Voilà, déjà plusieurs semaines dans cette nouvelle vie. Je ne m’étale pas auprès des tiers sur cette nouvelle vie (mis à part les proches qui savent, mais qui savent aussi pour mes parents); si le sujet est abordé, la première réaction est « tu as une chance énorme », car naturellement ils se projettent par rapport à leur quotidien actuel, ce que je comprends et ils ont raison. D’abord, bien loin de la chance, c’est avant tout 34 années de travail acharné mais surtout le traumatisme que représente ce double deuil, ces images précises et détaillées sur les derniers instants de vie , ma conviction profonde qu’à une heure près ma maman serait toujours là, toute cette peine vécue, entachent la situation que les autres perçoivent comme idyllique.
Pour autant, je ne suis pas resté inactif et je peux même dire que, même si mes parents sont toujours dans mes pensées, je vais relativement bien. Mais ce soir, peut-être à cause d’une fatigue plus importante, j’ai été envahi d’une tristesse immense, rien que par le constat que cette nouvelle vie et tout se qui se passe maintenant, mes parents ne le connaîtront jamais. L’idée même qu’ils auraient été tellement heureux pour moi , ce qui m’aurait fait un plaisir extrême, me peine ce soir profondément. J’ai l’image très nette de chaque trait de leur visage, de leur sourire, de leur regard. Comme la vie serait merveilleuse, s’ils étaient encore présents. Regrets éternels …
Le chemin est très longs et difficiles, mais chacun à notre rythme, nous y arriverons tous.
Philippe