Bonjour,

J'ai 28 ans, j'ai perdu ma mère d'un cancer il y a quasi un mois le 2/1 après des douleurs horribles. Son mari et moi l'avons accompagné jusqu'à son dernier souffle.

Toute ma vie j'ai appréhendé cet instant.... Le jour où je perdrais ma mère... Ce jour est arrivé...  Ses funérailles ont été difficiles mais pas dans le sens de la tristesse mais dans le sens "j'avais peur de ne pas y arriver". Malheureusement depuis mon grand père a fait un séjour à l'hôpital...  Ma tante est entrée en rea samedi et le pronostic est engagé..  Et mon père se fait opérer d'une très lourde opération cardiaque lundi où je vais l'accompagner, j'ai pris connaissance de ses volontés...

Je suis maman d'une petite fille de deux ans.... Magnifique et qui malheureusement patie de mon irritabilité car je suis moins patiente. Je suis une personne patiente et ne crie jamais et aujourd'hui je crie quand elle ne va pas assez vite à mon goût.. J'ai honte de ce que je suis,  de ce que je lui apporte/ desapporte.


Le pire pour moi est que je ne ressens pas d'émotion à savoir que "tout est normal,  le décès.  Mon grand père, ma tante, mon père..."  je ne ressens rien hormis parfois quand je croise une photo de ma mère...

Je culpabilise de ne rien ressentir, c'est terrible peut être le plus terrible de tout. J'aimerai m'effondrer car cette femme m'a tout apporter. Je lui vouais un amour inconditionnel, elle n'est plus, ne sera plus et c'est normal....  Non je le sais, rien n'est normal. Les gens normaux dans ma situation devraient péter un câble,  pleurer en public ou en silence. Être en colère je ne sais pas mais ne pas être aussi absent de cette réalité.... 

Je suis perdue....  Je suis obnubilée par le fait de ne rien ressentir....

Etat de choc, anesthésie émotionnelle, protection qui s’installe toute seule, cerveau sur pause pour éviter de craquer,trop de problèmes  à gérer d'un coup...trop de morts, réelle ou possibles...pré deuil très douloureux de voir souffrir la personne...il y a plein de raisons possibles à ton absence d'émotions de maintenant...
Ton  irritabilité est ta manière actuelle de faire face...on ne choisit pas...Explique lui, elle comprendra...ta fille a besoin de mots pour lui enlever la culpabilité... elle croit surement que c'est à cause d'elle que tu es énervée, c'est de la pensée magique normale de tout petits...
Tu dois assurer...être solide pour tous.. alors tu te protèges?
Ne rajoute pas de la culpabilité à la peine...la mort de ta maman te touche si profondément que tu ne peux pas, pour le moment, te laisser aller au chagrin...ça viendra...n'en doute pas...

Juste, quoique tu vives, tiens la main à ta fille. Elle a besoin de transmission, sinon adulte elle en souffrira. Dis lui, les morts. Elle en fera ce qu'elle peut. Quant à toi, ne culpabilise pas! Personne n'est un héros!
Confiance en toi, la seule voie!
Cordialement

Bonsoir Mimieco,
Ceux qui sont intervenus t'ont déjà bien éclairée.
Tu as le sentiment de devoir assurer partout, face à un choc que tu ne peux pas élaborer en ce moment, car tu ne t'autorises pas, ou ne peux pas, par protection, te laisser aller.
Colère et culpabilité font partie des étapes du processus du deuil. Un deuil nous change profondément.
N'as tu pas d'amis, de proche, avec lesquels lâcher du lest?
A quoi te sert de culpabiliser envers ta fille? Dis lui, maman est moins patiente parce qu'elle a mal de ses pertes, dis lui que tu sais que c'est désagréable pour elle, que tu fais du mieux que tu peux. Et je sais pour l'avoir vécu enfant, que si maman a mal d'avoir perdu des êtres chers, ça donne un sens à ses sautes d'humeur, et on a envie de lui prendre la main, de la distraire. Mais pas forcement d’obéir, car, on a à gérer la perte et la douleur de maman. Alors il faut bien qu'on reprenne un peu barre de sa vie. Essaie de regarder ta fille ainsi : elle sait que tu as mal, elle essaie sans doute de t'aider, en t'animant, en te bousculant.
Et enfin, si tu ne veux voir aucun médecin, cries au secours ici. Ce forum est un espace de liberté de parole, de respect, il m'est d'une aide précieuse. On se sent si seul, par moment. Ici, on est ensemble.
On vit tous cette épreuve différemment et on sait s'accompagner dans nos différences.
Cordialement
Laure