Une après midi, alors que j'étais chez mon père (enfin chez mes parents......), il me demande d'aller regarder dans les cartons d'affaires de ma mère, s'il y a des choses que je veux garder. Car ma tante, sœur extrêmement proche de ma mère, veut également des affaires et va passer dans peu de temps.
Je ne réfléchis pas, j'y vais.... j'essaie de ne penser à rien, j'ouvre les cartons. Je regarde, ce qui peut m'aller, ce que je ne pourrais jamais mettre. Je fais différentes piles... j'avance, assez vite. Un carton, deux cartons, trois cartons... J'essaie de pas penser, surtout pas penser...
Malgré tout, une affaire m'a transpercé le cœur, je voyais tellement ma mère dedans ! Je fais quoi ? Je garde ? Et si c'est trop dur de le garder ? Mais si je regrette de m'en séparer ?
Plus le temps passait, plus le tri devenait difficile, j'étais assaillie de souvenirs, les larmes aux yeux.
Je ressentais une profonde tristesse et un sentiment d'injustice.
Comment est-ce possible que je sois là, en train de trier les vêtements de ma mère décédée à tout juste 50ans ?
Quand elle était là, et que je redoutais sa mort, je pensais aux moments que je ne pourrais plus partager avec elle, mais je n'avais pas pensé plus que ça aux vêtements. Or, les vêtements, c'est comme le parfum, ça fait voyager en arrière.
Surtout pour les gens qui ont une bonne mémoire comme moi. Ah tiens, cette robe là, elle l'avait porté à un anniversaire chez mes grands parents, quand on mangeait tous en famille au sous sol. Je la vois dedans, je la vois sourire, avec ses yeux pétillants maquillés au crayon kaki. Etc. etc.
J'ai finalement terminé le "tri" de tous les vêtements en une seule fois.
Hier soir, ma tante me dit qu'elle vient chez mon père, qu'elle va regarder les affaires, que je lui manque... je me doute qu'elle préfère que je sois là, à la fois pour la soutenir dans ce moment difficile et pour la conforter dans l'idée que bien sûr que oui, elle est en droit de prendre des affaires de Maman, et d'ailleurs c'est ce que Maman aurait voulu, puisqu'elle me l'a dit en personne.
"Mes affaires, c'est simple, c'est M*** qui les récupérera", elle m'avait dit.
Donc voilà, ce soir, rebelote. J'y retourne. Je prends sur moi. Je fais ce qu'il y a à faire, comme je l'ai fait depuis qu'elle n'est plus là. Je mets mon cerveau en mode "PAUSE", du moins j'essaie, et je libérerai mes émotions plus tard...
Je ne me force pas pour ma tante, car je l'adore, et Maman aussi l'adorait. Je fais ça de bon cœur pour elle, et pour Maman, car elle serait contente de savoir qu'on va faire ça ensemble. Qu'on fasse en sorte que tout se passe au mieux, qu'on est là les uns pour les autres. Mais je me doute de comment ça va se passer. Ma tante va pleurer, je vais avoir du mal à me contenir.
Je vais ressentir un pression presque insoutenable dans ma tête.
Quand ce sera fini, je vais rentrer chez moi, comme un zombie. Je craquerai soit en rentrant chez moi, soit à un autre moment. Je ne sais pas faire autrement, je n'aime pas craquer devant les plus proches.
Trier les affaires, c'est un des trucs les pires à faire. On peut pas rester dans le déni quand on fait ça.
On peut pas s'inventer une histoire, quand on est là, avec tous ces cartons d'affaires de la personne qu'on a tant aimée.
On se dit "voilà, c'était à elle, elle n'est plus là.....". Le "elle n'est plus là..." résonne dans ma tête, me martèle le cœur.
Tu me manques atrocement, Maman....