Cela fait 2ans, 4 mois et 14 jours que ma mère est décédée. Je dois réfléchir au temps écoulé car ma mémoire brouille les dates. Alors que c'est la perte la plus importante dans ma vie, c'est complètement dingue.
Cette semaine, je pars en vacances dans le sud. Je ressens beaucoup de mélancolie, et même un peu d'appréhension ; car nos dernières vacances ensemble ont été dans le sud.
J'espère secrètement qu'elle va vivre ces moments à mes côtés d'un certaine façon.
J'ai l'idée peut-être stupide, que si je pense fort à elle en vivant de bons moments la bas, je vais la "convoquer", qu'elle sera avec moi, et qu'elle partagera ces moments avec moi.
Mes croyances en un "après" la mort, même si elles ne sont pas "profondes", m'ont aidé à supporter l'aspect définitif lié à la mort : l'idée de ne plus la voir, de ne plus lui parler, de ne plus lui faire de câlin, etc etc.
Je me rends compte que le temps a énormément fait changer mes pensées : je ne pense plus à "je ne peux pas faire ci ou ça avec elle", car j'ai comme intégré que ça n'était plus possible jusqu'à ma mort.
C'est comme si mon mental avait éliminé ces choix impossibles de mes pensées.
Je constate donc l'effet du temps sur mon deuil : effectivement, le temps apaise d'une certaine façon.
Mon esprit s'adapte, et évite de m'infliger des souffrances inutiles. Pour le moment, c'est le seul effet que je remarque, mais c'est déjà bien.
Parfois, les souvenirs jaillissent en même temps qu'une souffrance intense, mais dans le même temps, ma vie avec elle semble déjà loin. C'est assez horrible, je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment de trahison en écrivant cela.
Mais je ne peux pas vivre avec autant de souffrances toute ma vie. Cette prise de recul est sans doute nécessaire.
J'ose croire que si elle avait été confrontée à une telle situation, elle s'en serait relevée elle aussi, et cette pensée me pousse à avancer également.
C'est bizarre, mais je me suis souvent imaginée par exemple la situation, dans le cas où par exemple ce soit mon père qui serait parti, comment elle aurait réagi. J'imagine, une profonde dépression, mais j'imagine aussi qu'entourée, elle se serait relevée, difficilement mais elle se serait relevée.
Car pour elle, la vie était plus forte que tout. Et que c'est pour ça qu'elle s'est battue.
Je la revois clâmer haut et fort : "JE VEUX VIVRE !".
Ce serait une honte, pour nous, de se laisser abattre, de ne pas profiter de la vie. Elle, elle ne peut plus le faire !
Je vis pour moi, je vis pour elle, je vis presque pour nous deux.