Bonjour Pat,
Je te remercie pour ta réponse qui m'a touchée. Je ne pleure pas facilement. Le sombre jour des funérailles, pas une larme. Comme j'ai dit, un cauchemar. Mon esprit comme gelé qui s'attardait sur des .... détails. Le discours du prêtre ne plaît pas à maman, j'ai pensé. D'autant qu'elle n'était pas croyante. Et aussi. Tous ces gens qui buvaient en rigolant haut et fort - le champagne servi abondamment par son mari (mon père). Qui mangeaient comme des affamés. Je les regardais comme on visionne un mauvais film. Sans cesse le visage de cette femme intubée que l'on m'a dit être ma maman. Ne pas la reconnaître. Quelle sale farce la vie me jouait-t-elle. Et aussi. Mon enfant qui a voulu la voir morte. Le préparer. "Comment elle est ?". Lui dire qu'il risquait de ne pas la .... reconnaître. Les jours, les semaines qui ont suivi, encore aujourd'hui, des flashs. Sa bouche. Le tuyau. Ses yeux clos. Ses cheveux en désordre. Ses belles mains le long de son corps. Le vernis rouge sur ses ongles de pieds. L'électrocardiogramme stable à 80 battements minute. Puis. La lente descente. De son cœur qui. Ne percutait plus. Deux mois et demi après, mon cerveau se dit encore que cette femme n'est pas ma maman. Le difficile aussi va être de comprendre que c'est elle. J'ai oublié le son de sa voix. J'ai embrassé sa natte, caressé ses joues froides. Lire des messages de soutien me fait pleurer, je l'aime tant, je sens que je vais la chercher jusqu'à la fin. En attendant, il me reste à m'occuper le mieux de mon enfant. L'emmener au concert, au théâtre. Continuer de lui montrer les beautés de la nature. Continuer à mettre de la musique.
Elle et moi. On avait encore des choses à vivre. Je ne peux plus la voir parce que personne ne lui a porté secours. Elle reste mon trésor.
Je sais que le temps qui passe ne me fera pas de bien. Elle-même a été dévastée quand sa mère est morte. Brutalement aussi. Choc émotionnel aussi.
Etre accompagné par un professionnel aide certainement, en ce qui me concerne, je sens que rien ne me consolera.
Je n'ai pas envie de vivre longtemps sans elle. Je ne suis pas courageuse. Tu as repris tes activités, fait des effort pour surmonter le drame. C'est louable. Je vais aller jusqu'au bout d'élever mon enfant. Je vais tout faire pour qu'il ne se retrouve pas lui aussi plus tard devant l'abîme. Je vais lui donner des clés, lui dire que quand il y a de l'amour on se retrouve après la mort. Je ne veux pas qu'il vive ce que je vis. Il sera plus fort que moi.
Merci pour ton témoignage, il m'a fait du bien.
ChrisLouise