Auteur Sujet: Quand le silence nous bouffe.  (Lu 3992 fois)

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Ankh

  • Invité
Quand le silence nous bouffe.
« le: 01 mars 2016 à 21:23:17 »
J'écris ce post parce qu'il m'est plus simple de retranscrire ce que je ressens grâce à un texte.
Cela fait 1 an et 5 mois que mon père est décédé d'un foutu cancer, à 55 ans. Ma mère avait d'ailleurs  posté sur ce forum, Lorrainedu30. J'hésitais à faire de même, mais je franchis le pas aujourd'hui.

C'est toujours aussi douloureux.

J'imagine très bien qu'il y a des enfants plus jeunes que moi sur ce forum, et que même si j'ai 21 ans, mentalement je me sens âgée d'une dizaines d'années à cause de cette situation, pour plusieurs raisons. Je me dis que mon père ne sera pas là pour me donner ses conseils, pour me rassurer quand j'ai peur, pour me faire un gros câlin si j'ai un gros chagrin. Puis, qu'il ne sera pas là pour me féliciter pour mon premier job, qu'il ne sera pas là pour me mener à l'autel pour mon mariage (si j'en ai un), qu'il ne sera pas là pour voir mon premier enfant. Toutes ces premières fois d'adulte qui sont importantes, au final.

Cela fait 1 an et 5 mois, et je suis toujours aussi triste (crises de larmes quand je m'y attends le moins, et très souvent je ne comprends pas pourquoi au départ) , en colère parce qu'à mes yeux, les docteurs ont été négligents et il aurait pu être guéri, parce que le destin est une mauvaise joueuse (et encore, je vous épargne mon habituel langage de poissonnière fleurie  ;D petit smiley car l'humour est mon bouclier). En gros, je n'arrive pas à avancer, à faire mon deuil, je ne crois pas avoir dépassé le premier stade de cette liste de 5 stades du deuil, d'ailleurs.
Et je crois que ça m'empoisonne la vie.
Je suis étudiante en première année d'anglais. (Oui, j'ai 21 ans et je suis toujours en première année...) Et ça me déprime encore plus. Parce que je sais que Papa aurait voulu que j'étudie pour réussir ma vie, mais je suis dans le doute constant. Suis-je assez intelligente pour finir une licence? Est-ce ma voie? Tout cela pour en venir à: "Je ne veux pas perdre de temps dans ma vie, car elle est à la fois trop courte, et trop longue, pour perdre du temps, perdre du temps avec les gens que l'on aime." Mais je pense que si je commençais vraiment à faire mon deuil, j'arriverais à avancer.
Rah, putain, c'que c'est galère. (Désolée, c'est sorti seul, mais y'a pas de mot suffisamment poli pour décrire ce que je ressens, et vous devez bien vous en douter.)

De plus, j'essaie d'être forte. Pour ma mère, parce qu'elle se retrouve seule maintenant, et que je suis son soutien. Du coup, ma carapace a atteint une dimension qui ferait rougir la Grande Muraille de Chine.  J'aimerais juste qu'elle et moi, on se taille au Népal vivre de lait de lama, de racines type patates et qu'on se retrouve un bonheur en voyageant.
Sauf qu'il faudrait d'abord que j'accepte, pour pouvoir être un jour heureuse.

Bref, Pavé César, ceci était un Gropavé (petit clin d'oeil à Pokémon) d'une fille qui a mis le temps avant de s'ouvrir.
Merci, parce que je sais qu'ici, je serais comprise.  :-[

GGS

  • Invité
Re : Quand le silence nous bouffe.
« Réponse #1 le: 24 avril 2016 à 00:42:33 »
C'est le premier message que je poste aussi sur ce forum, je ne sais même pas si je dois d'abord me présenter, ou une formalité du genre... (je m'en excuse donc au passage si c'est le cas, et suis prête à passer par la case départ pour rattraper mon erreur! )
Le titre de ton post m'a interpellé Ankh.
C'est la première fois que j’atterris sur un forum de deuil, et je ne savais pas trop par quoi commencer, jusqu'à ce que je vois ce titre, qui reflète exactement ce que je ressens ce soir à l'instant T, et cela depuis pas mal de soir (sans doute trop).

Tu as perdu ton père je dirai récemment, parce que quand on y repense on à l'impression que c'était hier,
et en même temps tu as tellement avancé pour toi-même, qu'un an c'est long.
Je me rappelle la première année après la mort de mon père, j'allai pas si mal.. J'avais avancé comme toi. J'avais repris mes études (à 22 ans, tu vois!), je m'occupais aussi de ma mère et avait l'impression d'être la bouée de secours de beaucoup de personnes, role dans lequel je me complaisais aussi.

Et puis j'ai commencé à aller mal. Mais je ne le savais pas. je ne voulais pas le voir. Pour moi c'était des problèmes de digestion (sexy). J'ai fait tous les tests possibles, je connaissais même les cravates moches de mon médecin par coeur à force de le voir et de le harceler pour qu'il trouve ou était le probleme. On a rien trouvé. je voulais qu'on trouve.  ce 'rien' a duré 2 ans,  m'a bouffé la vie et mon alimentation.
Aujourd'hui j'ai 24 ans, ça fera 3 ans, d'ici quelques semaines, que mon père est mort d'un cancer aussi, mais il n'a pas connu les 50 ans. et si je te parle de mes problemes de santé, c'est pas parce que j'adooore me plaindre de mes douleurs de bide, mais parce que au bout d'un an, je n'en était pas là ou tu en es aujourd'hui.







GGS

  • Invité
Re : Quand le silence nous bouffe.
« Réponse #2 le: 24 avril 2016 à 00:44:11 »
Oups beug le com est parti tout seul....
donc je finis là, désolé.. :-X

Au bout d'1 an je me voilais la face en me disant que la douleur ça allait passer, que je devais m'en faire pour les autres qui avait mal, parce que je gérais. j'avais une carapace de rhinocéros (bien joué pour la muraille de chine!), je prenais ma vie en main, tout allait bien!
Au bout d'un an je ne me disais pas que la douleur le passerai pas, sans doute jamais, et que j'allai devoir vivre avec, et surtout l'accepter. Accepter la colère, la peur, les doutes, le stress, la peine, les cauchemars, les crises de larmes, le stress, la mort. Tout ça je ne le savais pas, on ne me l'a jamais dit. Si je l'avais su ça m'aurait évité 2 ans de santé gachée.

Toi, au bout d'un an tu viens sur un forum, tu déballe ta peine, ton histoire, avec beaucoup de courage, et beaucoup de respect pour toi-même. Respect pourquoi? Parce que tu sais que tu peux pas vivre indéfiniment en lorgnant sur la carte postale du Nepal sur ton frigo, t'imaginant siroter des cocktails sur des lamas, "mais quand ça ira mieux seulement!". Tu sais que si tu veux avancer, c'est maintenant, avant que la vie ne te bouffe et que tu finisse par te dire que le deuil c'est quelque chose qui ne passera jamais, et que tu ne pourras jamais avancer plus que ça.
Tu peux avancer plus, je peux te le dire. Même si je ne suis pas le meilleur modèle d'avancement en matière de deuil,
le deuil c'est quelque chose qui se fait, qui se vit, qui se ressent, et qui fait qu'on va mieux.
Et surtout qu'on avance pour soi.
Et là, tu veux avancer pour toi, ça se sent, rien que quand tu parles des questionnement sur tes études.
Je ne sais pas ou tu en es de ton deuil. En même temps tous le monde à une notion différente du deuil, c'est un truc qu'on s'approprie.
Je te dirai que mon deuil je l'ai fait quand j'ai dit aurevoir à mon père,  2 ans après sa mort.
J'ai avancé, pour moi. J'ai arrêté d'attendre son retour, arrêté de croire que je ne pouvais pas être heureuse et en vie parce que lui ne l'était plus.
Mais... Ca me fait ch*er de le dire (sorry, comme tu disais, y'a des mots comme ça qui illustrent mieux qu'un langage formel) mais même quan on fait son deuil, quand on avance, quand on vit, qu'on apprend à être heureux, et que finalement on l'est, le manque ne part jamais.
Je ne dis pas ça pour te spoiler le film du deuil ou juste remuer le couteau dans la plaie, mais
parce que tu passes par là/ou va passer par là, et je préfère être honnête. Je pense que tu le mérite,
une personne l'a fait avec moi, ça m'a fait mal, mais je la remercierai toujours pour ça.
Je pense à mon père dès qu'il m'arrive quelque chose de bien, merde je peux pas l'appeler pour lui raconter,
et au moindre pépin, non, il ne viendra pas me remonter le moral.
Et ça fait mal. Je sais que ça ne passera pas. Je me sens apaisé, oui, parce que je l'ai laissé partir mais y'a toujours des moments difficiles.
Alors, conseils (enfin, après un com aussi long, j'espere que tu auras fait avance rapide): pense à toi.
A ta peine. A ce que tu veux, ce que tu ne veux pas. A apprendre a être heureuse. S'il le faut demande de l'aide,
que ce soit psy, sophro, ou autre, mais parles-en c'est important. Parle lui, si ça t'apaise, tu passes pour une taré si quelqu'un te vois, mais je t'assure ça va mieux après. Et écris, comme tu l'as fait là, mais pour toi-même, pour lui
ou pour d'autres, met sur le papier ce que tu ressens, ça fait du bien.

J'espère que ça t'aidera..