Auteur Sujet: Perdre son unique parent à 18 ans  (Lu 4516 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne Biboulette69

  • Néophyte
  • *
  • Messages: 2
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Perdre son unique parent à 18 ans
« le: 28 mars 2018 à 15:47:09 »
Bonjour,

J'ai décidé de parler de ma situation qui est plutôt compliquée sur ce forum car j'ai pu y voir beaucoup de soutien. Mon message risque d'être un peu long, je remercie d'avance les personnes qui auront la patience de le lire.

J'ai 19 ans et j'ai perdu ma mère il y a un an et demi. Elle m'a élevée seule (je n'ai jamais connu mon père) et nous étions très très proches. Depuis ma naissance elle était malade, et j'ai toujours tout fait pour elle et par rapport à elle. J'ai passé toute ma vie à l'aider, dès que j'en ai eu l'âge, je m'occupais d'elle (douche, repas...). Je lui ai sauvé la vie plusieurs fois suite à des prises de cachets excessives (elle était bipolaire et a développé un cancer du foie à cause des médicaments). La dernière fois qu'elle a été hospitalisée, c'était encore du à une prise de médicaments. Elle est tombée en insuffisance rénale puis placée en coma artificiel car elle a fait un arrêt cardiaque. J'ai du décider avec mes frère et soeurs de la débrancher car c'était un acharnement inutile... Même si elle n'était pas consciente, je lui ai tenu la main jusqu'au dernier battement de coeur. Je lui ai toujours promis que je ne l'abandonnerai jamais.

Depuis son décès, je vis avec mon compagnon avec qui je suis depuis 4 ans et demi (qui a du mal à se rendre compte car il a ses deux parents), et je ne peux pas beaucoup en parler avec mes soeurs qui vivent à 400 km de moi. Je n'ai pas eu la force de passer mon bac qui s'est présenté quelques mois après son décès, mon compagnon travaille donc je passe mes journées seule chez moi, j'ai peur de sortir, je suis bloquée pour trouver un travail (en plus sans expérience ni diplome...). Je ne sais plus comment m'en sortir, ça fait un an et demi que je tourne en rond que je ne suis plus capable de rien. J'ai l'impression de ne plus avoir de but car m'occuper de ma mère était la seule chose pour laquelle je me levait chaque jours. Comme si on m'avait arraché la seule chose qui donnait du sens à ma vie.
L'histoire est plus longue que ça, je veux bien en parler plus longuement si quelqu'un veut bien.
Voilà,  je cherche une solution pour sortir de ma coquille car je développe une phobie sociale depuis peu et il faut absolument que je me reprenne en main, mais seule c'est difficile.
Encore désolée pour ce long message, merci de l'avoir lu et de l'aide que vous pourrez m'apporter.   :-[

Hors ligne Eric38

  • Membre Complet
  • ***
  • Messages: 240
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Perdre son unique parent à 18 ans
« Réponse #1 le: 28 mars 2018 à 16:49:31 »
Biboulette,

j'aimerais te dire "bienvenue" ici, en dépit des circonstances.

Je ne suis pas le plus beau parleur de ce forum. Tu auras, je l'espère, des messages de personnes bien plus sages que moi.

Je comprends ton ressenti. Ton "enfermement", ton retrait social pourrait on dire...
J'ai cru comprendre que cela arrivait à quasiment tout les endeuillés. On t'a arraché une partie de toi même, tu n'est plus sure de toi, tu n'a plus de but magnifique, alors comment aller "dans le monde" ?

Je n'aime pas donner des leçons, bien trop de gens s'en chargent, et surtout ceux qui ne savent pas...
Il va falloir être patiente (c'est tres facile à dire, mais à faire...).
Peut être t'appuyer sur ton compagnon s'il t'aime sincèrement, profondément.
Peut être as tu, avez vous, envie de construire quelque chose, quoi que ca puisse être ? Peut être y trouveras tu la force d'avancer.

Peut être pourra tu compter sur toi. Avec ce que tu as enduré, sans t'en rendre compte tu as fait preuve d'une force et d'un courage incroyable. Les gens qui ne sont pas passés par là ne savent pas les efforts que cela demande.
 Et surtout, ne pas culpabiliser de ta phobie sociale, ne pas t'en vouloir. Tu doit être déchirée entre l'envie d'aller de l'avant, et la sensation que plus rien n'a de sens.
Peut être trouvera tu des activités ( suivre un formation, ou des études ? Faire du sport, de la danse, de la peinture, ce que tu veux.); et puis à un moment donné tu n'auras plus le gout, tu hésiteras, tu laisseras tomber, provisoirement ou pas : encore une fois, ne te culpabilise pas, ne te juges pas. Ce que tu vis est déja bien assez dur comme cela.

D'autres pourront t'aider, ou au moins te lire ici.

Avec toute ma compassion...

Hors ligne Biboulette69

  • Néophyte
  • *
  • Messages: 2
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Perdre son unique parent à 18 ans
« Réponse #2 le: 28 mars 2018 à 17:07:36 »
Eric,

Je te remercie de ta réponse. Elle m'a fait du bien comparé aux "bouge toi faut que tu travailles" etc qui ne sont pas très encourageants...
C'est vrai que malgré mon jeune âge j'ai la chance d'avoir trouvé un compagnon comme le mien, il m'a énormément soutenu depuis toujours, il a un peu remplacé ma maman dans le sens où c'est devenu un pilier dans ma vie. Mais comme  tu l'as dit c'est vrai que ça reste difficile à comprendre pour lui car il a eu un vécu plus "facile" que moi.
 Nous avons justement pour projet de déménager pour rejoindre sa famille et pour que je réduise la distance entre mes soeurs et moi.
Mais je culpabilise justement de cette phobie qui s'est installée car c'est un peu moi qui bloque notre départ, tant que je ne travaillerai pas nous n'auront pas les moyens de partir...
Je vois justement ce déménagement comme un nouveau départ, le fait de m'éloigner de là où j'ai toujours vécu, et je m'en veux de ne pas réussir à relever la tête...

Je te remercie sincèrement

Hors ligne Mononoké

  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 1047
  • Un petit pas, puis un autre ...
Re : Perdre son unique parent à 18 ans
« Réponse #3 le: 28 mars 2018 à 20:41:23 »
Biboulette,
Un triste bienvenue parmi nous. Tu es si jeune, ce n'est pas un âge décent pour perdre son unique parent, de qui en plus tu t'es toujours occupée.
Les seuls conseils que je peux te donner, c'est d'être douce avec toi, de ne pas te juger, traverser un deuil est si difficile, si fatiguant. On fait ce que l'on peut, un tout petit pas à la fois, il y a des jours où c'est moins difficile, et d'autres où c'est très dur, trop dur, ces jours là, ne pas se juger, ne pas se faire violence, les évènements s'en chargent pour nous. Tu as franchi le pas de venir témoigner ici, c'est un grand pas. N'hésite pas à venir témoigner encore et encore, crier ton chagrin, déverser ta peine si cela te fait du bien. Il y aura toujours quelqu'un pour te lire, parfois quelqu'un pour te répondre. car des fois nous n'avons pas la force d'écrire pour ceux qui y écrivent,  des fois les gens n'osent pas, peur de ne pas trouver les mots, peur de répondre à côté..
Si ta phobie te fait peur, aurais-tu envie de te faire accompagnée par un spécialiste ? Il pourrait peut-être t'aider à la surmonter.
Pour ma part, je n'ai pas de phobie sociale,  j'ai 43ans, mon mari est mort il y a 1 an 1/2 et, tu vois j'ai demandé un arrêt de travail à mon médecin, pour prendre soin de moi, le monde autour de moi va trop vite, j'avais besoin de me retirer, et cet arrêt me fait du bien, j'espère qu'elle voudra bien me prolonger, je sens que j'en ai besoin,... le temps qu'il faut..
As-tu vu la conférence du docteur Fauré ? Elle en a aidé beaucoup ici, son livre : vivre le deuil au jour le jour, aussi. Moi ça m'a fait du bien, je me suis tout simplement dit, je ne suis pas folle.
S'il te plait, ne t'en veux pas, c'est le plus beau cadeau que tu puisse te faire. Si tu savais combien de temps j'ai trainé cette culpabilité, je m'en voulais d'être colérique ou indisponible pour mes enfants, je m'en voulais de voir la peine que j'infligeais à mes proches... cette culpabilité, elle disparait, (des fois, elle revient me chatouiller) mais on ne fait que ce que l'on peut et c'est déjà énorme.
je t'embrasse chaleureusement
Mononoké
"Tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu'au jour où être fort reste la seule option". B. Marley

"Un arbre qui s'abat fait beaucoup de bruit ; une forêt qui germe, on ne l'entend pas." Gandhi

Hors ligne Alexandria

  • Membre Junior
  • **
  • Messages: 72
  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : Perdre son unique parent à 18 ans
« Réponse #4 le: 30 mars 2018 à 11:01:56 »
Bonjour Biboulette,
 
Je t'envoie toute ma compassion...
J'ai également perdu ma maman, il y a un peu plus d'un an, d'un cancer...et je me suis aussi beaucoup occupée d'elle, un peu comme toi, c'était un moteur, je me battais avec et pour elle...
Quoi te dire de plus que ce qu'Eric et Mononoké ont déjà dit...
C'est tout à fait ça...Il faut se raccrocher à quelque chose, à un but...
Se préparer aussi à avoir des périodes fastes et inversement, qui dureront plus ou moins longtemps...mais tu as déjà du le remarquer...

 Personnellement, dans ma vie, j'ai énormément manqué de confiance en moi...
C'est un exemple parmi tant d'autres mais, à l'époque, je chantais, j'avais pourtant une sacrée voix, mais toujours seule dans mon coin...
Je voulais faire du théâtre oui, mais le simple fait d'être devant quelques paires d'yeux qui m'observaient me donnait envie de me cacher dans un trou de souris...etc...etc...
Puis, le temps a passé, et j'ai mis tout cela de côté.

 Et bien tout cela est bien terminé maintenant...
Je veux vivre à fond tout ce que je me suis toujours empêché de faire...
Et continuer à accumuler de la confiance, comme je l'ai fait jusqu'à aujourd'hui, en me battant contre mes démons, encore et encore, pour que ma p'tite maman soit fière de moi...
On ne sait pas, et si je la retrouvais lorsque je partirai à mon tour? ...
Il faudrait bien que j'ai pleins de choses positives à lui raconter et que je sois fière de mon parcours sur cette terre...!

 J'envisage même de me faire refaire le nez par exemple, même si mes proches trouvent cela ridicule..
J'ai aussi envie de m'investir ou de créer une association, pour les malades du cancer, ou pour la protection des animaux, la malbouffe....Des sujets qui me tiennent vraiment à coeur...
Sans tout ça, je crois que je finirai chez les dingos...

 Accroche toi à tes rêves, et tu as toute la vie devant toi, donne toi des objectifs professionnels,  lance toi à fond dans une activité, chanter ou pratiquer le théâtre permet de se libérer, et cela fait énormément de bien, essaie...tu verras...ça vide...
...Et puis, tu te marieras, tu auras surement des enfants plus tard, et qui auront forcément un peu de ta maman en eux...
Ma mère est aussi parti avant que je n'ai d'enfants ni même que je me marie...
C'est dur de se dire qu'elles n'assisteront pas à cela, mais, je me dis que même sans être là "physiquement", elles y seront de toute façon, vu qu'elles resteront à jamais gravée, dans nos coeurs, et dans le plus profond nos âmes...nos mamans...

 Alors voilà, pas sûre que ces quelques mots puissent t'être utiles...
Mais sache que je suis de tout coeur avec toi, comme de nombreuses personnes sur ce site...
Ici, nous pouvons échanger librement...Mettre des mots, sur nos maux....
Chaleureusement