Bonjour,

J'ai 26 ans, j'ai perdu ma maman il y a bientôt deux ans, d'un cancer. Elle a eu son premier cancer lorsque j'avais 6 ans, et a fait une récidive 15 ans plus tard. J'ai abandonné mes projets pour pouvoir m'occuper d'elle la première année de la récidive de son cancer, car elle vivait seule et je ne pouvais pas la laisser comme ça. J'ai vécu avec elle l'évolution de la maladie, les chimiothérapies, la perte des cheveux etc... C'était très dur mais je me sentais bien à m'occuper d'elle, elle qui a tout donné pour moi et mon frère.  J'avais une relation très fusionnelle avec ma maman, et même à 20ans et quelques je ne pouvais me passer de ses câlins et de son amour si unique. Elle m'a beaucoup couvé. Elle était tout pour moi. J'ai dû partir après un an chez elle, même si sa maladie n'était pas terminée,  mais elle était mieux physiquement et surtout mentalement, elle remontait la pente, tout doucement.  Elle était bien entourée, et j'étais qu'à une heure de route de chez elle, donc je pouvais continuer à être là pour elle régulièrement. Je l'appelais tous les jours. Un an a passé, elle allait mieux et puis, elle a rechuté. L'oncologue qui l'a suivais était assez spéciale, et même si je l'ai rencontré quelques fois, j'ai l'impression qu'au final, elle m'a caché la vérité sur sa santé. Pendant deux ans, c'était des allers retours à l'hôpital pour elle, et je suis entrée dans le déni. Pour moi, et je m'en veux énormément pour ça, c'était devenu presque "normal" et pour moi, elle allait toujours sortir de l'hôpital, toujours réussir à se battre ! Je suis allée la voir en maison de convalescence, elle venait d'y être transférée après un mois à l'hôpital. C'était 6 jours avant son décès. Elle n'arrivait pas bien à parler, était fatiguée, mais j'étais très loin de penser qu'elle s'éteignait à petit feu. Pour moi, elle allait sortir rapidement. J'ai partagé des moments comme d'habitude lorsque je lui rendais visite à l'hôpital, la soulager en lui faisant des massages puis lui apporter tout l'amour qu'une fille puisse faire. Elle a été admise en soins palliatifs deux jours plus tard, je l'ai appris que deux jours après car mon frère avait peur de me le dire. Quand je l'ai su, le soir, j'ai directement été la voir le lendemain. Et là c'était la chute, pour moi. Je me suis pris la réalité en face.  Son état s'était beaucoup dégradé. Elle ne pouvait plus parler. Je lui disais combien je l'aimais, que je serai forte pour elle, elle me répondait par le regard.  C'était très très intense comme moment et, ses images resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Elle est décédée le lendemain matin. Comme l'impression qu'elle m'a attendue avant de partir, attendu que je réalise... J'ai eu beaucoup de soutien de la part de mon compagnon de l'époque, qui était là à chaque instant. Le premier soir, dans mon lit, je pleurais depuis des heures et j'ai ressenti d'un coup un sentiment de bien être immense, et senti un amour très très intense.  Je me sentais enveloppée d'une chaleur indescriptible. Ça a durer quelques minutes, mais c'était très très fort, je n'avais jamais ressenti ça et je n'arrive même pas à poser les mots sur ce que j'ai ressenti tellement c'était... Hors du commun. Le lendemain, au funérarium, sans que je dise rien, mon frère m'a parlé de ça, il a vécu/ressenti exactement la même chose que moi, au même moment. J'ai pu me renseigner sur ce "phénomène" par la suite sur le site de l'INREES, il y a pas mal de témoignages, cela a un nom et s'appelle le VSCD (Vécu subjectif de contact avec le défunt). Je sentais ma maman près de moi, pendant tout ce qui a suivi.
J'ai dû m'occuper de tout, pompes funèbres, démarches administratives, vider sa maison... Heureusement j'ai eu du soutien de ma famille, mais devoir faire tout ça est tellement compliqué...
Je suis passée par des moments vraiment difficiles, j'ai été en arrêt pendant des mois, je pleurais tous les jours et je restais au lit toute la journée. Mais au fil du temps. j'avais l'impression qu'elle était là, près de moi, j'avais l'impression de la sentir. J'ai été suivie pendant un an par une psychothérapeute, avec qui j'ai pas mal avancé. J'ai arrêté il y a un an pensant aller mieux, mais tout resurgit maintenant, et mes sentiments et réactions ne sont même pas logiques, j'ai l'impression que je ne peux pas avancer sans elle dans la vie, j'ai besoin de ses conseils, qu'elle me rassure, qu'elle m'écoute comme elle savait si bien le faire, et surtout, son amour si unique comme celle qu'une maman apporte... Je me sens très seule, même si je suis bien entourée. Ce sentiment d'incompréhension quand j'en parle à mes proches est vraiment difficile à vivre. Car ils pourront m'écouter et me consoler, quand bien même ils ne peuvent pas savoir. Ils ne peuvent pas savoir a quel point c'est dur et douloureux de perdre sa mère, douloureux au point de sentir ce poids immense sur sa poitrine. Et j'ai parfois l'impression que comme ça fait presque deux ans, dans la tête des autres je devrais moins souffrir, moins y penser. Je parle énormément d'elle, et parfois j'ai l'impression que ça gêne les gens et je déteste cette réaction... La mort est vraiment taboue pour les gens.
Je suis perdue. J'ai l'impression d'être plus mal qu'avant, l'impression de "régresser" sur mon travail de deuil, et elle me manque plus que jamais. Je n'ai plus envie de rien depuis quelques semaines, j'ai l'impression de rechuter. Ce qui me fait le plus mal, c'est d'avoir perdu cette sensation de la "sentir" près de moi. Et de commencer à oublier sa voix. Ça me rend triste de me dire qu'au fil du temps, je perdrais des détails d'elle. Je n'arrive pas à avoir le courage pour la moindre décision dans ma vie, j'ai besoin d'elle pour avancer. Mais elle n'est plus là et je ne sais pas comment faire pour m'en sortir.

Bonjour Helpa,

Merci de votre réponse. C'est sûr que sa volonté était de me protéger,  mais je regrette de ne pas avoir pu aller la voir autant que je voulais quand elle était a l'hôpital car je travaillais et mon employeur ne voulait rien entendre et rien m'accorder en jours par rapport à cette situation. Ma maman le savait très bien mais j'aurai aimé partager plus de moments avant son départ... Mais vous avez raison, ça l'aurait stressé d'avantage car elle avait très peur de nous "laisser" moi et mon frère.

Oui c'est assez fou ce que mon frère et moi avons vécu, je vais voir pour faire part de mon témoignage sur le site de recensement des VSCD. C'est assez délicat de parler de ça, j'en parle pas trop à mes proches, que certaines personnes car soit on me dit que c'est mon imagination et le choc du décès, soit on ne me croit pas vraiment et ce n'est pas agréable !

C'est vraiment difficile de ne plus la sentir comme avant. J'ai l'impression de la perdre une deuxième fois... J'avais vu une conférence de l'inrees avec le psychiatre Dr Fauré qui expliquait qu'au fil du temps, on ressent une présence intérieure de la personne décédée. Mais je ne le ressens pas, ou alors je ne le détecte pas. C'est tout a fait ça, c'est comme le sevrage d'une drogue.

J'essaye de remonter Petit à petit la pente mais ce qui est perturbant c'est que je pensais aller mieux et depuis quelques temps je replonge un peu, sûrement à cause de l'arrivée des beaux jours et de la chaleur, vu qu'elle est décédée un mois de juillet ça remonte pas mal de souvenirs... Et c'est vrai que je suis dans une période un peu compliquée professionnellement et quand je suis perdue, la seule qui arrivait à me redonner un coup de boost c'était elle... Il va falloir que j'arrive à redevenir autonome effectivement, c'est un long chemin à parcourir !

Merci beaucoup en tout cas de votre écoute, ça fait du bien de se sentir comprise, car le deuil est quand même un gros passage de solitude.

Bonne journée,
Affectueuses pensées également.

J'ai acheté ce livre du Dr Fauré, je l'ai lu au tout début du décès de ma mère et je pense que je devrais le finir pour essayer de comprendre certaines choses qui m'échappe. Merci de vos réponses en tout cas, je sais désormais sur je peux venir ici maintenant si jamais j'en ai besoin.

Bonne soirée à vous.

Bonsoir Cha,

Je compatis à votre douleur. La mienne est récente, j'ai perdu mon père de 84 ans que j'aimais tant il y a  un mois, des suites d'une pneumonie. Quand vous écrivez  que vous pensiez  que votre mère était pour s'en sortir encore cette fois là , je me reconnais là dedans aussi  car mon père qui avait déjà fait une pneumonie et qui avait vu sa santé générale décliner un peu ces dernières années, s'était toujours quand même bien sorti de ses petits ennuis de santé et avait une qualité de vie appréciable. Puis cette pneumonie et un infarctus suivi d'un autre plus important, et voilà en 2 semaines, il était parti. Je pense que malgré l'âge et tout le reste, j'imaginais mon père éternel et que comme pour les autres fois, il allait être hospitalisé quelques jours et revenir à la maison ensuite. Que ça ne se pouvait juste pas que lui qui a été si fort toute sa vie, puisse s'en aller. Et je me culpabilise aussi parfois de ne pas avoir vu ceci ou de ne pas avoir fait telle ou telle chose qui aurait pu peut-être changer quelque chose dans le déroulement des événements ... Je suis perfectionniste de nature alors ce n'est pas toujours évident de lâcher prise, mais j'essaie.

Les soins que vous avez apportés à votre mère en disent beaucoup sur l'attachement et l'amour que vous aviez pour elle et elle le ressentait et le ressent encore sûrement aujourd'hui. L'expérience  du ressenti de sa "présence" que vous avez vécu , est très touchante. Moi je demande souvent à mon père de m'envoyer des signes, s'il le peut, pour me dire qu'il est bien et que ses derniers jours n'ont pas été trop difficiles pour lui. Depuis son départ, j'ai rêvé deux  fois à lui, et dans ces rêves il était souriant et protecteur envers nous, comme il l'a été toute sa vie.

Je vous souhaite bon courage et vous envoie mes meilleures pensées de réconfort !

Amicalement
Marie

Bonjour Cha

J'ai lu ton message qui m'a beaucoup touché, il est plein d'amour et de tendresse et ta maman a eu beaucoup de chance de t'avoir à ses côtés. Tu peux être fier de toi et surtout continue à parler d'elle car en parlant des défunts qui nous sont chers on les fait revivre, après tout ils ne sont peut être pas si loin de nous que ça.  Je suis sûre qu'une maman n'abandonne pas ses enfants chéris si vite...

Courage pour cette épreuve, le deuil c'est quelque chose que l'on vit au quotidien, le chagrin part puis il revient, faut apprendre à l'apprivoiser et c'est dur d'autant plus que tu n'as que 26 ans. Courage.