Auteur Sujet: Ne pas remonter la pente...est-ce "normal"...?  (Lu 4310 fois)

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Hors ligne jadma

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Ne pas remonter la pente...est-ce "normal"...?
« le: 15 juin 2018 à 10:04:28 »
Bonjour à tous et toutes,

Ne trouvant pas de réponses à mes doutes et questionnements à l'extérieur ni à l'intérieur de moi-même, je reviens vers vous en sachant que toutes les histoires sont différentes, mais parfois les expériences des uns peuvent être le soutien des autres...
Mon père est mort il y a deux ans et demi.
La première année a été terrible, la deuxième compliquée en m'offrant tout de même quelques moments d'accalmie, parfois des espoirs et des envies. Puis à chaque fois une nouvelle chute, une nouvelle dégringolade en se confrontant à cette solitude que l'on a face à soi et ses souffrances parfois intolérables qui explosent de tous les côtés.
Je me suis fait suivre en ostéopathie, en homéopathie, en EMDR, avec des fleurs de Bach, j'ai écrit, j'ai pleuré beaucoup, j'ai fait du yoga, j'ai mis (involontairement) mes émotions à distance par périodes, j'ai fait des autels ou des rituels aux jours "anniversaires", je suis retournée sur les terres de nos souvenirs, j'ai bougé, agi, parfois je suis restée clouée au lit... Mais je pense encore tous les jours à mon père.... et il me manque toujours autant.
Chaque jour qui passe la peine, le manque et l'absence se font toujours aussi forts.
J'ai bien cherché à construire ce lien intérieur dont parle le Dr Fauré, mais apparemment je n'y arrive pas.
Je ne m'y habitue pas.

Ces derniers temps j'ai perdu goût à tout, je n'ai plus d'envie, plus d'énergie, je suis en mode zombie.
Tout le temps fatiguée, épuisée par le poids des journées. J'ai l'impression de réagir plus fortement aux événements, tous les événements, et les soucis, grands et petits me grignotent à l'intérieur.
J'ai une fille que j'adore et qui me donne la force de tenir debout les jours où j'aimerais juste rester couchée. Ce n'est pas facile pour elle d'avoir une maman souvent triste et fatiguée. Je ne voudrais pas être un poids et casser ou pomper sa belle énergie de vie. Je ne voudrais pas lui transmettre mes fardeaux, malgré moi...
Mais à part ma fille, dans ma vie il n'y a rien, c'est le vide, le néant. Plus rien ne m'épanouit, ne me donne envie d'avancer, c'est comme subir sa vie et c'est atroce. C'est comme si à l'intérieur tout était mort et que je tentais désespérément de maintenir une étincelle qui passe son temps à s'éteindre. Un peu comme Sisyphe...
Et puis à l'extérieur il faut continuer à porter des masques, à faire semblant, est-ce qu'on a vraiment le choix de toute façon ?
Je me sens en décalage avec les autres, avec moi-même. Je n'arrive pas à retrouver un cap, à reprendre le gouvernail de ma vie. Je n'espère même plus que la roue tourne en ma faveur et je n'arrive pas à trouver le "bonheur" au présent. Je n'arrive pas à retrouver un peu de joie de vivre. Je me sens instable, fragile, et dans la durée cet état m'inquiète. Je ne gère plus le stress...
Est-ce que je suis encore dans un processus de deuil "normal" ou est-ce que j'ai plongé insidieusement dans une dépression ?
Vers qui se tourner de "spécialisé" ? Le commun des mortels et les médecins qui n'ont pas personnellement traversés cette longue nuit noire n'y connaissent rien. Je suis perdue.

Meilleures pensées à tous et toutes.

Jadma

Hors ligne katrinap

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Re : Ne pas remonter la pente...est-ce "normal"...?
« Réponse #1 le: 15 juin 2018 à 15:32:00 »
je crois que le deuil est difficile à faire par définition car souvent on se punit, inconsciemment ou consciemment, car nous on est vivant et pas le disparu, par ce qu'on n'a pas réussi à le sauver
2,5 ans c'est court et long à la fois, mais les mots que  vous employez montrent peut être une apathie,  une impossibilité de remonter à la surface, peut être un barrage refus de le faire, sinon ce serait trahir? un groupe de parole pourrait aider, une forme thérapeutique comme ce que proposait maud mannoni avec des jeux de rôle?
ce ne sont que des pistes, mais se poser la question d'un glissement vers la dépression peut en effet être intéressant d'être posée
bon courage
katrin

Hors ligne Detou

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Re : Ne pas remonter la pente...est-ce "normal"...?
« Réponse #2 le: 20 juin 2018 à 12:49:03 »
Bonjour,
J'ai perdu ma Maman il y aura quatre ans en octobre prochain. Depuis, le temps s'est arrêté, comme figé.
Nous étions fusionnelles, elle était tout pour moi: Maman, amie, soeur (je suis fille unique)
Son départ a été brutal aussi. La veille, elle avait fait un repas en famille et nous nous étions promenées ensemble. Elle avait bien des signes d'affaiblissement car elle avait un problème de valve mitrale mais rien qui laissait présager une fin aussi brutale. Je me suis culpabilisée très longtemps et encore aujourd'hui mais en plus atténuée. J'ai cessé toute activité pendant un an. Quand elle est décédée, j'"étais déjà en arrête maladie pour un cancer et elle m'épaulait formidablement. Un an après, j'ai repris des activités comme le piano et le théatre qui me font du bien mais ce n'est pas l'essentiel à mes yeux. J'ai eu la force de continuer de vivre grâce à mon fils car je me suis dis qu'il fallait que je tienne pour lui. J'ai aussi un peu de famille qui m'a aidée. Il n'y a pas un jour, pas une heure, pas une minute où je ne pense à elle. Mon Papa étant décédé il y a 25 ans, on parlait souvent de lui avec Maman et il revivait comme cela dans nos coeurs mais maintenant, je me sens tellement seule avec mes souvenirs... Tous les psy, magnétiseurs, micro kiné, acupuncture.... que je suis allée voir ne m'ont été d'aucun secours. Cette force intérieure, je l'ai retrouvé grâce à ma famille et avec le temps la douleur vive s'atténue un peu. Je me surprends souvent à prononcer "Maman" tout au long de la journée. Elle me hante, on était si complices... Je n'ai pas de conseils à te donner mais tu sais, les enfants sont le bien le plus précieux de cette vie, elle continue grâce à eux. Tu es jeune, construis ta famille. Ce sera le lien fort qui te permettra de surmonter les épreuves de la vie.

Hors ligne Allyson

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Re : Ne pas remonter la pente...est-ce "normal"...?
« Réponse #3 le: 24 juin 2018 à 18:30:31 »
J'ai perdue ma grand mère il y a 5 ans et personne de ma famille me comprend. On me dit que c'est pas normal d'aller pas bien, alors depuis 1ans je voie un psy qui m'aide on en parle. Je vais au cimetière pour lui parlée ou pleurée. Mais il y a 2ans mon oncle est décédé lui aussi de 3 cancers cela ne m'a pas du tout aidée j'ai recommencer à me faire mal je me griffes les bras à en pleuré je mange presque rien je pleure beaucoup le soir et la nuit je ne dors plus. Ma grand mère allais très bien je l'avais vue la veille et le lendemain m'a mère ma annoncée que mamie était ``partie`` Je me suis endormie de pleure dans le lit de mes parents je ne voulais plus dormir dans mon lit c'est toujours dur pour moi. Je ne suis qu'au collège et des fois je pleure comme ça dans la cour ou en classe.
Allyson

Hors ligne LaPépette

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Re : Ne pas remonter la pente...est-ce "normal"...?
« Réponse #4 le: 26 juin 2018 à 10:17:04 »
Bonjour à tous et toutes,

Ne trouvant pas de réponses à mes doutes et questionnements à l'extérieur ni à l'intérieur de moi-même, je reviens vers vous en sachant que toutes les histoires sont différentes, mais parfois les expériences des uns peuvent être le soutien des autres...
Mon père est mort il y a deux ans et demi.
La première année a été terrible, la deuxième compliquée en m'offrant tout de même quelques moments d'accalmie, parfois des espoirs et des envies. Puis à chaque fois une nouvelle chute, une nouvelle dégringolade en se confrontant à cette solitude que l'on a face à soi et ses souffrances parfois intolérables qui explosent de tous les côtés.
Je me suis fait suivre en ostéopathie, en homéopathie, en EMDR, avec des fleurs de Bach, j'ai écrit, j'ai pleuré beaucoup, j'ai fait du yoga, j'ai mis (involontairement) mes émotions à distance par périodes, j'ai fait des autels ou des rituels aux jours "anniversaires", je suis retournée sur les terres de nos souvenirs, j'ai bougé, agi, parfois je suis restée clouée au lit... Mais je pense encore tous les jours à mon père.... et il me manque toujours autant.
Chaque jour qui passe la peine, le manque et l'absence se font toujours aussi forts.
J'ai bien cherché à construire ce lien intérieur dont parle le Dr Fauré, mais apparemment je n'y arrive pas.
Je ne m'y habitue pas.

Ces derniers temps j'ai perdu goût à tout, je n'ai plus d'envie, plus d'énergie, je suis en mode zombie.
Tout le temps fatiguée, épuisée par le poids des journées. J'ai l'impression de réagir plus fortement aux événements, tous les événements, et les soucis, grands et petits me grignotent à l'intérieur.
J'ai une fille que j'adore et qui me donne la force de tenir debout les jours où j'aimerais juste rester couchée. Ce n'est pas facile pour elle d'avoir une maman souvent triste et fatiguée. Je ne voudrais pas être un poids et casser ou pomper sa belle énergie de vie. Je ne voudrais pas lui transmettre mes fardeaux, malgré moi...
Mais à part ma fille, dans ma vie il n'y a rien, c'est le vide, le néant. Plus rien ne m'épanouit, ne me donne envie d'avancer, c'est comme subir sa vie et c'est atroce. C'est comme si à l'intérieur tout était mort et que je tentais désespérément de maintenir une étincelle qui passe son temps à s'éteindre. Un peu comme Sisyphe...
Et puis à l'extérieur il faut continuer à porter des masques, à faire semblant, est-ce qu'on a vraiment le choix de toute façon ?
Je me sens en décalage avec les autres, avec moi-même. Je n'arrive pas à retrouver un cap, à reprendre le gouvernail de ma vie. Je n'espère même plus que la roue tourne en ma faveur et je n'arrive pas à trouver le "bonheur" au présent. Je n'arrive pas à retrouver un peu de joie de vivre. Je me sens instable, fragile, et dans la durée cet état m'inquiète. Je ne gère plus le stress...
Est-ce que je suis encore dans un processus de deuil "normal" ou est-ce que j'ai plongé insidieusement dans une dépression ?
Vers qui se tourner de "spécialisé" ? Le commun des mortels et les médecins qui n'ont pas personnellement traversés cette longue nuit noire n'y connaissent rien. Je suis perdue.

Meilleures pensées à tous et toutes.

Jadma

Coucou Jadma,

Je sens à quel point ta tristesse et ton désespoir sont importants. On voit que tu as cherché/cherches à te battre pour avancer, mais que le passé te rattrape en permanence.
Il y a peut-être quelque chose à déverrouiller.
Quand tu parles de médecin, tu veux dire que tu as vu psychologue ou psychiatre qui ne t'ont pas convenu ?
Quand tu parles de yoga, tu as déjà essayé la méditation ?
Je pense à toi chaque jour, Mamoune, toi que j'aimais plus que tout. Je t'aime d'un amour éternel

Hors ligne Bmylove

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Re : Ne pas remonter la pente...est-ce "normal"...?
« Réponse #5 le: 27 juin 2018 à 11:32:50 »
Bonjour Jadma,
Ton msg est très émouvant... La douleur qui persiste, qui t'empêche de vivre, le vide, le néant.
C'est très lourd à porter, trop lourd.
Peux-tu partager cela avec des proches ?
Je pense sincèrement qu'un psy pourrait t'aider à reprendre des forces, à retrouver l'envie de vivre, apprendre à t'aimer et à créer ce lien intérieur qui se fera tout naturellement quand tu seras prête.

Courage !
If I look hard enough into the settin' sun
My love will laugh with me before the mornin' comes