDR dure entre 60 et 90 minutes et son prix varie entre 75 et 150 euros. Le temps nécessaire à la guérison dépend de chacun. «Une personne qui fonctionne très bien, qui n'a jamais vu de psy de sa vie et qui ne veut plus prendre sa voiture après un accident de la route nécessitera probablement moins de séances qu'une personne à l'histoire complexe avec des traumatismes répétés», explique Eugénie Zara-Jouillat.

Difficile donc, de prévoir en avance combien de temps la thérapie peut durer, mais il est essentiel de bien choisir son thérapeute pour s'assurer de la qualité des soins. Hormis les séances spécifiques à l'EMDR, les praticiens doivent connaître l'ensemble du protocole qui permet au patient de guérir tout en se sentant en sécurité. On peut retrouver la liste des professionnels formés à la méthode dans l'annuaire de l'association EMDR France, qui garantit le niveau requis de formation des spécialistes.


Merci Frédérico

C'est très intéressant et ça me donne envie d'essayer même si quelque part ça me fait 'peur' ..

Hors ligne biche07

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Re : Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...
« Réponse #7 le: 05 décembre 2018 à 13:54:36 »
Bonjour Anicia..je t'ai mis un message en privée...bises
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

Hors ligne biche07

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Re : Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...
« Réponse #8 le: 05 décembre 2018 à 19:39:01 »
Re bonjour...je t' indique un livre qui m' a aidé LINE ASSELINE.faire son deuil..traverser Le chagrin et retrouver la paix interieur..je suis sous antidépresseur et je vois un psy également mais parallèlement J' essaie de comprendre par moi même...je suis persuadée que nous avons la réponse en nous...nous avons besoin d' un coup de pouce par moment mais l' essentiel viens de notre coeur.je suis désolée de ne pouvoir t' aider plus.tendrement biche
Si j'avais su que je T 'aimais autant, je T'aurais aimé encore davantage.

Hors ligne Anicia

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Re bonjour...je t' indique un livre qui m' a aidé LINE ASSELINE.faire son deuil..traverser Le chagrin et retrouver la paix interieur..je suis sous antidépresseur et je vois un psy également mais parallèlement J' essaie de comprendre par moi même...je suis persuadée que nous avons la réponse en nous...nous avons besoin d' un coup de pouce par moment mais l' essentiel viens de notre coeur.je suis désolée de ne pouvoir t' aider plus.tendrement biche

Bonsoir

Merci pour le livre qui t'a aidée ..

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Re : Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...
« Réponse #10 le: 09 décembre 2018 à 22:39:22 »
Bonsoir Anicia,
Ma mere est partie il y a 7 mois et ce qui m'aide un peu pour tenir et avancer, c'est la méditation. J'avais commence avant son décès. Grâce à la méditation, j'arrive a respirer physiquement et mentalement et je retouve un peu de calme. Peut être cela pourrait être une piste pour toi en plus de ce que tu entreprends ? Il existe des applications.

Tendre pensée pour toi et plein de courage.

Mc

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Bonsoir Anicia,
Ma mere est partie il y a 7 mois et ce qui m'aide un peu pour tenir et avancer, c'est la méditation. J'avais commence avant son décès. Grâce à la méditation, j'arrive a respirer physiquement et mentalement et je retouve un peu de calme. Peut être cela pourrait être une piste pour toi en plus de ce que tu entreprends ? Il existe des applications.

Tendre pensée pour toi et plein de courage.

Mc

Bonsoir

Merci pour ton conseil ..

J'y avais pensé mais il y a différents types de méditations je crois ?

Est ce que tu parles de la méditation en pleine conscience ?

Car j'avoue que je suis un peu perdue ..


Hors ligne Mc

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Re : Ma mère est partie en avril 2016... et moi je ne m'en sortirai jamais ...
« Réponse #12 le: 10 décembre 2018 à 17:22:29 »
Bonjour,

Oui la mediation de pleine consciense.

Hors ligne Anicia

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Bonjour,

Oui la mediation de pleine consciense.

Ah d'accord merci !

J'avais déjà essayé mais je n'arrivais pas à me concentrer donc j'ai arrêté...

Mais je peux bien réessayer ..

Hors ligne comment_faire

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Je souhaite revenir sur la piste de "laisser partir sa maman".
Oui, tu précises que tu ne l'empêches pas de partir. Ca, je crois l'avoir bien compris.

Par ce message, je voulais juste essayer de te faire saisir une chose à laquelle on ne pense pas forcément :
ta maman est toujours à quelque part (je ne sais pas où pour être honnête), mais en fait elle n'est quasiment plus avec nous.
Ce que je veux dire, c'est qu'elle est dans sa dimension, et toi dans la tienne.. Même si parfois (rarement) il peut arriver que les deux  se croisent,
Il faut convenir de la laisser là où elle doit aller, là où elle doit se trouver. C'est d'ailleurs peut-être un message d'elle, le fait qu'elle ne te "recontacte pas", qui veut dire que tu dois continuer ainsi, à vivre ta vie. Car elle a eu la sienne sur Terre, maintenant elle continue ailleurs.
Et cela n'empêche pas que maintenant  vous savez toutes les deux,  même si chacune a son chemin, que vous penserez toujours l'une à l'autre.
Une question se pose : le mot "disparition" correspond-il à la réalité lorsque quelqu'un part ainsi ?
Je n'en suis pas persuadé, car si disparition = il n'y a plus rien du tout, alors non, le terme est inapproprié.

Je t'ai dit mon ressenti, cela ne t'aidera peut-être pas, ou peu, mais il y a là quelque matière à réflexion je trouve.

Et si cela ne t'aide pas, je peux alors simplement t'assurer de ma compréhension, car lorsque ma maman est partie, j'ai moi aussi vécu dans l'Enfer sur Terre, je sais hélas ce que c'est .