Auteur Sujet: Quand tes parents ne sont plus là  (Lu 3494 fois)

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Hors ligne Nikita009999

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Quand tes parents ne sont plus là
« le: 03 décembre 2019 à 02:34:20 »
Tout a commencé le 1er décembre 2015.  J’étais chez moi et ma mère m’a appelé pour que je vienne car elle n’allait pas bien. 5 minutes plus tard j’étais chez elle et j’appelais l’ambulance.  Elle est décédée durant la nuit. Tout allait bien la veille et 24 heures plus tard elle était partie. J’ai su tout de suite que la vie telle que je la connaissais était terminée. Mais j’ignorais à quel point l’enfer était proche. Mon père, marié a ma mère depuis 40 ans, étant de la génération d’homme qui se reposait sur sa femme pour tout, ne pouvait pas vivre seul. J’ai donc tout laissé tomber pour aller vivre avec lui. Il a sombré dans une dépression profonde et dans l’alcoolisme. Et moi... je n’avais pas le temps de vivre mon deuil, car je m’occupais de lui.  Après un an, à le ramasser par terre tous les soirs alors qu’il était saoul, à le supplier d’arrêter, à me faire vomir dessus, à tout faire dans la maison... je me suis perdue. Après la 10 e fois ou j’ai fait hospitaliser mon père après l’avoir retrouver inconscient, les médecins m’ont annoncé sa cirrhose du foie.  Malgré tout ça, il a continuer.,. Ça ne faisait que commencer. J’ai tout essayer, tout... comment apprendre à vivre en regardant un être chers se tuer. La maladie a progressé durant trois ans et je me suis occupée de mon père en phase terminale durant les deux années suivantes et ce, sans aide parce que malgré mes nombreuses demandes d’aide et le peu que j’aurais pu avoir, mon père s’obstinait à la refuser. Je vous épargne tous les détails que cette maladie nous a fait vivre... mais je peux dire que l’épuisement mental et physique que je vivais m’ont donner envie de mourir. Le 25 janvier cette année, mon père est décédé. Et je me suis retrouvée seule avec un deuil jamais fait et un nouveau à vivre sans savoir comment faire. J’ai longtemps été submergée d’une colère profonde envers Dieu, envers moi pour ne pas avoir été capable de sauver mon père. Une rage intense envers la vie en général.  Comment la vie pouvait-elle continuer. ?  Puis je suis entrée dans une phase où je ne ressentais plus rien. Cette phase a duré longtemps. Mon corps et mon esprit se défendaient contre la noirceur dans laquelle je les plongeaient. Aujourd’hui, je continue ma vie, avec ce grand vide qui s’est installé et qui refuse de partir.  Je fais ce que j’ai à faire sans jamais réellement apprécier rien.  Ma mère était ma meilleure amie. Étant fille unique, j’ai vécu et avance dans l’unique but de la rendre fière. J’ignore comment maintenant avancer pour moi-même. J’ignore à qui dire à quel point je trouve cela dure puisqu’il est d’usage après un certain temps aux yeux du monde de s’en remettre. Je n’ai pas d’enfant. C’est un autre deuil que j’ai dû faire. Je comprends maintenant l’importance que cela avait pour moi.  Et puis merde, j’en ai marre de faire semblant que  je vais bien. Quand mon père s’est retrouvé veuf, j’ai laissé mon boulot après 15 ans, mes études à temps partiel, mon chez moi, mes affaires, ma vie et mes amis. Succession de deuils que je ne réalisais pas. Même mon chat est décédé le même mois que mon père.  J’ai eu l’impression que Dieu m’avait tout pris. Ma santé décline puisque j’ai cessé de m’occuper de moi pour me consacrer qu’à mon père. Il m’arrivait même de crier à Dieu « c’est bon, tu m’as tout pris!! ».  Aujourd’hui, je tente de guérir.  Mais ressens toujours que je ne peux parler à personne.  Je sais que ce n’est pas vrai, mais je le ressens quand même. Être aidante naturelle fut une décision tout à fait naturelle. En fait, je me suis même pas posé la question à savoir si je le devais. J’ai même pas hésiter ni même réfléchis. J’ai juste... tout laissé. J’ai cru que ce serait suffisant pour donner à mon père l’envie de vivre et qu’il réaliserait que j’étais là et que j’avais besoin de lui.  Je me suis mise à genoux pour le supplier de se reprendre, j’ai versé toutes les larmes de mon corps à ses pieds... on aura beau me dire que je pouvais rien faire de plus, même qu’on médecin mais dit quand il est mort de ne surtout jamais minimiser ce que j’avais fait car ce que j’avais endurée était inconcevable... Il reste que, moi, sa fille unique ne lui suffisait pas. Il reste que je ressens que je l’ai laissé tomber. Malgré que j’ai tenu sa main de toute mes forces pour qu’il ne s’enfonce pas dans les ténèbres, aurais-je pu la tenir encore plus fort?  Un décès subit comme celui de ma mère fut un choc dont je peine à me remettre encore. La maladie de mon père fut comme un long cauchemar qui perdure. Il a souffert le martyre. La nuit c’était pire. Il hurlait de douleur la nuit et moi je ne dormais plus. Un peu le jour quand il dormait enfin. Ça fait des mois et dès que je mendore, je me réveille en sursaut croyant l’entendre hurler dans sa chambre. Que je le veuille ou pas, je me suis forcée à reprendre un certain rythme de vie. Factures à payer, je dois travailler. Mais le fait d’avoir été stressée au plus haut niveau durant trois ans, j’ai du mal à endurer le stress du travail maintenant. Toujours envie de parti en courant dès que le travail devient stressant. J’ai eu si peur si longtemps de retrouver mon père mort dans la maison.., stressée tout le temps. Encore à ce jour j’ignore comment je vais faire, du stress au travail étant quand même normal. Pour moi c’est une montagne. Mis à part ça, je suis dans une phase où j’ai envie de voir personne. L’effort que je fais juste pour être aimable avec les collègues c’est épuisant. Voilà... voilà où j’en suis. Peut-être qu’ici, je pourrai parler sans me demander si j’énerve les gens avec mes histoires. Merci

Hors ligne pscar13

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Re : Quand tes parents ne sont plus là
« Réponse #1 le: 03 décembre 2019 à 18:29:42 »
Bonsoir Nikita,

J'ai lu ton récit cette nuit et j'en ai été bouleversé, je ne trouvais pas de mots pour te répondre.
Ce que tu as traversé est terrible, et bien sûr que derrière ces traumatismes tu souffres encore beaucoup, en particulier en cette période anniversaire du décès de ta mère et l'arrivée dans la première année du décès de ton père.
Tu as été héroïque, mais tu es épuisée, tu as besoin de soutien, il faut te faire aider, par un psy, par ton médecin, tes amis s'ils répondent encore présents, un groupe de paroles.
Écrire fait aussi du bien, écris ici tant que tu en ressens le besoin, il y a beaucoup de bienveillance et aucun jugement, tu seras lue, et certains te répondront.
Prends bien soin de toi.
Plein de tendresse et de douceur pour t'aider à tenir et une pensée pour ta maman et ton papa.
Le futur devient présent, et, dans l'instant qui suit, passé.
Mon rêve est devenu réalité, mon amoureuse, mon éternel présent.

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Re : Quand tes parents ne sont plus là
« Réponse #2 le: 26 février 2020 à 22:40:05 »
Je comprends ce que tu ressens, je suis fille unique et j’ai vu mon père se détruire avec l’alcool, j’ai tenté de lui faire comprendre que j’avais besoin de lui mais ça n’a pas suffit . Je l’ai retrouvé mort dans sa maison . C’est horrible ....