Un an. Cela fait aujourd’hui un an que mon papa est parti, dans mes bras, dans un dernier souffle. Nous étions seuls à la maison, tous les deux. Une matinée de cauchemar où tous les secours et intervenants semblaient tellement détachés de la situation; sans doute avaient-ils compris que plus rien n’était possible. Une matinée où le mot solitude n’est pas assez fort pour décrire le vide et l’abandon que l’on ressent. Puis, tout le monde est parti, « bon courage Monsieur » … oui, ce courage que l’on vous souhaite parce qu’il faut bien dire quelque chose et qu’il n’y a pas de mots plus adaptés. Sauf que pour moi, cette formule a toujours été le synonyme de « maintenant on s’en va, tu vas devoir faire face tout seul ». Faire face, plus de sept années à faire face. Faire face à des informations terribles, voir des choses terribles, faire des choses terribles.
Durant plus de trois heures j’ai veillé mon papa, dans le coma, scrutant tous les appareils, ne sachant ni quoi faire, ni quoi penser, en espérant l’impossible. Puis, cette grande respiration, ce massage cardiaque désespéré et l’oxymetre … qui s’éteint. Une vie qui part, comme ça, et sans transition c’est fini, on est déjà dans autre chose. Les personnes endeuillées connaissent ce tourbillon après le décès où tout s’enchaîne vite. On nous force à être déjà dans l’après, alors même que nous n’avons pas réalisé le cataclysme qui vient d’arriver.
Une année … si j’avais mis une croix sur un agenda chaque jour où j’ai pensé à tout ça, tous les jours seraient cochés, et plusieurs fois. Un an, c’est très long mais tout est tellement présent; il s’est passé beaucoup d’événements déterminants depuis, mais rien n’a pu atténuer ce terrible passé.
Aujourd’hui est donc un jour de grande peine et dans 6 semaines, cela fera un an que ma maman a rejoint mon papa, ce sera un nouveau coup dur.
Mon papa était une très belle personne; j’aurais tellement aimé le revoir, apaisé, lisant le journal dans son fauteuil, avec ma petite maman s’affairant en cuisine, en chantant. Aujourd’hui, c’est moi qui pleure …
Philippe