Bonjour Philippe99,
Ce forum est vraiment sympathique, et j'avoue que les personnes avec qui je dialogue m'aident énormément dans ce long cheminement. C'est vrai qu'on a tous des histoires différentes mais en même temps, il y a vraiment des similitudes étonnantes parfois, dans ce que l'on ressent.
C'est grâce à un message dans une autre discussion que j'ai eu le déclic hier, du moins, j'ai mis en place hier le projet qui a germé vendredi ou samedi. je voulais le faire, mais en "théorie", intellectuellement, j'avais même dit à mes frères que j'utiliserai la voiture de papa ... sauf que je ne conduis même pas la mienne sans être morte de trouille
Mais, un partage, des ressentis identiques, et c'est parti ... et pour la première fois depuis des mois, j'ai ressenti une émotion positive, et les larmes n'étaient plus vraiment de la peine, bien sûr, elles en restent teintées, il ne faut pas rêver, mais je me suis sentie comme terriblement apaisée.
Comme vous, les premiers jours, j'en étais encore à raccourcir mes séances de kiné ... au cas où ... ou, comme avant, pour être rentrée et avoir le temps de partager un café avec maman.
Aujourd'hui, je ne l'ai pas fait, j'ai même agit normalement, comme conseillé et comme ça me convient d'ailleurs, cad que j'ai fait un grand détour pour rentrer de façon à marcher ma 1/2 h ... comme il pleut je ne pense pas avoir le courage de marcher ou courir dans la petite forêt, peut-être aurai-je tout de même le courage pour un peu de jardinage, mais au moins j'ai permis à ma séance de bien se terminer comme il faut, pris du plaisir à marcher ...
C'est qqch qui semble assez commun à tous, il me semble, tout comme se dire qu'on aurait pu, qu'on aurait dû ...
Si cela n'est pas indiscret, que faites-vous pour vous occuper l'esprit ?
Je vois que vous, vous avez su anticiper, je n'en ai pas eu le temps, et je comprends à présent que, à la limite, j'en veux presque à mes frères d'être restés après l'enterrement de papa, de ne pas m'avoir laissée seule à chouchouter maman, mais avec ces qq semaines de recul,; qui paraissent malgré tout une éternité, ça n'est pas de leur faute, c'est maman qui a eu la force d'attendre le décès de son mari chéri, de ne pas lui imposer son départ à elle alors que lui se savait condamné, peut-être également a-t-elle tenu bon pour profiter de lui au maximum et être là au moment crucial.
C'est moi qui suis égoïste là, mes frères étaient là, et c'est en réalité une très bonne chose car je n'ai pas été seule pour prendre la décision d'hospitaliser maman.
C'est curieux, écrire et parler d'eux amène les larmes, pour autant, tout à l'heure, j'ai réussi à me concentrer sur le dossier d'assurance vie, sans m'énerver contre toutes ces difficultés qu'on nous ajoute alors qu'on est dans la peine la plus profonde. C'est la 1ère fois depuis décembre que j'y parviens.
Vous avez certainement raison, avec le temps, on les garde en nous, mais avec la distance nécessaire pour avoir une petite place pour faire d'autres choses.
Vous avez raison, il faut vraiment s'occuper ... j'étais hyper active avant, je ne devrais pas manquer de choses, mais je ne me reconnais plus. Le jardin, ça me fait un bien fou, pourtant, je ne fais rien de particulier, je nettoie, je lutte contre le lierre, les pissenlits et les graminées, je tonds et taille ... mais je le fais pour eux, ça m'apaise de savoir que leur maison est belle à regarder, qu'on semble y voir la vie alors qu'elle est cruellement absente, ça suinte de tous les mures, de tous les recoins, et plus je range, trie et jette, plus l'absence prend de place. Mais ce matin, j'ai travaillé aux dossiers chez eux et ai aéré, bcp aéré ... ça remet un peu de vie dans ce vide.
Aujourd'hui, je franchis le pas, j'ai rdv avec l'assistante sociale et vais lui parler de mon projet de formation pour accompagner des personnes en fin de vie, que tout ce qui s'est passé ait un sens. Si l'on ne me juge pas capable, ça ne sera pas grave, je sais que je serais allée au bout, aurais formulé la demande, ça sera déjà pas mal.
Il me reste à vous souhaiter à vous aussi une bonne journée.