Bonjour,

Mon papa est parti le 11 février à 65 ans.  Lui si robuste à succombé sans prévenir à un infarctus massif après 4 semaines en unité de soins intensifs de cardiologie. Je suis son fils unique de 31 ans. Encore du mal à réaliser. Tout se mélange dans ma tête. Je suis sous somnifères pour tenter de trouver un peu de repos au moins la nuit. J'ai du mal à écrire  pour l'instant, tant je suis bouleversé par ces images d'angoisse qui se succèdent à 100 à l'heure dans ma tête ... lui plein de tuyaux et perfusions à l'hôpital ... l'annonce des médecins "il n'y a plus rien à faire" ... le cercueil qui descend dans la fosse ... J'espère pouvoir réorganiser mes pensées au fil de ce thread et obtenir de l'aide. Mon père était le centre de ma vie. Je n'ai plus de repères. Pour le moment, je suis en mode survie, je pense à faire ses dernières volontés qu'il m'a dictées sur son lit de mort et ensuite ... je n'imagine pas la vie sans lui.

Merci

Les périodes "anniversaires" du décès de notre parent sont aussi quelque chose de difficile à vivre. J'ai beau m'y attendre, certaines fois ça revient comme un boomerang en pleine figure. Ces choses-là nous poursuivront jusqu'à la fin. Même si avec le temps on est généralement plus serein.
Je pense à vous. Nous sommes des compagnons d'infortune.

Oh non canchye, ne dis pas ça....le départ de ton papa est encore très récent, pour l'instant tu ne vois pas l'avenir et tu souffres trop, c'est normal. Mais je crois que la meilleure façon d'honorer ton papa serait que tu continues à vivre, et qui sais, peut être qu'un jour tu transmettras à ton tour ce que ton papa t'a transmis?

Viens ici écrire, ce forum est un exutoire et ici on se comprends tellement.

Allez on attend de tes nouvelles.

Catita qui a perdu sa maman l'été dernier, d'un infarctus massif....je l'ai découverte un mardi 22 juillet, ce fut le premier jour du reste de ma vie....

Bon alors je me lance. J'espère avoir des regards extérieurs pour m'aider à avancer dans ce mix de tristesse et de culpabilité qui me tenaille.

Donc on va dire que je ne suis pas né sous la meilleure étoile. Enfant chétif, souvent malade, j'ai très vite commencé à craindre les autres et courir vers papa au moindre problème. Parents divorcés alors que j'étais petit. J'ai « techniquement » une mère, un beau-père et deux demi-soeurs en Espagne, mais nos échanges se limitent à quelques coups de téléphone par an et des cartes de voeux pour fêtes et anniversaires. Je suis resté avec papa qui m'a aussi servi un peu de maman. Plutôt doué intellectuellement, j'ai sauté quelques classes et donc me retrouvais en cours avec des élèves 2-3 ans plus âgés que moi. Craintif, très timide, pas à l'aise vis-à-vis des autres et en société, mal dans ma peau, le cocktail était réuni pour être l'intello seul dans son coin. Je n'ai jamais vraiment réussi à me faire des amis pendant toute ma scolarité et cela m'était un peu égal, car pour moi, mon seul ami était mon papa, seul son avis comptait (outre le mien). Papa m'a surprotégé. Il voulait savoir où j'allais, avec qui, à quelle heure j'allais rentrer etc. C'est pourquoi j'ai renoncé à aller aux fêtes étudiantes, car je savais qu'il allait être préoccupé à cause de la drogue, de l'alcool etc. J'ai fait de longues études terminées à 27 ans. Depuis 2 CDD puis rien depuis 3 ans. J'ai l'impression que mon manque d'assurance et de sociabilité, les recruteurs le reniflent à 10 km. Le courant ne passe pas avec les autres, c'est un fait. Je ne me sentais vraiment à l'aise, prêt à tout dire, qu'avec papa. Lui, ça l'inquiétait que je n'arrive pas à me faire une situation professionnelle stable. Il avait parfois du mal à comprendre cette timidité maladive et ce manque de confiance en moi qui me pourrit la vie depuis toujours. On s'est parfois engueulé, même fort, sur ces sujets. Il voulait que je soit plus fort dans la vie, plus assuré. Mon père n'était pas très câlins et embrassades, ni très expansif. Parfois, on passait des journées sans quasiment se parler ni se toucher, mais sa simple présence était rassurante, le simple fait de savoir que je pouvais aller vers lui en cas de besoin.

Mon père a vécu dans le style métro-boulot-dodo, c'était important pour lui. Je m'en veux de ne pas avoir réussi à me fondre dans ce moule, et de l'avoir rendu triste à ce sujet.

Je suis vraiment mal ces jours. On dirait que l'adrénaline, où tout simplement la volonté d'honorer mon papa une dernière fois m'a fait tenir le coup jusqu'à l'enterrement, mais depuis je flanche fort. Pour les autres, famille éloignée, amis de mon père, fini l'enterrement fini tout. Pour moi, ce n'est que le début d'un chemin dont je ne sais pas si et quand la noirceur va se dissiper un peu. A la maison, chaque objet me le rappelle, chaque objet est lié à un souvenir. Difficile de me changer les idées dans ces conditions. On me dit de faire des activités. Ma principale activité du week-end était d'aller au stade avec lui. On avait un abonnement de longue date pour le club de foot que l'on supportait. Depuis sa maladie et son décès, je ne suis pas retourné au stade. L'idée d'y retourner avec son siège vide à côté de moi me chamboule rien que d'y penser.

Bon, je vais me coucher, il est 3h du matin. Espérant de ne pas faire à nouveau des cauchemars où je revois papa perfusé de toutes parts en soins intensifs. Et me réveiller demain pour un nouveau jour sans toi papa. Un nouveau jour en mode survie comme je peux pour l'instant.

Cela me fait du bien de coucher tout ça en paroles. Merci à ceux qui ont lu et qui voudront répondre.

Hey ton message date du mois de mars j'espere sincerement que depuis tes crises d'angoisse on un tout petit peu diminué...J'ai perdu mon papa le 18 mai et j'ai egalement ces images choquante qui me pertube sans arret,voici ce que je fais moi peut etre sa pourra t'aidé un petit peu,a chaque foix que ces images viennent me faire souffrir je prend sa photo ma preferé: une photo magnifique ou son sourire est étincellant ou la joie de vivre brille dans ses yeux ,sa me fais souffrir certe mes je prefere souffrire en gardant cette image est je me dis qu'avec le temps j'arriverai dans mon cerveau à "effacer" les anciennes grace à celle-ci...

Comment vas-tu Canchye depuis mars ?
Le temps qui passe permet tout doucement de reprendre le dessus même s'il y a des hauts et des bas, surtout quand on préfère ne pas affronter la réalité trop difficile à avaler.
C'est mon cas, parfois je laisse cette réalité de côté et je fais un peu comme si elle, ma soeur préférée, était encore de ce monde. Avec ma mère, on a du mal à dire "elle faisait, elle aimait, elle avait...". Et puis ça me prend, je revois la chambre funéraire, et je me dis que ce n'est pas possible de continuer à vivre, à manger, regarder un film, ...  comme si de rien...
Comment est-ce possible ? Comment peut-on se faire à l'idée ?
Alors je me réfugie dans mes souvenirs, mes images d'elle vivante et bien vivante, et je prends une grande inspiration comme si c'était mon dernier souffle...
Avec toute mon affection et mes pensées...

Je viens écrire ici car grosse et intense journée pas prévue.

J'entends sonner à la porte, c'est ma mère et mon beau-père! Elle me dit tout de suite que cela se voit que ça ne vas pas. Je le sais mais se le faire dire par quelqu'un d'autre qui ne m'a pas vu depuis 6 mois et qui peut mesurer la différence, c'est une grande claque dans la gueule.

Elle veut aller au cimetière. Je n'y étais pas retourné depuis le jour de l'enterrement (17 février). J'avais demandé à une voisine qui à son mari enterré là de s'occuper également de mon papa en attendant que je sois en mesure d'y aller du point de vue psychologique.

Ensuite, ce soir nous sommes allés diner à l'hôtel où ils ont réservé jusqu'à dimanche. J'ai fait bonne contenance, mais depuis mon retour à la maison il y a 1h30, je ne peux plus arrêter de pleurer. Choc de retourner au cimetière, culpabilité d'avoir profité d'un moment de répit, d'un dîner alors que papa ne pourra plus profiter de rien.  Ma maman me dit que le meilleur remède pour aller un peu mieux, ce n'est pas les anxios et somnifères et me propose d'aller passer l'été chez eux en Espagne. Rien de mieux que la plage, la mer et la fête pour remonter la pente d'après elle (ils vivent sur l'île d'Ibiza). Je ne sais pas trop quoi décider. D'un côté, je me dis que ça me ferait du bien (surtout d'avoir du monde à qui parler plutôt que la fête et les boîtes de nuit) et de l'autre j'ai peur de me trouver en décalage avec des gens qui ne sont pas en deuil et qui ne comprendraient pas mes réactions à fleur de peau etc.

La parole du jour est MARRE

J'en ai marre que ça tombe toujours sur moi, MARRE que dans la famille de mon père tout le monde est décédé ou encore vivant après 80 ans et lui est parti à 65, MARRE qu'il soit décédé d'un infarctus alors qu'il n'y a aucun autre problème cardiaque dans la famille, MARRE d'aller me coucher en pleurant, de faire des cauchemars, de me réveiller, de re-pleurer, de me ré-endormir et de finir par me lever le matin encore plus fatigué que le soir, MARRE de cette souffrance de l'absence de la personne avec laquelle on a passé 32 ans de sa vie et qui laisse un vide sans fin.

MARRE d'être à +5 mois du décès et + 6 mois de l'hospitalisation et de m'enfoncer chaque jour un peu plus, MARRE de sentir un poids terrible sur les épaules qui demande un effort surhumain pour faire les choses basiques de la vie (manger, boire, se laver, etc.), MARRE de cette survie. Désolé pour le défoulement.