Aujourd’hui, je viens écrire ma peine et mon désespoir dans le flot des messages de chacun
Aujourd’hui, 15 jours après l’envol de ma chère, très chère maman, je suis ravagée, meurtrie, en colère, triste, angoissée…
Je ne sais pas comment exprimer mon chagrin, aussi écrire ce que j’ai vécu, son histoire, ici avec vous, m’aidera t il peut être.
Tout a commencé au printemps dernier, ma mère, Soledad, 57 ans, femme ayant quasiment élevé ses 3 enfants seule, ayant repris des études 6 ans auparavant pour être sophrologue avait décidé d’arrêter la cigarette et de se remettre à courir.
Lors d’une de ses sorties pour courir, elle fut piqué par une bestiole. De cette piqûre découla de douloureux rhumatismes. Elle décida donc de consulter. Le rhumatologue décida quand à lui de faire passer un scanner..
Et la suite, pour certain, vous la connaissez déjà..
On lui trouva une tumeur sur un des lobes de son poumon gauche, une tumeur de 7 cm…
Branle-bas de combat médical, ablation complète du poumon gauche le 13 octobre, 3 jours avant mon anniversaire.
L’opération s’est très bien passée, maman à bien réagie, aucun problème post opératoire.
Avec maman, nous avions soufflées, ouf tumeur ôtée, cancer au panier….
3 semaines de convalescence en maison de repos plus tard (clinique catastrophique, moral de ma maman au plus bas, mais ça c’est encore une autre histoire.. )
2 nouvelles tumeurs, visibles cette fois ci sont apparues.. une sur son thorax, et une sur le bas du dos à droite..
Prise de rdv en urgence avec l’oncologue pour examen poussé… scanner crânien.. 3 eme tumeur décelé, posée sur cerveau…
L’oncologue nous annonce alors que le cancer de maman est un cancer dit agressif, il avait métastasé en très peu de temps.
Notre espoir s’amoindrit, mais n’est pas anéanti pour autant, maman est une battante et je suis avec elle pour la soutenir.
L’oncologue met en place, la chimio thérapie et la radiothérapie pour les tumeurs , c’est un traitement de cheval
Maman, suite à son ablation de poumon et cette tumeur au thorax qui l’a comprime tant, est très affaiblie par les voyages chaque jours pour aller au rayons…
Sa première chimio se passe relativement bien, pas de nausées, pas d’effet secondaire
On décide avec maman, qu’elle irait le temps du traitement chez sa sœur, ou mon oncle est la en permanence. La laisser seule est devenu compliqué, elle ne peut se lever seule.
Je souhaiterais qu’elle vienne chez moi, mais 2 choses nous en empêchent, 3 étages sans ascenseur et ma poupette, sa petite fille, son rayon de soleil de 8 mois qui n’aime pas dormir la nuit…
De toute manière, comme je lui ai dit à ce moment-là, à la fin de l’année si tu n’es pas remise, tu as une chambre dans notre maison que nous sommes en train de construire pas loin de ton village…
On fait donc installer un lit médicalisé, on passe Noel ici, en se promettant de remonter au mois de janvier, fêter noël avec notre famille du nord…
Et puis son petit dernier, revient, il décide d’arrêter l’armée, pour laquelle il s’était engagé au printemps, une peine incommensurable pour ma maman ce départ à l’armée….
Son retour lui redonne une envie de vivre furieuse ! il restera pres d’elle chaque jour le temps qu’elle se rétablisse.
La seconde chimio est plus compliquée, cette tumeur au thorax l’empêche de vivre et de respirer, il a fallu la repousser de 2 jours, mais elle a réussie à la passer aussi.
Les rayons font enfin effet !!!! Sa tumeur au thorax et celle du dos s’estompent enfin, elle revit et respire bien !
Visite à l’oncologue pour faire le point, la 3 eme chimio correspond aux nouveaux examens, nous devons vérifier l’avancement ou non de la maladie, on se tient la main, maman a peur des résultats, elle est persuadée que des métastases lui ont poussées sur les os.. d’ailleurs.. une nouvelle tumeur, sur la cuisse est apparue… maman à perdue son optimisme…
Mais coute que coute son objectif, c’est cette troisième chimio, elle veut la faire, elle ne veut pas la repousser. Elle est prévu pour le mardi 2 février.
Le jeudi précèdent, ma tante m’appelle l’après-midi, pour me dire que ma maman n’est pas en forme, elle vient de faire une crise d’angoisse… je quitte le boulot plus tot pour aller la voir
Mon frère me dit que ça va, ma tante me dit qu’elle ne mange plus et qu’elle ne prend pas ses médicaments.
J’essaye de tirer le vrai du faux, je parle avec maman, on s’était promis de rien se cacher
Elle me dit que ça va, que tata exagère. Elle a de nouveau une respiration sifflante…
Et puis son médecin lui a juste dit de bien prendre ses anti dépresseurs, le reste allant dans la mesure de son traitement.
Je commence à parler avec mon frère et ma mère d’une possible hospitalisation, au moins pour soulager ma tante qui subit les foudres de ma maman, et aussi pour mon frère.
Maman est d’accord mais pas tout de suite, pour sa chimio oui pourquoi pas, elle y tient tant.
Le samedi, je lui emmène sa poulette, durant 3 heures ma fille a fait le clown avec sa grand mère, maman était ravie, elle lui disait qu’elle se battait parce qu’elle voulait absolument l’emmener à son premier jour d’école et puis à un moment la fatigue de l’une et de l’autre nous fit prendre congé
Le lendemain, dimanche, je reçois un message de mon frère, me demandant si on ne devrait pas hospitaliser maman. Un message de ce type ne me laisse rien présager de bon, mon frère, étant sur la retenue, c’est que ça devenait urgent. Je fonce la voir, j’appelle son médecin traitant, je veux que maman soit prise en charge, elle est trop faible..
Ma tante est très inquiète aussi , elle m’apprend que maman ne s’est pas levé depuis 3 jours ! Qu’elle recrache et cache ses antidépresseurs… qu’elle ne mange plus ou peu et ne boit pas non plus…Je veux l’avis de son médecin
Le médecin qui était aussi une collègue de cabinet de ma maman, l’ausculte, elle va bien, elle est faible oui mais son poumon va bien, elle est juste angoissée, c’est normal...
Elle ne veut pas l’envoyer à l’hôpital, elle ne peut pas la faire rentrer comme ça en oncologie, il faut qu’elle passe par les urgences, et comme elle ne présente rien cliniquement, ils vont lui faire passer une batterie de test, que son état de faiblesse ne peut supporter.
On convient donc de préparer son entrée en hospitalisation pour le lendemain matin.
Je préviens mon deuxième frère, resté dans le nord, de ne pas s’alarmer et de ne pas prendre la route de nuit, maman va être prise en charge, qu’il ne s’inquiète pas…
Maman est soulagée, elle va pouvoir passer sa 3eme chimio…
Le soir, elle demande à ma tante de l’aide pour aller se laver, le lendemain l’infirmière vient lui mettre ses perfusions d’eau et hors de question que l’infirmière la voit dans cette état.. Elle a sa dignité !
Saloperie de dignité…
Cette partie, j’ai pu la reconstituer avec des bribes de mon frère, de ma tante et de mon oncle.. il y va aussi de mon interprétation, qui, connaissant ma mère, me semble juste…
A 4 h du matin, le lundi 1 février, maman eu envie d’aller au toilette.. Elle a dû essayer un moment par elle-même, avant de se résoudre à appeler ma tante… Ma tante alla l’aider mais ne pu le faire, maman ne tenait pas sur ses jambes, et son envie devint bien trop pressante.. Ma tante lui dit de serrer les dents et tant pis, de se faire dessus…
C’est à ce moment-là que ma mère perdit pied…. Elle s’est mise à hyper ventilée, à suffoquer..
Dans l’action ma tante lui demanda ce qu’elle devait faire, devait elle appeler les pompiers, appeler son fils.. ma mère demanda son fils.
Il arriva 5 minutes plus tard, ma mère lui demandant de l’air, ma mère fut en état d’arrêt respiratoire, il pratiqua le massage cardiaque, 20 minute durant, en attendant le samu…
A 5h ma tante m’appelle pour me dire que maman fait une crise d’angoisse et que les pompiers arrivent… ça faisait 30 minute que je dormais, ma fille faisant encore une fois une nuit blanche
Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je n’ai pas compris l’urgence, je n’ai pas compris la gravité, je me suis dit, bon si les pompiers sont là, c’est bon, j’attends de leur nouvelle et je vais à l’hôpital la rejoindre.
Je me suis rendormie..
A 5h30 mon oncle m’appelle, je sursaute, je me rappellerais toujours ses paroles :
-Ta mère est partie
-Oui elle est partie à l’hôpital
-Non Julie, ta mère est morte
-Comment
??....
-le médecin du samu à dit qu’elle était en état de mort cérébrale, le cerveau a manqué d’oxygène
Je me revois raccrocher, me lever, errer dans mon appartement éteint pour ne pas réveiller la petite
Aller voir mon compagnon, lui dire : ma mère est morte et repartir dans le salon appeler ma tante
Qui m’a confirmé ce que m’a dit mon oncle…..
Je ne l’ai toujours pas cru.. J’ai demandé ou était mon frère, ils m’ont dit qu’il suivant l’ambulance qui emmenait maman à l’hôpital, donc maman n’est pas morte !!!
J’appelle mon frère, il me dit qu’il a réussi à récupérer un pouls
Je m’habille et fonce à l’hôpital
J’arrive avant eux
J’y crois encore, mon frère m’a dit qu’il avait récupérer un pouls
Je vois les pompiers sortir, je leur demande si c’est madame untel..
Et la je vois leur tête… je vois les pieds de maman, le médecin me prend à part…
Il me dit ce que mon oncle m’a dit.. cerveau manque oxygène, frère qui s’est battu mais en vain, déjà partie..
J’y crois pas, je vois mon frère arrivé, il m’attrape et me dit : ne t’inquiètes pas, elle va s’en sortir... il était dans le déni lui aussi…
Je l’arrête et lui dit : elle est partie, maman est partie…
Et la débute notre cauchemar ….
Voici le récit de ce qui est arrivé à ma chère maman….je suis navrée, c’est long, mais j’avais besoin de l’écrire je crois. Et encore j’aurais tellement de choses à rajouter…
Aujourd’hui, 15 jours après l’envol de ma chère, très chère maman, je suis ravagée, meurtrie, en colère, triste, angoissée…
J’en veux au monde entier, je refais toute l’histoire, je revis ses derniers moments, si j’avais été la, si j’avais eu une ventoline (en ce moment c’est une fixation)
La semaine dernière, sa poulette, comme elle aimait l’appeler à souffler ses 1 an …. Sans elle
Je n’y arrive pas, je n’arrive pas à accepter, 58 ans bon sang !!! On avait tellement de chose à faire… tellement de projet…
J’alterne entre réalité et fiction, j’attends toujours de me réveiller..
Je viens de reprendre le travail, j’ai l’impression que c’est surréaliste…..
Je commence à être oppressée, tous les soirs, j’ai du mal à respirer.. le matin aussi
Ce matin, en posant ma fille à la crèche, j’ai pleurée, mon oppression s’est levée…
Je ne sais pas comment je vais faire, je ne sais pas gérer ses émotions…
Je vais m’arrêter la… je vous remercie de m’avoir permis d’écrire son histoire .