Hélas c'est l'horrible vérité. Je n'imaginais pas de vivre sans elle et maintenant, depuis plus d'un an, je ne dirais pas que je vis car la plupart du temps c'est comme si j'étais absente, plus vraiment là. Au fond de moi, je sais que je n'y arriverai plus jamais : à être heureuse. Notre relation était si particulière, la seule et unique relation qui ait vraiment compté pour moi, toute ma vie durant et je l'ai perdu à 41 ans. C'était mon phare dans la nuit. Aujourd'hui je déteste la nuit.
Je vous trouve super les filles, vous écrivez super bien et ça me fait tellement plaisir de voir qu'il y a des âmes comme les vôtres sur cette Terre. C'est rassurant car souvent, j'ai l'impression d'être dans un monde de fous, gouverné par la violence et l'égoïsme. Moi aussi j'essaye de me raccrocher le plus possible à la beauté et à la grandeur de l'univers et je me dis que l'esprit ne peut pas s'arrêter comme ça, avec le coeur qui s'arrête, de façon si absolue et radicale. Ce ne serait pas à l'image de l'univers. Malgré tout, dur de s'y raccrocher car, à part ma mère, dans mon entourage personne n'y croit. Et puis même quand j'y crois, je me sens écrasée par le fait de devoir continuer à vivre en étant privée de son amour et de notre complicité qui était essentielle pour moi.
En plus, ma vie est une succession de galères et je n'en vois jamais la fin. Un problème de résolu, un nouveau apparaît aussitôt, c'est ma vie. Et maintenant, je vois bien la différence avec avant, quand ma mère était là et même pendant les 10 premiers mois suivants sa disparition, j'étais beaucoup plus combattive. J'y arrivais, à me battre, toujours, encore et toujours. Aujourd'hui, je n'en peux plus de me prendre la tête avec les gens, à défendre mes intérêts face à ceux qui abusent de moi, poser mes limites, me faire respecter. C'est un combat continuel pour une femme seule. En tout cas, c'est ma vie. Alors, comment faire quand on a plus l'énergie pour et qu'on avance comme une tortue neurasthénique? Aujourd'hui, la mort, pour moi, ne m'a jamais semblé si attirante, si douce, si délivrante. Mais là encore, se retrouver face à un mur, celui de s'empêcher de passer à l'acte, principalement par peur de se rater et d'avoir peut-être encore plus de souffrances qu'avant et enfin, et c'est le pire, trahir celle qui m'a fait le "cadeau" de la vie.
Je vous embrasse et je réitère mon souhait de rencontrer quelqu'un qui a perdu sa maman d'un cancer et qui aurait besoin d'en parler, de pleurer et qui aurait besoin d'une vraie amie en région parisienne.