Bonjour,
Ceci est mon premier message sur le forum et je tiens tout d'abord à m'excusez si celui-ci manque de clarté.
En juin dernier, j'ai perdu ma maman d'un arrêt cardiaque. Elle avait seulement 71 ans. Pour ma part j'ai 32 ans et je me retrouve orpheline de mes deux parents.
L'annonce du décès a été très brutale, ma mère et ma famille maternelle viennent de et vivent à la Réunion, et moi en région parisienne. Je me suis réveillée avec plusieurs notifications sur messenger puis 3 - 4 appels manqués, j'ai tout de suite compris. On sent ces choses. La dernière fois que j'ai vu ma mère c'était pour les fêtes de fin d'année en 2022 et la dernière fois que je l'ai appelé, c'est quelques jours avant son décès pour la fête des mères. J'aurais aimé être là et l'accompagner dans ses dernières secondes pour la rassurer, la prendre dans mes bras pour la laisser partir.
J'ai pu avoir la chance de pouvoir me rendre à la Réunion pour la voir une dernière fois et assister aux obsèques. J'ai été accompagnée par ma famille qui ne m'a jamais laissée seule. Et puis le retour en France et au travail une semaine après son décès. Je n'ai pas pensé, tout simplement, que j'allais me retrouver complètement seule. Je n'étais donc pas préparée à ceci. Peut-être car je suis déjà solitaire et donc cela ne m'effraie pas habituellement. Mais là, je l'ai vécu et le vis encore comme une violence sur différents points.
Tout d'abord au travail, je suis étonnée du manque de curiosité autour des conséquences d'un deuil en entreprise. Comme si tout rentrerait dans l'ordre au bout de quelques jours. Je ne parle pas d'empathie, c'est triste mais les personnes ont le droit de ne pas avoir d'empathie face à une situation qui ne les concerne pas, d'autant plus dans le milieu professionnel. Mais c'est la première fois où je vois une direction qui n'envoie pas de bouquet par exemple pour le défunt (et non le salarié, je parle du défunt, là est toute la nuance). J'ai juste eu le droit à un mail de la part du directeur sur ma boîte professionnelle et c'est assez douloureux. Il n'est pas compliqué de s'adresser à une personnes en face à face, il ne s'agit pas d'un acte politique mais d'un acte personnel, d'autant plus lorsque l'on se présente comme accessible. Depuis, je souffre extrêmement au travail sur le point de vue humain, d'autant plus sur le fait que je puisse avoir des reproches sur le fait que je sois trop silencieuse et ne communique pas assez. A l'heure, ces propos ne passent pas et c'est là où j'aimerais juste que les entreprises se renseignent sur les conséquences physiques du deuil. De plus, j'ai aussi du faire face à une collègue au comportement toxique ces derniers temps et qui est enfin partie. Mais là aussi, je suis triste de voir qu'une personnalité toxique puisse se permettre de maltraiter une personne en deuil. Cette semaine j'ai été en arrêt car épuisée de ma situation. J'ai une fonction de commerciale et le fait qu'on relie ma personnalité du moment aux caractéristiques humaines que doivent avoir ce métier, me dégoutent particulièrement. Un deuil c'est minimum une année, une première année pour toutes les premières fois douloureuses où faire face à l'absence d'une personne dans son quotidien. Oui cela a un impact même si on doit faire la différence entre vie pro et vie perso, mais la personne en prend plein la gueule pendant une année minimum et doit trouver ce qui va l'apaiser dans le temps.
Il y a également une réalité par rapport à ma rémunération qui m'attriste : j'étais "rassurée" que cela arrive avant la pleine saison car clairement, je n'aurais pas pu assister aux obsèques pour des raisons financières et mon meilleur ami m'a avancé les frais du vol retour. Ma situation aurait pu être pire, et j'en ai conscience mais cela fait que je me sens également pas du tout respectée. Désolée si ce passage paraît maladroit car je sais que certaines personnes ont des situations beaucoup plus compliquées que la mienne sur ce point là, mais je pense qu'il est important d'en parler. J'en suis à un point où j'ai peur de me faire licencier au vu de la pression que je vis en ce moment.
Ensuite, au niveau amical, j'ai de très bons amis éparpillés dans la France donc malheureusement, il n'est pas possible de les voir quotidiennement. Mais ils sont présents. Là où cela se complique, ce sont avec des amis que je pensais proches là où j'habite. Mais malheureusement, non, je suis en train de vivre une rupture amicale assez douloureuse où je reçois beaucoup de reproches et de froideur mais je n'ai pas vu cette personne depuis bien avant le décès de ma mère et je suis prête à recevoir des reproches car c'est aussi comme ça que nous pouvons évoluer. Mais un ou plusieurs reproches dans ce contexte me rendent presque malade

Et puis en dernier point (j'espère), mais j'ai de plus en plus de difficultés avec la personne que je suis et ce que je renvoie. Je ne vais pas bien et cela fait de moi une personne que je n'apprécie pas. J'ai de plus en plus de difficultés avec les autres. Beaucoup d'anxiété dès qu'il faut sortir de chez moi et affronter l'extérieur, c'est un poids et je suis un poids pour moi. Je n'arrive pas à avancer. J'ai également perdu mon grand-père trois semaines après ma maman, et je ne réalise pas. Je n'ai pas pu assister à ses obsèques. Je me sens très mal aussi par rapport à ma maman, je me reproche de ne pas avoir été là pendant une longue période, d'avoir été méchante avec elle, de ne pas avoir montré l'amour qu'elle méritait au vu de tout ce qu'elle a pu vivre ... J'ai l'impression de l'avoir maltraitée alors que j'ai juste envie maintenant de la prendre dans mes bras mais je réalise que cela ne sera plus possible désormais. Je pense que c'est le plus douloureux. Je n'arrive pas à comprendre comment cela a pu arriver aussi brutalement et je ne comprends pas le manque d'empathie auquel je fais fasse au quotidien ainsi que ma mère par mon entourage. Elle ne méritait pas de partir ainsi, elle faisait partie des personnes les plus gentilles et bienveillantes de cette planète.
Je suis si triste et mal en ce moment. J'ai beaucoup d'envies de pleurer, de manque de concentration et de fatigue. Et je suis assez en colère quand on me demande pourquoi ... Cela en arrive à un point, où je ne sais plus comment me comporter pour être acceptée. J'ai l'impression de vivre à côté de moi-même depuis ces derniers mois.
Je suis suivie par une psychiatre et cela me fait beaucoup de bien mais malheureusement (ou plutôt heureusement

, je ne peux pas avoir un RDV tous les jours de ma vie. C'est pour cela que je suis arrivée ici pour lire des témoignages et vous écrire. C'est avec grand plaisir que j'échangerai avec vous,
Merci à celles et ceux qui prendront le temps de lire,
Je vous souhaite une beau week-end,