Auteur Sujet: Perte de mon père et de mon grand-père  (Lu 4146 fois)

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Aby

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Perte de mon père et de mon grand-père
« le: 14 juin 2017 à 15:45:48 »
Bonjour à tous,
Je n'aurais jamais pensé, à 24 ans, me retrouver avec trois grands-parents sur quatre et un parent sur deux décédés... Comme parents, il ne me reste que ma maman et ma grand-mère...
Je n'ai pas connu mes grands-parents paternels, qui vivaient au Sénégal, donc je n'ai pas pleuré leur décès... Mais c'est lorsque j'ai eu 15 ans, que j'ai découvert ce qu'était le deuil : mon père a été assassiné. Mes parents étant divorcés et vivant avec ma mère depuis ma petite enfance, je ne voyais mon père que tous les 3 mois environ et je l'avais une fois par semaine au téléphone. Pourtant, j'étais tellement persuadée qu'il ne pouvait rien lui arriver, que le jour où la police criminelle m'a appelée pour m'annoncer que mon père était dans le coma et qu'il allait décéder, mon monde s'est écroulé... C'était le 1er mai 2008 et depuis je pleure moins quand je pense à lui, même si la douleur est toujours là. Je me pose sans arrêt les mêmes questions : "Qui m'emmènera à l'autel le jour de mon mariage ?" "Comment expliquer à mes futurs enfants qu'ils ont un grand-père qu'ils ne verront jamais ?"... Et parfois, je trouve même cela injuste que d'autres passent tellement de temps avec leur père qu'ils arrivent à s'en plaindre alors que le mien, je ne le verrais jamais plus...
Et puis, cette année, après avoir bagabondé et cherché ma voie, j'ai repris mes études. Mon grand-père, atteint d'un cancer du poumon incurable, était fier de moi. Cependant, le 20 septembre 2016, il s'est envolé, lui aussi. Je m'attendais égoïstement à une fin longue, afin que je puisse lui dire tout ce que j'avais sur le coeur. Mais non. Il allait bien, le midi il a mangé et rigolait encore avec sa femme et sa fille (ma mère) et le soir... Il n'était plus là.
  Mon grand-père était toute ma vie. J'ai grandi à 500 mètres de chez mes grands-parents et ayant un père intermittant, j'ai fondé toute mon amour paternel avec mon grand-père. J'étais l'aînée de ses petits-enfants, celle qui lui a donné le rôle de grand-père et celle qu'il voyait le plus souvent. Mon grand-père était réellement un homme remarquable. Footballeur dans sa jeunesse, il avait choisi d'aller en Algérie combattre auprès de ses copains, plutôt que de rester jouer au foot (en temps que sportif professionnel, il pouvait être exempté de service militaire). Il a risqué sa vie pour soutenir ses copains... Voilà un exemple parmi tant d'autres de sa bonté. Il était croyant, chrétien, mais avant tout, il croyait en la vie. Il écoutait, sans jamais juger, il avait un optimisme à toute épreuve et une tolérance infaillible. Il pardonnait à ceux qui lui faisaient du mal et n'était ni rancunier, ni haineux... C'était un grand homme.
A sa sépulture, la cathédrale n'était pas assez grande pour accueillir les 800 personnes qui étaient présentes, sans compter celles qui s'étaient excusées de ne pas pouvoir venir. Mon grand-père a changé des vies et était apprécié de tous.
Il avait huit petits-enfants mais pourtant, il avait déjà dit qu'il y avait un lien particulier entre lui et moi. Nous nous comprenions sans même nous parler. Le temps passé avec lui ne se comptait pas tellement il était bon. Avec lui, j'avais l'impression d'être invincible et d'ailleurs, je croyais qu'il l'était... A l'annonce de sa maladie, je m'étais préparée à ce qu'il parte, sans pour autant le réaliser alors... depuis le 21 septembre 2016,  je laisse la lumière allumée, au cas où il reviendrait... J'ai toujours l'impression qu'il va revenir, car je n'arrive pas à admettre qu'un homme aussi bon que lui ait pu s'en aller...
J'ai l'impression que mon coeur a été trempé dans l'acide et que rien ne peut le guérir. Et lorsque je vais sur sa tombe, j'ai envie de le sortir de là...
Un bout de moi s'est envolé avec mon grand-père... Et je poste ce message en couleur verte, sa couleur préférée, car c'est la couleur de l'espérance.
J'ai eu mon diplôme avec Mention Très Bien cette année, et la première personne que je voulais appeler était mon grand-père...
Et je pense à ma grand-mère, qui reste seule avec son coeur brisée en mille morceaux, qui doit faire le deuil de l'amour de sa vie, avec qui elle a eu 54 ans de mariage, quatre enfants, huit petit-enfants et une arrière-petite-fille. Je vais la voir tous les week-ends, je passe du temps avec elle et elle va bien, elle n'est pas du genre à se démonter, mais Dieu sait comme elle pleure à l'intérieur...
Je t'aime éternellement mon papy d'amour...